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Lu en 2017. Un roman prégnant, servi par une plume d'un réalisme et d'une acuité psychologiques intemporels.
Un portrait de femme émouvant, sans concession, qui raconte l'inexorabilité du temps, celui qui abîme les corps et les rêves. Un récit qui parle de séduction, de comédie des apparences, d'insatisfaction, d'égoïsme, de fuite en avant, de désespérance et de solitude...
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Le livre s'ouvre sur le procès de Gladys Eysenach. Elle est accusée d'avoir tué un homme, peut-être un ancien amant. La femme est dépeinte comme sulfureuse et aux moeurs immoraux. Ils sont peu à venir prendre sa défense. Alors, de quel crime est-elle réellement coupable ? Quels secrets cache-t-elle ? Comment en est-elle arrivé à commettre ce crime ?
Pour son personnage principal, l'autrice reprendre le mythe de la Jézabel biblique qui, dans le livre des Rois de l'Ancien Testament, est présentée comme l'étrangère vicieuse et mauvaise qui détourne son mari le roi et le peuple de l'éternel. Pour ses contemporains, Gladys a tous les vices, et ils la condamnent bien vite selon leurs critères de valeurs. Une lecture intéressante et instructive sur les faux semblants et les secrets de famille. Un bon moment de lecture offert par Irène Némirosky, l'autrice de Suite française.
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Incipit

"Une femme entra dans le box des accusés. Elle était belle encore, malgré sa pâleur, malgré son air hagard et las ; seules, les paupières, d'une forme délicieuse, étaient fanées par les larmes et la bouche affaissée, mais elle paraissait jeune. On ne voyait pas ses cheveux cachés sous le chapeau noir."


Portrait d'une femme obsédée par la beauté, la jeunesse et le désir de plaire, ce roman est remarquable.

L'autrice dissèque les sentiments et tourments de Gladys face à sa peur de vieillir.
La finesse et la justesse de l'écriture, le choix minutieux de chaque mot, la psychologie et la complexité du personnage... font que j'ai trouvé ce livre sublime, marquant, obsédant.

J'ai prévu de poursuivre la découverte de l'oeuvre de cette autrice avec "Suite française"...
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deuxième roman d'Irène Némirovsky pour moi,après « suite française ». Jézabel est très différent par la thématique, mais pas tant que ça par la manière dont Irène Némirovsky fait une analyse très psychologique de son héroïne. On est atterré de voir à quel point le refus de la vieillesse peut conduire Gladys Eysenach à s'enfermer dans les mensonges, à vivre dans le déni : pour rester une jeune femme elle est prête à tout. Elle refuse de voir sa fille grandir, elle refuse que celle-ci devienne une femme, une mère. Elle refuse de s'abandonner dans une union qui pourrait la rendre heureuse pour ne pas dévoiler son état civil…c'est une lente descente aux enfers jusqu'à ce que le piège du mensonge se referme sur elle.Et là, je n'en dis pas plus: c'est toute l'habileté de l'auteur de préserver LE secret jusqu'au bout…On sait dès le début que Gladys est coupable,on commence par le procès ( un peu comme pour Thérèse Desqueyroux); au fil des pages on va donc découvrir l'histoire de cette femme riche et choyée.
C'est décrit avec finesse et précision et on vit l'inéluctable.Même si ce refus de vieillir est absurde, futile et tellement inutile , on n'arrive pas à détester Gladys ( car elle est détestable parfois)…
Vraiment réussi !
Je recommande.
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Gladys Eysenach est jugée pour le meurtre d'un jeune homme. Elle refuse de parler, mais les autres imaginent ses motivations: elle est une femme perdue, aux multiples liaisons, et ce jeune mort était un amant qu'elle payait pour avoir des relations avec lui.
Elle est bien vite jugée et condamnée par tous pour son mode de vie peu conventionnel plus que pour le décès de ce pauvre étudiant.
Eblouissant.
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"Jézabel" s'ouvre sur le procès d'une femme vieillissante mais encore belle, accusée du meurtre de son jeune amant, Bernard Martin, un étudiant désargenté. L'accusée affiche une attitude résignée, comme pressée d'en finir, réagit à peine aux arguments de l'accusation insistant sur ses moeurs licencieuses, ses multiples liaisons, sa fréquentation d'une maison de rendez-vous...
Gladys Eysenach, née Burnera, est reconnue coupable et condamnée à cinq ans de prison.

