AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 157 notes
5
9 avis
4
4 avis
3
5 avis
2
2 avis
1
2 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà, je tourne la dernière page de ce livre et se pose la pertinence d'écrire une critique supplémentaire pour Babélio...
Et pourtant, j'ai envie de parler de cet épais roman pour peut-être vous donner l'envie d'y jeter un oeil. Impossible de le raconter et puis, il ne faut pas, il faut se laisser envoûter par le tissage du récit.


Disons pour juste dessiner quelques lignes, qu'il s'agit au départ de la rencontre de deux jeunes gens à la fin des années soixante : un spécialiste des langues anciennes, un passionné, fils de ministre hollandais calviniste et un astronome, tout aussi passionné de ses sciences, orphelin, né d'un père nazi responsable de la mort de sa mère, juive, à Auschwitz.

De cette rencontre fortuite - mais elle ne l'est pas tant que cela si l'on regarde avec les yeux de la Destinée...- naît une amitié profonde faite de respect, de curiosité : la découverte de l'alter ego, celui avec qui on peut tout évoquer y compris "ce qu'on ne voudrait dire à personne".
Un troisième personnage s'invite dans ce roman, après l'écriture, les mots, les étoiles, le Big Bang, s'invite la musique à travers Ada violoncelliste que rencontrent les deux amis.
Et il y a aussi le personnage de Quinten mais de celui-ci, je ne vous parlerai pas, il vous faudra le rencontrer...

Cette amitié va être "auscultée" durant deux décennies...


Pour le lecteur, c'est un récit brillant, passionnant, questionnant, enrichissant : l'origine du monde, les galaxies, puis les langues anciennes, les relations entre les différentes écritures et puis la musique et sa liaison avec les mathématiques et à l'architecture...Et l'Histoire de ce siècle, l'horreur de la première et de la seconde guerre mondiale, l'Holocauste et de là, des réflexions sur les trois religions monothéistes et les implications des rapports humains qu'elles écrivent ou articulent. Religions qui baignent si l'on veut bien s'y arrêter tous les arts et toutes les sciences...
Tout cela pour parler de l'Homme mais aussi du Mal... et du Bien auquel vous donnerez le visage que vous voulez selon votre croyance. Curieux de remarquer que l'image du "Mal infini" fait consensus pour sa représentation quand celle du Bien, s'éparpille entre quelques visages "meneurs", instigateurs des idées pour harmoniser les rapports entre les peuples sans finalement y réussir vraiment : L Histoire est une roue qui tourne et ainsi, le Mal joue sa carte à intervalles réguliers, s'incarnant périodiquement, jetant les hommes dans des guerres atroces, fratricides, dans des génocides perpétrés à l'encontre de ceux avec lesquels ils vivaient encore en toute quiétude une décennie plus tôt… les laissant toujours sans solution pour leur permettre de vivre ensemble pour l'éternité.

Alors c'est une réflexion sur tous les niveaux des rapports humains de la famille à la politique, de la religion à la science et finalement pour arriver au constat que l'homme ne sait vivre que dans le rapport de force même s'il s'en défend : le désir de puissance comme seul guide des existences dans tous les domaines...

Curieusement, le ton du livre sait être plein d'humour à certains moments et extrêmement sombre à d'autres.
J'ai pensé à "La danse Sacrale" d'Alejo Carpentier qui voisinerait "Les Disparus" de Daniel Adam Mendelsohn pour les connaissances qui nous sont ici partagées et pour la curiosité qu'elles ne cessent d'alimenter, comme un feu qui consume...
Les fils qui relient tous les thèmes du récit entraînent le lecteur vers l'avant, vers la question sous-tendue par ces lignes. Que l'astronome soit nommé dans un observatoire construit sur les lieux du camp de transit hollandais , Westerbork, celui-là même d'où est partie sa mère, que les étoiles soient écoutées sur les lieux où d'autres ont pleuré pour la dernière fois, que les écritures anciennes fassent lire la Bible et la Torah pour les articuler l'une par rapport à l'autre et amener le lecteur à Jérusalem pour fondre son regard dans celui des trois grandes religions finalement si proches et si opposées, lieu déclaré de l'Alliance de Dieu - quel que soit le nom que vous lui donnez - avec les hommes...
Il n'en reste pas moins que le personnage victorieux de ce livre pourrait être le Mal - c'est ainsi que j'ai lu ce livre, vous le lirez peut-être autrement...- qui s'infiltre dans toutes les actes humains, celui que les hommes aiment vénérer de façons différentes à différentes époques, celui qui leur tient lieu d'excuses pour anéantir et assassiner, celui que ces mêmes hommes sont en train de construire pour se supprimer eux-mêmes, dans un avenir peut-être pas si lointain,et si la science ne les détruit pas, le peu de respect qu'ils ont pour la terre les fera disparaître…
Il y a peut-être longtemps que l'Alliance a été rompue…

