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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Se plonger dans le premier amour, c'est partir à la découverte d'un homme à travers son journal. On y côtoie toutes ses pensées des plus nobles aux plus immorales. La forme du journal intime est un procédé souvent utilisé en littérature mais là où Sándor Márai se démarque c'est qu'on a vraiment la sensation de lire un vrai journal intime et non pas une fiction. Les passages où le narrateur se répète, se contredit, sont tellement criants de vérité que ça n'a fait qu'accentuer mes émotions lors de ma lecture.
Il m'a troublée, m'a rendue perplexe, m'a émue, m'a fait de la peine, m'a choquée, m'a horrifiée. Je ne savais plus quoi penser de lui, je le sentais parfois à la limite de la folie et pourtant certains détails m'ont rappelé des évènements et des sensations vécus personnellement et ça n'en est que plus troublant encore.
Ce roman est celui de la solitude d'un homme, un homme qui va chercher et réfléchir à comment en finir avec cette solitude qui lui pèse. C'est aussi l'histoire d'un homme qui réalise peu à peu qu'il est passé à côté de sa vie. Mais il n'est peut-être pas trop tard ?

Je ne sais pas quoi dire de plus, je trouve que concernant l'histoire, la 4ème de couverture en dit assez sans en dire trop, je voudrais donc que ceux qui me lisent s'en contentent comme je m'en suis contentée et qu'ils puissent découvrir ce roman de la même façon que je l'ai découvert.
Je l'ai trouvé très actuel par les thèmes qu'il évoque, je me dis que finalement l'être humain a toujours été confronté aux mêmes questions existentielles quelle que soit l'époque.

J'ai beaucoup pensé au Loup des steppes de Herman Hesse. Mais si le thème principal reste sensiblement le même, le traitement et l'approche sont complètement différents. le loup des steppes est plus philosophique, Harry se met de lui-même à l'écart du monde parce qu'il n'en partage pas les valeurs, il le rejette délibérément. A l'inverse, dans le premier amour, j'ai eu plus l'impression d'une solitude subie. J'ai senti Gaspard parfois très imbu de sa personne et j'attribuais sa solitude à ce trait de caractère, il ne trouve personne assez bien pour lui. Mais dix lignes après, il fait montre d'une telle compassion envers autrui que mes théories en sont réduites à néant.

Bref cette lecture m'a désorientée et m'a beaucoup touchée en même temps. Je suis ravie d'avoir découvert ce grand auteur de talent et je poursuivrai sans aucun doute ma découverte.
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Après avoir découvert Sándor Márai avec le court roman L'héritage d'Esther il y a quelques mois, que j'avais plutôt aimé, j'ai décidé de poursuivre ma découverte et de m'orienter vers une oeuvre un peu plus longue. J'ai choisi le premier amour car le résumé m'avait beaucoup plu et surtout il montrait que le livre ne tournait pas seulement autour d'une histoire d'amour, contrairement à ce que le titre laissait penser, mais d'abord autour de la solitude d'un homme. (Ceci dit l'histoire d'amour est tout de même mentionnée)

C'est donc l'histoire d'un homme de 54 ans, professeur de latin au lycée dans une petite ville d'Hongrie. Un homme fort solitaire, peu sociable et replié sur lui-même, qui décide un jour de commencer une sorte de journal intime qu'il appelle cahier.
Voilà grosso-modo la trame de l'histoire, car il n'y a littéralement rien d'autre, pas d'action ni de rebondissements ou d'événements marquants. Seulement un homme seul qui se parle à lui même jour après jour. C'est lent. Et c'est là je trouve toute la force de ce roman et également la raison pour laquelle il m'a tant plu. C'est beau la lenteur.
J'ai eu peine à croire de Sándor Márai ait écrit ce roman à 28 ans... une telle capacité de dissection des émotions humaines est absolument remarquable, mais surtout comment peut-on à 28 ans se glisser aussi bien dans l'esprit d'un homme seul de 54 ans ? Prodigieux.

