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sur 621 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1994 : génocide au Rwanda. Nous connaissons tous cette date. Mais avant ? Que s'est-il passé pour que ce pays connaisse ce déchainement de violence ? Notre-Dame-du-Nil nous raconte le passé récent de ce pays.
Dans ces années 70, le Rwanda s'est enfin défait de la domination coloniale de la Belgique. Il ne faut pas y regarder de trop près, néanmoins : certains professeurs viennent de Belgique, d'autres sont des coopérants français, et la visite de la reine des Belges est un événement capital dans l'existence si feutrée, si protégée du monde des lycéennes de Notre-Dame-du-Nil.
Là encore, il ne faut pas se fier aux apparences. Les héroïnes sont jeunes, elles sont promises à un bel avenir, parce qu'elles étudient dans ce lycée, où elles ont été admises après un examen national. En réalité, elles sont ici parce qu'elles viennent des meilleures familles, celles qui sont proches du pouvoir, celles qui sont riches, et que, grâce à leurs diplômes, elles permettront à leurs parents de conclure de meilleures alliances. Elles peuvent être là aussi comme Virginia parce qu'elles font partie du quotat tutsi : 10 % des élèves doivent appartenir à cette ethnie. La mise en place de ces "quotats" est déjà en soi un avertissement.
Gloriosa, Virginia, Véronica, Modesta, Goretti (de sainte Maria Goretti, je suppose) : de jolis prénoms pour les pensionnaires de Notre-Dame-du-Nil, prénoms imposés, comme elles le disent elles-mêmes. Elles possèdent toutes un autre prénom, leur vrai prénom, celui qui leur a été donné par leur famille, dont la signification est hautement symbolique pour elles. Ces deux prénoms illustrent leur double culture : celle, occidentale, dispensée dans le lycée, celle, rwandaise, donnée dans les familles - pas toutes, cependant. Virginia, qui retrouve pourtant avec bonheur les siens aux vacances scolaires et effectue tous les travaux quotidiens avec joie, devra partir à la recherche des anciennes coutumes de son pays afin d'accomplir une cérémonie ancestrale. J'ai beaucoup aimé ses récits qui apportent de rares moments d'apaisement dans un quotidien qui ne l'est plus du tout.
En effet, la tension ne cesse de monter au cours, savamment entretenue par quelques personnages. Je ne parle même pas du prêtre, personnage visqueux au possible, et qui justifierait à lui seul mon anticléricalisme viscéral. Je ne parle pas non plus de la mère supérieure, qui symbolise à elle seule le comportement des occidentaux : ne rien voir (ou faire semblant de ne rien voir) et ne rien faire. Non, la tension est solidement entretenue par une élève, Gloriosa, d'autant plus dangereuse qu'elle connait les arcanes du pouvoir, maîtrise parfaitement son discours haineux et sait parfaitement doser ses effets : "Mon père dit qu'on ne doit jamais oublier de faire peur au peuple" Elle a bien appliqué la leçon.
J'ai été littéralement emportée parce cette histoire, racontée avec des mots puissants. J'ai eu l'impression d'être auprès de ses jeunes filles, broyées par l'absurdité de l'histoire. J'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture et j'ai très envie, au delà du jury du Prix Océans, de continuer à découvrir l'oeuvre de cette auteur.
Je terminerai ce billet par une citation de Virginia, personnage central de ce livre : Nous autres les Tutsi, nous savons garder nos secrets. On nous a appris à nous taire. Il le faut bien si l'on tient à la vie.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Notre-Dame-du Nil c'est un lycée, perché en haut du montagne près de la source du Nil. C'est un lieu reculé qui a pour but d'éduquer les jeunes filles des milieux privilégiés rwandais à devenir d'excellentes épouses.
On y retrouve les chamailleries et jalousies habituelles chez des adolescentes mais pas que ... Malgré tous les efforts pour couper ces jeunes filles du monde extérieur, les tensions entre les deux ethnies rivales du pays, hutus et tutsis, surgissent au coeur même du lycée.
C'est un roman bouleversant sur cette période tragique : quel avenir dans son propre pays pour une jeune fille qui ne peut vivre librement?
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Le génocide au Rwanda en 1994, nous en avons bien sûr entendu parler. Nous avons vu les images, malgré nous, avons entendu ces témoignages, ces cris d'appel à l'aide, de désespoir… Mais avant ? Qu'est-ce qui a pu mener à cette catastophe humaine ?
Voilà en somme ce que nous raconte ce roman. Situé temporairement entre la décolonisation du pays et le génocide, Notre-Dame du Nil nous dépeint une chronique de la vie dans un lycée de jeunes filles.

