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4,08

sur 1048 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Martin, un agent chevronné des Parcs Nationaux, est toujours inquiet du sort de Cannellito, le dernier ours de souche pyrénéenne, une crainte qui renforce son hostilité vis à vis des chasseurs. En Namibie, la jeune Appoline, archère, participe à une chasse au lion, - un animal facilement identifiable grâce à une cicatrice sur le flanc -, organisée par Lutz, un guide professionnel allemand, secondé par Mereepo un jeune Himba. Komuti, un de ses amis s'intéresse également à ce lion et au trophée qui lui permettrait d'acquérir le respect de sa communauté et convaincre le père de la jeune Kariungurua, qu'il peut désormais fonder une famille.
Une photo représentant une jeune femme blonde auprès du lion à terre va provoquer une série d'événements et de poursuites, voire de traques entre chasseurs et chassés, proies et prédateurs.

Un roman à plusieurs voix et plusieurs temporalités, dans lequel Colin Niel construit methodiquement et très intelligemment plusieurs intrigues qui sont autant de traques et de poursuites. Chacun de ses personnages obéit à ses propres objectifs et cherche les moyens de les réussir jusqu'à devenir aveugle sur les violences qu'il provoque. Avec dextérité Colin Niel joue avec tous les sentiments qui peuvent animer une traque, autant du côté du chasseur que du côté de la proie, dosant savamment les inversements de situations, celles où le chasseur devient proie.
Entre fauves est un thriller dans lequel Colin Niel dévoile toutes les facettes de l'être humain, du courage à la violence, de la grandeur à la folie, du respect à la bestialité, un roman qui met à nu l'humanité et la cruauté, un roman magnifique, un coup de coeur.
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La chasse est ouverte, les prédateurs à l'affût.
Mais qui est la proie?

Colin Niel positionne ses pions dans ce jeu de massacre: un garde de parc national, actif écolo de la protection de la nature, une jeune surdouée du tir à l'arc, des africains vivant du tourisme de la chasse sauvage, un namibien éleveur qui cherche un trophée de gloire.

Si l'auteur voulait nous sensibiliser à la disparition des espèces sauvages, il y réussit très bien, si tant est qu'il soit encore nécessaire de nous ouvrir les yeux. Comme lui, qui n'a pas été choqué en voyant sur la toile ces photos de chasseurs de safari trônant devant leurs exploits?

Et de s'interroger sur la justification d'une pratique devenue loisir qui tue le règne animal.
Pour ce thriller sauvage, l'auteur a creusé son sujet, les images de la savane sont présentes autant que les randonnées en montagne. le montage narratif est astucieux, mettant en parallèle deux traques de chasse dans des décors diamétralement opposés, portées par la même adrénaline. La temporalité des événements nous balade de date en date pour finir par ajuster le tir sur les conséquences diaboliques pour tous, bêtes et hommes confondus.

Pour autant, son propos n'est pas manichéen : la chasseuse est une amoureuse de la nature, le garde forestier un peu trop militant terroriste, les éleveurs namibiens veulent protéger les troupeaux comme les pyrénéens face à la réimplantation de l'ours.
La chose n'est pas simple!

