AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,54

sur 156 notes
5
33 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Exceptionnel.... je me sens étrangement responsable, de trouver les bons mots qui vous donneront envie d'acheter et de lire ce livre. Parce qu'il faut l'acheter et le lire.
L'auteur est Denis Mukwege, médecin congolais (dans la fameuse zone hyper violente du Congo près du Rwanda). Son nom, vous l'avez peut-être oublié mais je pense que vous le connaissez : il a eu le prix Nobel de la Paix en 2018.
.
Dans la première partie du livre, l'auteur nous raconte sa jeunesse et son envie de faire naître des enfants, surtout de permettre aux femmes congolaises d'avoir une grossesse et un accouchement plus sécurisé.
Pour ce faire il va venir en France pendant 5 ans pour se spécialiser en gynécologie et obstétrique. Alors qu'il est marié et que ses enfants sont scolarisés en France et qu'il a une proposition d'embauche chez nous, il décide néanmoins de retourner dans son pays.
Son rêve approche mais la vie ou plutôt la guerre va le rattraper. Finalement il va devenir "l'homme qui répare les femmes", femmes qui ont subi multiples viols et mutilations génitales abominables.
.
Dans la seconde partie du texte Denis Mukwege s'interroge sur ces viols, sur les hommes, sur leurs rapports aux femmes. Il met également en perspective la vie au Congo avec ce qui se passe ailleurs dans le monde et s'interroge en fait sur la vision globale de la femme. Il s'étonne du faible nombre de plaintes pour viol qui donnent lieu à condamnation dans nos pays. Il s'interroge sur ce qui peut faire d'un homme un violeur.
Il propose également des pistes pour que les violences sexuelles ne soient plus qu'un mauvais souvenir.
.
Chaque femme agressée, mutilée, qu'il soigne va lui poser 3 mêmes questions : est-ce que je cesserai d'avoir mal ? est-ce que je pourrai avoir des relations sexuelles normales ? est-ce que je pourrai avoir des enfants ? A ces 3 questions, une seule et même réponse, glaçante : non....
.
Il est important de lire ce livre pour se rappeler aussi que le Congo a un des sous sols les plus riches au monde et que ces violences sont liées à nos appareils électroniques : des groupes ultra violents contrôlent ces mines de terres rares, de cuivre, éléments indispensables pour nos batteries (téléphones portables notamment).
Un livre qu'il faut lire car malgré tout Denis Mukwege est optimiste, veut croire à un avenir meilleur.... et ce même si depuis 10 ans il doit vivre protégé par des casques bleus, enfermé dans son propre hôpital suite à une tentative d'assassinat très violente.
Un livre qu'il faut acheter pour permettre à une partie de cet achat d'aller financer cet hôpital qui ne vit que grâce à des donateurs....
Un livre qu'il faut lire pour rencontrer un être humain exceptionnel...
Commenter  J’apprécie          6111
Culture, intelligence, lucidité, ouverture d'esprit, bonté, empathie, humanité, détermination, et j'en oublie certainement : Denis Mukwege est un homme exceptionnel.
Gynécologue, il a choisi de consacrer sa vie professionnelle à soigner les plus faibles, les plus vulnérables : les femmes victimes de viols et de violences sexuelles, dommages collatéraux de conflits haineux dans son pays, la République démocratique du Congo.
Des femmes meurtries physiquement et psychologiquement après les horreurs qu'elles ont subies.
Des femmes qui souffrent de blessures d'intensités telles qu'elles ne guériront sans doute jamais complètement.
Des femmes qui disent souvent : « Ils m'ont tuée. »
Denis Mukwege et son équipe pluridisciplinaire mettent tout en oeuvre pour les amener le plus loin possible sur le chemin d'une reprise de vie.

