AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,97

sur 32 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Personnalité importante de la scène science-fictive et fantasy américaine, Pat Murphy a non seulement reçu une multitudes de prix pour ses romans et nouvelles mais est également à l'origine du prestigieux prix James Tiptree Jr en 1991 avec sa compatriote Karen Joy Fowler (dont La Volte s'apprête à publier un recueil de nouvelles en langue française pour la fin de l'année).
On connaît pourtant peu Pat Murphy dans l'Hexagone puisque sa dernière traduction remonte à 2000 chez J'Ai Lu avec Nadya.
Ce sont Les Moutons Électriques qui ont choisi de lui redonner une chance dans la langue de Molière avec la traduction par Patrick Marcel du roman La Ville peu de temps après, un ouvrage à mi-chemin entre post-apocalyptique et utopie.

If you're going to San Francisco…
C'est par une bouteille à la mer que commence La Ville peu de temps après. Une bouteille retrouvée par l'une des survivantes de San Francisco qui, à l'instar du reste des autres grandes villes américaines, a été dévastée par une épidémie de Peste venue d'on ne sait où.
Quelques communautés tentent pourtant de reconstruire un semblant de société. Parmi elles, celle d'une jeune femme dont la mère, Mary Laurenson, est morte avant de pouvoir lui choisir un nom. Aux abords de Sacramento, un nouveau pouvoir monte, celui du général Miles (ou Quatre-Étoiles comme l'appellent ses adversaires) dont le régime ressemble fortement à une dictature de la pire espèce. Après avoir annexé quelques villes de moindre importance, Miles et ses troupes tournent leur regard vers San Franscico, la grande ville du Sud.
Mais dans San Francisco, les choses sont radicalement différentes. Pas de dictature, pas d'autodafé, pas de milice armée mais…de l'art et des artistes, des excentriques et des anarchistes. Sacré contraste.
La jeune femme de Sacramento quitte alors les siens pour porter un message à ceux de San Francisco : la guerre arrive.
Si Pat Murphy choisit deux lignes conductrices pour la première partie de son récit, alternant entre Sacramento et San Francisco, c'est d'abord pour illustrer la radicale différence de ton, de liberté et de politique entre les deux villes.
Très rapidement, les choses vont se centrer quasi-exclusivement sur San Francisco et le périple de cette mystérieuse jeune femme porteuse de tant d'espoirs. Contrairement aux attentes, l'autrice américaine s'oriente vers un récit contemplatif, à la fois doux et poétique, où l'art occupe le premier plan.
En consacrant des chapitres entiers pour caractériser les occupants de San Francisco, dressant leur passé et leurs aspirations, Pat Murphy offre une galerie de personnages sublimes et originaux.
La Machine, ou l'histoire d'un génie en robotique/mécanique qui pense être lui-même une machine puisqu'il a survécu aux siens, Crotale, un grapheur-artiste au talent inégalé, Danny-boy, jeune idéaliste adopté par un mère délirante, Bouquins, un vieil homme féru de littérature ancienne, Mme Migsdale, dernière romancière et historienne de son époque…
C'est l'ensemble de ces personnalités qui va donner, pour beaucoup, l'atmosphère quasi-onirique et franchement utopiste du roman. Mais c'est aussi, et surtout, leur rapport à San Francisco, leur façon de changer le visage de la ville qui va aussi changer le monde. Leur présence et leur manière de disséminer des oeuvres d'art partout où ils passent, repeignant le Golden Gate ou construisant des labyrinthes-miroirs, va finir par insuffler une âme entre les murs de bétons et les voitures à l'abandon. C'est ainsi que Pat Murphy se distingue radicalement des autres romans du même type, par cette volonté de faire du beau et à ré-enchanter un contexte post-apocalyptique qui devrait (logiquement) ouvrir la voie au désespoir.

Une forme de guerre
Que reste-t-il après la fin ?
Quand toutes les structures sociales et les lois se sont effondrées ?
Par la confrontation entre les hommes du général Miles et les artistes de San Francisco, Pat Murphy imagine une alternative à la loi du plus fort, s'inspirant des rapports de force inversés des conflits modernes, du Vietnam à la révolte menée par Gandhi, l'américaine livre un discours anti-militariste et, surtout, anti-guerre.
Publié en 1989, alors que la Guerre Froide était encore d'actualité, La Ville peu de temps après, raconte la menace apporté par la terreur et la violence. On retrouve dans le récit de l'américaine cette peur sourde de voir un pouvoir américain totalitaire prendre les armes pour défendre sa patrie au mépris de la vie humaine. En retour, l'autrice explore une autre voie, celle d'une guerre sans mort (ou presque) où la ruse, l'artifice, l'intelligence font comprendre à l'autre qu'il n'y a aucun intérêt pour les partis en présence de s'entretuer.
Utopique dans sa présentation d'une société d'excentriques à la tournure prise par la guerre asymétrique contre le général Miles, le roman de Pat Muprhy fait du bien au moral, il montre, simplement, que les choses sont plus complexes qu'on pourrait le croire, que le camp du mal est, souvent, plus difficile à appréhender qu'on ne le croit et qu'une réponse radicale n'entraînera qu'une nouvelle réaction radicale.
Dans ce message bourré d'humanité, Pat Murphy arrive cependant à rester lucide, à comprendre que certains hommes n'ont aucune possibilité de rédemption et que, dans des cas extrêmes, il faudra une solution extrême… même si cela ôtera un peu de la beauté du monde.
En prenant l'art et la création pour contrer l'autoritarisme et la destruction, Pat Muprhy offre un vibrant message d'espoir pour un monde nouveau où la paix adviendra certainement, mais pas forcément sous la forme attendue.
Au milieu, ce sont l'amour et l'amitié, la beauté du monde et de l'autre, ce sont des fleurs qui tombent du ciel et des anges discrets qui rendent le futur plus grand.