Un livre épuisant de tension... même au fond du canapé ! Une réussite ! Et on reste, bien évidemment du côté du lion...
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Martin, garde au parc national des Pyrénées, est aussi un très grand anti-chasseurs. Quand il voit par le biais de son groupe Facebook, une jeune femme devant un lion mort, il est fermement décidé à la retrouver pour lui faire payer.
Hasard ? J'ai vu ce audio-book alors que j'allais commencé le lion de Joseph Kessel. Les deux couvertures se ressemblent furieusement. J'ai donc lu ces deux livres en parallèle. L'ambiance est semblable, même si les circonstances sont différences. le point commun : le lion, un animal fort et fier.
Quatre voix pour ce roman, une pour chaque protagoniste de l'histoire, dont le lion. On alterne les points de vue et les jours : au moment de la chasse en Namibie, pendant la traque de la fille en France. La mise en parallèle des deux est bien faite, le suspens monte doucement et on est écoeuré par tant de violence... mais qui est finalement le plus fauve d'entre eux ?
Colin Niel a une écriture remarquable, j'ai éprouvé des sentiments très durs pour chacun des personnages, il dénonce les violences prêtes à frapper comme celles qui murissent doucement. Un auteur que je relirai très certainement.
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Ce roman, sorti lors de la rentrée littéraire de septembre 2020, m'a d'abord interpellée par sa couverture. Une photo de lion, beau, grand, majestueux, en noir et blanc. Comme quoi, la couverture compte aussi beaucoup dans le choix d'un livre, en tout cas pour moi.
Le nom de l'auteur me disait aussi quelque chose, j'avais entendu parler de lui lors de la parution de son précédent ouvrage, Seules les bêtes.

Ce n'était pourtant pas gagné lorsque j'ai lu les premières lignes de la quatrième de couverture: "Martin est garde national des Pyrénées. Il travaille notamment au suivi des derniers ours. Mais depuis un an et demi, on n'a plus trouvé la moindre trace de Cannellito..."
Je n'ai rien contre la nature et la protection de l'environnement et des espèces menacées mais ce n'est pas franchement un thème que je recherche dans mes lectures. Mais la suite du résumé m'a happée et j'ai décidé de me laisser séduire. Et j'ai eu raison, ce n'est pas un coup de coeur mais il s'en est fallu de peu.

Dans ce roman, nous suivons trois voix; d'abord celle de Martin, ce garde national, archi défenseur de la protection animale au point d'avoir créé un groupe sur les réseaux sociaux où lui et ses acolytes livrent en pâture les "chasseurs de trophées", soit les personnes dont la passion première est d'aller chasser les animaux sauvages et de poser ensuite, fièrement, auprès de leur dépouille pour la postérité. Ensuite, nous avons celle d'Apolline, une de ces fameuses chasseuse, posant à côté d'un lion mort, que Martin va traquer pour la livrer à la vindicte populaire. Et il y a aussi Kondjima, un Namibien, qui veut lui aussi tuer le lion qui a tué ses chèvres, son troupeau, son seul moyen de subsistance, mais pas que...

Rarement un roman aura aussi bien porté son titre, nous voici plongés en pleine jungle- urbaine-, dans une savane où les fauves- humains- sont prêts à se bouffer entre eux.
J'ai immédiatement aimé la plume de Colin Niel, très précise, très noire aussi. J'ai tout de suite été plongée dans cette histoire et les descriptions, nombreuses, de la nature, la faune, du maniement des armes aussi, ne furent pas un instant ennuyeuses.
J'ai trouvé le procédé narratif très intelligent, que ce soit au niveau de la temporalité ou de l'alternance de points de vue. Si j'ai trouvé le personnage de Martin quelque peu caricatural et buté, voire arrogant, j'ai par contre adoré le personnage plus nuancé d'Apolline.

J'ai essayé de ne pas juger les propos tenus dans ce roman même si je n'ai pu m'empêcher de penser à un moment de ma lecture à la chanson de Francis Cabrel, La corrida, notamment dans ces paroles, "Je les entends rire comme je râle et je les vois danser comme je succombe. Je pensais pas qu'on puisse autant s'amuser autour d'une tombe." Je ne comprends pas, je ne peux pas comprendre, cette passion si étrange pour moi que d'aller tuer des animaux pour le simple plaisir de la chasse, la traque, pour ramener un trophée, même si je pense que c'est certainement plus complexe que ça. Et je pense justement que l'une des grandes forces de ce livre est qu'à aucun moment Colin Niel ne juge ses personnages. Il raconte une histoire, il essaie de se mettre à la place de chaque protagoniste- et je dis bien chaque protagoniste- et il déroule. Et il a réussi à m'emmener avec lui jusqu'au bout.

