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3,77

sur 189 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Et les autres … Sa femme … Sa fille… Oui, elle aussi, il savait bien. Une machine à faire de l'argent … Il n'était bon qu'à ça … Paie, paie et puis, va, crève. »

Ce sont ces pensées qui assaillent David Golder lorsqu'il prend conscience du peu de considération dont il est l'objet de la part de son épouse et de sa fille. Cet homme, au caractère bien trempé, impitoyable en affaires, s'est échiné pendant toutes ces années, à gagner beaucoup d'argent afin d'assouvir leur soif inextinguible de biens matériels. Chez lui, l'attrait n'est pas l'argent, non, chez David Golder, c'est le jeu des affaires qui le motive. Mais certains jeux peuvent vous faire perdre votre intégrité, votre humanité, l'estime de soi.

David Golder, juif russe, pauvre, originaire d'Ukraine, a immigré aux Etats-Unis où il rencontre celle qui deviendra son épouse Gloria et qui lui donnera une fille, Joyce.

Installés ensuite à Paris où nous le retrouvons richissime, fatigué, rompu et endurci au milieu « des affaires financières », il vit entouré de sa fille, très jolie, qu'il chérit et de son épouse, Gloria.

Joyce, grande séductrice, manipule son père. Oisive, superficielle, elle utilise la tendresse afin d'obtenir de lui, l'argent qui lui file entre les doigts tandis que ce dernier se laisse totalement aveuglé par l'amour qu'il lui porte sans se rendre compte des manigances de Joyce. Quant à Gloria, elle est devenue une épouse haïssant son mari, trompant ce dernier avec « des gigolos » sans aucun scrupule et dont le goût pour l'argent n'a pas de limite. Mais, mais, mais …. Jusqu'au jour où !

Je suis assez stupéfaite par la puissance de l'écriture de cette jeune écrivaine de vingt six ans, c'est un livre qui me rappelle ces grands portraits de la littérature française du XIXème siècle comme Madame Bovary ou le Père Goriot : des portraits sans concession et qui marquent la littérature.

La plume est incisive, elle tranche dans le vif du sujet, ne laisse passer aucune lumière même si je trouve les relations assez caricaturales, on ne peut s'empêcher de ressentir comme une sensation diffuse d'angoisse, d'étouffement. L'appât du gain est ici poussé à l'outrance.

C'est un portrait au vitriol d'une classe sociale dans laquelle, l'auteure a vu le jour et qu'elle déteste. Irène est née d'un père yiddishophone pauvre d'Odessa qui deviendra l'un des banquiers les plus riches de Russie et d'une mère, très éduquée, née dans la bourgeoisie juive de Kiev. Son père étant parvenu à éviter le ghetto, il a toujours été méprisé par la famille de son épouse. Et lorsque je lis David Golder, je sens la souffrance d'Irène, déchirée, abandonnée entre une mère défaillante, coquette, cupide, et un père qui tente de faire oublier sa naissance. Je découvre petit à petit l'oeuvre d'Irène Némirovsky et les portraits de ses mères ne sont jamais glorieux.

A la lecture de David Golder, on comprend très bien que certains lecteurs aient été indignés en découvrant les stéréotypes antisémites que véhicule « David Golder ». le livre de Susan Rubin Suleiman permet une meilleure compréhension de l'oeuvre d'Irène Némirovsky. Il y a un avant la Shoah et un après. Nous sommes en 1929, l'auteure dépeint un milieu qu'elle honnit, une façon d'exorciser son enfance. Aveuglée par le rejet de ce milieu de « parvenus » sans scrupule, elle dresse un portrait excessivement à charge d'un microcosme juif qu'elle juge sévèrement sans vraiment se rendre compte qu'elle donne une communauté en pâture aux idéologies nauséabondes qui gangrènent l'Europe. Elle le regrettera amèrement quelques années plus tard.

Je vais continuer à découvrir l'oeuvre d'Irène Némirovsky mais je reconnais préférer la plume de sa fille, Elisabeth Gille dont l'oeuvre littéraire me reste aussi à parcourir n'ayant lu d'elle que « le Mirador ».