Partant du problème spécifique de son pays, l'auteur élargit son propos à d'autres, parce que malheureusement les exemples ne manquent pas dans le monde.
Il ne se contente pas d'aborder l'aspect médical, mais essaie de sensibiliser à une multitudes de problèmes que rencontrent les femmes.
Son expérience et les nombreuses rencontres qu'il a faites lui donnent une large vue d'ensemble et lui permettent de livrer une analyse d'une grande richesse.
Histoire, économie, politique, géopolitique, sociologie : il y a vraiment matière à réflexion dans cet ouvrage dont la lecture n'est pas facile tant sont nombreux les exemples bouleversants qui ne sont pas du tout édulcorés.
Une lecture difficile mais indispensable : fermer les yeux n'a jamais fait disparaître la réalité et s'informer de certaines atrocités est un devoir moral parce que c'est la connaissance qui nous permet d'agir, chacun à notre niveau, ou au moins de soutenir ceux qui agissent en première ligne.

La force des femmes est un très beau titre en hommage aux femmes qui ont été soignées par l'équipe du docteur Mukwege et plus généralement à toutes les femmes qui souffrent mais trouvent le courage de résister et d'aller de l'avant.
Oui, les femmes savent être fortes, mais, de cette lecture, je retiens surtout la force d'un homme qui s'est levé contre les injustices faites dans son pays et ailleurs à la moitié de l'humanité.

Denis Mukwege est un homme rare, un homme précieux.
Un vrai féministe qui ne gaspille pas son temps à militer en faveur de l'écriture prétendument inclusive ou autres stupidités inutiles, mais lutte concrètement pour de vraies causes, pour réellement améliorer la condition des femmes à travers le monde.
Un homme engagé, au péril de sa tranquillité, et même de sa vie.
Un homme fort justement récompensé par le prix Nobel de la paix en 2018.
Je mesure l'immense privilège que fût le mien d'avoir pu le rencontrer grâce à Babelio et aux éditions Gallimard.
Sa personnalité puissante et lumineuse fait de ce livre une magnifique lecture malgré le contenu si sombre. La justesse des combats et la détermination avec laquelle ils sont menés forcent l'admiration et offrent un rayon d'espoir au milieu des ténèbres.

Dès qu'il prend la parole, Denis Mukwege dégage à la fois une grande douceur et une force inébranlable : voilà une rencontre que je ne suis pas près d'oublier.
Merci !
Commenter  J’apprécie          414
La force des femmes témoigne du combat des femmes attaquées dans leur plus profonde intimité, réparées physiquement et psychologiquement par le Dr Mukwege et ses équipes. Les séquelles psychologiques sont profondes et doivent être prises en charge pour que les victimes atteignent le statut de survivantes, pour qu'elles puissent envisager l'après, la reconstruction, l'acceptation du petit être né parfois de cette violence, pour espérer s'introduire dans la vie, de nouveau. Envisager cette possibilité.
Combien sont encore à freiner un dépôt de plainte ? Comment décourager les violeurs ? Comment ? L'auteur propose des pistes, la première convoque l'éducation. À tout âge. Les policiers doivent aussi réchauffer les bancs, apprendre, réapprendre à soutenir mieux les femmes.
Un livre pour les femmes, mais pas que.

« J'ai le furieux espoir que des personnes de tous les genres le liront et en retireront quelque chose. Il faut qu'un maximum de gens participent à la lutte pour l'égalité entre les sexes. Les hommes ne devraient pas craindre l'incompréhension, ils ne devraient pas ressentir le besoin de se justifier comme moi autrefois quand ils soutiennent leurs soeurs, filles, femmes, mères, amies et autres égales humaines. Les femmes ne peuvent résoudre seules le problème des violences sexuelles ; les hommes doivent faire partie de la solution. »

