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sur 621 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Le Rwanda est un pays de mort"
Au lycée Notre dame du Nil viennent s'extérioriser tous les conflits concentrés dans ce petit pays. Religions, croyances traditionnelles, Hutu, Tutsi, Français, Belges, confiances, trahisons, mensonges et vérités. Ici se résument les aspects les plus sombres de la société rwandaise.
Ce livre m'avait été recommandé par une lectrice Babelio, alors que nous discutions de "Petit Pays" de Gaël Faye, livre qui m'avait coupé le souffle.
Notre dame du Nil nous plonge dans un bain anthropologique, sociétal, politique et culturel.
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Une écriture toute en finesse et en images au service de ce livre qui se situe dans les années 1970, presque vingt ans avant le génocide au Rwanda, et qui nous en montre les racines profondes, à travers les projections de certains Européens sur les Tutsis comme peuple élu, la lâcheté et la complicité de puissances étrangères comme la Belgique et la France, mais aussi le sort des femmes, les dominées des dominés.

Un roman féministe, mais pas seulement!
Un texte passionné, passionnant ...
Un beau moment de littérature récompensé par le RENAUDOT 2012.
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Notre Dame du Nil reçoit la future élire féminine du Rwanda. Les rapports hiérarchiques y sont les mêmes que dans le pays : la fille d'un ministre sera plus écoutée qu'une fille d'ambassadeur. Mais au bas de l'échelle il y a les tutsies qui ne sont pas de la majorité et sont, à ce titre , à peine tolérées. Les échanges entre les jeunes filles préfigurent la tragédie à venir.
Un texte riche d'ambiances ou chaque protagoniste est intéressante pour sa particularité, se débat entre l'héritage colonial et la culture et les croyances qu'elle porte au sein d'un monde dans lequel elle compte bien prendre sa place.
Prix Renaunod 2012, l'auteure est rescapée du génocide.
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L'histoire se passe en 1970, dans un lycée rwandais pour la future “élite” féminine.
On y découvre la haine des Hutus pour les Tutsis, ainsi que les fantasmes des Blancs à propos de ces derniers. Dans ce microcosme, la violence est prête à se déchainer.
L'autrice nous montre les prémisses du génocide, toute la beauté et les déchirures du Rwanda.
C'est vraiment très bien, et facile à lire. Je vous le conseille chaleureusement !
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Notre-Dame-du Nil c'est un lycée, perché en haut du montagne près de la source du Nil. C'est un lieu reculé qui a pour but d'éduquer les jeunes filles des milieux privilégiés rwandais à devenir d'excellentes épouses.
On y retrouve les chamailleries et jalousies habituelles chez des adolescentes mais pas que ... Malgré tous les efforts pour couper ces jeunes filles du monde extérieur, les tensions entre les deux ethnies rivales du pays, hutus et tutsis, surgissent au coeur même du lycée.
C'est un roman bouleversant sur cette période tragique : quel avenir dans son propre pays pour une jeune fille qui ne peut vivre librement?
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Notre-Dame du Nil, un collège pour jeune fille à 2500 mètres d'altitude au Rwanda. A quelques kilomètres, une grotte, la source du Nil présumée, une vierge noire au nez tutsi.

Oui, un nez tutsi...

Si vous êtes comme moi, la forme d'un nez, cela n'a aucun intérêt. Pourtant pour Gloriana, hutu, fille de ministre, cela en a, de l'importance.

Scholastique Mukasonga nous conte une chronique. Celle d'un massacre annoncé. On démarre sur les ruines d'une colonisation aveugle et d'une décolonisation ratée. Prêtres à oeillères, profs jeunots sans expérience, mère supérieure dépassée, racisme de caste, tout annonce les dérapages.

On passe du sourire à l'absurde avec la vie du collège et les blancs épris de jeunes antilopes rwandaises... Puis on affronte l'amer avec les haines ethniques. On touche à l'immonde avec les massacres, traités de manière pudique et digne par l'auteure.

Un très bel hommage à un génocide qui restera comme une tache indélébile sur notre mémoire.
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Voir un film est une chose, lire le livre qui l'a inspiré en est une autre… tout à fait indispensable !

