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Un étrange album, aux dessins qui m'ont évoqués des planches en sérigraphie. Je ne m'attendais pas à grand chose de cet album que j'ai emprunté pour la couverture plutôt sympa.

C'est une lecture assez spéciale, dans l'ensemble. Les planches ne sont pas toujours conventionnelles et de nombreuses cases contiennent des dessins figuratifs, métaphoriques, qui permettent de souligner le texte d'une manière parfois originale. Une façon de faire qui n'est pas sans me rappeler l'utilisation que fait Squarzoni dans ses oeuvres du même procédé (d'ailleurs il est cité en remerciement à la fin).

La lecture est donc assez ambitieuse, qu'il ne faut pas faire rapidement dans un coin entre deux rendez-vous. C'est plutôt verbeux et parfois complexe puisque l'auteur mélange des citations, des passages assez complexes narrativement et une voix-off qui présente les sentiments intérieurs du personnage. Mais en se laissant porter par le récit on voit la façon dont l'auteur se met à nue dans une relation toxique dont il est à la fois victime et bourreau, se complaisant dans une relation où il peut se croire dans le beau rôle.

C'est une BD introspective, mettant à nue des aspects sombres du narrateur qui ne se cache pas d'avoir fait une bonne quantité de bêtises durant ses jeunes années. Cela dit, si la lecture fut sympathique, j'ai surtout en de l'antipathie pour les deux protagonistes et de fait, peu envie de relire la BD. Surtout que la fin m'a semblé abrupte, même si compréhensible. C'est une BD qui s'arrête à cette relation et ne développera pas plus. Pour ma part, je ne regrette pas ma lecture mais je ne chercherais pas à la relire !
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Nous voici le nez dans une autobiographie. Celle d'un dessinateur qui ne dessine plus. Sa violence intérieure va être révélée par une relation tortueuse et torturée.
 
Je l'ai lu comme une splendide réflexion sur les rapports humains au seuil de la trentaine. 🖤
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Belle autofiction envoutante aux illustrations fines et épurées pleines de surprises et de références littéraires, artistiques et philosophiques. Une belle surprise.
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Depuis quelques années l'air du temps est-il à l'autobiographie dans la BD?
Car après ma lecture du génial "L'Ascension du Haut-Mal" de David B., j'ai lu celle de Xavier Mussat intitulée "Carnation".
Dès le premier regard la couverture m'a attiré; ce corps dépecé délicatement par deux mains m'intriguait. Qu'allais-je découvrir?
Le récit intime publié en 2014 dévoile les conquêtes féminines de l'auteur durant les années 1990 à Angoulême.
Mussat se penche plus précisément sur une relation toxique qui a failli le détruire.
Sa rencontre avec Sylvia se transforme en conflits incessants.
Cette jeune fille porte en elle de la colère et son côté rebelle paralyse sa vie. Ruptures anciennes non guéries, refus de la hiérarchie et de la consolation, divorce des parents, Sylvia se complait dans ses souffrances. Son caractère indépendant détruit peu à peu le dessinateur qui projette de faire cette autobiographie. Mais le couple s'enlise dans des dialogues d'incompréhension et la dérive sociale est en chemin.
Dans un noir et blanc tragique Mussat avoue que cette autobiographie est mêlée de fiction. Et j'en suis soulagée car ce portrait sans nuances d'une femme entière si destructrice et sans concession m'a mis mal à l'aise.
Tout comme David B. l'auteur s'est inspiré de l'art visuel et littéraire pour enrichir son album: parfois j'ai reconnu les artistes comme Tati ou Kristof.
Le constat de cette autopsie du pire m'a laissé un goût amer du récit. Mais j'apprécie l'imagination de Mussat pour mettre en lumière les ressentis et les situations de cette période si douloureuse de sa vie.

