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Philippe Noble (Traducteur)
EAN : 9782742735372
200 pages
Actes Sud (04/02/2002)
3.62/5   30 notes
Résumé :

Deux femmes venues d'univers différents, Sylvia et Laura, se rencontrent un jour à Amsterdam. Entre elles, plus que la passion sensuelle, c'est soudain la tragédie amoureuse qui s'insinue, progresse et, en quelque sorte, provoque le dénouement. Dans le roman de Harry Mulisch, c'est la voix de Laura que nous entendons. Et l'intensité de son récit vient paradoxalement de sa transparence, de sa simplicité, de sa justesse. L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Chère maman,
Notre vie est un chiffon de papier que le chat promène en jouant. »

Deux cents pages avalées à la vitesse d'un rocher dévalant un ravin, prenant de la vitesse avec la chute, éjectant les arbres sur son passage comme des fétus de foin, foudroyant la lectrice, tétanisée comme un lapin pris dans les phares d'une voiture, je regardais ce roc me foncer dessus sans pouvoir faire le moindre geste d'évitement.

Harry Mulisch, écrivain néerlandais, m'a soufflée. La construction de ce roman est remarquable d'intelligence et les thématiques sont vues avec finesse. J'ai particulièrement apprécié la description de la passion amoureuse de la narratrice et la réflexion sur le rapport à la maternité des femmes.

« Toi tu es aux enfers, car tu es une ombre – non pas l'ombre d'une morte, mais celle d'une femme encore à naître. »

Mais, Mulisch aborde bien d'autres thèmes, c'est un roman luxuriant et surprenant. le théâtre, les auteurs (beaucoup d'humour quand il évoque les critiques littéraires) sont aussi très présents dans ce roman et des peintures aussi (j'ai ainsi interrompu ma lecture quelques instants pour entrer dans ce monde... ''Les prisons imaginaires'' de Piranesi.)

Une lecture que je recommande vivement.

« Une tragédie se compose de deux vérités contradictoires. Dans la vie courante, la vérité s'oppose au mensonge. Toutes les vérités se recoupent ou se complètent ; elles ne peuvent en aucun cas se contredire. »
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"Deux femmes" est l'histoire de Laura et Sylvia, qui partagent une passion amoureuse. Laura, 40 ans, est directrice d'un musée à Amsterdam et Laura, 20 ans, est une jeune coiffeuse venue travailler dans la capitale néerlandaise. Leur rencontre insolite (devant la devanture d'une bijouterie de luxe) va servir de point de départ à leur liaison. Une relation amoureuse, exclusive, pleine d'innocence, de complicité. Les deux femmes choisiront, pour exister, de de confronter au regard des autres, de la société (l'action se passe dans les années 70). Ceux-ci ne les ménageront pas. Elles connaîtront alors le doute, les épreuves. Rien, cependant ne les séparera l'une de l'autre.

Harry Mulisch a écrit là un roman sensible et réellement attachant. Je n'aurais qu'une seule réserve concernant le choix qu'a fait l'auteur de circonscrire l'histoire au travers du seul regard de Laura, délaissant par là les sentiments des autres personnages. C'est un choix qui contraint un peu le récit mais n'enlève cependant rien à sa cohérence et à son intérêt.
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Harry Mulisch est vraiment le plus grand écrivain néerlandais du XXe siècle. Heureusement, on a traduit ses livres les plus importants en français. Par exemple, on peut trouver sur Babalio.com environ dix livres traduits, comme « La Découverte du ciel », « l'Attentat » et aussi ce livre-ci « Deux Femmes ». Tous ses livres sont bien composés, mais ils contiennent souvent des références compliquées aux mythes et légendes grecques. Si on n'y est pas tellement familier, et c'est le cas pour moi, les livres de Mulisch peuvent être difficiles à lire, car il y a toujours une autre histoire au-dessous du récit principal. Après avoir terminé un livre de Mulisch, je dois toujours trouver plus des informations pour le comprendre vraiment. La lecture d'un oeuvre de Mulisch peut être un travail dur !
Le livre « Deux Femmes » a été publié en 1975. Bien que la société néerlandaise fût alors déjà assez libre et tolérante, le thème de l'histoire, l'amour lesbien et le désir d'un couple lesbien d'avoir des enfants, était encore un peu nouveau et « difficile ». Aujourd'hui, c'est un thème presque sans intérêt aux Pays-Bas : le mariage est ouvert pour tous les couples, homosexuels ou pas. Deux femmes, c'est une histoire d'amour de Laura (35 ans) et Sylvia (20 ans) à Amsterdam au début des années 1970. C'est Laura qui raconte l'histoire, qui décrit ses sentiments, ses espoirs et ses frustrations. L'intrigue semble très simple, les femmes se rencontrent, il y a l'ex-mari de Laura qui désapprouve cette liaison lesbienne et il y a les relations compliquées entre les mères et leurs filles. (Ces relations constituent aussi un petit thème du livre). Donc tout est suffisamment clair et un lecteur non-intellectuel comme moi peut suivre tous les développements facilement.