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David Golder est un homme d'affaires qui a fait sa fortune dans des spéculations financières parfois douteuses. À présent il est âgé, presque au crépuscule de sa vie, malade, ruiné, abandonné des siens, de tous ceux dont il pensait être aimé.
Il se souvient. Juif russe, pauvre, originaire d'Ukraine, il avait immigré aux États-Unis, il était parti de rien et c'est là-bas qu'il avait commencé à faire fortune en participant dans des conditions rudes, extrêmes, à la création d'une ligne de chemin de fer dans l'Ouest du pays. C'est là-bas qu'il avait rencontré celle qui deviendra son épouse, Gloria, et qui lui donnera une fille, Joyce.
Gloria, Joyce ? Est-ce celles-là, ces deux êtres dont il pensait être aimé... ? Une femme cupide et une fille frivole et égoïste. Oui il était aimé d'elles deux, il fallait voir leur dévouement presque excessif quand il tomba malade. C'est vrai, qu'allaient-elles devenir s'il mourait ? Avait-il pris ses précautions pour qu'elles ne soient pas dans le besoin ?
Nous effleurons ici le monde impitoyable de la finance, ses rites, ses chimères, ses désillusions, mais aussi les à-côtés, c'est-à-dire la famille, les amis, une peinture sans concession d'un monde clinquant et hypocrite...
David Golder l'adore pourtant, cette fille qui se fait parfois trop rare... Elle est devenue belle, grande séductrice qui sait jouer avec les hommes, des vieux bourgeois, de jeunes gigolos, celle qui revient de temps en temps à la maison quand le moment est devenu nécessaire, se rappelle à l'amour paternel et n'arrête pas de se pendre au cou de son père comme une idiote, de lui persifler « Oh Dad ! Oh Dad ! » pour quémander encore un peu de son argent en échange de quelques gestes affectueux.
David Golder est un roman puissant, fulgurant, cruel.
David Golder est le premier roman d'Irène Némirovsky paru en 1929 et dont le succès l'a révélée comme écrivaine.
La plume d'Irène Némirovsky ici est incisive. Sa force, qui n'est pas sans rappeler la puissance De Balzac, est de nous amener à éprouver de la compassion pour cet homme vénal, fat, intransigeant, mais dont l'acuité du texte nous révèle un être fragile, généreux, touchant... Dans cette tragédie d'un vieil homme mal aimé, j'y ai vu en effet une proximité avec le Père Goriot.
Irène Némirovsky s'est sans doute inspirée des milieux parvenus que fréquentaient ses parents. Il lui a été reproché d'avoir dépeint dans ce roman sa représentation des Juifs empreinte de stéréotypes et je dois avouer que certaines descriptions m'ont choqué. Irène Némirovsky, elle-même Juive, morte à Auschwitz en 1942, l'avait elle-même déploré en 1935, regrettant certains passages pouvant paraître antisémites, évoquant qu'il s'agissait d'un regard personnel sur certains personnages... La polémique fut récupérée par la droite nationaliste et antisémite des années trente, des journaux comme Gringoire ou l'Action Directe, les origines juives d'Irène Némirovsky étant mises en avant pour apporter de l'eau à leur moulin. D'ailleurs, plus tard certains journalistes américains dans les années 2000, lorsque les écrits d'Irène Némirovsky ont été remis à la postérité, ne se sont pas gênés pour s'appuyer en particulier sur les traits physiques et moraux des personnages de David Golder pour faire de la romancière un parangon de la haine de soi juive.
Il en reste selon moi une fable morale majeure, une peinture sans complaisance du monde de l'argent, une plume audacieuse écrite par une jeune fille de vingt-six ans, disparue dans les camps de la mort à l'âge de quarante-et-un ans.
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Si ce livre n'avait pas été écrit par Irène Némirovsky, il aurait sans doute engendré des réticences car à plusieurs reprises l'image du juif est peu reluisante. Des stéréotypes sur le physique et sur des aspects de la personnalité comme l'avarice, le goût très développé de l'argent. Je ne connais pas assez cet auteur pour commenter sur cet aspect.
Quoi qu'il en soit, ce livre est cruel et aborde le côté vil de l'être humain face à la recherche sans borne de l'argent.
Tout comme dans « le bal », j'ai eu très souvent envie de vengeance. Irène Némirovsky dépeint ses personnages avec froideur ce qui renforce ce sentiment de dégoût pour cette catégorie de personnes avides de posséder et dénués de sentiments. Tout comme dans « le bal » encore une fois, j'ai pourtant eu par moment un peu de compassion et de la pitié. L'auteur arrive à nous retourner et à nous faire ressentir ces sentiments pour des personnages qui dégagent pourtant aucune sympathie. C'est un véritable "don" d'écriture que cet auteur possède.
J'ai envie de poursuivre ma connaissance d'Irène Némirovsky qui a sans aucun doute, un immense talent.
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Cela fait désormais de longues années que j'apprécie tout particulièrement la plume d'Irène Némirovsky, cette romancière française d'origine slave dont le destin fut aussi bref que tragique.

