Dans le Royaume des Fleurs

« Dans le royaume des fleurs » est un recueil de quinze contes, publié dans les années '20. Pas de surprise quant au fil rouge, il est floral. Chaque conte concerne donc un végétal abordé via une sorte de légende créatrice ou par une place centrale dans une histoire plus extérieure. Connus ou moins connus, du cactus aux « sabots de la vierge », de la fleur de cerisier à la « pipe indienne », tous sont accompagnés d'une courte description plus ou moins encyclopédique. le préambule « Toute fleur et toute fougère, tout arbre ou plante bocagère a des secrets à révéler, à son histoire à raconter » résume et introduit tout à fait l'esprit de l'ouvrage. Si les contes sont assez courts, ils sont cependant très écrits. En rajoutant à cela qu'ils ont été rédigés il y a désormais pas loin d'un siècle, ça donne au livre un côté un peu hors du temps pour les enfants sans que le parent/l'adulte qui lui lit ne s'ennuie (ben oui, même en adorant le moment de « lire une histoire », c'est parfois un parcours du combattant pour trouver un livre adapté tout en étant complètement différent des x derniers).
Le titre du recueil laisse imaginer qu'en tournant sa première page on basculera dans un univers poétique et tendre, c'est effectivement le cas. L'ambiance est féérique et délicate, ce qui est encore renforcé par des lettrines et des illustrations (qui sont sublimes), la mise en page et j'en passe. Par contre, au risque de paraître sexiste mais sans que ce soit un reproche, ça oriente aussi quasi exclusivement l'ouvrage vers un public féminin. D'ailleurs, même si le tout fonctionne très bien, certaines situations ou descriptions ont un côté suranné et maniéré qui frôle parfois le kitsch.
Bon, après, c'est vrai que certains ressorts reviennent souvent, notamment le schéma du couple éperdu d'amour qui verra son destin bouleversé par l'une ou l'autre intervention magique. Les figures féminines, humaines ou non, sont très majoritairement douces, diaphanes et incroyablement belles (et quand elles sont accablées de défauts c'est évidemment la prétention et la coquetterie). Mais, à nouveau, ça colle avec l'aspect d'écrin précieux du livre donc, pour moi, rien de dérangeant au final.