Ce roman m'a plu et ému à bien des égards, mais tout d'abord je me suis attaché au professeur. Cet homme à la vie bien rangée, bien calculée et pourtant si vide au sens on la société l'entend ; ni famille, ni amis, ni amours, et pourtant il semble à l'aise dans ce mode de vie choisie, rythmé seulement par ses cours au lycée, ses visites au "Cercle" (sorte de club), et ses promenades quotidiennes solitaires. Cependant avant la rentrée scolaire il est parti quelques jours en "vacances" (la première fois depuis 30 ans) dans une station balnéaire, là bas il a fait la rencontre d'un homme singulier, Timar, qui va malgré lui, énormément le marquer et l'émouvoir. Et c'est à la suite de cette rencontre et à son retour chez lui que va commencer une sorte de chamboulement intérieur qui le poussera à continuer à écrire dans son cahier.
On va donc lire tout au long de l'année ses tribulations, ses remises en questions, ses doutes et ses peurs. Mais aussi ses réflexions sur la vie, sur la vieillesse ou sur la mort. Sans oublier ses tracas quotidiens avec ses élèves et ses collègues. On va découvrir un homme extrêmement touchant, plein de tolérance et de bonté, malgré quelques "rudesses" due à son asocialité.
Un homme qui essaie de se comprendre lui même et de mettre des mots sur ses maux.
Puis c'est à plus de deux tiers du roman que l'histoire d'amour commence à se profiler à l'horizon, aussi foudroyante qu'inattendue sur fond de rivalité écolière, elle va finir de chambouler ce cher professeur. Même si le roman aurait pu tout aussi bien se terminer sans histoire d'amour qu'il m'aurait toujours autant plu, je dois avouer que ce léger "rebondissement" m'a plutôt scotchée.
La toute fin du roman m'a laissé un peu perplexe je dois dire... j'ai eu l'impression que certaines choses n'avaient pas été éclaircies (ou est-ce moi qui n'ai pas compris ?).