Une lecture qui instruit sur l'Histoire du Congo, sur l'impact néfaste que la colonisation a engendré sur son économie - une véritable manne financière avec ses minerais disponibles à profusion - « Un colon géomètre a déclaré, à propos du Congo, que c'était un scandale géologique » -, sur sa politique si instable, si corrompue, humainement si pitoyable - un pays mal gouverné, cruellement exploité, « un État affamé et sans limites » -, sur son système patriarcal qui façonne « nos normes sociales, notre économie, notre vie familiale et nos politiques ».
Une lecture qui émeut, qui révolte, qui met des mots sur le calvaire de ces femmes, des femmes, sur l'horreur subie...
Qui éclaire sur les combats menés par elles, et par d'autres, pour elles.
Qui met en exergue l'inégalité stupéfiante de l'accès aux soins à travers le monde.
Qui revient aussi sur le drame qui s'est joué lors des tensions entre Hutu et Tutsis « Les passions plus destructrices de l'humanité se sont déchaînées; le deuil menait au meurtre, le meurtre à la aux tueries de masse, aux viols de masse, à la torture de masse. »
Enfin, une lecture qui donne espoir.
Une oeuvre pour mettre en lumière l'oeuvre accomplie, pour donner à voir ce chemin bienveillant et aimant que des hommes et femmes, comme le Dr Mukwege ou Eve Ensler, Nadal Murad, et bien d'autres encore tentent de bâtir pour qu'enfin les Femmes qui ont subi l'indicible se reconstruisent vivent à l'égal de leur homologue masculin.

« Ce qui est vrai pour le Congo est vrai pour la cause des droits des femmes : si vous êtes en position de pouvoir et d'influence, vous pouvez aider. Si vous ne travaillez pas à une solution, vous faites partie du problème. »
Un bel hommage au courage des femmes face à la douleur et l'incertitude de leur quotidien, qui dépasse les frontières du Congo. Un témoignage universel. le combat de toute une vie.

« Telle est l'histoire du Congo, l'un des pays les mieux dotés de la terre, terrassé par cent cinquante ans d'occupation étrangère, de dictature et d'exploitation sans merci. »

Un essai à lire. Vibrant de colère et empli d'humilité.
MERCI.
Quel travail, quel immense sacrifice, quel foi en l'humanité incarne le Dr Mukwege, prix Nobel de la Paix. Il est admiratif de la vitalité et de la force des femmes qu'il soignait. Je ne trouve pas les mots pour exprimer mon immense admiration devant tout le travail accompli...
« Mon rôle a toujours été de faire entendre la voix de celles dont la marginalisation les empêche de raconter leur histoire. Je me tiens à leurs côtés, jamais devant elles. »
À lire, oui.
Pour que ces mots " Ils m'ont tuée " n'aient plus jamais besoin d'être dits.
Pour qu'on arrête de mesurer la valeur d'une femme à son "honneur".
Pour que le mot justice reprenne tout son sens, pour " Transformer la souffrance en pouvoir".
Pour questionner ces traditions qui font du tort à l'humanité.
Pour, enfin, briser les silences.

« Les abus sexuels prolifèrent dans le silence, mais égale ment quand les hommes sont libres d'agir en toute impunité. Aristote, le père de la philosophie occidentale, a écrit que « de même qu'un homme accompli est le meilleur des animaux, de même aussi quand il a rompu avec loi et justice est-il le pire de tous ». Après avoir vu tout ce que j'ai vu, je suis parfaitement d'accord. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          220
Avant de lire ce livre et d'assister à la rencontre organisée par Babelio et Gallimard, je connaissais dans les grandes lignes le parcours de cet homme exceptionnel. Pour être tout à fait honnête, j'avais un peu peur que le sujet soit émotionnellement trop difficile à supporter pour moi. Il y a en effet des scènes horribles décrites dans ce livre, qui ont lieu malheureusement quotidiennement, nous ne pouvons nous voiler la face sur leur existence. Mais l'auteur nous emmène plus loin à travers ces récits glaçants, dans une profonde réflexion sur la place de la femme dans nos sociétés, sur tous les continents, dans l'histoire et à notre époque actuelle.