Encore un mot, ne soyez pas trop cartésien pour ouvrir ce livre, sinon les dernières pages risquent de vous déplaire et ce serait dommage : comme une parabole pleine de sens qu'on refuse.
Commenter  J’apprécie          4018
Titre : La découverte du ciel
Auteur : Harry Mulisch
Editeur : Gallimard
Année : 1998
Résumé : Onno Quist et Max Delius se rencontrent fortuitement dans la nuit du 13 février 1967. L'un est astronome, coureur de jupons et jouisseur tandis que l'autre est timoré, spécialiste des langues anciennes indéchiffrables. Leur amitié est immédiate et va changer leur destin à jamais, mais leur rencontre est-elle vraiment le fruit du hasard ou fait-elle partie d'un plan ourdi par des forces supérieures ?
Mon humble avis : Un mois. Un mois entier pour arriver au bout de ce roman fleuve, cela faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Non pas que cette lecture fut ennuyeuse, bien au contraire, mais La découverte du ciel fait partie de ces romans dont on se délecte, l'un de ces romans rares, précieux, qui aborde des sujets aussi essentiels que la création du monde, le destin, les sciences, la politique, l'identité ou encore la famille, les arts ou les religions. Evidemment, je ne suis pas certain d'avoir saisi toutes les nuances, tous les concepts exposés par l'écrivain Néerlandais, mais peu importe, quel plaisir de lire un auteur aussi érudit, quel plaisir de lire un roman aussi ambitieux. Les deux héros de ce roman sont des intellectuels, des hommes complexes, manipulés par une force supérieure dont les desseins se dévoilent au fil de la lecture. Oui, il est question d'anges, de Lucifer et de Dieu, mais il est aussi question de la révolution Cubaine, d'une chute de météorite et d'amitié indéfectible, tout cela savamment orchestré pour faire des cent dernières pages de ce livre l'une des grandes réussites qu'il m'ait été donné de lire. Mulisch ne laisse rien au hasard, la construction de son texte est d'une précision diabolique et d'une virtuosité impressionnante. L'ensemble du savoir humain est abordé dans La découverte du ciel. Un pari complètement fou quand on y pense et même si tout n'est parfait, même si certaines théories sont un peu opaques, le plaisir est là, à chaque page et c'est un tour de force.
J'achète ? : Evidemment ce n'est pas une lecture facile - au moins pour le lecteur lambda que je suis - , mais il faut parfois s'accrocher pour apprécier un tel texte. Érudit, passionnant, La découverte du ciel est un grand, un immense roman. 
Lien : https://francksbooks.wordpre..
Commenter  J’apprécie          362
Le désarroi des anges.

« La découverte du ciel », voilà un magnifique roman écrit par un écrivain néerlandais, Mulisch, très connu dans son pays et qui vient à juste titre d'être traduit en français. Une jolie couverture, un titre prometteur, et la perspective gourmande de m'enfoncer dans les profondeurs moelleuse d'un roman de plus de mille pages (en édition de poche !) : voilà qui a suffi à me donner envie de le lire.

C'est un livre ample, généreux, écrit avec un esprit à l'espièglerie toute socratique. Comme Socrate, Mulisch titille sans cesse l'esprit du lecteur et le pousse à se poser ces questions essentielles sur la vie, la mort et notre devenir d'être humains tel qu'il s'est douloureusement posé au XXe siècle.

Un athéisme de plus en plus répandu et des progrès techniques qui font de l'homme de plus en plus l'égal de Dieu mettent au désespoir deux anges qui dialoguent entre eux, ponctuant le récit comme un choeur antique. L'un des personnages principaux est un astronome qui s'interroge sur les débuts de l'univers, la création, Dieu, le sens du monde. Un soir qu'il est ivre mort (!) il parvient presque à résoudre la question du Big Bang.

J'imagine tout à fait Socrate comme un homme qui aimait l'amour et la bonne chère, et rire en bonne compagnie. Tout cela se retrouve aussi chez Mulisch – certaines intrigues amoureuses ou situations sexuelles sont aussi tordues qu'amusantes !

Ce qui est magnifique, c'est que ces sujets plus ou moins graves sont amenés avec finesse, intelligence, de sorte à apprendre au lecteur ce qu'il ne sait pas, en toute discrétion. Et puis la construction de l'intrigue centrale est magistrale. Les dialogues fusent et sont plein de bons mots, on rit souvent, on est ému et on est pris dans les filets d'un suspens sans faille.

Le rythme du récit est très bien maîtrisé, tout est amené avec douceur, on a le temps de souffler, mais jamais de s'assoupir car l'intrigue est foisonnante et surtout passionnante.

