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Sublime.
C'est le premier mot qui me vient à l'esprit une fois la dernière page tournée.

Un roman moderne, ultra féminin, extraordinairement sensuel, jusqu'à l'érotisme.

Une narration maîtrisée à la perfection, une plume lumineuse, un rythme accrocheur, une figure de femme hors du commun.

C'est un peu comme lire le pendant féminin du "Portrait de Dorian Gray" bien que Gladys, cette femme exceptionnellement belle qui ne vit que par et pour sa beauté solaire, me semble plus crédible et plus poignante que le dandy du génial Oscar Wilde. Peut-être parce que je suis une femme ?

Oui, Irène Némirovsky aurait pu titrer son roman "Le Miroir de Gladys Eysenach" tant il illustre bien l'obsession narcissique de son héroïne, une femme aveuglée par son succès et poussée au crime par sa vanité. Beaucoup d'émotion passe du texte au lecteur, fasciné lui aussi par le magnétisme de Gladys, d'abord prêt à toutes les compassions au spectacle de tant de grâce et de charme, puis de moins en moins complice de sa folie.

J'ai vraiment adoré ce roman, je l'ai lu d'une traite, avec beaucoup de mal à arrêter ma lecture pour vaquer aux mille préoccupations du quotidien. Quel film un réalisateur de talent pourrait-il tirer de cette oeuvre !

Un coup de cœur.
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La vieillesse est un naufrage disait un certain De Gaulle. Elle l'est d'autant plus pour une magnifique femme, qui plus est obsédée par sa beauté et sa jeunesse. Comment accepter ce naufrage, comment accepter de se faner ?

Cela est difficile voire impossible pour Gladys Eisenach, se consumer oui, flétrir jamais. Voilà le thème central de ce beau livre qui s'ouvre sur le procès animé et mondain de Gladys qui est jugée en effet pour avoir tué son amant. Nous sommes en 1934. L'affaire semble somme toute assez banale de prime abord : la très riche et belle Gladys a régulièrement des amants et ce Bernard Martin, fils sans le sou d'un maitre d'hôtel, âgé de vingt ans, le dernier amant en date, a été tué pour ne pas céder à une menace de chantage concernant le comte Monti, son amant en titre. Simple vaudeville futile et bourgeois me direz-vous jugé en un procès médiatisé pour cette femme trop belle, trop riche, trop libre. En fait c'est plus subtil que ça, il est question d'une tragédie, la tragédie de la quarantaine pour une femme encore belle, adulée, passionnée, amoureuse de son image, habituée aux regards flatteurs, mais qui n'est plus très jeune et qui pressent le naufrage. le drame sans solution des « deux fois vingt ».

La structure du livre me fait l'effet d'une image prise avec un appareil photo…d'abord flou et incertaine, puis peu à peu le focus se fait, à différents endroits dans un premier temps, pour enfin révéler l'image dans sa terrible netteté. Les chapitres qui suivent le procès mettent en effet en lumière les différents visages de Gladys, en dévoilant des pans de sa vie depuis sa tendre jeunesse à la femme d'aujourd'hui, flash-back superbement mené permettant de découvrir une Gladys tour à tour enfantine, tendre, obsédée, consciente du pouvoir que lui procure sa beauté, séductrice, cruelle… ambiguïté et richesse des points de vue, Cette femme, dont le portrait précis s'ajuste peu à peu, se révèle être démoniaque en séductrice maladive… « Pourquoi vous et vos pareilles craignez-vous tant que l'on sache votre âge ?...Si vous aviez commis un crime, vous en auriez moins honte. ». Un extrait qui résume bien l'essence du livre. Irène Némirovsky aborde ce thème éternel avec une grande finesse, une certaine délicatesse et en déployant avec subtilité les facettes qui le composent : la réalité derrière les apparences, la puissance des non-dits, les ambivalences affectives, les contradictions de l'âme, les angoisses de la décrépitude.

