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4,08

sur 1027 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Encore une fois , mon libraire a frappé et , encore une fois j'ai cèdé . Non , ce n'est pas ce que vous croyez , il ne ME frappe pas pour " acheter " un livre , non , il " frappe " là où ça fait mal , en plein coeur , au milieu du siège " des émotions ", en plein centre de ma curiosité et , ben oui ....et , comme à la fête foraine , c'est " à tous les coups l'on gagne ! "
Bon , passons à l'heure du jugement ( non , pas le dernier , ma PAL étant encore consistante , ce serait du gaspillage ...) .Et ben voilà, une fois encore je vais devoir le reconnaître , mon libraire est digne de confiance .
Colin Niel , je connais un peu , mais je dois reconnaître que le bougre a plusieurs cordes à son arc ( si , si , vous verrez ) .On s'attend à une explosion d'actions et le récit se déroule tout simplement dans les Pyrénées et une province de Namibie ...Rien de bien " violent " . En France , on fait la connaissance de Martin , un garde chasse connu pour ses interrogations sur la biodiversité, la conservation du monde animal , la réintroduction de l'ours ...Un peu trop zélé, il lui arrive de déplaire à nombre d'élus ou de chasseurs , un peu moins à cheval sur les principes....En Namibie , on fait la connaissance d'une belle jeune femme blonde, Apolline , " fifille adorée de son papa " qui vient de lui offrir un somptueux cadeau , " une chasse au lion " , rien que ça ..Le papa " gagne très bien sa vie ", on s'en doute , son épouse est décédée d'un cancer et rien n'est trop beau pour apaiser son chagrin , d'autant plus que c'est une championne de " tir à l'arc " , arme redoutable s'il en est . le challenge est osé, " prélever Charles , neutraliser ce lion " qui commet trop de méfaits dans les troupeaux des tribus autochtones .Enfin , dernier personnage " important " Kondjima , un jeune Homba qui rêve de tuer le lion , porter l'honneur de sa famille , et épouser la belle Karieterwa , une Hueya qui partage son amour mais ...ne lui est pas destinée.....Voilà .
C'est autour de ces personnages et de leurs motivations que va s'articuler le récit , " une bombe " déclenchée par la parution d'une photo d'Apolline et de son trophée sur les réseaux sociaux .....Une photo bien malheureuse prise avec un téléphone perdu ....Ajoutons des ruptures temporelles assez faciles à suivre...pour corser le tout ...
La caractéristique de ce roman est bien de nous diriger vers des sujets brûlants de l'actualité. Colin Niel tape en plein dans le mille , là où ça va faire mal , ou ça va faire grincer des dents , entre coutumes " ancestrales " et " activités de loisir " de touristes " aisés " , décriées et sources de conflit . Au moins , là , on se trouve plongé au coeur d'un problème complexe qui nous concerne tous dans la mesure où la planète.....hélas ..
Le début est assez lent , bien documenté, intéressant, bien écrit, facile à lire , donc , mais on souhaite toutefois , au bout d'un moment , une " accélération " qui tarde un peu , même si les descriptions et scènes de traque ne lassent pas . Et puis , enfin , à une bonne centaine de pages de la fin , basculement dans l'action ...Place aux " règlements de compte " . "Entrée des artistes ", laissons les " fauves entre eux " . Vous le savez , il n'y a pire prédateur que l'homme .... le dénouement sera - t -il à la hauteur ? Vous le saurez en lisant les 340 pages de ce qui est , pour moi , un excellent roman .Mais ....vous n'êtes pas obligés de me croire , ce n'est là , que mon modeste avis ....
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Martin, garde au parc national des Pyrénées, s'inquiète, depuis plus d'un an, de n'avoir aucune nouvelle ni repéré une quelconque trace de Cannellito, le seul ours en liberté dans les montagnes. Profondément anti-chasse, il fait également partie d'un groupe sur internet, Stop Hunting France. Celui-ci traque tout homme ou femme dont la passion est d'aller tuer des animaux dans des pays lointains et les livre en pâture à la vindicte populaire. La dernière photo mise en ligne montre une jeune femme blonde, tenant un arc de chasse à bout de bras, postée devant un énorme cadavre de lion, au coeur d'un paysage de savane africaine. Pour Martin, cela ressemble à un flagrant délit de meurtre. le voilà plus que jamais déterminé à découvrir qui se cache derrière cette chasseuse...
Quelques jours auparavant, Apolline, pour ses vingt ans, reçoit en cadeau, de la part de son père, non pas seulement un arc de chasse mais aussi une photo d'un lion. LE lion qu'elle ira chasser sur les terres namibiennes...
En Namibie, Kondjima, jeune Himba, alors dans la montagne avec son père et leurs chèvres, assiste, impuissant, au massacre du troupeau par un lion. le jeune garçon a alors une revanche à prendre...

