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Jane Mixer, la tante de l'écrivaine, étudiante en droit, est assassinée en 1969, à l'âge de vingt-trois ans, au Michigan, Trente cinq ans plus tard le crime est encore irrésolu.
Alors que Maggie Nelson est en train de terminer un livre de poésie justement sur Jane, -qu'elle n'a pas connu, étant née en 1971-, intitulé :"Jane: un meurtre", un détective annonce par téléphone à sa mère, que le meurtre est sur le point d'être résolu. Donc nous sommes dans une histoire vraie, vécue.
Un meurtre exécuté par un présumé serial killer qui à l'époque fit la une des journaux avec tous les détails insupportables des sept femmes tuées. Maggie en est traumatisée surtout que dans la famille on en parle pas. La décision d'écrire un livre de poésie sur sa tante est en partie pour exorciser ce lourd passé. Mais la réouverture du procès va bouleverser le prévu . de novembre 2004 de la garde à vu du suspect jusqu'à fin juillet 2005, la fin du procès, huit mois elle va vivre intensément l'affaire, et nous la faire vivre, y insérant sa propre histoire, triste aussi, avec une mère assez particulière, ses états d'âme et ses réflexions, face à un crime commis avant sa naissance, mais qui influera sa vie, celle de sa soeur et du reste de la famille.

On est toujours stupéfait face à ce genre de crime gratuit exécuté avec une rare violence, et du mal à se figurer qu'un être humain puisse le commettre. Mais pour les proches des victimes une fois face au meurtrier dans la vraie vie, les choses sont beaucoup plus compliquées ....et durant un procès, photos, témoignages et autres documents sur la scène du crime et la victime, le comportement avide de sensations des médias, en rajoutent .......Nelson nous raconte avec une rare sensibilité à travers des anecdotes troublantes, tout ces ressentis terribles et ambigus, avec toujours à l'arrière plan la redoutable question du hasard de circonstances qui ont causé la mort de sa tante. Hasard ou destin ? Si...si....

Le titre est une référence aux paroles de Jésus dans le Nouveau Testament, traditionnellement écrites en rouge, dont quelques unes reprises par l'auteur dans le texte. Ce titre à double sens est celui de la quête ( dans ce cas futile - “He knows that no amount of information about his mother's life or death will bring her back, but somehow he doesn't really seem to get it. I don't get it either.” Il ( James Elroy ) sait que toutes les informations possibles sur la vie et la mort de sa mère ne la ramènera pas à la vie, mais d'une certaine façon il ne le saisit pas. Pareille pour moi.”) de la vérité sur la mort de Jane et une plongée consciente dans les parties ( rouges,la couleur du sang dans le texte-le titre original est "The red parts") sombres de la vie et de l'être humain, effrayantes mais malheureusement existantes. Nelson dit qu' « on creuse nos histoires de famille pour en savoir plus sur nous-mêmes « (« we dredge up family stories to find out more about ourselves »).

Ce n'est pas un policier ou un thriller dans l'exacte sens du terme , mais un récit poignant sur la perte et l'identité. Les préoccupations de Nelson sont d'ordre morale, mais elle, elle n'en fait à aucun moment. Une très belle prose qui révèle ses talents de poète (v.o.) avec même parfois un zeste d'humour. Une histoire en noire et rouge qui vous fera réfléchir et ne vous laissera pas indifférent.


“To the living we owe respect, / To the dead we owe the truth.”
On doit des égards aux vivants;on ne doit aux morts que la vérité.~ Voltaire
( Citation au bas des courriers électroniques envoyés par La police de l'Etat de Michigan )



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Dans le désir quasiment avoué de raconter, après celle d' Ellroy, sa Part d'ombre, Maggie Nelson écrit un (deuxième) livre sur la mort plus que violente de sa jeune tante, survenue avant sa naissance et qui a marqué toute sa famille.

Il faut dire que, après trente cinq ans, le dossier classé sans suite vient d'être rouvert et qu'un procès force les proches à se replonger dans les détails atroces de l'affaire,  à en  suivre débats et plaidoieries :  un nouvel accusé,  que  certains  indices mais aucun mobile vraisemblable  n'accuse , et qui clame son innocence, sera,   à  l'issue de ce procès insatisfaisant pour tous, finalement condamné. 

Chacun repartira avec sa part d'ombre.

Seules les "parties rouges'  comme dans un texte surligné,   demeureront vives dans la mémoire: les photos terribles de l'autopsie de la jeune Jane martyrisée,  les souvenirs d'un père tendrement aimé et mort subitement quand la narratrice avait encore besoin de lui, ceux des frasques d'une soeur devenue, au moment du procès, tout à fait comme il faut, la présence pesante d'une mère avec qui ses deux filles ont des rapports à la fois fusionnels et compliqués.. .

La vie, la vie banale, en somme, que cette Partie Rouge d'histoire familiale réveille et fait vibrer.