Notons le choix de ce titre par l'auteure : Jézabel est une figure biblique qui a détourné son époux de Dieu pour le culte de Baal. Dans la bible, pour apaiser cette idole monstrueuse il fallait pratiquer une sexualité débridée et sacrifier son enfant premier-né. Et Gladys en effet veut attirer toutes les adorations et pour cela elle est prête à sacrifier son enfant et à détourner le temps.

Un portrait de femme certes fascinant mais que j'ai trouvé trop marqué, trop péremptoire, manquant parfois de nuance et qui m'a par moment agacée, que je voulais secouer, sans doute parce que je trouve personnellement que le plus grand courage dans la vie est précisément d'accepter ce naufrage, de savoir en sortir grandie et pleine de sagesse. Peut-être, sans doute, ce portrait m'a-t-il mis sous les yeux ce dont je redoute le plus : ne pas s'accepter et en faire payer le prix à ses proches jusqu'à les sacrifier. Une folie qui me fait frémir.

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MAGISTRAL !! Coup de coeur et coup de poing en même temps cela faisait longtemps que je n'avais pas jubilé ainsi à la lecture d'un roman . Comment vous parlez de Gladys Eysenach? Comment vous expliquer la fascination que ressentaient hommes et femmes devant cette femme, cette beauté intemporelle? le roman s'ouvre sur son procès aux assises. Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1934 elle a tiré à bout portant sur Bernard Martin ,20 ans, étudiant en lettres. La mort a été immédiate . Gladys Eysenach a reconnu l'avoir tué mais est resté muette sur le pourquoi. Peur du scandale, peur de perdre son amant le Comte Aldo Monti? ....
Irène Némirovsky nous dresse de main de maître le portrait d'une femme belle, riche, habituée aux regards flatteurs , amoureuse de son image , effrayée à l'idée de vieillir , de se retrouver seule , jusqu'où sera t'elle capable d'aller pour rester jeune, aimer et surtout être aimée ? Une écriture d'une fluidité, d'une modernité époustouflante qui ne peut que confirmer l'immense talent de cette auteure trop tôt disparue ....
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Tout commence par le procès d'une femme. Elle est belle, mais ses traits sont fatigués. On accuse sans détour et sans ménagement Gladys Eysenach d'avoir assassiné Bernard Martin, son amant âgé de 20 ans. « Parlez-nous du crime, à présent… Allons ? C'est moins difficile à dire qu'à faire, pourtant. » (p. 13) le procès est un long dialogue sans temps mort. le président enchaîne les questions et les appels à la barre. Les témoins chargent ou déchargent l'accusée et la foule se délecte du procès de cette femme trop belle, trop riche, trop libre. Dans son box, Gladys parle peu, elle souhaite plus que tout que le procès s'achève et peu importe si on la condamne. « J'ai tout avoué, tout ce qu'on a voulu !... » (p. 17) Que cache cette femme ? Pourquoi veut-elle tellement échapper aux questions ? « Je mérite la mort et le malheur, mais pourquoi cet étalage de honte ? » (p. 45) Quand le verdict tombe, l'histoire ne fait que commencer.

On revient sur les premières années de Gladys, sa jeunesse dorée et son inépuisable succès auprès des hommes. Gladys se sait fabuleusement belle. « Gladys avait de sa beauté une conscience profonde qui ne la quittait pas. » (p. 69) Et, par-dessous tout, elle aime exercer son pouvoir. « Il lui fallait constamment se prouver à elle-même son empire sur les hommes. » (p. 66) Oui, Gladys est obsédée par sa beauté, mais surtout par la fuite du temps qui risque de marquer ses traits. Elle est tellement angoissée par le temps qui passe qu'elle est prête à tout pour garder sa fille au rang d'enfant. « Pourquoi vous et vos pareilles craignez-vous tant que l'on sache votre âge ? … Si vous aviez commis un crime, vous en auriez moins honte. » (p. 215) Cette phrase est d'une clairvoyance incroyable, elle résume presque le roman à elle seule.

