Ce roman, sorti lors de la rentrée littéraire de septembre 2020, m'a d'abord interpellée par sa couverture. Une photo de lion, beau, grand, majestueux, en noir et blanc. Comme quoi, la couverture compte aussi beaucoup dans le choix d'un livre, en tout cas pour moi.
Le nom de l'auteur me disait aussi quelque chose, j'avais entendu parler de lui lors de la parution de son précédent ouvrage,
Seules les bêtes.
Ce n'était pourtant pas gagné lorsque j'ai lu les premières lignes de la quatrième de couverture: "Martin est garde national des Pyrénées. Il travaille notamment au suivi des derniers ours. Mais depuis un an et demi, on n'a plus trouvé la moindre trace de Cannellito..."
Je n'ai rien contre la nature et la protection de l'environnement et des espèces menacées mais ce n'est pas franchement un thème que je recherche dans mes lectures. Mais la suite du résumé m'a happée et j'ai décidé de me laisser séduire. Et j'ai eu raison, ce n'est pas un coup de coeur mais il s'en est fallu de peu.
Dans ce roman, nous suivons trois voix; d'abord celle de Martin, ce garde national, archi défenseur de la protection animale au point d'avoir créé un groupe sur les réseaux sociaux où lui et ses acolytes livrent en pâture les "chasseurs de trophées", soit les personnes dont la passion première est d'aller chasser les animaux sauvages et de poser ensuite, fièrement, auprès de leur dépouille pour la postérité. Ensuite, nous avons celle d'Apolline, une de ces fameuses chasseuse, posant à côté d'un lion mort, que Martin va traquer pour la livrer à la vindicte populaire. Et il y a aussi Kondjima, un Namibien, qui veut lui aussi tuer le lion qui a tué ses chèvres, son troupeau, son seul moyen de subsistance, mais pas que...
Rarement un roman aura aussi bien porté son titre, nous voici plongés en pleine jungle- urbaine-, dans une savane où les fauves- humains- sont prêts à se bouffer entre eux.
J'ai immédiatement aimé la plume de
Colin Niel, très précise, très noire aussi. J'ai tout de suite été plongée dans cette histoire et les descriptions, nombreuses, de la nature, la faune, du maniement des armes aussi, ne furent pas un instant ennuyeuses.
J'ai trouvé le procédé narratif très intelligent, que ce soit au niveau de la temporalité ou de l'alternance de points de vue. Si j'ai trouvé le personnage de Martin quelque peu caricatural et buté, voire arrogant, j'ai par contre adoré le personnage plus nuancé d'Apolline.
J'ai essayé de ne pas juger les propos tenus dans ce roman même si je n'ai pu m'empêcher de penser à un moment de ma lecture à la chanson de Francis Cabrel, La corrida, notamment dans ces paroles, "Je les entends rire comme je râle et je les vois danser comme je succombe. Je pensais pas qu'on puisse autant s'amuser autour d'une tombe." Je ne comprends pas, je ne peux pas comprendre, cette passion si étrange pour moi que d'aller tuer des animaux pour le simple plaisir de la chasse, la traque, pour ramener un trophée, même si je pense que c'est certainement plus complexe que ça. Et je pense justement que l'une des grandes forces de ce livre est qu'à aucun moment
Colin Niel ne juge ses personnages. Il raconte une histoire, il essaie de se mettre à la place de chaque protagoniste- et je dis bien chaque protagoniste- et il déroule. Et il a réussi à m'emmener avec lui jusqu'au bout.
Pourquoi ce n'est pas un coup de coeur alors ?
J'ai trouvé cependant qu'il y avait quelques petites longueurs et redondances et il m'a manqué un petit je-ne-sais-quoi pour me faire totalement basculer.
En résumé, un roman noir, très noir, une tension et un suspense qui ne faiblissent jamais, servi en prime par une écriture efficace et agréable. Je le conseille vivement, que vous soyez adepte de thriller, policier ou littérature contemporaine ou blanche, je pense que chaque lecteur peut y trouver son compte.
Lu en janvier 2021