Pourquoi ce n'est pas un coup de coeur alors ?
J'ai trouvé cependant qu'il y avait quelques petites longueurs et redondances et il m'a manqué un petit je-ne-sais-quoi pour me faire totalement basculer.

En résumé, un roman noir, très noir, une tension et un suspense qui ne faiblissent jamais, servi en prime par une écriture efficace et agréable. Je le conseille vivement, que vous soyez adepte de thriller, policier ou littérature contemporaine ou blanche, je pense que chaque lecteur peut y trouver son compte.


Lu en janvier 2021
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Traques
J'avais une petite appréhension avant de commencer ce livre, celle d'une sorte de redite avec l'excellent Okavango que j'avais terminé environ deux semaines plus tôt, puisque les deux romans se rejoignent à la fois sur le sujet (faune sauvage, chasse) et sur la localisation (Namibie). En fait, il n'en est rien. Ces deux thrillers sont vraiment différents et je ne regrette pas d'avoir passé quelques heures « entre fauves ». C'est le premier roman que je lis de Colin Niel, nul doute que ce ne sera pas le dernier.
L'intrigue se partage entre deux territoires et plusieurs personnages. En France, dans les vallées d'Aspe et d'Ossau au sein des montagnes Pyrénéennes, nous suivons Martin, garde du parc national. Martin est un écologiste convaincu : de par son métier, il constate tous les jours les dégâts causés par le changement climatique qu'il attribue exclusivement à la main de l'homme (« Franchement, moi, j'ai honte de faire partie de l'espèce humaine. ». ), mais plus que tout, il exècre les chasseurs, ceux qui ont tué l'ourse Cannelle en 2014 (une mort dont il ne s'est jamais remis, d'ailleurs il est persuadé que son ourson Cannellito a subi le même sort) et ceux qui vont chasser les fauves à l'autre bout du monde, notamment en Afrique. Martin a même créé un blog « Stop hunting France » qui traque ceux qui postent leurs « exploits » et il n'hésite pas à publier leurs coordonnées complètes, sur les réseaux sociaux, les livrant ainsi à la vindicte des « anti-chasse ». Et cette fois, c'est une photo inhabituelle qui attire l'attention de Martin : celle d'une jeune femme tenant un arc dans un paysage de savane africaine, et derrière elle, la dépouille d'un lion. Pour Martin c'en est trop. Pour découvrir l'identité de cette chasseresse, dont il ne connaît que le pseudonyme « Leg Holas », il est prêt à tout, cela devient une véritable obsession, au point qu'il en vient à négliger son travail. La jeune femme, c'est Appoline. Pour son anniversaire, son père lui a offert… un lion. Un lion à « prélever », en Namibie. Un lion solitaire qui s'est attaqué à plusieurs troupeaux, notamment celui du père de Kondjima, un jeune Himba, et que les autorités se sont résignées à ce qu'il soit abattu. En Namibie, la cohabitation entre la faune sauvage et les populations locales n'est pas aisée, même si, à côté des parcs nationaux et des réserves privées, des ‘conservancies', gérées par les communautés locales, ont été mises en place. Alors, de temps à autres, un animal posant problème est autorisé à la chasse, et ce sont de (très) riches européens ou américains qui en bénéficient et repartent avec leur trophée. Comme Appoline. Pour Kondjima qui doit prouver à sa famille et à son amoureuse sa bravoure, le lion lui revient. Pas question qu'il soit offert à une fille pourrie gâtée venant de l'autre bout du monde. Pour Martin, c'est insupportable, Appoline doit payer.
L'auteur alterne les temporalités (finalement assez resserrées entre le 9 mars et le 29 avril) et trois points de vue, celui de Martin qui s'enfonce dans une spirale délétère et qui va, au fil de sa traque, se radicaliser jusqu'à un point de non-retour, celui de Kondjima qui représente la voix des villageois namibiens, et celui d'Appoline, celle qui concentre toute la haine de Martin, et qui n'est pas aussi lisse qu'on pourrait le penser, construisant ainsi une terrible dramaturgie.
J'ai aimé que les personnages ne soient pas caricaturaux même s'ils sont, tous trois, animés, à des degrés divers, par le même sentiment, celui de l'orgueil (qui atteint des sommets avec Martin et m'a empêché toute empathie avec ce personnage). J'ai aimé aussi que l'auteur se soit gardé de tout manichéisme : certes, on imagine bien qu'il ne se range pas du côté des chasseurs mais il a l'intelligence de faire la part des choses entre le vécu européen (les éleveurs contre les loups et les ours dans les montagnes) et la réalité africaine (où les conséquences d'une attaque de fauve contre les troupeaux sont souvent une question de vie ou de mort pour les villageois).
Il y a des pages magnifiques sur la nature dans ce roman très sombre, très pessimiste (où même les lions ont la parole) : elles sont bienvenues, permettant d'alléger quelque peu l'atmosphère souvent irrespirable.
Noir, engagé, haletant.
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Première rencontre avec cet auteur, et j'ai apprécié la richesse de l'intrigue racontée de quatre points de vue et dans deux territoires, les Pyrénées et le Kaokoland en Namibie.
Celle de Martin garde au parc national des Pyrénées, défenseur des ours, mais également membre d'un réseau sur internet de Stop Hunting France.
Apolline, jeune étudiante de Pau, des parents amateur de chasse qui lui ont transmise cette passion, elle est aussi championne de tir à l'arc, pour ses vingt ans son père lui offre un arc et une chasse au lion.
Kondjima, jeune Homba qui habite chez ses parents, son père est éleveurs de chèvres, la sécheresse fait rage et un lion solitaire a décimé le troupeau.
Et enfin la dernière voix est celle de Martin le lion solitaire.