Elle a de mon point de vue un talent immense et la construction narrative de ses romans ou nouvelles m'enchante toujours. J'apprécie ses personnages faciles à imaginer sans pour autant tomber dans le cliché ; et par dessus-tout, l'atmosphère de l'entre-deux-guerres qu'elle dépeint comme personne puisqu'elle l'a vécue.

"David Golder" est un roman sur l'influence de l'argent dans les rapports sociaux. A bien des égards, cela m'a rappelé le roman "L'Argent" d'Emile Zola.

Homme d'affaires et juif new-yorkais ayant fait fortune en Europe dans les énergies, David Golder vieillit et se découvre malade. Ce bourreau de travail, ce voyageur business infatigable est stoppé net dans son élan par les signes précurseurs de graves problèmes de santé, pouvant entraîner la mort.

Ce constat change brutalement ses perspectives et son regard sur son entourage : sa femme vénale, sa fille intéressée, les "amis" parasites qui envahissent sa villa de Biarritz pour se gaver à sa table. Pour David Golder, c'est le moment de faire tomber ses oeillères, pour le pire et... le pire.

J'ai été touchée par le personnage de David Golder et j'ai surtout souffert pour lui de la rapacité et de la vénalité qui l'entourent jusqu'à l'encercler. Les figures féminines sont traitées sans fard ni miséricorde ; on ne peut pas dire que l'autrice leur ait donné le beau rôle mais cela donne encore plus de puissante au récit.

Encore un bel opus qui fait réfléchir et souffrir.


Challenge PLUMES FEMININES 2023
Challenge MULTI-DEFIS 2023
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Magnifique roman sur la puissance de l'argent et ses déviances. Dans un style féroce, implacable et cruel, "David Golder" brosse le portrait d'un émigré juif qui, échappé de la misère en Russie, n'a eu pour seule quête, seule ambition de faire fortune.
Milliardaire, il forme avec son épouse un couple détestable reflétant tous les poncifs sur l'âpreté au gain, à la manière des clichés que pourraient entretenir certains relents antisémites.
Seulement cette quête, insatiable aux yeux de l'épouse, va précipiter la fin de cet homme d'affaires de manière tragique. L'argent devient alors destructeur : il aspire le vieux Golder dans le gouffre de la solitude et de la maladie, sans aménité aucune de la part de l'épouse frivole et odieuse.
C'est réellement une oeuvre audacieuse tant l'argent roi est chargé de symboliques, où l'appétit de l'argent fait écho à une oeuvre que j'ai beaucoup aimé : "l'Argent" de Zola.
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Édité en 1929, David Golder est un témoignage marquant de cette époque.
Écrit par Irène Némirovsky (que l'on ne peut taxer d'antisémitisme, elle-même est juive et elle mourra déportée à Auschwitz), David Golder est l'archétype à cette époque de ce que la population considère comme le « juif » (comprenez un homme obsédé par l'argent et prêt à tout pour en obtenir).
C'est un banquier : très riche, toujours préoccupé par ses affaires, il n'hésite pas à acculer son associé de trente ans à la faillite. Celui-ci se suicide. Commence alors pour David Golder, rongé par le remords, une longue descente aux enfers. Partant de Paris pour aller rejoindre sa femme et sa fille à Biarritz, il est victime d'une crise d'angoisse dans le train. A Biarritz, nous découvrons que cet homme finalement n'est pas si monstrueux et si cupide mais que son entourage est bien pire que lui : entre sa femme Gloria et sa fille, David Golder n'est qu'un tiroir-caisse, et elles ne lui adressent la parole que pour lui demander de l'argent. La jeune fille d'à peine 18 ans est particulièrement « antipathique » et sans morale…
C'est un portrait sans concession d'une certaine caste d'hommes d'affaires qui se retrouvent du jour au lendemain ruinés par la crise de 29, mais c'est également une charge féroce contre les femmes, sangsues des hommes (Irène Némirovsky était-elle misogyne ?).