La première partie du livre est consacrée à la maternité et à la naissance de sa vocation. Né en 1955 à Bukavu, Denis Mukwege est fils de pasteur. Il grandit dans une ville segreguée organisée autour d'un centre où s'érigent les villas des blancs, puis le quartier des marchands asiatiques et encore plus éloignées du lac, deux banlieues noires. Il nous dépeint les paysages de son pays, son histoire coloniale, l'indépendance en 1960 alors qu'il est âgé de 5 ans. J'ai appris beaucoup sur cette ancienne colonie belge dont j'ignorais presque tout. Lorsqu'il a huit ans, il accompagne son père visiter des malades. C'est là que naît son désir de devenir médecin.

Plus tard il prend conscience d'une réelle crise sanitaire féminine avec des accouchements difficiles et des conditions compliquées pour les mères. Il crée un lieu pour que les femmes puissent venir gratuitement deux mois avant leur accouchement. L'occasion dans ce chapitre d'évoquer le congé maternité dans le monde (loin d'être acquis dans certains pays comme les Etats-Unis).

Des évènements vont accroître son implication auprès des femmes : les conséquences de la guerre au Rwanda qui vont toucher directement le Congo et notamment des milliers de femmes violées et mutilées. L'auteur nous parle des première et deuxième guerres du Congo et de la fondation de son hôpital à Panzi en 1999. Son combat quotidien : réparer ces femmes, victimes des zones de conflit. Progressivement, il crée des lieux de soins, de prises en charge psychologique, notamment la Cité de la joie avec pour devise "Transformer la souffrance en pouvoir", la maison Dorcas... Il nous raconte les histoires de quelques-unes de ses patientes.

De nombreux sujets sont développés autour du viol dans le monde; entre autres, la force de la parole des victimes, l'importance de l'éducation des garçons mais aussi la responsabilité des gouvernements et les difficultés rencontrées pour faire changer les mentalités. Il ne se concentre pas uniquement sur la situation des femmes au Congo. Chaque thème abordé est mis en relation avec la situation dans d'autres pays en voie de développement ou occidentalisés. Il rappelle que la problématique du viol est présente partout que ce soit en temps de guerre, en temps de paix. de nombreux organismes, mouvements, militants féministes sont cités. (Je me force à résumer tant il y aurait à dire sur le contenu de cet ouvrage).

Je suis ressortie de ce moment profondément marquée. L'écriture est bien menée, entre biographie, récit de témoignages, l'auteur partage ses émotions avec nous. Il ne se met jamais en avant. C'est un livre bouleversant, émouvant, grâce auquel j'ai appris beaucoup de choses. Un livre qui devrait être lu par le plus grand nombre. Encore merci à l'équipe Babelio pour cette invitation.
Commenter  J’apprécie          170
Livre fondamental écrit par le Docteur Dénis Mukwege , prix Nobel de la Paix en 2018.
L'auteur est congolais, la République démocratique du Congo très riche en minerais est paradoxalement un des pays les plus pauvres du monde car la corruption y est généralisée.Dans les zones riveraines du Rwanda et du Burundi, les conséquences des guerres ethniques sont vécues à travers des invasions et des massacres. Nombreuses sont les femmes congolaises atrocement violees par des soldats rwandais pour qui le viol est une arme de guerre.
Les victimes sont stigmatisées , rejetées , répudiées car au Congo, le système patriarcal façonne tout y compris les politiques menées,
Dans son livre en grande partie autobiographique, Dénis Mukwege relate ses expériences et son cheminement vers une conscience féministe qui le conduit à «  réparer «  de façon de plus en plus complète les femmes.
L'auteur naît en 1955 à l'époque où l'accouchement est «  une grande loterie « , dans une colonie belge, largement ségrégée.La gouvernance belge prend fin en 1960 mais l'époque coloniale a détruit les structures anciennes , en particulier le troc géré par les femmes.La monétisation des échanges sera le domaine des hommes et ils prendront alors le pouvoir.
Soutenu par sa mère, l'auteur part faire ses études de médecine au Burundi, s'oriente vers la gynécologie obstétrique à Angers et n'a de cesse de retour au Congo de «  réparer «  des femmes violées dans un hôpital construit grâce aux fonds versés par des missions religieuses.
C'est une prise en charge globale des victimes qui se met peu à peu en place, les femmes osent briser le silence.
Le médecin intervient à La Tribune de l'ONU mais depuis 2013 il vit au Congo sous la protection des Nations Unies car sa prise en charge des femmes , la libération de leur parole,est une menace pour des puissants..,.
Commenter  J’apprécie          141
Avant la fin de l'introduction qui revient sur la naissance de Denis Mukwege, j'étais déjà happée par le livre . Je ne pouvais le poser sans y penser, j'avais déjà une folle envie de me laisser dévorer par lui. L'auteur revient sur l'état catastrophique du monde, les violences faites aux femmes qui ont en commun d'être partout à la fois. La tragédie de l'accouchement dans de mauvaises conditions, arrivant encore trop souvent aujourd'hui et de part le monde entier, l'a sensibilisé. Entre destin et vocation, les conditions de sa naissance l'ont amené à se battre pour les femmes.