Roman d'une grande poésie à la beauté saisissante, La Ville peu de temps après ré-imagine complètement une grande ville américaine pour en faire une chose vivante et fascinante, attendant que l'homme choisisse le chemin de la paix pour mettre fin à un cycle de violence qui semble toujours (et plus que jamais) d'actualité à l'heure actuelle. Un plaidoyer anti-militariste et humaniste à mettre entre toutes les mains.
Lien : https://justaword.fr/la-vill..
Commenter  J’apprécie          220
Peu de temps après nous, peu de temps après une épidémie qui a vidé les USA de leur population, San Francisco vit à l'heure hippie. Quelques artistes, quelques rêveurs ont organisé une communauté sympathique, vivant de l'air du temps parmi les fantômes du passé. Parfois, un voyageur vient apporter des nouvelles de l'extérieur, un colporteur fait circuler des objets et des idées nouvelles. Parfois, un projet réunit la communauté, comme l'idée de peindre le Golden Gate en bleu. Et c'est ainsi que Danny-Boy, Machine, Bouquins et les autres passent leurs journées.
La fille sans nom, elle, a grandi à l'écart de tout cela. Avec sa mère, elle vivait dans une ferme, le long de la route. Une ferme où la vie était paisible, tellement paisible qu'un voyageur avait résolu de se joindre à elles, ramenant le sourire sur le visage de la maman, la quiétude dans l'esprit de la jeune fille.
Jusqu'au jour où la fille sans nom voit les soldats de Quatre-Étoiles brutaliser, molester, puis enlever sa mère et le marchand. Elle l'ignore encore, mais c'est le début d'une quête qui la conduira au coeur de la ville, à la rencontre des autres survivants, le début d'une guerre pour la liberté.

J'ai vraiment aimé ce roman, qui échappe aux caricatures et propose des personnages assez atypiques, sans omettre de proposer des interrogations profondes sous des apparences de légèreté. Doit-on se comporter comme les gens que l'on combat ? Sans doute la question la plus cruciale de notre triste époque.
Commenter  J’apprécie          80
San Francisco, 10 ans après une pandémie qui a décimé l'humanité. Plus de notion d'États-Unis ou même de nation, ce sont des petites communautés qui survivent avec peu de liens les unes avec les autres. A San Francisco, ce sont les artistes qui ont investi la ville. Une ville qui semble avoir sa volonté propre et qui accepte ou non les nouveaux venus.

Serait-ce déplacé de dire que j'ai eu la chanson de Maxime le Forestier dans la tête tout le long de ce roman ? Peut-être mais ce serait pourtant vrai ! Il y a un certain écho entre ces deux oeuvres.

Le récit commence parallèlement dans deux villes : San Francisco et les communautés regroupées autour de Sacramento. Une manière pour l'autrice de mettre en avant les différences de visions des habitants de ces deux villes jusqu'à ce que le récit se déroule entièrement à San Francisco qui attire finalement toute l'action. Parmi les multiples personnages que nous rencontrons dans un premier temps et dont l'autrice prend le temps de nous parler, c'est un personnage féminin qui va au fur et à mesure devenir central : une jeune fille, élevée par une mère ayant fui San Francisco, et qui pour tenter de sauver la ville va s'y rendre. Et pourtant la galerie de personnages est très riche et l'autrice prend le temps d'en présenter un grand nombre et ceci en nous expliquant leur passé et leurs inspirations.
Pat Murphy nous propose un roman post-apo avec un coté « flower power » très présent et franchement plaisant. Comme pour le livre de M de Peng Shepherd, l'apocalypse est accompagnée d'une dose de Fantastique, un mélange rafraichissant qui, une nouvelle fois, me plait beaucoup. La ville de San Francisco a une âme propre et elle semble avoir pris son essors avec la disparition d'une grande partie de la population. J'aime beaucoup ce mélange des genres et la bienveillance qui ressort de cette communauté auto-gérée mais où chacun est libre de créer comme il lui plait. Un petit goût de Becky Chambers avant l'heure et un récit original dans l'océan de désespoir que sont souvent les romans post-apo.