Dans ce roman choral, Colin Niel donne vie et voix à quatre protagonistes, le lion Charles, Martin, Apolline et Kodjima. Quatre personnages parfaitement dépeints, que ce soit leurs peurs, leur courage ou leurs faiblesses, et aux motivations pour le moins opposées bien qu'ayant toutes un rapport avec la chasse. Si cette dernière, qu'elle soit fondée ou non, est au coeur du roman, l'auteur interroge également sur le rapport de l'homme avec la nature, aussi bien en Afrique qu'en France. L'auteur entrecroise habilement son récit entre montagnes pyrénéennes et plaines namibiennes, entre proie et chasseur, entre locaux africains et touristes avides de trophées, entre lion et ours. Il pose également un regard neutre sur les motivations de chacun que le lecteur pourra appréhender. Magistralement mené, profondément humain, ce roman noir captive de bout en bout, de par sa force, sa singularité et sa plume acérée...
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Une fois encore, Colin Niel nous transporte ailleurs...
Une fois encore, il étaye ses propos par une documentation riche et je ressors de cette lecture, plus instruite .
( Plus instruite sur un sujet qui au départ, ne m'intéresse pas, à savoir la chasse ).
Seulement voilà, j'ai entendu Monsieur Niel à la radio, expliquer qu'avant de commencer ce livre, il a passé du temps avec des professionnel des parcs nationaux , avec des anti-chasse et aussi... avec une chasseuse de gros animaux. Une de celles qui vont claquer du pognon, en Afrique pour assouvir je ne sais quelle pulsion meurtrière en abattant un lion, ou autre animal magnifique en voie de disparition...
Et il en parlait tellement calmement , et il a dit qu'il avait essayé de ne pas prendre parti en temps qu'écrivain, en concentrant sur le personnage tous les défauts du monde , que je me suis demandée comment il avait réussi ... du coup j'ai eu envie de lire ce roman ( que de toute façon j'aurai lu, vu que depuis "Seules les bêtes", je tiens cet auteur en grande estime, et que je lis tout...).

Et Colin Niel continue d'explorer les mêmes maux, les mêmes méandres de l'âme humaine, le même effet domino...
Il nous parle de nous, habitants des pays riches , et de l'effet dévastateur que peuvent avoir nos décisions, nos "hobbies", notre confort, notre richesse, sur le reste du monde , en l' occurrence , l'Afrique. Et comment parfois, ça nous "pète" à la gueule...

- Parce qu'elle vient d'une famille riche , parce que son papounet d'amour l'aime à la folie, et qu'il est persuadé qu'elle est la meilleure chasseuse du monde , Apolline se voit offrir pour ses 20 ans, un billet d'avion pour la Namibie et un lion qui va avec...
Tel un vulgaire sac à main, Apolline, aura comme cadeau d'anniversaire, le droit , l'immense honneur et privilège de tuer un lion !
[ Oui, vous avez bien lu...Si mes souvenirs sont exacts, c'est 50 000 €, plus pour un éléphant...].
- Parce qu'il est garde-forestier dans les Pyrénées, un peu revenu de tout, et surtout de la façon dont les politiques gèrent l'écologie, Martin est inscrit sur un site anti-chasse , et voit passer la photo d'Apolline devant son trophée mort, sur les réseaux sociaux. La chasse à la chasseuse n'a pas commencé, personne n'arrive à trouver son identité. Mais Martin n'a rien à perdre, Martin est à bout...
- Parce que le lion a tué quatre-vingt-treize chèvres de son berger, de père et les a, ainsi, condamné à la pauvreté. Parce que cela le ferait bien voir du père de sa dulcinée. Pour toutes ces raisons, le jeune Kondjima, aimerait tuer CE lion , et pas que cet honneur revienne à la française très riche qui vient d'arriver, et qui a toute une équipe à son service pour l'aider à pister le lion.
Les riches et les pauvres. Les puissants et ceux qui ne sont rien. Ceux qui ne pèsent pas lourds dans la balance des décisions, qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs.
Le chaud et le froid. L'Afrique et les Pyrénées...
Les chasseurs qui tuent par plaisir et caprice et ceux pour qui, c'est une question de survie .
Les politiques, les écologistes , les chasseurs, les anti-chasse, et la façon dont tout ce petit monde cohabite, entre en interaction, se déteste, ou est forcé de coopérer...
Et l'effet domino.
Colin Niel est très fort en démonstration de l'effet domino. Un virtuose...
Et une fois encore, son livre, m'a touchée en plein coeur...♫ Bang Bang...♫
Apolline , je la déteste...
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Une nouvelle expérience audio, pour un roman choral, lu par plusieurs interprètes. C'était pour moi la première fois et j'ai beaucoup aimé que des voix différentes soient associées à chacun des intervenants dans ce roman. Cela met en valeur cet aspect roman choral que j'adore quand il est bien maitrisé ce qui est le cas ici.

