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J'ai beaucoup aimé ce roman, par lequel je découvre Nabokov.

Y est décrit la vie de Pnine, professeur d'origine russe, aux allures d'éternel perdant et second rôle, dans une université américaine.

Et ce perdant que sa femme a quitté, qui n'a une charge de cours et ce, uniquement, parce que le titulaire principal lui donne quelques heures et le protège du mieux qu'il peut, arrive à séduire le lecteur.

Une très belle incursion dans l'univers de cet auteur, plus russe qu'américain à mon estime.
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Un roman tendre et finement ciselé, en forme de miroir déformant pour Vladimir Nabokov. On sent la nostalgie du pays, la douce critique des exilés russes, inadaptés à la vie américaine. Tout cela au travers de l'histoire touchante, le portrait haut en couleur d'un homme peu banal, pninien en quelque sorte.
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Timofeï Pavlovitch Pnine, la cinquantaine, est un savant russe qui enseigne dans une université aux Etats-Unis. Il a immigré en 1940, après un long séjour à Paris où il avait trouvé refuge après la révolution bolchevique. Ce n'est pas pour ses talents de pédagogue qu'il est employé par cette université (il y donne des cours de russe, alors qu'il est titulaire d'un doctorat de sociologie et économie politique), mais plutôt pour son excentricité qui détonne dans le milieu universitaire : « Pnine, cependant, en dépit de ses lacunes très réelles, gardait un charme dont le Dr Hagen son défenseur convaincu, affirmait aux membres du Conseil d'Administration de l'université de Waindell qu'il constituait un de ces précieux articles d'importation pour quoi il valait la peine de payer le prix en devises fortes ». On se moque de lui, on ne le prend pas au sérieux, mais on l'aime, en particulier ses étudiants, « en raison de ses digressions », de ses « bagatelles autobiographiques », de ses « vagabondages nostalgiques en anglais balbutié » . Car Pnine ne maîtrise pas très bien l'anglais non plus.
De plus, il est affublé d'un physique difficile : « Idéalement chauve, bronzé par le soleil et rasé de frais, il commençait de façon plutôt impressionnante par ce vaste dôme brun, ces grosses lunettes à monture d'écaille […], cette lèvre supérieure simiesque, ce cou massif et ce torse d'athlète[…], mais pour se terminer de façon un peu décevante par une paire de jambes maigres… » Si l'on ajoute à cela des attitudes comiques et une tendance certaine à la distraction et à la maladresse, un personnage lunaire et comique prend forme sous nos yeux.
Cependant, Pnine n'est pas qu'un personnage ridicule. Il sait faire preuve de beaucoup de grandeur d'âme. En particulier lorsqu'il accepte d' « adopter » le fils de son ex-femme, qu'elle a eu juste après l'avoir quitté et lui avoir joué un bon tour. Car c'est avant tout un homme bon et sensible, nostalgique de son passé, alors même que la vie ne l'a pas épargné. Erudit et humble, rêveur, débonnaire, déraciné, Pnine est un perpétuel inadapté et un éternel exilé dont la vie semble vouée à l'échec. C'est le genre de type dont on dirait de nos jours, avec ironie, « il est gentil ». Il l'est effectivement, dans la meilleure acception du mot, ce qui le rend, à mes yeux, attachant.
J'ai beaucoup aimé ces pages douce-amères où peu à peu la mélancolie l'emporte. La scène finale est d'ailleurs très émouvante. Même s'il ne s'agit pas, à mon avis, du meilleur livre de Nabokov, j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver son style unique, à la fois érudit et léger.


Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Pnine est un roman subtil et délicieusement drôle.
Le personnage de Pnine, russe émigré en Europe, puis aux Etats-Unis, où il enseigne obscurément dans une obscure université est à la fois grotesque et touchant. Nabokov l'utilise pour décrire le destin de nombreux émigrés russes, dans un roman drôle et délicat, où il fait preuve d'une culture et d'une connaissance linguistique peu commune.
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Pnine, c'est l'histoire d'un prof de russe quadragénaire à l'allure approximative et au charisme négatif. D'apparence, c'est un peu l'incarnation d'un croquis qu'aurait pu faire votre neveu de 5 ans.