Gladys est une femme égoïste et égocentrique, à tel point que sa vanité est sordide. Par certains côtés, elle est un Dorian Gray au féminin et sa laideur intérieure est à la mesure de sa grande beauté. Pourquoi a-t-elle tué Bernard Martin ? Que craignait-elle de ce jeune homme ? La force de ce roman, c'est qu'Irène Némirovsky construit et déconstruit son personnage. Au terme du procès, elle nous laisse devant une femme qui inspire une profonde compassion. Et celle-ci devient progressivement dégoût.

Jézabel est une figure biblique qui a détourné son époux de Dieu pour le soumettre au culte de Baal. Ici, maladivement séductrice, Gladys veut attirer toutes les adorations et détourner le cours du temps de son destin. Pour cela, elle prête aux plus odieux sacrifices. Je ne peux que vous conseiller ce court roman qui présente un portrait de femme tout à fait fascinant.
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" Cueillez, cueillez votre jeunesse,
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté ", disait le poète...

le roman s'ouvre sur une scène de tribunal. L'accusée, belle encore, c'est Gladys Eysenar. Elle a tué un jeune homme de vingt ans, que l'on croit être son amant.

le récit n'est ensuite qu'un long retour en arrière, qui permet au lecteur d'appréhender le personnage énigmatique, fascinant, pathétique aussi de Gladys: après une enfance triste, auprès d'une mère à moitié folle, dès l'adolescence, elle sera amoureuse de sa beauté, du désir qu'elle suscite, un Narcisse au féminin. " Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle?" . Très longtemps, ce sera elle, mais le temps corrompt tout...Refuser cette idée peut conduire à la folie du désespoir.

Avec son sens si subtil de la psychologie, l'auteure, une fois encore, compose le portrait tout en nuances, sans jugement, d'une femme qui a revendiqué la liberté, la passion de son corps, en dépit de tout. Jusqu'à la chute. Cruel et prenant parcours d'une Jézabel obsessionnelle , au sort tragique.
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Magnifique roman, injustement méconnu !
Tout est réussi dans cette oeuvre : la structure, d'abord. 1934. On assiste au procès de Gladys, accusée du meurtre de son jeune amant. le lecteur est projeté directement dans l'action, et découvre l'héroïne, son visage étrange, sa prostration, les témoins de sa vie et de son crime. Puis, immense flash back, on remonte à la fin de l'adolescence de Gladys, pour la suivre jusqu'au fameux crime. Et peu à peu, grâce à cette structure, la femme à la voilette se dévoile. On s'interroge sur les dates, on compare, on se demande quand viendra la première guerre mondiale, on se dit, ce n'est pas possible...Il y a quelque chose de fantastique dans cet étirement du temps, un jeu de miroir avec le roman d'Oscar Wild, le Portrait de Dorian Gray. Gladys dévoile aussi peu à peu sa personnalité, d'une ambiguïté démoniaque grâce au jeu des points de vue. Tantôt l'auteure se place en elle, et elle n'est coupable de rien, c'est le monde autour d'elle qui veut l'empêcher de vivre, d'exister. Tantôt les autres personnages se font entendre, et le doux visage de Gladys devient un masque monstrueux d'égoïsme. Mais cet égoïsme qu'on lui reproche n'est-il pas juste ce que les hommes nomment leur liberté ? La condition des femmes, bien sûr, est dénoncée. Gladys n'existe pas ailleurs que dans le regard et le désir des hommes...La vieillissement est donc la mort pour elle...Thème que j'ai récemment vu traité dans le livre de Camille Laurens, "Celle que vous croyez", mais avec autrement moins de génie, et autrement plus de mièvrerie. Gladys veut être désirée, aimée, mais elle-même ne le peut pas. Elle est une création extérieure à elle-même, une coquille vide...Un mystère, un être quasi surnaturel et protéiforme...
A lire absolument.
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Jézabel s'ouvre sur le portrait de Gladys sur le banc des accusés. On la découvre à partir de témoignages à son procès. Elle a reconnu avoir tué un jeune étudiant mais reste silencieuse sur son mobile. Peur du scandale ? Puis se succèdent une série de flash-backs qui permettent de découvrir toute l'histoire à partir de scènes qui sont de véritables pans de la vie de Gladys, bien au-delà de ce qui est ressorti lors du procès. le lecteur découvre une femme narcissique, immature, une séductrice maladive, obsédée par l'idée de vieillir et de devenir laide (comme la mère de l'auteur, qui l'habilla en fillette jusqu'à sa majorité). le personnage de Gladys n'est pas de ceux auxquels le lecteur peut s'identifier, c'est une personnalité toxique pour son entourage, odieuse, ignoble mais aussi pathétique, et même touchante, émouvante. le portrait de Gladys pourrait paraître exagéré, extrême, malgré un portrait tout en nuances, mais l'attitude de la véritable mère de l'auteur donne à penser : en 1942, après l'arrestation d'Irène et de son mari et leur mort à Auschwitz, leurs deux fillettes avaient été mises à l'abri par des proches, mais en 1945 leur grand-mère maternelle, leur seule parente vivante, a refusé de les prendre en charge, suggérant de les placer à l'Assistance Publique. Finalement leur éducation sera assurée par des amis et les anciens employeurs de leurs parents (la Banque des Pays du Nord, la Société des gens de lettres et les Éditions Albin Michel ).
Ce roman frise la perfection d'écriture, d'abord par sa forme avec le récit du procès, qui n'est pas l'essentiel, dure le temps d'un prologue au rythme vif, tout en dialogue suivi d'un long retour en arrière. Et puis surtout, quelle plume ! C'est bien rythmé, grâce aux nombreux dialogues qui sonnent juste. L'écriture est concise, ciselée sans que le lecteur ne sente tout le travail que cela a dû demander pour obtenir une telle fluidité. C'est peu dire que j'ai adoré.
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MAGNIFAILLE