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Je sors assez chamboulée de cette bande-dessinée, et pourtant je ne sais pas quoi en penser...
Ceci est le témoignage d'une relation dévastatrice et toxique, et bien que ça m'ait touchée, je ne peux pas dire que j'ai aimé. Non pas à cause du thème, plutôt car le lecteur n'a pas vraiment de place dans ce titre. Nous ne sommes que des spectateurs à qui on livre un schéma connu et dont nous connaissons déjà la fin inéluctable.
En termes graphiques, la proposition est très intéressante, riche et très soignée. Un bel objet comme Casterman sait bien les faire !
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pépite
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Carnation est d'abord un magnifique objet, fruit d'un travail éditorial soigné. Signet, couverture cartonnée et gaufrée, trait doré rappelant la gravure lui confèrent un aspect luxueux. L'illustration intrigue, subjugue par sa force symbolique et donne furieusement envie d'ouvrir l'album. La typographie annonce elle aussi le contenu : les lettres A du nom de l'auteur et du titre, symétriquement positionnés sur la couverture, semblent fonctionner en miroir. Miroir de l'altérité, miroir de l'introspection dans lesquels pourra se mirer et se « réfléchir » le lecteur. La force de ce récit cathartique réside en sa capacité à transformer une histoire intime en oeuvre littéraire, à universaliser une expérience personnelle, autobiographique. Autour du drame d'un enchaînement de relations amoureuses « toxiques » vécues par l'auteur, qui trouve son apogée avec Sylvia, sont passés au crible les métiers de l'image, la complexité et les méandres des relations familiales, de l'amitié ou encore la conjoncture économique des années 90.
Utilisant au maximum les potentialités symboliques du graphisme, Xavier Mussat propose une illustration inventive riche de sens, qui complète, augmente le texte à la manière de David B, Craig Thompson ou Philippe Squarzoni. Ainsi emprunte-t-il les personnages-balais de Fantasia (p. 21) pour appuyer sa critique acerbe de l'industrie du dessin animé, véritable usine culturelle faisant appel à la main-d'oeuvre peu onéreuse de chômeurs non qualifiés.
Xavier Mussat fait voir et questionne avec tact l'éternel recommencement de comportements nocifs et destructeurs dans lequel des hommes et des femmes se trouvent pris au piège, à travers des relations sentimentales basées sur des malentendus : pure attirance sexuelle, besoin de domination, élans protecteurs, fuite de la solitude se camouflent derrière la cristallisation amoureuse...

« Est-ce que tu crois qu'on est capable de s'infliger inconsciemment ce qui va contre soi ? On serait à ce point maso qu'on s'éprendrait de ce qui nous détruit ? » (p. 110)

Carnation invite à un retour sur nous-même, remuant nos années d'errances, qu'elles soient nos vingtaines ou nos trentaines, sur les psychodrames surjoués que nous avons pu vivre, explosions de violences et d'agressivité jalonnant notre quête de l'autre masquant une quête de soi. Comme les mains qui soulèvent délicatement la peau de la jeune femme sur l'illustration de couverture, ce récit nous pousse à disséquer notre propre intimité passée, à laquelle nous avons tourné le dos, celle que nous avons cru laisser derrière nous, mais qui est toujours là dans nos entrailles. Xavier Mussat illustre deux voies parallèles, à mon avis jamais définitivement suivies ou abandonnées, celle d'une complaisance dans le malheur inconsciente ou consentie, celle d'une recherche d'équilibre et d'apaisement.

« La soie, la joie... le bonheur ! Ne reviens pas ! » (Pigalle, Ne reviens !)