Si cet homme n'était pas Prix Nobel, personne ne le serait. Il risque chaque jour sa vie pour sauver les femmes victimes de violence, d'abord au Congo, puis à travers le monde. Son discours, mettant en lumière les crimes de guerre et l'ingérence dans lequel est tombé l'Etat, fait que sa vie est menacée, il est depuis plusieurs années sous la protection de l'ONU.

Les récits qu'il relate, dans son expérience de gynécologue puis d'activiste, sont des récits extrêmement difficiles à lire. Si j'avais envie de dévorer cet ouvrage, car il est sublimement écrit, hautement intéressant, et explique mille choses à travers le monde, reste extrêmement dur. Vraiment. J'ai ait été émue, plus qu'émue même, épouvantée aux larmes dans ce que des personnes affrontent. J'ai déjà parlé de nombreux romans mettant en scènes ces femmes aux destins tragiques comme Les impatientes de Djaïli Amadou Amal ou Les filles de la mer de Mary Lynn Bracht. Ici, le discours médical, politique, rend les choses peut-être pires. On ne peut plus se cacher derrière le verbiage d'un roman. C'est un destin vrai qui se déroule sous nos yeux, celui d'un homme élevé par une femme qui ne faisait pas la distinction entre ses fils et ses filles. Si à l'adolescence, il a voulu se révolter contre cela (pourquoi ses copains étaient-ils plus choyés que lui ?) il a vite compris qu'il tenait peut-être là la réponse à beaucoup de violences de par le monde.

C'est un livre, comme tous les livres féministes, que les hommes doivent lire autant, voire plus, que les femmes qui, elles, sont déjà conscientes des dangers inhérents à leur condition. Je vous assure que ce livre est incroyable, pas seulement parce qu'il dénonce des crimes de guerres affreux à travers le monde, mais qu'il ose dire, également, qu'en Occident, bien que beaucoup de chemins ont été faits, nous ne sommes pas encore à l'égalité. Il montre bien que si les lois progressent, leur application semble rester optionnelle.
Il y a une forme d'impunité dans le viol et les violences faites aux femmes, partout à travers le monde. Pas parce que tous les hommes sont dangereux, mais parce que ceux qui ne sont pas concernés, eux, ne se sentant justement pas concernés, détournent le regard, se taisent, ne se documentent pas. Beaucoup de féministes - et Denis Mukwege en a souffert - n'aiment pas qu'un homme parle des femmes, parle pour elles, peut-on être féministe en étant homme ? Je pense que oui, mais à ce moment-là, il y a beaucoup de travail à faire. Un travail que cet éminent homme a fait et fait encore, un travail contre le silence, et surtout, en faveur de l'éducation.
Sans éduquer, nous n'arriverons à rien, nous n'avancerons pas dans le combat contre la violence faite aux femmes. Et pour éduquer, rien ne sert d'arriver avec des discours préfabriqués, il faut donner la parole aux victimes et il faut prendre en compte les coutumes, les faire évoluer.
C'est un livre incroyable, à lire... Urgemment, par tous.

