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Dans Une partie rouge, Maggie Nelson racontait les ramifications du meurtre de sa tante Jane en 1969, quatre ans avant sa naissance : comment son grand-père, sa mère, sa soeur et elle en ont été affectés, dans la vie en général (les comportements adoptés, l'intrusion dans les rêves…), de même que dans l'expérience difficile d'un procès. Dans Jane, un meurtre, un document qu'on pourrait qualifier d'ouvrage poétique, publié avant Une partie rouge, elle fait revivre sa tante à l'aide entre autres d'extraits du journal intime de cette dernière, de coupures de journaux, de conversations avec sa mère (la soeur de Jane), lui prêtant une voix qu'elle imagine, évidemment, être la sienne, nous faisant découvrir une jeune fille qui voulait croquer dans la vie, une jeune femme étudiante en droit à l'Université de Michigan, militante pour les droits civiques, qui pensait avoir la vie devant elle, et qui avait fait une demande de covoiturage pour aller chez ses parents leur annoncer et leur faire accepter son mariage prochain avec Phil, un jeune homme juif, alors qu'elle se trouvait en froid avec eux. Elle n'arrivera jamais. Un remarquable travail de la langue qui m'a amené au-delà du fait divers, et fait vivre bien des émotions, dont la colère face à une vie pleine de promesses ainsi horriblement fauchée. Comme l'écrit Dylan Thomas que Nelson cite (p. 71), dans son poème Do not go gentle into that good night:

“Do not go gentle into that good night
Rage, rage against the dying of the light”
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La littérature américaine, à part Carver, Roth, Malamud et quelques autres, je ne suis pas fan : soit je n'en perçois pas vraiment la dimension littéraire, soit je trouve les personnages et les situations stéréotypés ou alors, je ne saisis pas bien l'intérêt du projet… Et c'est le cas ici, dans ce livre qui en réalité en contient deux : « Jane, un meurtre » (publié en 2005 aux EU) et « Une Partie Rouge » (2009).
Le point de départ de ces deux livres est l'assassinat de la tante de Maggie Nelson, Jane Mixer, en 1969, par un serial killer alors qu'elle était étudiante en droit et rentrait chez ses parents pour les vacances. le premier livre rassemble des extraits du journal de Jane, des poèmes de l'autrice, des notes, des pensées, des lettres du fiancé, des échanges avec sa mère…
Question : Quel effet ce kaléidoscope est-il censé produire sur le lecteur? Et disons-le clairement : quel est le projet de l'autrice ? Eh bien, franchement, je n'en sais rien.
Évidemment, de ces documents émerge le portrait d'une jeune femme. Maggie Nelson a-t-elle voulu redonner vie à cette tante trop tôt disparue (et qu'elle n'a pas connue), a-t-elle souhaité lui rendre un dernier hommage ? Elle précise dans une courte introduction qu'elle « ne prétend pas à la précision factuelle dans la représentation des événements et des individus. » Pas de souci, je ne cours pas non plus après les précisions factuelles ; en revanche, savoir précisément de quoi on parle m'aiderait à comprendre le sens du projet d'écriture. J'émets quelques hypothèses, quelques pistes de réflexion possibles : Quelle est la vérité des êtres, des faits ? le langage peut-il combler les silences, les non-dits, les oublis ? Peut-on s'autoriser à modifier le réel surtout lorsqu'il renvoie à un terrible drame? Doit-on casser la légende familiale pour tenter d'accéder à un portrait plus juste de Jane ? L'autrice cherche-t-elle à savoir qui était Jane pour tenter de cerner sa propre personnalité (à elle, l'autrice) ou pour mieux comprendre les membres de sa famille ? N'est-il pas nécessaire de témoigner sur l'horreur de ce que ces victimes de ce tueur en série ont vécu ? Ne doit-on pas dire sans cesse la violence qui est faite aux femmes ? Faut-il rappeler obstinément l'impossibilité pour celles-ci de déambuler la nuit librement ? J'ai le sentiment que certaines de ces pistes sont abordées mais que rien n'est vraiment analysé, creusé, approfondi. Alors, vous allez me dire qu'il s'agit un peu de tout ça. Peut-être. Certainement même. Dans ce cas, le livre ne tient pas la route. Il effleure une multitudes de sujets importants sans que jamais aucun ne soit abordé sérieusement, sans que jamais ne nous soit proposée une vraie réflexion. Je reste ainsi très frustrée avec un livre dont je ne sais que faire ni que dire sinon que l'écriture ne me touche pas particulièrement, que la « prose poétique » me semble dénuée d'intérêt… Enfin, le portrait qui émane de cette jeune est touchant, certes, mais sans plus. Dans l'émission de France Culture « Par les temps qui courent » du 30 mars 2021, l'autrice dit : « J'ai travaillé sur le livre « Jane, un meurtre » pendant des années, je ne savais pas trop ce que je faisais. » C'est précisément là que réside le problème...
Sur le revers de la couverture, l'éditeur écrit que l'autrice crée « une forme hybride et poétique qui impose une réalité brutale au silence pesant, la juge, la confronte et la fait plier par l'écriture. » « Forme hybride » (évidemment, les documents sont d'origines diverses et de genres très différents), « poétique » je ne vois pas en quoi, « réalité brutale » le contraire serait étonnant puisqu'on parle d'un meurtre sordide, « silence pesant » de la famille, j'ai plutôt eu l'impression qu'il était régulièrement question de Jane dans cette famille, « la juge » : la forme vibrante et poétique juge la réalité brutale ? Heu… qu'est-ce que ça veut dire tout ça ? Je me perds là..., « la confronte » : la forme hybride et poétique confronte la réalité brutale mais à qui à quoi ?, « la forme hybride et poétique » fait plier par l'écriture le silence pesant… Mouais, pas convaincue par ce speech un peu fumeux...
Tête-bêche (mais oui il faut retourner le livre), passons au 2e volume : « Une Partie Rouge » : c'est la narration du procès, suite à la réouverture du dossier. Il est question aussi de l'histoire de la famille à laquelle s'ajoutent des éléments autobiographiques, des réflexions personnelles et un questionnement sur le pourquoi de ces violences faites aux femmes. À la limite, j'aime mieux ce livre, même si encore une fois je n'en vois pas vraiment l'intérêt, pour les mêmes raisons que tout à l'heure : une espèce de flou artistique concernant le but même du projet d'écriture, l'intention de l'entreprise, la nécessité même de l'oeuvre.
(Sachez quand même que Télérama aime passionnément, mais je ne peux pas vous dire pourquoi, l'article est réservé aux abonnés, ils disent aussi que Maggie Nelson est « une voix majeure de la non-fiction américaine »)
(Sachez aussi que Maggie Nelson a le vent très en poupe : sa pensée est influencée par Butler, Kosofsky, Myles, Winnicott, les maîtres à penser des universités américaines : elle s 'intéresse au féminisme, aux questions sur le genre -elle a un mari transgenre-, sur l'identité sexuelle etc etc. C'est très bien tout ça, hyper dans l'air du temps, mais, hélas, ça n'en fait pas pour autant une écrivaine, en France du moins !)
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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En 1969, Jane, la tante de l'autrice, qui n'était encore pas née, est assassinée. Plus de 30 ans plus tard, grâce aux progrès scientifiques, l'enquête reprend. Un ouvrage en deux parties publiées tête-bêche, l'un poétique basé sur le journal intime de la victime et des sources journalistiques, et l'autre documentaire, racontant le procès. Un texte qui questionne avec succès les questions de mémoire, de traumatisme familial, et s'interroge sur la culpabilité et le droit à l'oubli. A la fois fascinant, dérangeant et émouvant.
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C'est l'inconvénient d'un livre à 2 entrées : on préfère toujours l'une à l'autre.
Maggie Nelson propose 2 livres en 1 sur sa tante Jane, assassinée à 23 ans en 1969 :
- la moitié poétique présente des fragments, des pensées, des réflexions sur Jane, et est rythmée par des extraits du journal intime de cette tante qu'elle n'a pas connue
- l'autre moitié, plus journalistique ou documentaire, reprend le procès réouvert en 2005 à l'aulne d'un nouvel élément déterminant, en mettant en relief l'impact de ce procès sur Maggie Nelson et sa famille.
J'ai adoré la partie poétique, un peu moins le récit du procès de 2005, pourtant bien plus riche sur les proches de Jane et sur l'autrice elle-même.
L'ensemble est très complet, et plutôt subtil sur les échos de ce dramatique fait-divers sur une famille entière.
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Maggie Nelson propose une forme originale à cette enquête à la fois poétique, songeuse et prenante. Les juxtapositions de ses propres réflexions sur le destin et la mort violente de cette tante restée si présente au sein de la famille, des fragments de journaux intimes de cette tante alors adolescente, des souvenirs d'enfance, des récits de rêves, etc. produisent un livre riche et troublant qui décrit deux femmes, l'une se cherchant dans l'autre par construction mentale interposée.
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Maggie Nelson, tout en intimité, revient sur un fait divers : le meurtre de sa tante Jane. A partir de cet événement qui a façonné sa vie, plus qu'elle-même ne le pensait, elle compose un récit hybride bouleversant.

Le 20 mars 1969, Jane Mixer est assassinée dans l'Etat du Michigan de façon très violente alors qu'elle souhaitait se rendre chez ses parents. La une s'est emparée du fait divers, d'autant qu'à l'époque plusieurs femmes avait déjà été assassinées. Lorsque Maggie Nelson découvre en fouillant au grenier les journaux de cette tante qu'elle n'a jamais connu, alors qu'elle a 30 ans, elle décide d'écrire sur elle.

Dans cette publication double de Jane, un meurtre, on retrouve à l'envers du livre Une Partie Rouge traitant aussi de Jane.

Pour écrire sur sa tante, Maggie Nelson est partie de ses journaux. Elle date une partie des écrits entre 1960-1961, pendant l'enfance de Jane, et des pages datant de 1966 lorsque celle-ci faisait son droit à l'université. Elle glisse ses écrits poétiques entre ces pages écrites par Jane ainsi que des extraits d'un livre The Michigan Murders où l'assassinat de sa tante figure ou encore des articles de journaux, des conversations avec sa mère.
Lien : http://untitledmag.fr/jane-u..
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