Au cinéma, Atiq Rahimi a beaucoup épuré l'histoire, en a retiré plusieurs épisodes mais voir son très beau film, avant de lire le roman de Scholastique Mukasonga, m'a permis de visualiser scènes et paysages. Par contre, la lecture m'a aidé à comprendre certaines situations à peine suggérées à l'écran.
Lorsque Notre-Dame du Nil est sorti en librairie, en 2012, j'avais vu l'autrice en parler et je m'étais promis de lire son roman, ce que je viens de faire enfin ! Les Prix Ahmadou-Kourouma (Salon international du livre et de la presse de Genève) et Renaudot l'avaient justement récompensé.
Ce que raconte Scholastique Mukasonga sur son pays est troublant car elle permet de comprendre que le génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994, n'était pas une première, un terrible épisode unique. Déjà, en 1959, puis en 1963, une épuration dite ethnique avait eu lieu et ici nous ne sommes qu'en 1973.
Les Hutu, en majorité cultivateurs, se disent peuple majoritaire, paysans dominés par les Tutsi, plutôt éleveurs mais dont certains sont riches. Déjà écartés des principaux postes, les Tutsi subissent la loi des quotas – par exemple, 10 % d'élèves Tutsi au lycée – et les Hutus veulent encore se venger, poursuivre l'horrible épuration des années précédentes, traitant leur frères d'Inyenzi, de cafards, pour pouvoir les détruire.
Scholastique Mukasonga raconte l'histoire de ce lycée pour jeunes filles de la haute société. S'inspirant de ce qu'elle a elle-même vécu, elle imagine cet établissement construit spécialement près d'une des sources du Nil, à 2 500 m d'altitude. Elle émaille son récit de quantité de mots de la langue du pays, le kinyarwanda, alors que le swahili est écarté par les Hutu parce que parlé par des musulmans. Surtout, elle fait bien comprendre que ce sont les Blancs, les colons, qui se sont évertués à créer des races parmi les indigènes qu'ils rencontraient et traitaient avec beaucoup de condescendance. Des mesures, des arguments pseudo-scientifiques étayaient leurs théories et nous savons tout le mal, tous les morts que de telles classifications ont causés un peu partout dans le monde.
Alors, j'ai suivi ces jeunes filles comme Gloriosa, Goretti, Immaculée, Godelive, Frida, Veronica, Virginie, principales protagonistes d'une histoire tragique plongée dans les traditions d'un peuple, perverti par les Blancs, qu'il ne cesse de vouloir imiter. Je précise que les vrais prénoms de ces filles sont bien différents mais il leur faut un prénom plus européen pour l'école…
Le lycée est catholique, religion imposée, dirigée par une mère supérieure et un aumônier hutu, un pervers, qui ne fait qu'attiser les haines. Parmi les profs, trois coopérants français sont bien pâlots, sauf M. Legrand qui fait sensation avec ses longs cheveux blonds. Je dois aussi citer M. de Fontenaille, sorte d'illuminé qui a tenté de faire fortune dans le café et qui s'obstine à relier l'histoire des Tutsi à la Haute-Égypte.
J'ajoute enfin que j'ai apprécié l'épisode des gorilles, absent du film, très instructif pour le rapport des Rwandais avec la nature et la vie sauvage.

Notre-Dame du Nil est un roman superbement écrit, passionnant, instructif, précieux pour l'Histoire mais que c'est dur de constater tous les dégâts causés par nous, les Européens, sur le continent africain, en croyant apporter la civilisation alors que nous ne faisions que détruire celle qui existait.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Le récit se déroule au début des années 70, quelques années après l'indépendance du Rwanda, dans un internat d'élite pour jeunes filles, isolé dans les montagnes près d'une supposée source du Nil. Les lycéennes sont majoritairement des Hutus mais en raison de quota, quelques-unes sont tutsies. C'est dans ce contexte d'huis-clos qu'a lieu une augmentation progressive des actes d'humiliation et de violence entre élèves des deux ethnies, actes annonciateurs du génocide de 1994. Ce n'est pas un chef-d'oeuvre stylistique mais Mukasonga nous offre un roman fort et intelligent, une fiction fondée sur des éléments autobiographiques. le lecteur assiste impuissant à la terreur qui se prépare, à l'inexorable montée des tensions entre lycéennes, reflet du déchirement de la société rwandaise postcoloniale et des luttes de pouvoir à l'extérieur du lycée. Comment vivre ensemble dans un contexte de rivalités ethniques ? Comment vivre après, entre bourreau et victime ? C'est un roman que je recommande pour tout ce qu'il peut nous enseigner.
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Gros coup de coeur pour ce roman percutant. Rwanda, début des années 70, c'est la rentrée pour l'élite des jeunes filles qui vient fréquenter Notre-Dame du-Nil, lycée pilote et modèle de modernité.
La majorité sont hutus, filles de colonels et autorités bien placées, mais un quota de Tutsis permet à d'autres filles brillantes et triées sur le volet de suivre l'excellente instruction de ce lycée. En fin de terminale, ces jeunes étudiantes seront auréolées de prestige, pourront travailler, mais rapporteront avant tout à leur famille prestige, honneur, et une dot imposante.
Notre-Dame du Nil déroule une année scolaire au gré des frictions entre étudiantes et harcèlements voilés, mais distille aussi au fil des pages la haine ressentie envers les Tutsis, minoritaires au Rwanda, et peu à peu ouvertement surnommés les cafards du pays. Gloriosa en particulier, chef de partie, va s'attaquer de manière de plus en plus virulente à ses camarades Tutsis, jusqu'à provoquer une violence insoutenable.

Le roman a remporté de nombreux prix et l'autrice elle-même est une rescapée du génocide rwandais. Dans ce roman, elle sous-entend un fait peu évoqué mais de plus en plus abordé, évoquant l'influence qu'ont eu les colonisateurs belges sur les conflits entre Hutus et Tutsis, pour des questions de domination.

Une tension de plus en plus forte se développe tout au long du récit, le processus de discrimination s'installe presque imperceptiblement et longtemps on ne veut pas y croire. le roman nous amène dans une Afrique partagée entre chrétienté et vaudou sans que les deux ne s'opposent. C'est une reconstitution déchirante d'un pays en trouble que le passé et les différentes dominations ont rendu malade. Ne vous fiez pas à l'eau qui dort.
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Excellent roman, basé sur des faits hélas tristement réels: le massacre des Tutsis et les horreurs qui se sont déroulées au Rwanda dans les années 90.
Le roman prend la base d'un huis-clos brillant dans un lycée très chic tenu par des religieuses, juste à côté des sources du Nil. Ici, filles de banquiers,de ministres, de généraux, reçoivent la meilleure éducation possible en attendant d'être mariées pour l'intérêt de leurs clans...et ici aussi, les quotas ethniques assurent qu'on ne peut refuser quelques Tutsis, faisant participer les lieux à la tension qui monte dans le pays.
C'est un livre facile d'accès, même si vos connaissances sur le sujet sont des plus floues: j'avoue une ou deux virées sur Wikipedia en cours de route, et c'est un livre qui donne aussi l'envie d'en savoir plus; bien plus, sur cette région du monde et ses secrets, les plus terribles comme les plus beaux.
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