L'intrigue alterne les personnages, les lieux, l'auteur nous dévoile les destins de chacun progressivement.pour s'accélérer vers la fin.
La traque de lion, de la femme de la photo diffuser sur internet, la recherche de Cannellito l'ours des Pyrénées…tout s'imbrique et l'envi de connaître le dénouement s'accentue pour le lecteur.
L'auteur interroge évidemment sur la chasse, mais aussi sur la part sauvage de l'homme, sur le tourisme, le réchauffement climatique….
Un excellent roman choral et la découverte d'un auteur.
Je remercie Babelio et le Livre de Poche pour l'envoi de cet ouvrage
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Charles, le lion tue quatre chèvres, Komuti le fils du fermier veut tuer Charles.
En France,dans les Pyrénées le très riche
et très gentil papa d'Apolline offre à sa fille adorée un voyage en Namibie. Elle pourra, moyennant finances " prélever"un lion (Charles). Elle se servira du très performant arc qui lui à également été offert pour ses vingt ans.
Martin est garde forestier et cherche désespérément Cannellito le dernier ours des Pyrénées. Il découvre sur internet la photo d'une belle blonde posant arc à la main devant la dépouille d'un lion.
Tous ces personnages vont se croiser, chacun aura son gibier à traquer et à chasser.
Aveuglés par le désir de tuer ils iront jusqu'au bout de la folie que procure le plaisir de la chasse.
Vient l'instant où le discernement n'existe plus, où l'excitation est à son comble, où tout est possible.
Seul l'animal a une légitimité à tuer, mais qu'en est- il du plaisir qu'éprouve l'homme à chasser?
Ce mystère restera à jamais entier pour moi .
Ce livre est si bien écrit que l'on s'essouffle en le lisant.
On apprend beaucoup sur ces chasses africaines qui semblent d'une autre époque !
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J'ai a-do-ré ce livre !
Je ne suis pas chasseur et contre la chasse sous quelques formes que se soit, j'ai toujours vécu en ville donc je ne connait pas grand chose au monde rural. Au moins cet auteur m'a permis de découvrir des mondes quasiment inconnus pour moi, à part bien sûr des documentaires sur ces problèmes mais qui sont loin de nous faire comprendre tous les différents aspects de ces pratiques.
Merci Mr Niel de m'avoir permis à travers ce magnifique roman d' un peu mieux comprendre le monde de la chasse et de s'apercevoir que finalement tout n'est jamais tout blanc ou tout noir. Ce serait trop simple. On prend également conscience que parfois en partant de bon sentiments on peu faire fausse route, et même si cela émane de professionnels.
Bref j'ai vraiment apprécié cette histoire, avec à la fin une belle morale.
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Il y a d'abord une magnifique tête de lion sur la couverture , il y a ensuite un roman noir hyper efficace nous entraînant sur deux fronts parallèles , le Nord Ouest de la Numibie et les Pyrénées béarnaises, et trois personnages principaux qu'à priori tout oppose : Martin, garde du parc national des Pyrénées violemment anti- chasse ; Apolline , 20 ans, chasseuse de grands fauves en Afrique; et Kondjima, jeune Himba dont le troupeau de chèvres a été totalement décimé.
Point commun de ces trois là : Charles, le lion, quatrième personnage à part entière de ce roman choral, et qui apparaît sur une photo aux côtés d'Apolline et son arc.