Le roman se déroule sur deux temporalités, séparées de quelques semaines. on assiste d'une part au séjour en Namibie d'Apolline et son père, venus chasser un lion. En Namibie où vit Kondjima, jeune Himba. Celui-ci n'a rien pu faire quand le troupeau de son père a été décimé par un lion, celui-là même que la française doit tuer. Mais Kondjima ne l'entend pas ainsi : ce lion c'est lui qui doit le tuer pour devenir un bon parti au village.

Et , d'autre part, quelques semaines plus tard, dans les Pyrénées, Martin, garde dans un parc national, écume de rage devant la photo d'une jeune fille armée d'un arc devant le cadavre d'un lion. Il est anti-chasse et milite au sein d'une association qui, après enquête, livre les chasseurs à la vindicte des réseaux sociaux. Mais cette photo va devenir pour lui une affaire personnelle. il enquêtera seul.

J'ai beaucoup aimé ce roman, maitrisé de bout en bout tant dans le passage d'une temporalité à l'autre que dans les relais entre les différents interlocuteurs, le quatrième étant le lion, auquel l'auteur prête une réflexion humaine, ce qui est toujours sujet à caution, mais qui ici ne prend pas trop d'importance et ne m'a pas choquée.

Un mot d'abord sur le texte en lui même et l'écriture de l'auteur que je ne connaissais pas. Cette écriture met magnifiquement en valeur les paysages splendides de Namibie et des Pyrénées, et la voix des lecteurs ajoute encore à cette beauté. Je n'ai jamais trouvé ces descriptions trop longues, et pourtant l'écoute ralentit le rythme d'avancée dans le roman.

Deux camps qui s'affrontent dans ce roman , les chasseurs et les anti-chasses, deux camps personnifiés par Martin et Apolline. L'auteur évite avec intelligence tout manichéisme dans la description des chasseurs, livrant avec Apolline le personnage le plus nuancé du roman. Je ne suis pas parvenue à la détester, et pourtant, je ne peux m'imaginer tirant sur un animal, quel qu'il soit.
Et c'est Martin qui dans son rôle de défenseur de la nature se montre le moins capable de recul et de finesse dans son analyse de la situation.
Le rapport de l'homme et de la nature s'enrichit d'une troisième dimension par la description de la vie en Namibie, d'un coté les villageois qui dépendent de leur bétail pour leur survie, et pour lesquels un lion tueur est une catastrophe, de l'autre les relais de chasse où certains trouvent un travail plus rémunérateur.
Et en toile de fond, que ce soit en Namibie ou dans les Pyrénées, le dérèglement climatique, sécheresse d'un coté, froid et chutes de neige tardives de l'autre.

Un roman fort, d'un auteur que je découvre.
Et je me réjouis quand je lis que celui-ci n'est pas son meilleur ...
Merci à NetGalley et aux édition Audiolib #Entrefauves #NetGalleyFrance
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-Charles, c'est le lion de la couverture, sérieux, imposant, un mâle alpha à la crinière noire qui a été chassé de son clan par les mâles plus jeunes revendiquant les femelles (c'est la vie) et vit seul, en attaquant les troupeaux : c'est lui le vrai héros du roman, qui ouvre et ferme le propos.

-Martin, gardien de parc national dans les Pyrénées est un fanatique anti-chasse, ou pour mieux dire antihumain, puisque pour lui ce sont les hommes qui déciment des espèces entières, dont la dernière ourse, Cannelle, dans les Pyrénées et dont il cherche avec rage le fils, Cannellito. Avec rage, malgré les avis de ses collègues qui voudraient bien le voir se calmer. Il entretient sa haine des chasseurs en consultant des sites dénonçant leurs pratiques, quand arrive sous son nez la photo d'une femme blonde, un arc à la main et un lion mort.
Il cherche, éperdu, et trouve cette femme tout en voulant la jeter dans la jungle des réseaux sociaux, qui la lyncheront à coup sûr.
Martin appelle ça « un flagrant délit de meurtre », une psychopathie. Une meurtrière qui de plus se fait photographier, avec son trophée, un animal en voie de disparition !