Quel cadeau de naître beau,
Plus cruel de n'être que belle !
Enfin,
« On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l'a dit ce matin »

Cette écriture, vibrante et dure, m'arrache dès le parloir quelques murmures ; cet oiseau de mauvais augure, du haut de son perchoir, assomme tout espoir. Ah l'ordure, il a condamné de longtemps, de toujours?, de son ton péremptoire, de sa morale impure, et les riches et les femmes. Et le plaisir des dames. La maudite d'office est cette liberté future, autre que patriarcale... ô scandale ! Sonne le glas, déjà Gladys n'est plus.

Avez-vous lu l'histoire de Gladys Eysenach ?
Pauvre petite fille riche, personne pour la plaindre, jamais, au grand jamais, et moins encore avec le temps qui passait.
A 20 ans reine du bal.
Dans les bras tourbillonner,
Dans les draps s'abandonner,
Grande maîtresse des mâles.
Jeune, de bras en bras ;
Après, de draps en draps.
Lente descente de lit.

Femme-enfant,
Unique.
Egoïste.
Ah, si Richard ! Richard au moins, mais Richard en moins.

De la peau lisse à la police, voici l'histoire : une seule question dans sa tête roulait son grelot. Lancinante. Obsédante. Hystérique. "Plais-je ?" Et en écho, le gros bourdon, "suis-je vieille ?" Qu'importe donc la sentence du juge, année après année Gladys a bâtit sa propre prison. Comme tout un chacun, Gladys Eysenach finit dans l'enfer qu'elle s'est créé.

