Ils se tiennent toujours immobiles, debout dans l’herbe perlée de rosée. Dorothée secoue la tête, lentement. Elle a écouté l’histoire de Théo dans un silence religieux, sans l’interrompre, sans marquer la moindre désapprobation. Mais la retenue qu’elle s’est imposée se fissure. Théo ne suscite plus en elle aucune pitié. Elle ne ressent plus que colère et incompréhension.
-J'aurais dû t'appeler pour te prévenir. ça aurait été plus correct. Je t'avais assuré qu'elle viendrait...
J'espère au moins que ça ne change rien à nos plans?
Tu souris.
Rassure-toi, Théo, ça ne change rien à mon plan.
Karim a empoigné une chaise métallique et l'a balancée de toutes ses forces contre la verrière, qui a explosé dans un grand fracas de verre brisé. Mahfouz a attaqué les fenêtres avec un extincteur. Le double vitrage n'a pas résisté à ses assauts répétés.
Tu préférais Dorothée, vraiment
Une de ces intuitions qui vous saisissent parfois de l'intérieur sans vous laisser le moindre doute...
...Il comprend que leur cauchemar ne fait que commencer.
Première règle : ne pas se faire « victimer ». C’est comme ça qu’on disait là-bas. S’imposer dès le premier regard. Se faire respecter. Ne pas être de ceux qui serviraient de défouloirs.
C’est un glacier. Qui dit glacier dit crevasses. Et encore, celles-là ne sont que menu fretin. Le problème avec les glaciers, c’est qu’ils peuvent évoluer d’une saison à l’autre : les crevasses changent de forme et de place en quelques semaines. Sautez aussi haut que vous pourrez et plantez vos pieds dans la glace. Ensuite, remontez la pente en courant.
Les disputes sont la plaie des randonneurs, elles sont fréquentes et naturelles, mais elles arrivent rarement au bout d’une demi-journée de marche.
La Martinique exerçait sur toi la force d’un aimant auquel tu résistais. Fascination et rancœur pour une terre à laquelle tu devais un peu de ta couleur de peau mais qui, attachée dans ton esprit à la vie misérable de ta famille, était synonyme d’humiliation.
« Bel Azur »… La poésie des noms. Dissimuler sous de beaux atours langagiers les réalités les plus laides.