-Apolline avait reçu en cadeau pour ses 20 ans la chasse d'un lion (la vie d'un lion), en l'occurrence Charles.
Et un arc.
Pourquoi ce cadeau, et pourquoi accepte-t-elle ? le Ministère Namibien déclare le lion Charles nuisible, « problématique » après les plaintes des éleveurs de chèvres, et s'il est possible de se faire de l'argent au passage, au lieu de l'empoisonner, mieux encore. Il est question de beaucoup d'argent, cela tombe bien, le père de la jeune femme est pourri de fric, adorant sa fille et de plus un gros plouc.
Pourquoi accepte-t-elle ? Voilà à mon avis le point faible du récit, elle ne doit pas être très futée, répétant constamment « My god » et « en vrai » ; elle fait les choses pour faire plaisir à son père, ceci n'expliquant tout de même pas qu'elle accepte de tuer un fauve, qu'elle imagine être « son lion ».
« Tu vas les bluffer, les chasseurs de Namibie, » lui dit son abruti de père.
Question : devient-on une tueuse d'animaux sauvages pour faire plaisir à son père ? Quand elle a dix ans, elle a déjà eu le bonheur de tirer sur un animal, et en a reçu le frisson (dans le dialecte des chasseurs, cet acte s'appelle prélever).

-Hondjima, un Himba, amoureux, voudrait lui aussi tuer Charles, pour mériter sa belle et venger son père qui a perdu toutes ses chèvres en une seule nuit, exterminées par Charles. Il veut venger son père, mais, à la différence d'Apolline, il a résolu son complexe d'Oedipe, il sait que le père, ruiné, avait fait de mauvais choix et se contente « d'attendre les indemnités promises par le ministère, en compensation de ses pertes. » Il sait aussi qu'il lui faut autant de courage que ses aïeux en avaient pour se mesurer à un lion.

Avec ces personnages, en employant un chassé-croisé des évènements, entre le mois de mars et d'avril, Colin Niel nous fait visiter le pays des Boshimans, les tresses des femmes, leurs habits, leur manière de se peindre le corps et les cheveux en ocre, leur coquillage de poitrine et leurs bracelets et colliers divers. Il nous présente deux mondes géographiquement opposés, les Pyrénées et la Namibie, avec chacun leurs idéologies : les premiers, conserver les ours autochtones, sauf que le dernier « survivant » que Martin cherche, est introuvable, les deuxièmes, se débarrasser d'un prédateur, le lion Charles.
Le tout, sur fonds de réchauffement climatique, qui prend des allures meurtrières avec la sécheresse en Afrique, et l'appel pour les deux civilisations aux traditions (même si les conditions sont bien différentes, les uns chassant pour survivre, les autres comme passe-temps coûteux).

Ne nous fions jamais à Colin Niel : il expose une situation, et la renverse avec délectation. Nous aussi, bien entendu, prenons plaisir à ce renversement, d'autant que
tous les éléments sont mis en place : le fanatisme d'un écolo qui a au départ raison, la monstruosité de cette jeune ingénue sous la coupe de son père (pour ne pas dire amoureuse de son père !), la sincérité de Hondjima voulant que sa belle l'épouse, car ce sont les hommes qui donnent la dot et seul un acte héroïque pourrait convaincre le père, lui aussi assez riche et enfin, Charles, puissant, résilient, un seigneur sanguinaire dont tout le monde veut sa peau.
Comme, génialement, l'auteur nous a présentés ses personnages sans prendre parti pour l'un ou pour l'autre, nous avançons dans la lecture comme dans une brousse où nous nous efforçons d'apercevoir une crinière noire et deux yeux brillants…avec la difficulté que c'est de suivre la traque en ayant peur et pourtant un peu de longueur sur la fin (vlan, une étoile en moins).
Non, allez, cinq, pour le voyage, et le lyrisme de l'écriture.
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Martin, garde dans un parc national des Pyrénées, est angoissé : plus aucune trace de Cannellito, le seul ours qui a encore un peu de sang pyrénéen. Et ça dure depuis plus d'un an maintenant.