Le thème qui m'a le plus touché est celui de l'identité, à travers l'exemple de la judéité, car "qu'est-ce qu'être juif ?" est une question toujours d'actualité. On devine que c'est une préoccupation personnelle de l'auteur car une brève notice biographique nous indique que qu'il est né de mère juive et d'un père qui est devenu pendant la guère un collaborateur des nazis. J'ai beaucoup apprécié la description de Jérusalem : c'est une ville où j'ai vécu et j'ai bel et bien retrouvé son atmosphère si particulière sous la plume de Mulisch. Enfin, il est rare de tomber sur un livre écrit dans une langue européenne qui cite de l'hébreu (que je parle couramment) sans déformer les mots ou faire d'erreur !

Voilà un roman qui place la barre très haut pour le romancier tandis qu'il déroule un moelleux tapis rouge de mille pages sous les pieds du lecteur. Il n'y a plus qu'à se laisser faire !
Commenter  J’apprécie          150
Ce roman fut sans doute mon premier contact avec la littérature néerlandaise, sur la recommandation d'un prof de ladite langue. J'ai découvert depuis combien Harry Mulisch était un auteur emblématique des Pays-Bas, dans son travail qui embrasse une bonne partie de l'histoire inconsciente de son pays. de la pièce où il écrit, qu'il appelle son "entremonde" (een tussenwereld), il compose une réalité à part, entre ses livres et la vraie vie. Harry Mulisch a beaucoup retourné l'histoire européenne, et notamment la shoah. Dans la découverte du ciel, il tricote une aventure palpitante, digne du Pendule de Foucault, qui brasse les grands thèmes de l'humanité. HM est mort le 30 octobre 2010, et semble avoir laissé un vide dans la littérature de son pays, comme disparue avec lui une certaine façon d'appréhender le monde.
Commenter  J’apprécie          80
Onno est issu d'une famille calviniste influente; c'est un spécialiste des langues anciennes, peu porté sur les plaisirs de la vie, plutôt tête en l'air et un brin provocateur.
Max, astromone à l'observatoire de Leyde, il est le fils d'un collabo fusillé après guerre et d'une mère juive décédée en déportation; sans attache, célibataire, séducteur, il croque la vie comme elle vient.
Tout les oppose et ils n'auraient jamais dû se rencontrer en cette nuit de Février 67, seulement voilà...

Ce véritable coup de foudre amical nous entraîne, à la suite des deux protagonistes, dans une fresque romanesque grandiose. Des Pays-Bas en passant par la Pologne, Cuba, l'Italie, nous suivons ces deux personnages originaux, et quelques autres, jusqu'à la fin des années quatre-vingts dans un véritable tourbillon intellectuel, historique et métaphysique.
Entre Ciel et Terre, la philosophie, l'Art, les sciences, la politique, la psychanalyse, l'Holocauste, la religion sont autant de routes adjacentes qui mènent Max et Onno à s'interroger sur le sens de la vie et qui les conduiront là où ils ne pensaient peut-être pas arriver. Car le libre-arbitre a du souci à se faire ...


Lien : http://moustafette.canalblog..
Commenter  J’apprécie          70
J'avais acheté ce livre il y a longtemps, puis je suis déménagée. J'ai sorti le livre des cartons il y a quelques semaines seulement et je me suis demandé... pourquoi je ne l'avais pas lu. Bon… Alors j'ai commencé à le lire. Je n'en ferai pas une critique. Seulement dire : Quelle belle surprise.. J'adore lire des romans où le simple quotidien, l'amitié, le temps, la vie et ses secrets, deviennent d'extraordinaires aventures. Écrit sans longueur, ce livre est un éblouissement.
Commenter  J’apprécie          50
Une magnifique découverte ; cela vaut vraiment la peine de dépasser son appréhension de s'attaquer à un tel pavé. C'est un très grand roman, avec des personnes extraordinaires, une intrigue génialement construite, un conte philosophique intelligent mais qui se dévore avec plaisir.
Commenter  J’apprécie          10
CHEF D'OEUVRE.
Commenter  J’apprécie          10
"La Découverte du Ciel" est un livre qui vous hante longtemps après l'avoir refermé.
Un livre qu'on aimerait n'avoir jamais refermé.
1000 pages vertigineuses d'une mécanique littéraires implacable derrière une simplicité du style apparente.
Surement, à mon sens, le livre le plus abouti de Mulisch.


Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (507) Voir plus



Quiz Voir plus

"L'Attentat" de Harry MULISH

Qu'est-ce que la famille Steenwick était en train de faire le soir de l'attentat ?

Préparer un acte de résistance.
Jouer aux petits chevaux.
Préparer un colis pour le marché noir.
Surveiller les allées et venues dans leur rue.

15 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : L'attentat de Harry MulischCréer un quiz sur ce livre

{* *}