Quelle réalité se cache derrière cette photo et qu'est ce qu'elle va déclencher ?


Colin Niel nous fait vivre en parallèle et à un mois d'écart les aventures namibienne et pyrénéenne, avec brio, sans manichéisme et sans prendre ouvertement partie, avec, en prime, l'ambiance du bush africain et de la vallée d'Aspe.


En menant une réflexion sur le dérèglement climatique et les grandes sécheresses en Namibie qui contraignent les éleveurs à mener leurs troupeaux toujours plus loin et les grands fauves, privés de gibier, à chasser les animaux domestiques, il adopte , avec Kondjima, le point de vue des autochtones. Avec Martin, il défend la faune pyrénéenne et les tentatives de réimplantation des ours dans les Pyrénées. Avec Apolline, il dresse le portrait de ces chasseurs de trophées dont les photos, exposées sur les réseaux sociaux, déclenchent des torrents d'indignation.


La réussite vient de ce que chaque personnage est beaucoup plus complexe qu'il n'en a l'air , même si personnellement je suis incapable de comprendre qu'on soit, comme cette jeune fille, une passionnée de randonnée et de Nature sauvage et qu'on s'extasie devant l'immense beauté d'un animal pour finalement lui décocher une flèche mortelle !


Une chasse haletante, où proie et prédateur ne sont pas toujours ceux qu'on pense, et où resurgissent les instincts primaires...

J'avais déjà beaucoup aimé Seules les bêtes . Entre fauves me donne envie de découvrir encore d'autres livres de Colin Niel.
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Outre La Série Guyanaise qui a fait sa renommée avec les enquêtes passionnantes du capitaine de gendarmerie André Anato se déroulant dans le contexte lointain de ce département d'outre-mer, Colin Niel, loin de surfer sur le succès de cette série, trouve encore le moyen de nous séduire avec des romans noirs comme Seules Les Bêtes (Rouergue Noir 2017) dont l'adaptation au cinéma par Dominik Moll a connu un très grand succès. Jalonnant toute l'oeuvre du romancier, la nature et la faune, sont des thématiques omniprésentes qui prennent davantage de place dans un roman tel que Ce Qui Reste En Forêt (Rouergue Noir 2018) où l'on découvrait les enjeux des recherches scientifiques dans une station scientifique de la Guyane française. Avec Entre Fauves, Colin Niel reprend ces thèmes en abordant notamment tout l'aspect lié à la chasse et à ses abus, ainsi que les dérèglements climatiques qui bouleversent les habitudes d'une faune locale que ce soit dans les Pyrénées ou du côté de la Namibie, deux régions fascinantes où l'auteur nous entraîne dans un véritable chassé-croisé bourré de suspense.