Bref, un roman beau, profond et d'une psychologie rare. Un coup de coeur.
J'avais eu l'occasion d'entre-apercevoir le talent de Márai dans L'héritage d'Esther mais là, c'était vraiment autre chose. J'ai plus que hâte de me ruer sur ses autres oeuvres !
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un professeur de latin vieillissant dans une petite ville de hongrie.
A l'occasion d'un séjour d'été dans une station thermale démodée il rencontre un jeune homme très pauvre qui lui fait découvrir que le mal être qu'il ressent n'est rien d'autre que de la SOLITUDE.
A partir de ce constat il commence à se raconter dans son journal sa vie va basculer quand il va découvrir et l'amour et la jalousie
Sandor Marai nous livre une superbe étude de personnages jeunes ou vieux Je comprends mieux la place qu' occupe cet auteur hongrois sur les tables des bonnes librairies. A goûter sans modération
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Etonnant, à plusieurs titres.
Etonnant dans le style. Dans les premières pages, jusqu'à la moitié environ, il me paraissait que le style était bâclé, facile, écrit un peu « à la va comme je te pousse » et cette impression m'a mise mal à l'aise, habituée que j'étais maintenant à d'autres créations de l'auteur, une écriture autrement ouvragée, léchée, réfléchie. Et puis, j'ai compris que ce style était voulu par son auteur. En effet, le roman débute sous la forme d'un journal quasi quotidien, donc, tenu par le « héros » ou personnage principal, ce professeur de latin, en vacances dans une petite station en fin de vie, tombée dans l'oubli et ayant oublié de se mettre au goût du jour, et ce personnage fade, fadasse, sans style, sans allure, jette sur les pages d'un cahier qu'il reprend vingt-huit ans après, des notes, des impressions. Ce personnage étant sans caractère, sans personnalité, sans style, les notes ainsi crayonnées sont à l'image de leur auteur.
Etonnant dans les personnages. le principal est d'une fadeur. Il faut oser ainsi faire porter son roman sur un personnage sans caractère, sans personnalité, sans saveur, dont la vie est vide. Un vide absolu, sans amour, sans foi. Plus vide que le néant.
Etonnant car autour de ce vide personnage, gravitent des figures que Sandor Marai décrit dans des détails physiques, sociaux, psychologiques, les plus raffinés. D'abord Timar, dans la première partie du livre, puis Meszaros, son collègue du lycée qui a une relation adultérine et qui se perd dans l'addiction au jeu, le concierge du lycée, et bien sûr ses élèves. Et d'autres encore, plus en retrait dans le livre. Ces portraits sont savoureux, tant l'observation est fine et leur récit réaliste, et atemporel.
Etonnant car l'auteur montre (une fois de plus, cf. Les Révoltés ou Les Braises) une maturité surprenante. Lorsqu'il écrit Premier Amour, il n'a pas vingt-huit ans. Or il narre avec une infinie précision, une justesse assez ironique et un cynisme implacable, le vieillissement d'un pauvre bougre de cinquante quatre ans.
Etonnante enfin la structure du roman. le roman est coupé en trois parties majeures (je ne parlerai donc pas des mineures). La première se déroule sur trois semaines en août (1911 ou 1912), lorsque le professeur est en vacances dans une station de villégiature tombée en ruines, plus ou moins. Il goûte à la solitude, plus ou moins, s'essaye à des relations sociales, plus ou moins, tente un recueillement religieux, plus ou moins, et rencontre un type apparemment encore plus mal en point que lui, et plus jeune, qui lui « dicte » : soit ta vie est le vide de la solitude, soit tu as deux remèdes, l'amour ou Dieu. Et il lui raconte qu'il a fui l'amour, absolument lâchement, honteusement, alors il ajoute, « surtout ne fuis jamais ». Or notre professeur de héros a déjà fui.
Puis, on comprend que l'on entre dans la seconde partie du roman. le professeur a terminé ses vacances, la rentrée scolaire se déroule, et Sandor Marai nous amène vers une sorte de « retour à la normale ». Les cours, les élèves, le directeur, les promenades, les collègues, etc… On s'ennuie presque, en tant que lecteur, on s'assoupit…
Sauf que Sandor Marai prépare la rupture, le basculement. Et le voilà soudain. Et là, à la fois la chute dans la tragédie et la cruauté a été préparée et à la fois elle est violente. Car, enfin, dernière partie du roman, son personnage principal, son héros, sociopathe, ça on l'avait compris, sombre dans la folie et la psychopathie. Cependant, l'auteur nous narre cet anéantissement avec un humour cynique qui allège le côté cruel et lamentable.
Dernier étonnement, Sandor Marai nous laisse sans réponse (que devient le professeur et que devient son élève ?)
Une lecture étonnante, je ne suis pas certaine que pour découvrir cet auteur magnifique, il faille débuter par ce Premier Amour. Ce dont je suis sûre c'est que lire Sandor Marai est une bien belle chose.
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Ce livre m'a fait une forte impression. le personnage principal est un honorable professeur de latin dans une petite ville de province hongroise au début du siècle dernier. C'est un homme dérangeant d'une part parce qu'il mène une vie trop terne à mon goût et d'autre part parce qu'il a du mal à rentrer en communication avec son entourage, même sa gouvernante finit par le déranger.
On se rend difficilement compte au début du récit à quel point ce professeur est bizarre. Il se méfie de tout et de tout le monde. On pense que la cause première est une grosse fatigue. Il part donc quelques temps en villégiature dans une station thermale en montagne et là il décide, pour tromper l'ennui, d'écrire son journal intime.
L'écriture de Marai est claire, déterminée, ses mots s'accélèrent comme le roman. On plonge avec le personnage tout entier dans son état de méfiance soupçonneuse et envahissante. Au fur et à mesure qu'il avance dans son journal où il écrit ses menus faits et gestes de la journée, on lui découvre une pathologie de sous-estimation de lui-même et en même temps une surestimation de lui-même, difficile de savoir où il en est et surtout où cela va le mener.
Tout au long du livre j'ai eu qu'une envie c'était de le raisonner pour l'amener à avoir un regard bienveillant sur les autres et notamment sur ses élèves. Il interprète la réalité pour aboutir à des idées de persécutions, c'est intolérable pour la lectrice que je suis d'admettre ça.
On est constamment en attente de quelque chose, d'un événement qui risque de faire basculer sa vie, mais quoi ?
Que va t-il se passer ?
Sandor Marai signe là un livre violent, dérangeant. C'est la descente d'un homme aux enfers. Tout au long du livre des éléments étranges génèrent des tensions et un suspens impressionnant !!
Du grand art !!
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Dans ce journal intime d'un professeur de latin, vieillissant dans une petite ville de province en Hongrie, se trouvent toutes les qualités déjà tant vantées de cet auteur magyar que j'ai découvert il y a peu.

Dans ce soliloque, notre professeur à la vie bien réglée, bien terne et quasi hors du monde, fait une rencontre qui va bouleverser sa vie.

Au presque crépuscule d'une existence sans intérêt, il retourne dans une station thermale qu'il avait visitée 28 ans auparavant et rencontre un jeune homme aussi ermite que lui qui va lui ouvrir les yeux sur lui-même.

C'est ensuite, de retour dans son train-train quotidien, que le héros veut, sans le vouloir vraiment, bousculer sa vie et qu'il entre dans des rapports troubles à autrui : vis à vis de ses collègues, de sa gouvernante, mais plus que tout vis à vis de deux de ses élèves de Terminale, un garçon et une fille. Ces deux là vivent un premier amour et à son grand dam notre professeur ne connaît rien aux sentiments.