Je termine étrangement cet article, par le post Instagram que j'ai rédigé pendant ma lecture de cette oeuvre, qui montre d'autant plus la grandeur, non seulement du livre, mais de l'oeuvre de Denis Mukwege :

Ce n'est pas tous les jours, ce n'est même pas même dans toutes les vies, qu'on a l'occasion de rencontrer un Prix Nobel.
Rencontrer est un bien grand mot, mais j'ai eu la chance de l'écouter s'exprimer au sujet de son tout nouveau livre, qui sort cette semaine si j'ai bien compris, grâce à Babelio, ce livre m'a gentiment été envoyé en avant-première par les éditions Gallimard.

Si Denis Mukwege n'était pas Prix Nobel de la Paix, personne ne le serait. C'est un livre impossible à lâcher, et pourtant, qui nécessite de reprendre son souffle à chaque page.
Je ne suis pas la personne la plus émotive que je connaisse, et pourtant, ces mémoires, l'odeur du sang, de l'horreur, des crimes perpétrés, me demande de réguliers temps de pause.

Le féminisme est une lutte qui doit continuer d'être menée par tous, et ce livre qui raconte comment un homme est devenu si grand et pourtant si humble, mérite d'être lu par tous. Nous ne sommes pas blancs, noirs, autres, femmes, hommes, autres : nous sommes humains. Et chaque jour, ce qui se passe ici ou à travers le monde nous force à l'oublier.
Commenter  J’apprécie          140
Un document admirable, intelligent et important, qui choque autant qu'il fait réfléchir.
Allant au-delà de ‘réparer' chirurgicalement les femmes victimes de viol, l'auteur se met à l'écoute de leurs paroles, de leurs besoins, et s'attaque en amont aux racines du mal :
dans la représentation du corps féminin, dans l'éducation, dans l'idéologie de l'honneur, de la honte et du silence.
Il dénonce son utilisation lors de conflits pour le pouvoir ou la possession de richesses, et combat sans relâche les freins politico-judiciaires qui font barrage à sa qualification de crime.
Le sujet de l'éducation des garçons m'a interpellée… (pas sûre d'avoir si clairement expliqué à mes fils la question du consentement…), alors je recommande lourdement ce livre à tous les parents que je rencontre!
Denis Mukwege vous êtes un grand Monsieur, j'aimerais que vous soyez plus applaudi, vénéré et encensé que Neymar ou Mbappé…
Je voudrais que les survivantes que vous nous avez présentées soient plus ovationnées et glorifiées que ces stars narcissiques et manucurées des réseaux…
Il y a vraiment quelque chose qui cloche dans ce monde…
Commenter  J’apprécie          101
Je savais à quoi m'attendre.
Mais je m'attendais pas à un si bon résumé de l'état des violences sur les femmes à travers le monde avec autant d'efficacité et en allant droit au but.
Certes on passe d'un sujet à l'autre, mais ils sont tous tellement puissants, tellement forts, et laissent tellement peu indifférents que j'en ait été bouleversée. Certains passages sont durs, vraiment il faut s'accrocher, mais ils sont indispensables. J'ai envie de le faire lire à tant de monde!
Cette voix, celle de ce médecin qui se bat, est formidable. Et nécessaire. Un grand livre, malheureusement trop actuel.
Commenter  J’apprécie          100
J'ai découvert la personnalité et le travail de cet homme extraordinaire (il a reçu le prix Nobel de la Paix 2018), dans un premier livre « Réparer les femmes », écrit avec le chirurgien Belge G-B Cadière.