Je trouve l'histoire captivante et émouvante, même sans comprendre toutes les références et tous les symboles. C'est ainsi que, sans cette compréhension, la fin de l'histoire est un peu inattendue. Une fin qui m'a touché en effet. Ce sont les références différentes dans le livre au mythe d'Orphée et d'Eurydice qui compliquent un peu les choses. Ces références sont très malignes, mais j'ai eu besoin de lire des critiques et des explications après coup pour vraiment comprendre toute l'histoire. Bien que j'aie lu ce livre au lycée en néerlandais il y a 35 ans, je l'avais oublié complètement avant que je l'aie relu en français.

Je crois que ce livre mérite un peu plus d'attention sur Babelio.com. C'est un relativement petit livre avec une histoire impressionnable et émouvante et pourtant réaliste. Un livre facile à lire malgré les références au mythe d'Orphée et d'Eurydice qui peuvent être un peu difficiles mais qui sont aussi véritablement malignes.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Pour une fois, Harry Mulisch qui prétendait être lui-même la seconde guerre mondiale, du fait de son histoire personnelle, ne l'évoque absolument pas dans ce récit.

Il s'agit ici d'une histoire passionnelle entre deux femmes à une époque (1975) où le sujet de l'homosexualité était encore vraiment tabou, même aux Pays-Bas.

Laura, une femme intellectuelle, divorcée de longue date d'Alfred, un critique de théâtre renommé, aborde sur un coup de foudre Sylvia, de quinze ans sa cadette, dans les rues d'Amsterdam. Sylvia s'installe tout de suite chez elle. Quelques mois plus tard, après une confrontation terrible avec la mère mourante de Laura, la relation se dégrade, jusqu'au départ soudain de Sylvia.

«Tu vois, dit Alfred, je crois que chaque être a le sentiment d'être exclu, d'être séparé de la vie des autres […] Mais avec Sylvia, j'ai moi aussi l'impression qu'elle ne fait pas partie du lot, qu'elle appartient à une autre espèce, qu'en fait elle n'existe pas. Par là, elle diminue curieusement mon propre sentiment d'exclusion, car je dois m'efforcer de la faire entrer dans cette vie.»

Court roman de 200 pages, « Deux femmes » agit comme une transfusion de mal-être, même quand tout va bien, une transfusion d'absence à l'existence dont vous pressentez bien qu'elle vous emmène vers un dénouement tragique.
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Première incursion dans la littérature néerlandaise. Une écriture riche, maîtrisée, belle qui fait ressentir plutôt que voir, qui fait connaître intimement les personnages même les plus discrets, les plus mystérieux. Une tragédie qui en revanche laisse peu de surprise, ce n'est sûrement pas le but.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
De l’autre côté de la rue, je l’aperçus devant la vitrine d’un joaillier. Je m’arrêtai. Je regardai son dos, sa nuque et ses mollets qui dépassaient de bottes rouge vif, et au même instant, je me demandai pourquoi je m’arrêtais et je la regardais. On aurait dit que tout, dans la rue, s’était estompé ou déformé, comme sur certaines photos, et que seule cette fille, au centre, avait gardé des contours nets.
Pourtant, vue de dos, sa beauté n'avait rien d'extraordinaire : les cheveux étaient relevés avec une négligence pleine de charme, mais l'échine était un peu trop longue, les hanches trop étroites, et les jambes un peu moins rectilignes que ne l'exigent les canons habituels du corps féminin. Mais ces imperfection allaient toutes dans le même sens, et ce sens, mystérieusement, était fait pour mes sens.
Tout corps humain est un ensemble de messages ; on s’accorde à le reconnaitre des yeux, de la bouche, ou des mains ; mais les pieds, la nuque, les mollets tiennent eux aussi un langage, et qui ignorent le mensonge. Enlevez la tête et les bras, il n’en reste pas moins un message idéal, qui a sa place au Louvre.
P28
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Pourtant, vue de dos, sa beauté n'avait rien d'extraordinaire : les cheveux étaient relevés avec une négligence pleine de charme, mais l'échine était un peu trop longue, les hanches trop étroites, et les jambes un peu moins rectilignes que ne l'exigent les canons habituels du corps féminin. Mais ces imperfection allaient toutes dans le même sens, et ce sens, mystérieusement, était fait pour mes sens.
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Je suivis lentement l’allée en m’approchant de ma mère. Il n’y avait pas un souffle de vent et, à l’abri des arbres, il faisait si tiède que j’avais l’impression de marcher à l’intérieur de mon propre corps.
(p70)
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Je pédalais heure après heure et l’espace s’élargissait sans cesse autour de mon corps, comme lorsque je mettais une des robes de ma mère. Je voulais partir loin, très loin. Mais quand y arriverais je enfin ?
p13
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Tout ce vers quoi l'on dirige son attention et sa volonté devient invisible, du moins si j'en crois mon expérience. On ne voit vraiment les choses que du coin de l’œil, lorsqu'on est en fait absorbé par d'autres occupations. On dirait qu'alors la réalité se sent dédaignée et, piquée au vif, s'impose à vous.
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