Maggie Nelson est professeur de lettres, comme sa mère. Elle écrit très bien, arrive à donner à ce récit réaliste, autobiographique,  un décousu artistique, une couleur poétique, un malaise bien orchestré,  fait d'un mélange incongru d'humour noir assez border line et de nostalgie .

On est même presque effleuré par un vertige philosophique.

Mais si je dois à mon tour considérer les "parties rouges" -The Red Parts, au pluriel, est le titre original  du récit de Maggie Nelson -  qu'en reste- t-il ?

James Ellroy peut dormir tranquille:  son Dahlia noir restera un diamant  unique , comme restera inégalée sa "Part d'ombre", une enquête sans issue sur l'assassinat  d'une mère adorée-  sorte de plongée vertigineuse et absolument non truquée, elle, dans l'inavoué de son inconscient.
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C'est le passage récent à La Grande Librairie de Julia Deck qui m'a fait ressortir Une Partie rouge de ma bibliothèque, un récit littéraire qu'elle a traduit, et que je me promettais de lire depuis déjà un bon moment. Maggie Nelson y aborde le meurtre de sa tante Jane, la soeur de sa mère, survenu en 1969 au Michigan, un cold case au moment où elle entreprend l'écriture de Jane, un meurtre, un recueil de poésie où elle fait parler sa tante, d'une certaine manière, s'étant inspirée des journaux de cette dernière pour tenter de lui redonner une voix. Et voilà que sa mère l'appelle : une correspondance ADN a été établie et un suspect a été arrêté. Elle écrit, à propos d'Une partie rouge : « L'un de mes objectifs consistait à réunir les événements du procès, de mon enfance, du meurtre de Jane et de l'écriture elle-même dans un seul espace-temps. Dans un passage du livre, cet entremêlement est conçu comme un lieu, « sombre croissant de terre où la souffrance est fondamentalement vide de sens, où le présent s'effondre sans prévenir dans le passé, où nous ne pouvons échapper au sort que nous craignons le plus, où les lourdes pluies soulèvent les corps de leurs tombes, où le chagrin dure toujours et jamais ne s'atténue » » (p. 14). Une mort aussi horrible et brutale ne peut que s'imprégner dans la psyché de ceux et celles qui la subissent et c'est le thème – le fantôme – sur lequel Maggie Nelson élabore particulièrement ici, avec beaucoup d'acuité. Un document éclairant.
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Récit ou témoignage familial. L'auteure nous raconte le procès ouvert trente-cinq ans après la mort de sa tante, la soeur de sa mère, dès lors que des recherches ADN laissent penser que le véritable meurtrier a été identifié et n'est pas le meurtrier du Michigan a qui l'on avait initialement imputé les faits. L'auteure n'a jamais connu cette tante, puisqu'elle est née après son assassinat.

C'est très bien écrit, très bien traduit et se lit comme un roman policier dont l'intrigue serait menée tambour battant. Il est juste crucial de se rappeler que c'est une histoire vécue. Par respect.
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Dans l'attente de la publication de son livre de poésie dédié à sa tante assassinée en 1969 et intitulé Jane : un meurtre, Maggie Nelson apprend, en novembre 2004, que de nouveaux développements en lien avec cette affaire sont sur le point de faire avancer le dossier, classé sans suite pendant trente-cinq ans.
Une partie rouge, (un titre dont la signification m'échappe toujours), relate les avancées de l'enquête, l'inculpation d'un suspect, son procès ainsi que le verdict prononcé à son égard. Pendant que la justice suit son cours, Maggie Nelson, qui n'était pas encore née à l'époque de la disparition de sa tante, investigue son passé familial afin de retracer cette existence trop tôt fauchée.
L'autrice s'épanche sur sa quête quasi obsessionnelle de comprendre et de nommer la violence faite aux femmes dans les rues américaines. Une souffrance et un désarroi sourdent de ce récit parfois décousu mais toujours sincère. Une véracité qui sert à tout ouvrage autobiographique.
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Une partie rouge est une oeuvre de non fiction, qualifiée de récit sur la couverture et d'autobiographie d'un procès sur la page de titre. Maggie Nelson, qui avait déjà écrit, en 2004, un livre de poésie sur le meurtre non résolu de sa tante Jane, assassinée en 1969, reprend ce thème dans Une partie rouge, à l'occasion de la réouverture de l'enquête, trente six ans plus tard.
Maggie Nelson compose un ouvrage hybride, kaléidoscopique, mêlant des éléments journalistiques, des fragments de récit autobiographique, des commentaires et des analyses philosophiques, le tout écrit dans un style épuré et poétique.
Il ne s'agit pas d'un livre sur une enquête policière ou sur un procès mais plutôt d'une démarche introspective passionnante qui amène l'autrice à revisiter les moments clés de son histoire personnelle, familiale et amoureuse, à l'aune du meurtre de cette jeune tante, qu'elle n'a pas connue mais à laquelle elle s'identifie pleinement.
Elle dissèque, décortique cette réalité sordide, et prend appui sur elle pour conduire une autoanalyse et s'interroger sur sa vie, ses relations avec les hommes, sur la mort de son père, les errements de sa soeur adolescente. Elle va à la rencontre de ses fantômes et entame avec eux un travail cathartique.
Maggie Nelson se refuse à raconter des histoires et effectivement sa démarche est plutôt celle d'une chercheuse qui piste le réel et le met en mots pour se rassurer et donner du sens, dans une perspective thérapeutique.
La partie rouge, ou plutôt les parties rouges, titre anglais du livre, font référence au nouveau testament, mais ce sont aussi les photos hyperréalistes du corps meurtri de Jane.
Je rapprocherais ce livre de L'empreinte d'Alex Marzano-Lesnevich, qui croise, de la même manière, des éléments autobiographiques et une enquête judiciaire, et que j'avais également beaucoup aimé.
Maggie Nelson est une écrivaine à découvrir ; j'ai hâte de lire ses Bleuets.