Contrairement à Candide, on ne peut pas dire que sa physionomie annonce son âme. Ici, nous sommes face à l'absence totale de vice, suggérant même une certaine platitude navrante.

Le personnage de Pnine, très sensible à la désirabilité sociale, n'aura de cesse de rechercher une source de narcissisme auprès des autres personnages. Sauf que son absence totale d'amour-propre le conduira à abandonner progressivement tout ce qui lui reste aux arrivistes qui jalonnent ce roman.

C'est avec une profonde commisération que j'ai assisté au dépouillement progressif du personnage. Son seul tort est pourtant d'être coupable d'un excès de naïveté et d'espoir qui l'empêche de réaliser à quel point le monde est sale.
Le plus tragique, c'est qu'il se refuse à éprouver des sentiments de colère ou d'outrage, il ne semble même pas envisager que ceux-ci existent.

Non, il est dans une forme d'acceptation absolue de tous les abus, toutes les déconvenues dont il est victime... parce que tout cela lui semble naturel.

Je ne sais pas dire ce qui me chagrine le plus : le fait que Pnine perde progressivement toutes les relations qui lui sont chères, son emploi et tout crédit à nos yeux... ou le fait que je trouve presque que toutes ces pertes sont en fait causée par sa personnalité un peu énervante tant elle semble complaisante.

Pnine, c'est un peu ce type que vous voyez tous les jours au bureau. Il vous fait de la peine parce qu'on ne l'invite jamais aux afterwork et puis en plus sa femme l'a quitté et vous comprenez qu'il n'a pas l'air d'avoir une vie très amusante. Vous lui dites "bonjour" chaque matin avec un respect obséquieux mais bon... Même s'il vous fait de la peine, vous n'avez pas vraiment envie de nouer une relation avec lui.
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"Pnin" est le deuxième tome de la trilogie américaine de Nabokov, commencée avec "Lolita" et achevée avec "Feu pâle". J'ai beaucoup aimé ce livre, comme je m'y attendais. Nabokov est un écrivain hors normes et quoiqu'il ait pu raconter ici m'aurait sans doute enchanté. Il faut dire que la grande force de ce livre tient à son écriture élégante et ironique.

Il est clair pourtant que le sujet est mince, très mince : on suit quelques années de la vie pas très aventureuse d'un doux professeur Tournesol russe, Pnin, exilé sur le sol américain, dans un petit job sans envergure, à la fin des années 50. Nabokov s'amuse même à nous rendre le sujet caricatural quand il passe des pages à décrire des non-événements comme l'emménagement dans une nouvelle chambre , un cours difficile, une visite dans une bibliothèque de la fac, un dîner avec le fils d'une amie etc...
Cela pourrait être mortel mais c'est sans compter sur l'extraordinaire prose qu'il nous déroule et qui rend l'accumulation de ces petits détails, de ces milliers de petites digressions complètement absorbantes et parfois hilarantes. Qu'il achète un ballon de foot, ou qu'il s'énerve sur un livre ou rate son bus, Pnin capte constamment notre attention grâce aux descriptions hors pair d'un narrateur omniscient qui semble flotter à la surface de l'histoire et ne se matérialisera dans le roman qu'à la fin du livre.

Nabokov profite du ton léger et flânant de son livre pour y faire maints commentaires sur le monde américain. J'ai bien aimé sa façon de s'en prendre clairement à Charlie Chaplin, lui qui invente en Pnin un personnage qui nous rappelle Max Linder... Il charge également férocement le monde de la psychanalyse et fait une satyre très amusante des pratiques et des tests ridicules de la psychanalyse freudienne et qu'il présente comme une escroquerie.