Un bond en arrière nous ramène au temps de sa jeunesse, à la genèse du destin qui la mènera à cette issue tragique. L'enfance aux côtés d'une mère détestée, traînant son ennui, sa folie et sa fille à travers le monde, est évoquée brièvement. La révélation de la femme qu'elle sera vient à Gladys lors d'une saison à Londres. Elle a dix-huit ans, et le regard des autres lui confirme, avec une acuité qui la marquera à jamais, ce qu'elle pressentait déjà : le pouvoir de séduction de sa beauté rayonnante, qu'elle expérimente avec ivresse et un orgueil immense.

Déjà riche par sa mère, elle assoit sa fortune en épousant un homme qui après quelques années de mariage, la laisse brutalement veuve, faisant de leur petite Marie-Thérèse une orpheline. Sa vie crépite alors en un tourbillon d'hommes, de fêtes, en une ode à la magnificence de cette femme dont l'unique passion est d'être aimée, désirée, qui a de sa beauté une conscience profonde qui ne la quitte jamais. Séduire, l'unique but de son existence, est pour elle une véritable drogue. Son pire ennemi est le temps qui passe, même s'il a peu de prise sur le charme quasi surnaturel qui pousse tous ceux qui l'approchent à vouloir lui plaire. Mais elle ne veut pas de l'apaisement que pourrait lui apporter la maturité, sa soif intacte et mégalomane de conquêtes la fait courir après l'éclat triomphant et infatigable de la jeunesse. Aussi, quand sa fille, atteignant l'âge adulte, exprime son propre besoin d'émancipation, et surtout, parle de mariage, le ciel lui tombe sur la tête. En une tentative dérisoire et pathétique, Gladys supplie sa fille d'attendre, comme si elle voulait l'empêcher de grandir pour éviter à sa mère de vieillir.

J'aime beaucoup Irène Némirovsky, sa capacité à analyser les travers des individus avec finesse et acuité, son talent pour décortiquer les mécanismes des relations toxiques. Avec ce titre, ma déception a été à la hauteur de mes attentes... c'est-à-dire cuisante. Contrairement à ce que l'on pourrait croire à l'entame de la lecture, "Jézabel" n'est pas une histoire de femme libre et dégagée de tout carcan moral dans un monde fait par et pour les hommes. Mais après tout peu importe. L'auteur dresse ici le portrait d'une femme égoïste, inintéressante, qui n'inspire aucune empathie. Soit, pourquoi pas ? Seulement son tort, à mon avis, est de n'avoir pas exploité davantage la dimension psychologique de son sujet, son aspect traumatique, la part de démence que dissimule forcément cette héroïne d'un égocentrisme monstrueux. Elle tenait là la possibilité d'imaginer une variation sur le thème de "Dorian Gray", mais le manque de subtilité et la superficialité avec lesquelles elle aborde son intrigue et son personnage rendent surtout son récit fade et redondant.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Gladys Eysenach a tué Bernard Marin. Pourquoi ? Dans la salle du tribunal qui ouvre le roman, cette femme, que le public vient voir, avide de constater sa beauté, quoique flétrie par le temps, avoue tout. Oui, elle a tenté d'échapper aux conséquences de son acte en inventant un cambriolage. Oui, elle a menti en prétendant avoir agi en légitime défense. Oui, elle a eu de nombreux amants. Oui, elle a refusé la demande en mariage de son amant Monti. Pourquoi ? Ce dernier dira qu'elle « hésitait à aliéner sa liberté. » On sent la réprobation silencieuse des hommes. Fréquentait-elle les maisons de rendez-vous ? Oui, elle les fréquentait. Frémissement de dégoût devant cette grande bourgeoise qui se vend comme la dernière des filles. Mais cette femme qui avoue tout, y compris ses « vices » les plus odieux, se taira obstinément sur la raison pour laquelle elle a tué Bernard Marin. Sans surprise, elle est condamnée. Et tout aussitôt oubliée, laissée à sa solitude.

Seule, Gladys repense à sa jeunesse, à son parcours qui la mènera à l'acte fatal, dévoilant peu à peu la réalité derrière les apparences. Fille délaissée par sa mère, elle découvre, lors d'un séjour à Londres chez sa cousine plus âgée, les plaisirs mondains, la joie légère, futile, des bals. Mais surtout, elle découvre le pouvoir de sa beauté, l'ascendance qu'elle a sur les hommes. Car Gladys est fatalement belle. Et elle goûte plus que tout à la volupté de plaire et de se savoir aimée, d'allumer dans les yeux des hommes le désir.