Jézabel complète le plaidoyer d'Irène Némirovky de L'affaire Courilof : Ne pas condamner, ne pas juger, aimer, ici dans mon cas sans comprendre. Et ses phrases sont des vagues d'équinoxe assaillant les falaises de mes préjugés.
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Comment écrire une aussi belle critique que celles déjà publiées avant moi. Je ne tiendra pas le pari. Je dirai simplement que Némirovsky m'a séduite, charmée, envoûtée… Elle m'a pris par la main et m'a complétement amené dans l'univers de Gladys, cette femme si belle, dont on fait le procès en début de roman pour avoir tué son prétendu amant. Coupable, c'est le verdict des jurés. Et ensuite, Némirovsky nous raconte la vie de cette femme… Elle écrit sur le temps qui passe, la beauté qui s'envole, le désir de l'attraper et l'attacher à soi, pour ne pas qu'elle fuit. Elle nous dépeint par des mots, sans jugement, ces gens qui veulent rester jeunes et belles pour toujours, celles qui existent que dans le regard de l'autre. Elle écrit aussi très bien sur les proches, sur la lourdeur et les souffrances qui naissent en eux à être en contact avec ce genre de personnes, toujours reléguées au deuxième rang, parce que pas assez scintillants pour briller beaucoup plus. Et nous comprenons, petit à petit, comment elle en vient à commettre l'irréparable, le fatal. C'est une grande oeuvre… qui nous enveloppe complétement et nous captive tout autant. A lire !
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Encore. Ce mot peut être la supplique de perpétuation d'un bienfait. Il peut a contrario être assassin. Gladys est encore belle. Il y a dans cette phrase plus de passé que d'avenir. Gladys est au supplice. Sa jeunesse s'est enfuie. "Le souvenir de sa jeunesse l'emplissait d'une souffrance jalouse."

Plaire. Rendre brûlant de convoitise les hommes, jalouses les autres femmes. Susciter le désir à son paroxysme et ne jamais l'assouvir. Car assouvir c'est déchoir. Descendre de son piédestal et se noyer dans la multitude. S'immoler dans le plaisir. "On obtient toujours moins que l'on a rêvé."

"C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit.
Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté;
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,
Pour réparer des ans l'irréparable outrage."

Ces vers tirés d'Athalie, la pièce de Racine donnent leur titre à cet ouvrage. Ils illustrent tout le drame de Gladys. Vieillir, perdre l'éclat de sa beauté. Être privée du regard des hommes et le voir se détourner sur la fraîcheur de la jeunesse. Perdre l'exclusivité. L'âge venant, les outrages du temps la mortifient.

S'il en est qui s'enorgueillissent de leur descendance, elle déplore que sa fille envisage de convoler et faire d'elle une grand-mère. Quelle horreur. Grand-mère ! Elle ne peut entendre ce mot sans frémir. Elle a quarante ans quand sa fille meurt en couche faute de soins. Elle ira jusqu'à renier son petit-fils pour ne pas se voir affublée du statut de grand-mère. Devenir grand-mère graverait son âge dans ses traits et ferait fuir les galants.

Galdys a mis le sens de sa vie dans le plaisir de faire languir les hommes, jusqu'à la souffrance, dans le fantasme qu'elle suscite. L'impatience, l'attente, le désir. Être désirée encore et toujours. Gladys n'existe que dans les regards qui se posent sur elle. Sûre de son pouvoir, elle n'a jamais été jalouse. Ce n'est pas aimer auquel elle aspire, c'est d'être aimée. Elle est odieuse, de bonne foi, convaincue de la ferveur qui lui est due et dont elle se nourrit. Lorsqu'elle sera rattrapée par les conséquences de son égocentrisme méprisant, Gladys commettra le pire. L'ouvrage de d'Irène Némirovski commence par son procès. le procès d'un monstre d'égoïsme.

Fabuleux huis-clos dans la conscience torturée d'une riche et belle femme qui voit son pouvoir lui échapper. Roman psychologique d'un narcissisme exacerbé, cet ouvrage est passionnant par l'exploration qu'il fait de ce travers de la nature humaine. L'individu au centre du monde, sous les projecteurs de regards envieux. le culte du moi. Pourquoi faut-il attirer l'admiration de ses congénères pour exister ?

Je fais la connaissance d'Irène Némirovski avec cet ouvrage. Il m'encourage à explorer le reste de l'oeuvre de celle qui n'est pas revenue d'Auschwitz. Une écriture accessible et profonde à la fois.

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