En conclusion : des portraits au vitriol, marquants, finalement le David Golder du titre est celui qui m'a paru le plus lucide et humain…
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Un roman d'une noirceur totale où Irène Nemirovsky excelle à dépeindre la cupidité et la corruption d'un monde avide d'argent et de richesses ; David Golder lui-même, financier caricatural, finit par apitoyer le lecteur qui est horrifié par la bassesse et la cruauté de sa femme. L'argent ne fait pas le bonheur... ? Nemirovsky en est visiblement convaincue !
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Peinture, sans complaisance aucune, du monde de l'argent, notamment de ces petits Juifs sortis du ghetto, et devenus riches, très riches, de ces Juifs qui aiment l'argent au point de s'en rendre malades...Si Irène Némirovsky, morte du typhus à Auschwitz en 1942, ne l'avait pas écrit, on aurait pu sans peine l'attribuer à un auteur antisémite du fait des poncifs généralement utilisés par ces auteurs repoussants, des poncifs repris par l'auteur : le nez crochu, les ballots d'étoffes ou de ferraille...
D'autres, y verront la peinture d'un personnage complexe comme l'étaient les personnages De Balzac. C'est peu dire, à mes yeux, quant à la qualité littéraire de ce livre, quant au plaisir que m'a procuré cette lecture.
David Golder, petit juif sorti du ghetto a été un homme très riche, manipulant l'argent dans des transactions et des montages financiers plus ou moins douteux. Il avançait en écrasant et méprisant ceux qui faisaient obstacle à ses ambitions....mais aujourd'hui, ruiné par la perte de valeur de ses actions pétrolières, il se sépare de son associé Marcus. Celui-ci se suicide en se tirant une balle dans la poitrine dans une maison close.
Avec Soifer, une autre Juif, ils refont le monde, montent de nouveaux coups tordus dans l'espoir d'avoir de nouveau la main sur les champs de pétrole russes. Il est ruiné, mais toujours combatif afin de retrouver cette fortune perdue. Alors il part en Russie, afin de se refaire une santé financière, qui lui redonnerait sans doute la santé physique et en revient dans un bateau, à l'antipode des navires de luxe qu'il utilisait autrefois pour traverser l'Atlantique...
Voyage éprouvant car David Golder est malade, son angine de poitrine le mine et l'oblige à se ménager....
Il est fatigué, également par l'attitude de ses deux femmes. D'une part son épouse cupide qui adore les bijoux, et d'autre part sa fille frivole le câlinant et minaudant pour lui extorquer un peu ou beaucoup d'argent, selon ses besoins ou ses envies, dans l'espoir de porter de nouvelles robes toujours plus belles les unes unes que les autres ou de briller au volant d'une Bugatti. Rien de moins !
Aucun des personnages n'est attachant ou sympathique. Tous courent après l'argent, le luxe, en recourant à des coups plus ou moins tordus ou à des amis tous plus véreux les uns que les autres...
Un peinture sans complaisance du monde de l'argent, d'un monde artificiel et superficiel. Ce monde d'affairistes riches que fréquentaient la famille de l'auteure, ses parents, ces familles riches amies, ce monde qui était également celui de la famille de l'auteure..
Troublant roman !
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Ce roman, publié en 1929, raconte l'histoire d'un financier juif pour qui tout son monde tourne autour des affaires, de l'argent...Malade et ruiné, abandonné par les siens, David Godler, pour l'amour de sa fille, jeune femme frivole et dépensière, décide de rebâtir son empire financier. Bien que ne nourrissant aucune illusion sur les motivations de sa fille, il dépense ses dernières forces dans ce combat.
Grâce à ce roman, Irène Némirovsky, romancière d'origine russe jusque-là inconnue du public, est propulsée sur le devant de la scène. Il sera adapté au cinéma e traduit dans de nombreuses langues.
"David Golder" offre une satire sans concession d'un monde gangrené par l'argent et l'appât du gain. A lire absolument !!
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Ce roman d'Irène Némirovsky est une critique sans concession sur la cupidité, l'arrivisme, les faux-semblants de l'homme parvenu. Dans ce roman âpre, les personnages n'entretiennent que des rapports en faux-semblants, des relations dénuées de toute attache. Seul lien d'intérêt entre eux : l'argent.

C'est un roman qui ne laisse pas insensible, qui interroge encore aujourd'hui (le livre a été publié en 1929) sur la dérive spéculative du toujours plus d'argent et la fausseté des rapports humains, des sentiments que celle-ci engendre.
Un livre à lire sans hésiter.
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