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Déçue, en effet si vous etiez attiré(e) par ce livre par le thème de l'intrigue criminelle ou du tueur en série, passez votre chemin, le meurtre de sa tante est un "pretexte" pour l'auteur, à des pensées sur sa vie, sa famille, ses relations avec sa mère, la jeunesse de sa soeur, .... l'Affaire en elle même ne doit prendre que 5% tout au plus du livre.
Bof....
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A l'occasion du procès du probable meurtrier de sa tante, retrouvé plusieurs décennies après le meurtre, Maggie Nelson explore le traumatisme familial, la manière dont l'ouverture du procès correspond à l'ouverture d'une faille béante pour les membres de cette famille.
Le procès en tant que tel, avec la description de la manière dont sont présentées, nommées, les pièces à conviction, dans leur pauvreté, leur tragique, leur nudité, la manière dont ces objets font irruption dans le présent, est la partie la plus intéressante de ce texte.

Car Maggie Nelson tente d'y mêler une autobiographie d'elle-même, à tout le moins une réflexion autobiographique, et cette dimension est malheureusement plus faible : les liens entre les réflexions qu'elle mène sur sa propre vie et le meurtre de sa tante ne sont pas toujours très serrés, ni très fouillés, comme si elle n'avait finalement pas pris cette question à bras le corps.
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Une partie Rouge, c'est donc le récit autobiographique de Maggie Nelson, poétesse, essayiste et critique d'art américaine, qui, en 2004, alors qu'elle s'apprête à publier un ouvrage sur l'assassinat dans des conditions sordides de sa tante Jane trente cinq ans auparavant, reçoit un coup de téléphone de sa mère lui apprenant que la police a trouvé un nouveau suspect.

S'ensuit donc l'ouverture d'un procès, pour cette famille qui s'est reconstruite avec le temps malgré ce drame sans nom. Maggie, sa mère, sa soeur et son grand-père seront donc confrontés à ce passé familial tragique, atténué avec le temps mais bien sûr impossible à oublier, à la présentation des événements qui ont conduit à ce drame, aux photos de la scène de crime devant lesquelles la famille ne peut que baisser les yeux tant la violence de cet acte est demeuré dans les esprits de chacun.
Ce n'est pas un polar mais il y'a de quoi s'inspirer pour en écrire un, c'est dire si c'est oppressant.

Maggie, qui n'a pas connu sa tante, entreprend ici une vraie démarche pour que justice soit rendue, pour que l'auteur de ces ignominies paye à son tour pour les actes commis, comme un juste retour du bâton, comme l'équilibre que la Justice représente.

Elle qui s'identifie à cette femme qu'elle n'a pas connue, qui partage avec elle les mêmes questionnements, les mêmes peurs aussi, car ce meurtre a développé, notamment chez la mère de Maggie une phobie et une paranoïa pour quelle jeune fille se promène seule, réminiscence de ce qui est arrivé à sa soeur.

Nous sommes confrontés dans ce livre à une réalité brutale et soudaine, qui modifie les destinées en une nuit, et l'ouvrage de Nelson, comme une thérapie méditative de ces événements, permet de nous plonger en immersion au sein de cette famille et de ce procès, et d'être confronté à ce réel auquel nous devons nous adapter coûte que coûte.

"On peut considérer notre vie comme un épisode qui trouble inutilement la béatitude et le repos du néant." Schopenhauer.

#MaggieNelson #Unepartierouge #tropvraipourêtreunpolar
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Une poétesse écrit sur le procès du meurtre de sa tante, résolu seulement 35 ans après les faits. Dans ce récit personnel Maggie Nelson, qui vient de publier un recueil de poème sur sa parente disparue en 1969, tentant de ressusciter la mémoire de celle qu'elle n'a pourtant jamais connue, voit l'affaire se dénouer contre toute attente. Elle échange tout au long du procès avec l'officier de police judiciaire et témoigne par ce second texte, prosaïque, de ses qualités d'analyses, de prospection et d'introspection.
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