Le ton léger du livre est contredit à maintes reprises par de soudaines plongées dans les souvenirs, qui vous arrache à cette morne suburbia américaine (superbement capturée par Nabokov , avec ses rues, ses diners, ses voitures, dans ses moindres détails) pour vous entraîner sur les rives du lac Dagoda , dans les rues de Saint- Petersbourg, ou dans un café parisien. Car Pnin est un émigré russe, échappé de justesse à la Révolution russe et qui flotte au sein d'une communauté russophone déracinée composée d'intellectuels et d'artistes. La littérature russe s'invite donc au sein de la banalité des choses, avec en plus une nostalgie, une douleur, qui frappe soudain autant le héros du roman que nous autres lecteurs. Il y a du Proust je trouve dans ce petit chef d'oeuvre...

Nabokov nous propose une comédie certes, mais peu à peu son livre prend une épaisseur qui surprend et fascine, et c'est la bêtise humaine ,illustrée dans les camps de concentrations et le massacre de vies humaines belles et fragiles (un très beau moment avec le souvenir d'une femme qu' a connue Pnin) qui entre dans le champ de notre lecture et transforme le livre en une réflexion assez amère sur la perte des êtres chers, la fin de l'innocence, la perte de son pays, et la dilution de son être dans un quotidien étranger. Pnin et ses anecdotes sont attachantes, Pnin et ses souvenirs sont réellement touchants.

Le livre s'achèvera sur une déconstruction très rusée du récit, en se caricaturant lui-même (un personnage se met à re-raconter le livre) et en faisant apparaître au grand jour le narrateur et sa créature dans une saisissante image d'un personnage qui littéralement fuit le roman et son auteur. C'est superbe et saisissant.

Si vous n'avez pas encore lu "Lolita", ne tardez plus à découvrir ce chef d'oeuvre, et quand vous aurez aimé Lolita, vous adorerez Pnin. Je recommanderais de ne pas le lire d'une traite, car chaque chapitre est plutôt à savourer, comme une chronique malicieuse et élégante.
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Nabokov dans un faux auto-portrait... Quelle cohérence, il n'y a que lui (enfin, peut-etre pas) à se situer si bien dans ces mondes si différents, Russie, Etats-Unis, littérature, académisme...
Nabokov a une façon d'écrire bien à lui, et ne se résume pas à Lolita, son oeuvre et son aura n'est pas usurpée.
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Timofei Pnine n'a rien du héros, ni de la figure tragique, riche en paradoxes et violente des personnages de Dostoïevski. L'homme vit seul depuis l'échec piteux de son mariage, affligé d'un physique singulier : anormalement bronzé, crâne lisse et brillant comme une boule de billard, la lèvre supérieure simiesque, le torse puissant posé sur des jambes maigrichonnes; portant des vêtements tapageurs, il présente un aspect drolatique. Il a trouvé un poste surérogatoire de professeur de russe dans une modeste université, grâce à l'influant département en lettres allemandes, enseignant à un public des plus clairsemé, louvoyant entre un russe que ses élèves ne comprennent guère et un anglais qu'il martyrise avec sa prononciation atroce d'immigré slave.

Vladimir Nabokov s'est offert un petit plaisir, en dressant le portrait comique d'une figure ridicule, mais sympathique par son humanité. La langue si caractéristique de l'auteur, tendant dans le présent volume vers le grandiloquent, se prête singulièrement à la peinture de ce personnage attachant. Pnine n'est probablement pas à classer dans le meilleur de sa production mais il ne décevra certes pas les inconditionnels du génial et polyglotte romancier.
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Petit roman de Vladimir Nabokov qui met en scène Pnine, un immigrant d'origine russe professeur dans une université américaine. C'est un personnage attachant, distrait et drôle que son entourage considère pour la plupart comme un semi-raté. Il reçoit un nombre non-négligeable de tuiles au cours de sa vie dont le narrateur nous donne un aperçu. le gros du roman nous montre ses interactions avec le monde universitaire, et l'auteur en profite pour décrire et faire le portrait de celui-ci. L'attrait majeur est l'écriture de V. Nabokov qui est vraiment sensationnelle.
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L' émigré Pnine aux Etats-Unis, sa nostalgie de la Russie, ses déboires à l' université.Un directeur de département de français qui connaît mal le français.Des aventures drôlatiques.Pas de méchanceté.Une critique des universités américaines.Bien meilleur que Lolita et plus personnel.Un roman à découvrir
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