Elle se souvient de son deuxième époux, Richard Eysenach, un homme laid, mais riche et puissant, qui aime les femmes belles, dociles et surtout, qui se taisent. Alors il « dress[e] Gladys à lui obéir, à paraître gaie et heureuse sur un signe de lui, à ne se soucier au monde que de sa beauté et du plaisir. » le mariage est heureux, même si les époux se trompent mutuellement. Et l'enfant Marie-Thérèse grandit lentement, dans l'admiration qu'elle éprouve pour sa mère.

Mais quand un enfant grandit, la mère, elle, vieillit. Gladys est toujours aussi belle, mais à quarante ans, elle commence à mentir. Elle dissimule l'âge de sa fille, lui retranche trois années. Marie-Thérèse à quinze ans. Et Gladys se rassure en s'entourant de femmes plus âgées qu'elle, moins belles. Elle se rassure en choisissant des amants qui l'ont connue quand elle était jeune, et qui la voit encore comme à l'époque. Elle plaît encore, on ne voit qu'elle. Elle arrive encore facilement à éclipser ses rivales, même les jeunes.

Mais plus elle repousse son âge, et plus son angoisse s'accroît. Marie-Thérèse est amoureuse, elle souhaite se marier. Quoi ? Elle a atteint l'âge d'être une belle-mère ? Non, c'est ridicule. Sa fille est encore mineure. Elle lui demande d'attendre trois ans avant de penser au mariage. Marie-Thérèse se résigne, elle aime sa mère. Mais on est en 1914, la guerre éclate et l'urgence de goûter aux joies du mariage se fait plus pressante. Gladys reste sourde aux supplications.

Advient ce qui devait fatalement arriver : Marie-Thérèse est enceinte. Et le père vient de mourir sur le front, il n'y a aucune chance de cacher la « faute » dans un mariage précipité. Mais plus que le scandale d'une fille-mère, ce que Gladys ne peut supporter, c'est de se savoir grand-mère. le temps la rattrape, la harcèle inlassablement. Et ses tentatives de plus en plus désespérées pour y échapper provoqueront des catastrophes toujours plus grandes.

Le temps, pour Gladys, est une fatalité. Vieille, elle ne pourra plus plaire. Vieille, le bonheur lui échappera. Vieille, elle sera seule. Vieille, elle finira oubliée.[...]
Lien : https://enquetelitteraire.wo..
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Jézabel, une descendante de Dorian Gray qui n'aurait pas croisé le diable, mais son petit-fils qui lui tend un miroir lui faisant découvrir avec effroi sa beauté qui se fane, sa jeunesse envolée, sa déchéance pathétique... Ouah! C'est cruellement magnifique!
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Ce n'est pas une grande révélation, je l'avoue. Tout d'abord parce que j'ai trouvé beaucoup de répétitions et quelques longueurs, venant certainement du fait que ce personnage, anti-héros par excellence, n'a entraîné presque aucune empathie chez moi. J'ai eu du mal à concevoir cet excès, voire cette folie, pour le culte de la jeunesse et de la beauté, pour ce caractère égoïste et froid. J'ai également trouvé que ce roman datait un peu et, en cela, il m'a fait penser à Belle de Jour de Kessel. Toutefois, le traitement est intéressant ici et la première partie sur le procès m'a beaucoup plu et je crois que j'aurais mieux aimé que Némirovsky en fasse l'objet de tout le roman. J'ai trouvé le flash-back narratif plus conventionnel.

Je ne suis pas parvenue réellement à savoir si Némirovsky ressentait elle-même une certaine empathie pour son personnage. Gladys incarne la beauté du diable, elle est une femme fatale au contact de laquelle on se brûle et sa fille, Marie-Thérèse est sans doute sa plus innocente victime.

Quoiqu'il en soit, Irène Némirovsky fait une analyse très juste de la psychologie de Gladys. Elle montre parfaitement le passage du temps, les angoisses de Gladys, sa folie, ses outrances, et l'écriture est juste et belle. Ce n'est donc pas, pour moi, un grand roman, mais il n'entache pas mon envie de lire d'autres roman de Némirovsky. Peut-être serai-je plus séduite par La Suite française.
Lien : http://leslivresdegeorgesand..
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Oh que je continue de me délecter de ces romans dont chaque mot retentit juste et vient, à l'instar d'un couperet fendre l'ennui de l'existence
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