Page après page, cependant, il change, bouge et se mue. Attraction, répulsion, jalousie, volonté de plaire mais sans être trop perturbé, le professeur exerce au travers de son journal une auto-analyse qui malheureusement se traduit, dans les faits, par des actes nuisibles.

C'est pourtant un brave type mais probablement, et sur le plan humain par dessus tout, un raté.

Sándor MÁRAI nous livre pour la première fois sa finesse psychologique et nous emporte dans ce combat intérieur que se livre ce professeur, dont on ne sait trop si l'on doit l'aimer ou pas.
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Le premier amour de Sándor Márai, auteur hongrois, met en scène un professeur de latin de 54 ans de province, en fin de carrière. Gáspár, surnommé «le Morse» par ses étudiants, raconte dans son journal intime ses journées. L'écriture lui permet de décrire la nature, d'exprimer ses émotions, de meubler son silence, d'apaiser sa souffrance intérieure, d'aller à la rencontre de l'incommensurable vide de son existence. Dans la première partie, il relate ses journées dans une vieille station thermale à Tátra, à 3 heures de train rapide de la ville de Z*, l'endroit où il vit. Il se retrouve dans ce lieu car il a besoin de se reposer puisqu' il est fatigué et un rien l'énerve. Il rencontre un autre résident, Timár, qui lui recommande d'aimer quelqu'un pour trouver un sens à son existence…

Il faut aimer quelqu'un, a-t-il repris plus tard de sa voix éraillée, sur un ton presque confidentiel, comme pour lui-même. Chaque existence se fracasse au moins une fois. Oui, chaque vie. Il faut oser aimer quelqu'un pour éviter ça, sinon, rien ne vaut la peine d'être vécu. Aimer les femmes, c'est ce qui nous est donné de plus simple. (p. 93)

Dans la seconde partie, le professeur retourne chez lui et il décrit le quotidien de sa classe, le vieillissement de sa gouvernante, la solitude qu'il ressent dans la petite ville malgré la présence de ses collègues et des autres villageois. Il attend quelque chose, quelqu'un, mais quoi, mais qui? Est-ce la mort? Il ne le sait pas. Peu à peu, il apparaît obsédé par une élève, Cserey, au point tel qu'il devient méchant avec un autre élève de son groupe, le petit ami de la belle étudiante. Son amour pour sa jeune élève est son premier, le seul, celui qui le fait souffrir, celui qui lui permet de trouver un sens à sa vie. C'est un amour atypique, un amour inaccessible, un amour irréaliste, un amour qui ne peut voir le jour.

Timár avait raison : il faut aimer quelqu'un- cette expression est peut-être trop forte, il suffit de trouver quelqu'un de suffisamment sympathique pour donner soudain plus de sens au quotidien. Cette sensation de vide, si lourde, si pénible, a disparu. le matin, je me réveille de bonne humeur, je sens que la journée a un but, comme s'il fallait régler une affaire ou comme si on avait la perspective d'une visite agréable.
Je suis content quand je vois Cserey. (p. 232)

J'ai bien aimé cette histoire d'un homme mûr découvrant l'amour pour la première fois. C'est triste, c'est déroutant, c'est dérangeant car cet amour se transforme en passion démesurée.
De plus, j'ai été un peu bouleversée par l'attente associée à l'espoir pour le narrateur. Cette attente s'avère présente pour contrecarrer la mort qui se profile au bout du chemin. Progressivement, l'espoir engendré par cette attente amène le professeur de latin à basculer dans la folie. La fin du roman apparaît dérangeante puisqu'elle laisse toute la liberté au lecteur de l'imaginer.
Je suis bien heureuse d'avoir découvert la plume de Sándor Márai par le biais de cette histoire. C'est profond, c'est sombre, c'est la vie, la vie parfois.

Qu'est-ce que nous, les êtres humains, comprenons les uns aux autres? Rien. Nous ne savons même pas ce que nous sommes. Tout est différent de ce que nous croyons, entièrement différent. (p. 242)

Bien à vous.

https://madamelit.ca/2018/04/06/madame-lit-le-premier-amour/

Lien : https://madamelit.ca/2018/04..
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Sandor Marai est peu connu en France.. Alors qu'il est sûrement le meilleur auteur du XX ème siècle!
"Le premier amour "est un roman d'instrospection, une reflexion sur la vie d'une justesse peu commune.
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