Lien : http://5emedecouverture.blog..
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Une BD qui "décortique, dissèque" un moment précis de la vie du héros, par le texte et par le dessin. Fort !
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Louable intention que celle de Xavier Mussat de relater une passion amoureuse ravageuse en un épais album, joliment édité...
Hélas, bien que l'ouvrage se lise aisément d'un bout à l'autre, cette auto-psychanalise est totalement dénué d'humour. L'auteur relate sa chute dans une pénible relation dont on se demande bien pourquoi elle aura duré si longtemps. le dessin noir et blanc aux traits finement tramés et les personnages caricaturés à l'extrême rappellent plus le dessin d'humour que le rendu réaliste qu'aurait mérité cette histoire.
Reste la fâcheuse impression d'une complaisance du malheur partagée par une équipe de jeune gens au romantisme complètement désuet.
Néanmoins, ce récit au long cours, honnête et sans fard, mérite le respect.
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Selon Frédéric Beigbeder, critique et romancier en vue,  l'autodérision est l'ingrédient indispensable d'une bonne autobiographie. On évite ainsi d'infliger au lecteur un examen de conscience pénible.
La force d'ouvrages tels que les « Confessions » de Rousseau, le « Candide » de Voltaire, ou encore « Mort à crédit » de Louis-Ferdinand Céline, tient de fait largement à la capacité d'autodérision de leurs auteurs (y compris Rousseau, bien qu'il soit plus réputé pour son style ou ses idées morales).
« Carnation » est le récit des illusions et désillusions sentimentales d'un jeune dessinateur, Xavier Mussat, demeurant à Angoulême après y avoir fait ses études, puis entamant une carrière dans le dessin-animé (sous la houlette de Michel Ocelot/Kirikou). Pas ou peu d'autodérision dans ce récit autobiographique, cependant l'auteur évite l'écueil de l'auto-complaisance. Il a le mérite de suggérer que la conjugaison amoureuse de deux âmes un peu paumées est sans issue autre que fatale ; et de rappeler aussi cette vieille analogie qui remonte à l'Antiquité, entre les amours humains et la prédation ou la chasse (indiquée par l'arc et les flèches d'Eros), en se représentant d'emblée, dès les premières pages de ce récit qui en compte 250, sous l'apparence d'un vautour. Le lecteur est ainsi incité à se poser la question : - Quelle sorte de prédateur sexuel suis-je ?, de façon utile en des temps où, pour le besoin de la consommation, les publicitaires martèlent et forgent du matin au soir une idée de la liberté comme la satisfaction de l'instinct ou de la passion, afin d'augmenter les recettes.
Cette figure du vautour, sur laquelle l'auteur aurait été mieux inspiré de se concentrer afin de lui donner une tournure plus poétique, est une figure baudelairienne particulièrement moderne. Contrairement au tigre ou au lion, le vautour humain, dévoreur de charognes et non de proies vives, peut plus facilement se bercer de l'illusion de l'amour ; en effet, il ne tue pas lui-même ses proies, mais se nourrit des restes. Les femmes, autour desquelles X. Mussat tourne, ont toutes eu le coeur brisé par quelque jeune fauve.
La patience dont fait preuve Xavier Mussat, doté d'un physique plutôt ingrat, à l'égard de jeunes femmes belles et désirables qui ne consentent que de guerre lasse à le laisser entrer dans leur lit, prouve à ses yeux qu'il les aime et ne se contente pas de les convoiter. X. Mussat se comporte comme un bon Samaritain du sexe. Mais les vautours ne font-ils pas que se délecter des restes laissés par les tigres ?
Cette peinture des moeurs de jeunes gens assez réfractaires à la société de consommation, tout en étant paradoxalement obsédés par des questions sentimentales, est psychologiquement ou sociologiquement intéressante alors que la société française se divise sur des questions d'ordre sentimental sur fond de manoeuvres politiciennes. Consciemment ou pas, X. Mussat illustre le propos du contempteur le plus radical de la culture moderne, Nietzsche, qui décrit celle-ci imprégnée de moraline judéo-chrétienne masochiste. L'expression de « bon samaritain du sexe » rend bien l'idée développée par ce philosophe ultra-conservateur d'un dieu passé dans les moeurs, complètement absorbé par la morale, à la fois invisible et omniprésent, la morale occidentale chrétienne s'avérant un facteur de mystification des relations sociales catastrophique. La place grandissante prise par la fiction ou l'onirisme dans l'art moderne trahit aussi cet excès de sentimentalisme religieux.
La connotation macabre du duo amoureux central que forment Xavier et Sylvia, jeune Briochine mi-allumeuse, mi-allumée, est renforcée par un dessin plutôt atone.
L'amour humain est tout aussi improbable que l'existence de dieu, et ces deux preuves sont liées. C'est là le point positif de « Carnation » et la morale qu'on peut en retirer. En détruisant les preuves de cet amour, qui prenait la forme d'un érotisme bizarrement altruiste, X. Mussat atteint une sorte d'athéisme amoureux, garant d'une plus grande indépendance vis-à-vis d'une société très largement régentée par le principe de « l'attrape-couillon ».
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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