Une étonnante idée aussi, celle que la guerre n'est pas inévitable et que même un combat peut-être artistique. On sent une inspiration issue de la guerre froide qui est toujours d'actualité au moment de la rédaction de ce roman et une volonté de l'autrice d'expérimenter en présentant au lecteur une autre voie : une voie où la malice, l'astuce, les trompes l'oeil peuvent lutter à armes égales avec de vraies armes et éviter de (trop) nombreux morts. Au final, La ville peu de temps après est peut être moins un post-apo qu'une utopie, un récit empreint d'humanité, de tolérance et d'une envie que les choses puissent évoluer différemment. Une ode aux artistes et à la beauté également toute comme à l'amitié et à l'amour. le tout dans un récit équilibré et un roman qui n'a pas vieilli, une très belle lecture pour moi et la découverte d'une autrice inspirante.
Lien : http://chutmamanlit.fr/2021/..
Commenter  J’apprécie          30
Un roman qui prend le contre point des récits post apo. La grande Peste a décimé une large partie de la population qui vivote aujourd'hui. Nous suivons une héroïne sans nom qui après le décès de sa mère retourne dans sa ville d'origine : San Francisco afin de prévenir ses habitants d'une possible du attaque du général "quatre-étoiles".

Si vous avez lu "Dans la forêt" de Jean Hegland, qui date de la même époque, ce récit pourrait en être l'opposé : au lieu de quitter son humanité pour faire corps avec la nature, notre héroïne va rejoindre la ville et faire société avec d'autres humains par le biais de l'art. "La ville peu de temps après" est un ode à la culture, à ce qui rend l'humain si humain.

La première partie du récit à quelques exceptions près est assez contemplative et nous introduit dans le milieu de San Francisco et de ses habitants. La ville est une entité à part entière, emplie de fantômes, de rues qui vous perdent ou vous guident selon les moments. Pas de "zombies" au sens contemporain du terme mais des esprits, des souvenirs qui courent les rues. Nous nous laissons ensuite porter par la plume de l'autrice à travers les oeuvres de Danny-Boy, La Machine et tant d'autres.

Mais aucun havre ne peut réellement rester en paix semble vouloir nous dire ce général Quatre étoiles qui veut conquérir la ville pour reconstituer une nation américaine à son image. Des armes contre des oeuvres, David contre Goliath, voilà le récit qui s'offre à nous avec de belles trouvailles. Et comment résister à cette lutte utopique (teintée par l'histoire bien réelle des USA) ? Car il s'agit bien de décrire un idéal de paix et d'harmonie entre les humains.

Je ne vous dévoile pas la fin mais vous recommande ce récit antimilitariste des années 90, intemporel à mes yeux et qui mérite d'être découvert.
Commenter  J’apprécie          20
La Ville peu de temps après est un roman qui commence lentement. Vraiment très lentement.

Nous avons un point de vue extérieur aux personnages pendant tout l'ouvrage. Ca donne un aspect froid aux scènes ; aucune émotion, aucune pensée n'est retranscrite sur le papier directement. Tout se passe par les attitudes de chacun.

C'est un style d'écriture auquel j'ai mis un peu de temps à m'adapter. Les premiers chapitres faisant office de présentation des personnages dans et hors de la ville de San Francisco, sans vraiment d'action, le début a été laborieux. Et puis petit à petit les choses se débloquent, l'attachement commence à venir pour certains de personnages.

Et les choses deviennent intéressantes quand, enfin, la jeune fille sans nom arrive à San Francisco.

La découverte de la ville et de sa magie, de ses interactions avec ses habitants m'a fascinée. Ce qui semble au départ n'être qu'une illusion vécue par une femme épuisée se confirme avec des faits de plus en plus probants. L'Art utilisé dans la ville a fini par changer cette dernière, l'emplissant de magie. Ce concept est génial, et utilisé avec talent par l'auteure.

On se retrouve au final avec un roman post-apo, mais aussi de Fantasy.

La tension apparait peu à peu dans la deuxième partie, avec d'être à son apogée dans le final. L'utilisation de l'Art dans une guerre pacifique et psychologique m'a beaucoup plu.

La fin du roman est très belle, laissée à interprétation comme une bonne partie de ce qui concerne la Ville. J'aurais aimé avoir des personnages un peu plus approfondis tout de même, car on ne rentre jamais sous la surface de Danny-Boy, Jax ou de la Machine. C'est l'Art et son impact qui sont au centre du roman, et le lecteur reste spectateur externe du déroulement.

Malgré les deuils, la fatigue ou la peur que les personnages peuvent ressentir, ce n'est jamais exprimé directement au lecteur, tout passe par les postures et les gestes. C'est dommage, il ne m'a manqué qu'un peu d'implication émotionnelle pour vraiment adoré ce livre.

Une chouette première lecture d'un post-apo, et une belle découverte, que ce soit pour le genre ou l'auteure. J'enchaine d'ailleurs avec un deuxième roman en post-apo, par le hasard de la PAL :)
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (136) Voir plus



Quiz Voir plus

Les filles sauvages

Quel est le vrai nom de la reine des renards ?

Renarde
Sarah
Oursonne
Joan

5 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Les filles sauvages de Pat MurphyCréer un quiz sur ce livre

{* *}