Le lycée Notre-Dame du Nil n'est pas n'importe quelle institution. Ici, y sont admises les jeunes filles de bonnes familles. Filles d'ambassadeur, de militaire, de ministre, elles sont promises à un bel avenir, pour autant qu'elles arrivent vierges au mariage, ou au moins qu'elles ne tombent pas enceinte avant. Mais aussi avec quelque chose dans le ciboulot, car le diplôme est une garantie non négligeable pour conclure un mariage avec les meilleurs partis. Et puis il y a ces filles qui sont là parce qu'il faut le « quotat tutsi ». Dans ce pays à très forte majorité hutu, le minimum de tutsi exigé par classe est de 10%. Et nul doute que ce minimum est très rarement dépassé.

Ainsi, Virginia et Veronica, les deux Tutsis de la dernière classe du lycée, vont cotoyer Modesta, Gloriosa ou encore Goretti. Et ce n'est pas tous les jours facile ! Car dès les début, on sent les premières tensions. Virginia et Veronica subissent le mépris et le sarcasme de leurs camarades, Gloriosa en tête, dont l'ambition et le désir de popularité n'ont d'égal que sa haine pour les Tutsis. A travers la vie de ces jeunes filles, nous assistons à la montée en puissance de cette haine entre les deux ethnies, jusqu'au point de non-retour. La politique du pays à rattrapé le lycée. Les étudiantes, bien qu'étant dans un lycée isolé, tenu par des religieuses blanches et des professeurs belges ou français, ne peuvent échapper à l'histoire de leur nation.
Alors on peut se demander si, justement, le lycée Notre-Dame du Nil n'est-il pas un symbole d'une nation qui prône la supériorité du « peuple majoritaire » ? Ces jeunes femmes ne sont-elles pas en quelque sorte des esprits préfabriqués, destinées à pérenniser d'un côté ce sentiment de supériorité, de l'autre côté la soumission ?

Notre-Dame du Nil est un roman fort, et s'il s'agit d'une fiction le lien avec l'Histoire ne fait aucun doute. On peut d'ailleurs clairement voir apparaître la part de l'auteure, d'origine Tutsi dans ce récit. Car oui, dans cette histoire, Les Tutsis sembent innofensives et innocentes, tandis que les hutus sont de viles filles pétries de haine et responsables de toutes les horreurs. Bien sûr que dans la réalité il en va autrement… Je doute personnellement que les Tutsis aient toujours eu le beau rôle, et que les Hutus soient les seuls responsables de ces événements tragiques. Mais peut-on reprocher à quelqu'un qui a perdu une vingtaine de personnes de sa propre famille dans un massacre de ne pas partager cette opinion ?