« La Force des femmes » est un livre beaucoup plus épais, un essai, émaillé de témoignages, qui défend la cause des femmes, en particulier celle des victimes des actes de guerre (viols, esclavage sexuel, mutilation…) commis au Congo. le livre apporte énormément d'informations bien étayées. Il dénonce la non-reconnaissance des victimes que ce soit au Congo, ou ailleurs, malgré les rapports et autres études statistiques. Lui-même ne reçoit pas d'aide de son gouvernement pour l'hôpital qu'il a construit avec l'aide de financements étrangers. Au contraire, quand il sera invité à parler devant les Nations Unies, il se fera menacer et l'ambassadeur du Congo sera ostensiblement absent lors du discours.

Il s'interroge, qu'est-ce qui fait que dans la presse internationale, les journalistes vont rapporter le cas d'un homme qu'il a soigné car il avait subi l'amputation de son pénis, alors que la même presse ne parle pas des milliers de femmes (et fillettes !) violées et mutilées qu'il soigne ? Il s'interroge encore : comment éduquer un fils pour qu'il respecte les femmes une fois adulte ? Et pourquoi n'y a-t-il aucun monument aux « femmes victimes de la guerre » ? Comment obtenir soins, compassion et justice pour elles toutes ?

Il parle de la honte que subisse ces femmes. Elles sont rejetées au lieu d'être aidées. Les séquelles dues à leurs sévices sont intolérables. Chaque chapitre du livre dénonce un peu plus les carences et les responsabilités des gouvernements vis-à-vis de ces victimes. C'est très dur à lire, décourageant, rageant, horrifiant – mais nécessaire.
Commenter  J’apprécie          81
Né en 1955 dans une famille de l'est du Congo, une zone proche du Rwanda, Burundi et Ouganda, le docteur Denis Mukwege a voulu rester dans son pays (après une formation en France), là où les besoins en gynécologie obstétrique étaient criants. le taux de mortalité maternelle y est effarant.

"Aujourd'hui seuls deux pays au monde ne prévoient pas une forme de congé payé pour la mère. Il s'agit en premier lieu de la Papouasie Nouvelle Guinée, et des Etats-Unis." le président actuel a un plan. Mais Noires et Latino-Américaines sont mal loties sur ce plan.

On le constate assez rapidement, le récit de l'auteur, dans sa biographie complète et passionnante, prend de la hauteur et s'intéresse aux femmes en général de part le monde.

Dès les années 90, les conflits dans la région s'étendent et là encore les principales victimes sont les femmes, souvent extrêmement jeunes. Enlèvements, viols, les détails sont écoeurants, nécessaires mais pas étalés inutilement. Gynécologue chirurgien, le docteur répare les femmes, physiquement lorsque c'est encore possible, psychiquement mais pas toujours, leur force est immense. On sent sa grande admiration pour ces femmes.

En cherchant les causes (en effet, pourquoi dans cette zone du pays et pas à côté?)

"La carte que nous avons produite, qui superposait les zones avec des taux de viol élevés et les zones d'extraction, montrait de façon frappante le lien entre violences sexuelles et lutte pour le contrôle des minerais, métaux et diamants."

On le sait, le Congo est dit un "scandale géologique", dont profite peu le peuple congolais. Pour ceux qui ignoreraient les grandes lignes de l'histoire congolaise, on retrouve en résumé ce que j'avais lu dans Congo de David van Reybrouk.

Denis Mukwege lutte donc à son niveau pour que ça change, rencontrant des communautés, essayant de faire évoluer certaines mentalités misogynes. Pour cela, il donne quelques idées, particulièrement dans l'éducation des garçons.

Le problème de la violence à l'égard des femmes et des viols de masse lors des conflits ne se limite pas au Congo. Nadia Murad, jeune femme Yézidi, a reçu en 2018 le pris Nobel de la paix, avec le docteur Mukwege.

En conclusion, disons que ce livre est à lire, j'ai été bousculée bien sûr, mais des lueurs d'espoir existent, tant qu'il y aura des gens comme ce docteur et ses collaborateurs au Congo.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (463) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..