Garde au parc national des Pyrénées, Martin s'inquiète du devenir de Cannelito, le dernier ours de la région dont on n'a plus repéré de traces depuis de nombreux mois. Il est donc persuadé qu'un chasseur a abattu le plantigrade avant de camoufler la dépouille de l'animal afin de dissimuler son forfait. Mais outre ses activités professionnelles, Martin livre à la vindicte populaire les chasseurs d'animaux sauvages qui ont l'outrecuidance d'exposer leurs trophées sur les réseaux sociaux. C'est ainsi qu'il découvre cette jeune femme blonde qui s'exhibe, arc de chasse en main, aux cotés d'un lion qu'elle a abattu lors d'une battue en Namibie. Martin découvre rapidement l'identité de la jeune chasseuse, mais conserve curieusement ces données pour lui en ayant la ferme intention de châtier lui-même cette odieuse criminelle. Mais ce garde faune à l'assurance inamovible sait-il vraiment ce qu'il s'est produit lors de cette chasse en Namibie ?



A l'instar de Martin, le garde faune, et Apolline, la chasseuse de lion, séjournant tous deux comme par hasard dans la même région des Pyrénées, il faudra avant tout faire fi des nombreuses congruences qui jalonnent un récit au rythme palpitant s'articulant autour de deux traques, dont l'une se déroule dans les Pyrénées tandis que l'autre prend pour cadre, une région sauvage de la Namibie, A partir de cette technique narrative, Colin Niel met en place deux intrigues parallèles implacables qui vont trouver leur aboutissement lors d'une confrontation palpitante se déroulant dans la nature sauvage d'un parc des Pyrénées alors que partisans et opposants à la chasse vont se retrouver dans des situations paradoxales assez tragiques faisant ainsi en sorte de s'éloigner du simple plaidoyer anti-chasse dans lequel l'auteur aurait pu se fourvoyer. Autour de ces paradoxes, que ce soit celui de Martin l'opposant à la chasse qui se met à traquer un gibier bien particulier ou Kondjima, le jeune namibien, qui veut abattre un lion pour protéger les habitants du village et séduire la belle Karieterwa dont il est amoureux et qui va payer chèrement son audace, Colin Niel fait en sorte que le thème de la chasse qu'il aborde avec intelligence se révèle bien plus complexe qu'il n'y paraît. Autour de ces trois personnages centraux dont on aborde tour à tour les points de vue, on découvre ainsi les motivations qui les poussent à agir en les menant invariablement vers un point du rupture tragique qui ne manquera pas de secouer les lecteurs. Avec une succession d'événements se révélant bien plus surprenants que ce à quoi on pouvait s'attendre l'auteur aborde également avec une belle maîtrise toutes les conséquences des dérèglements climatiques qui sont l'autre thème majeur du récit. Il en résulte ainsi un récit sous tension permanente qui décline subtilement les enjeux parfois contradictoires opposant autochtones et faunes locales dont on mesure toute la difficulté à cohabiter ensemble, ceci aussi bien dans les Pyrénées que dans les lointaines contrées d'Afrique.



Au détour d'une double intrigue captivante, Colin Niel nous offre avec Entre Fauves un roman maîtrisé évoquant avec une belle intelligence toutes les conséquences d'une cohabitation difficile avec une nature dont on ne respecte plus les aléas qui nous dépassent tout en impactant la faune qui nous entoure. Un récit pertinent et efficace.





Colin Niel : Entre Fauves. Editions du Rouergue Noir 2020.



A lire en écoutant : Tableau de Chasse de Claire Diterzi. Album : Tableau de Chasse. 2008 Naïve.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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