Notre-Dame du Nil est un très beau roman, sur un sujet hélas toujours d'actualité au Rwanda, où les tensions entre les deux ethnies sont encore très présentes.
Lien : http://voyageauboutdelapage...
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L'on retrouve dès les premières pages cette ambiance créée par ce protectorat si particulier qui ne pouvait que marquer profondément l'histoire du Rwanda et, qui sait l'a peut-être conduit à ces troubles si dramatiques étalés sur plusieurs générations en espérant que leurs pratiques de tribunaux populaires les aident à surpasser cette si sombre et lamentable période qui a décimé tant de rwandais face à une grande paralysie internationale.
Ce sens de la hiérarchie, ce respect des religieux, puis cette haine fabriquée contre ceux qui sont vos voisins, vos interlocuteurs habituels et qui les désarçonne, c'est une ambiance cynique, terriblement meurtrière laisse des traces dont on se relève mal, un livre à lire, oui, certainement.
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"Le Rwanda est un pays de mort"
Au lycée Notre dame du Nil viennent s'extérioriser tous les conflits concentrés dans ce petit pays. Religions, croyances traditionnelles, Hutu, Tutsi, Français, Belges, confiances, trahisons, mensonges et vérités. Ici se résument les aspects les plus sombres de la société rwandaise.
Ce livre m'avait été recommandé par une lectrice Babelio, alors que nous discutions de "Petit Pays" de Gaël Faye, livre qui m'avait coupé le souffle.
Notre dame du Nil nous plonge dans un bain anthropologique, sociétal, politique et culturel.
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Excellent roman, basé sur des faits hélas tristement réels: le massacre des Tutsis et les horreurs qui se sont déroulées au Rwanda dans les années 90.
Le roman prend la base d'un huis-clos brillant dans un lycée très chic tenu par des religieuses, juste à côté des sources du Nil. Ici, filles de banquiers,de ministres, de généraux, reçoivent la meilleure éducation possible en attendant d'être mariées pour l'intérêt de leurs clans...et ici aussi, les quotas ethniques assurent qu'on ne peut refuser quelques Tutsis, faisant participer les lieux à la tension qui monte dans le pays.
C'est un livre facile d'accès, même si vos connaissances sur le sujet sont des plus floues: j'avoue une ou deux virées sur Wikipedia en cours de route, et c'est un livre qui donne aussi l'envie d'en savoir plus; bien plus, sur cette région du monde et ses secrets, les plus terribles comme les plus beaux.
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Ce livre est une pure merveille pour ceux qui aime l'histoire et particulièrement l'histoire de ce collège où beaucoup de choses se passent et se disent.
Imprégner de l'histoire de chaque ethnies et de leur passé et décolonisation, cela ouvre un peu plus et de façon plus romancé ces périodes difficiles entre chacune d'entre elles.
Toutes ces jeunes filles au passé touchant et à leurs avenirs déjà tout tracé et une coutume bien connue.
Ce lycée les formera à être des jeunes filles correctes et à rester vierges pour faire de grands mariages et riches mais leur passé et là et des personnalités comme Immaculée et autres seront des personnages fort de ce récit.
A lire comme un roman mais en apprenant beaucoup de l'histoire de ce peuple d'Afrique, de leurs souffrances et de leurs séparations forcées, par qui?
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Le récit se déroule au début des années 70, quelques années après l'indépendance du Rwanda, dans un internat d'élite pour jeunes filles, isolé dans les montagnes près d'une supposée source du Nil. Les lycéennes sont majoritairement des Hutus mais en raison de quota, quelques-unes sont tutsies. C'est dans ce contexte d'huis-clos qu'a lieu une augmentation progressive des actes d'humiliation et de violence entre élèves des deux ethnies, actes annonciateurs du génocide de 1994. Ce n'est pas un chef-d'oeuvre stylistique mais Mukasonga nous offre un roman fort et intelligent, une fiction fondée sur des éléments autobiographiques. le lecteur assiste impuissant à la terreur qui se prépare, à l'inexorable montée des tensions entre lycéennes, reflet du déchirement de la société rwandaise postcoloniale et des luttes de pouvoir à l'extérieur du lycée. Comment vivre ensemble dans un contexte de rivalités ethniques ? Comment vivre après, entre bourreau et victime ? C'est un roman que je recommande pour tout ce qu'il peut nous enseigner.
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Une écriture toute en finesse et en images au service de ce livre qui se situe dans les années 1970, presque vingt ans avant le génocide au Rwanda, et qui nous en montre les racines profondes, à travers les projections de certains Européens sur les Tutsis comme peuple élu, la lâcheté et la complicité de puissances étrangères comme la Belgique et la France, mais aussi le sort des femmes, les dominées des dominés.

Un roman féministe, mais pas seulement!
Un texte passionné, passionnant ...
Un beau moment de littérature récompensé par le RENAUDOT 2012.
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L'histoire se passe en 1970, dans un lycée rwandais pour la future “élite” féminine.
On y découvre la haine des Hutus pour les Tutsis, ainsi que les fantasmes des Blancs à propos de ces derniers. Dans ce microcosme, la violence est prête à se déchainer.
L'autrice nous montre les prémisses du génocide, toute la beauté et les déchirures du Rwanda.
C'est vraiment très bien, et facile à lire. Je vous le conseille chaleureusement !
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