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Citations sur Les désarrois de l'élève Torless (69)

C'est ainsi qu'il attendit le départ dans une songeuse tranquillité.
Sa mère, qui s' attendait à le trouver surexcité, bouleversé, fut frappée par son calme et sa froideur.
La voiture qui les conduisait à la gare laissa à sa droite le petit bois où s' élevait la maison de Bozena. Ce n'était plus qu'un fouillis poussiéreux de saules et d'aulnes, aussi inoffensif qu ' insignifiants.
A cette vue, Törless se souvint combien il lui avait paru difficile, alors , de se représenter l'existence de
ses parents.Il regarda sa mère, à la dérobée.
--Qu'y -à - t-il, mon petit?
--Rien , maman. Une idée.
Et il aspira le léger parfum qui s' exhalait du corsage de sa mère.
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Soudain, et il lui sembla que c'était la première fois de sa vie, il prit conscience de la hauteur du ciel.
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(...) cette impossibilité de trouver les mots avait une saveur, comme la certitude de la femme enceinte qui devine déjà dans son sang le discret tiraillement de l'avenir.
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Je connais cela : l'attente éternelle de quelque chose dont on sait seulement qu'on l'attend. C'est si ennuyeux...
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Dans cette période critique, toute sa vie ne fut qu'un effort sans cesse recommencé pour singer la brutalité et la virilité plus affirmée de ses amis et, en secret, une profonde indifférence pour ce même effort.
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Décider si nous devons le tourmenter ou l'épargner ne doit dépendre que de notre besoin de faire l'un ou l'autre : de raisons internes. En as-tu? Tous les arguments moraux, sociaux, etc. que tu as ressortis l'autre jour ne peuvent entrer en ligne de compte, cela va de soi ; toi-même, j'espère bien que tu n'y as jamais cru. Je te suppose donc indifférent. Néanmoins, si tu n'as pas envie de prendre des risques, il est encore temps pour toi de te retirer. Pour moi la voie est tracée, elle exclut toute reculade et toute dérobade. Il le faut ainsi. Reiting, de son coté, n'abandonnera pas : il lui est précieux, à lui aussi, d'avoir quelqu'un bien en main, de pouvoir s'en servir comme d'un instrument, et s'exercer sur lui. Il veut dominer : si l'occasion s'en présentait, il ne te traiterait pas autrement que Basini. Pour moi, ce dont il s'agit est plus grave encore : une sorte d'obligation que j'aurais contractée envers moi-même. Comment te faire comprendre ce qui nous sépare, lui et moi? Tu sais le culte de Reiting pour Napoléon. Eh bien! Songe que mon héros préféré ressemblerait plutôt à un philosophe ou à un saint de l'Inde. Reiting, en sacrifiant Basini, n'éprouverait d'autre sentiment que la curiosité. Il disséquerait son âme pour savoir à quoi l'on peut s'attendre dans une entreprise de ce genre. Et, comme je l'ai dit, toi ou moi lui conviendrions aussi bien que Basini, il n'y verrait pas la moindre différence. Moi, en revanche, je ne puis m'empêcher de penser, comme tu le fais, que Basini est aussi, malgré tout, un être humain. Je suis sensible, moi aussi, à la cruauté. Mais précisément, tout est là! Dans le sacrifice! C'est comme si deux fils opposés me tenaient lié : l'un, plutôt vague, qui m'oblige, contre ma plus ferme conviction, à une neutralité compatissante et l'autre qui va vers mon âme, vers le plus profond savoir, et qui me rattache au cosmos. Des êtres tels que Basini, je te l'ai dit, ne signifient rien : formes vides, contingentes. Les seuls hommes vrais sont ceux qui peuvent pénétrer en eux-mêmes, les esprits cosmiques capables de descendre assez profond pour discerner leurs liens avec le grand rythme universel. Ils accomplissent des miracles les yeux fermés, parce qu'ils s'entendent à exploiter toute l'énergie de l'univers, qui est en eux comme elle est autour d'eux. Mais, jusqu'ici, tous ceux qui ont voulu suivre le second fil ont dû commencer par rompre le premier.
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Une petite gare sur la ligne de Russie.
A perte de vue dans les deux sens, quatre voies parallèles s'allongeaient en lignes droite sur un large remblai couvert de ballastre jaunâtre ; à côté de chaque voie, comme une ombre sale, la trace noire inscrite sur le sol par les jets de vapeur brûlante.
La route qui montait vers le débarcadère de la gare, une bâtisse basse, peinte à l'huile, était large et défoncée. Ses bords se seraient confondus avec le terrain bourbeux d'alentour si ne les avaient jalonnés deux rangées d'acacias dressant tristement de chaque côté leurs feuilles desséchées, suffoquées par la poussière et le charbon.
Etatit-ce le fait de ces couleurs tristes, était-ce la lumière du soleil couchant, blême, faible, épuisée par la brume, les choses et les êtres avaient un tel air d'indifférence, d'insensibilité machinale, qu'on les aurait cru échappés d'un théâtre de marionnettes. A intervalles réguliers, le chef de gare sortait de son bureau, tournait la tête toujours selon le même angle, dans la direction des signaux qui s'obstinaient à ne pas annoncer l'arrivée de l'express retardé considérablement à la frontière ; puis il tirait sa montre, avec toujours le même mouvement de bras, il hochait la tête, et il disparaissait de nouveau, comme font ces petits personnages d'anciennes horloges, quand sonnent les heures.
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Le néant entre les pensées, p. 202
Si tu es très attentif, tu peux même saisir, entre deux pensées, l’instant du noir absolu. Cet instant est pour nous, une fois saisi, tout simplement, la mort. Notre vie ne consiste en effet qu’à poser des jalons et à sauter de l’un à l’autre, franchissant ainsi chaque jour mille et mille secondes mortelles. Dans une certaine mesure, nous ne vivons que dans ces pauses entre deux bonds. Voilà pourquoi nous éprouvons un effroi si grotesque devant la dernière mort qui est ce que l’on ne peut jalonner, l’abîme insondable où nous sombrons. Pour cette manière-là de vivre, elle est vraiment la négation absolu.
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Mais c'était cela justement que Törless ne comprenait point. Les patients projets qui, pour l'adulte, sans qu'il s'en aperçoive, tressent les jours en mois et en années, lui étaient inconnus. Comme cet émoussement de la sensibilité qui fait qu'on ne s'inquiète même plus de voir un autre jour finir. Sa vie à lui se concentrait sur chaque journée prise isolément. Chaque nuit lui représentait un néant, une tombe, une extinction. Il n'avait pas appris encore à se coucher tous les soirs pour mourir sans y accorder d'importance.
P. 51
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C'est une chose bien étrange que les pensées qui ne sont souvent rien de plus que des accidents qui disparaissent sans laisser de traces, elles ont leurs temps morts et leurs saisons florissantes.
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