Environ un mois plus tôt, Apolline fête son anniversaire avec son père, ses frères et ses amis. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le cadeau est somptueux : une chasse au lion, qui coûte approximativement 60 000 euros. Si vous êtes comme, moi, vous aurez du mal à comprendre en quoi c'est un cadeau qui peut réjouir une jeune fille de vingt ans. C'est justement la bonne idée.

Une dizaine de jours encore avant, Komuti accompagne son père. À cause de la sécheresse, ils sont contraints de mener le troupeau de chèvres en dehors du village pour trouver de quoi les nourrir.

Trois histoires différentes, racontées en alternance l'une avec l'autre, la première démarrant après le deuxième qui démarre après la troisième. Si vous me connaissez, vous vous en doutez : j'ai grincé des dents. Revenir en arrière pour me repérer, ça m'agace. Mais en fait une fois la logique comprise, je n'ai plus eu de mal avec la chronologie et je me suis laissée happer par l'intrigue.

J'ai aimé le thème du livre, chasse et anti-chasse, un sujet rarement traité. L'auteur rappelle quelques évènements qui se sont réellement déroulés.

J'ai particulièrement apprécié le fait que Colin Niel soit très loin d'être manichéen sur une question qui déchaîne les passions, la chasse aux grands fauves.

Lien : https://dequoilire.com/entre..
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C'est Colin Niel, et son immense talent qui accompagnent mon retour sur Babelio. Entre fauves est un roman noir habilement agencé. Entre Pyrénées et Afrique du Sud, entre ours pyrénéen à sauver et vieux lion à abattre, entre deux passionnés de nature, un anti et une (nantie) pro-chasse, Colin Niel déploie tout ce qui fonctionne bien dans ses romans. Une grande connaissance des territoires foulés, des voix successives (humaines et animales) qui forment un récit choral, une chronologie débridée, une tension insoutenable et un final ironique et judicieux, qui clôt les dernières scènes.
Ce roman s'inscrit dans des thématiques très actuelles où la réflexion sur la cohabitation entre l'homme et l'animal est poussée à l'extrême.
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« Entre fauves » est l'histoire d'une chasse : d'une chasse à l'animal, un lion en Afrique, en Namibie mais également d'une chasse à l'homme, au travers des Pyrénées françaises, dans les vallées d'Aspe et d'Ossau. L'auteur, Colin Niel, offre un thriller écologique, très actuel qui ne peut laisser ses lecteurs indifférents. Première écoute dans le cadre du jury du Prix Audiolib 2023 et c'est une totale réussite.

Tant en Afrique qu'en France, certaines terres sont partagées entre l'Homme et des prédateurs redoutables que sont le lion et l'ours. L'histoire débute par la diffusion d'une photo sur Facebook : celle d'une jeune fille munie d'un arc, près de la dépouille d'un lion. Ébranlant la communauté des anti-chasses (comme j'en fais partie d'ailleurs), un garde-forestier, Martin se fixe la mission de retrouver et d'identifier la chasseresse pour la livrer à la pâture des hâteurs. Mais au final, qui est le chasseur et qui est vraiment la proie ?

Ne comprenant absolument pas l'attrait de cette activité, que certains qualifient de « sport » (hum), j'ai facilement pu m'identifier et m'attacher au personnage de Martin, pour qui la protection de la faune et de la flore constitue une mission primordiale et dont l'identification de la jeune fille en devient une véritable obsession. Insistant particulièrement sur la psychologie de ses personnages, en particulier celle de Martin et Apolline, l'auteur, Colin Niel, en tire un suspens captivant.

L'écoute de ce livre audio est agréable par le fait de l'alternance des chapitres qui se fait par les voix des 4 personnages principaux incarnés par Thierry Blanc, Charlotte Campana, Alexandre Nguyen et Cyril Romoli. Contrairement à un audio-book habituel où l'histoire est généralement contée par une seule voix, cette originalité permet aux lecteurs de mieux s'immerger dans le récit et d'avoir l'impression d'entendre le point de vue de chacun, s'expliquant sur leur histoire personnelle et les circonstances qui les ont menées au résultat final.

Pour les novices en écoute de livre audio, je pense que celui-ci constituerait un excellent départ si vous avez toujours eu envie d'essayer, sans vraiment vous y lancer. En tout cas, moi, il m'a conquise, tant par l'histoire proprement dite que par la qualité des narrations !
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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J'ai eu la main heureuse dans ma sélection lors de la dernière opération Masse Critique "Mauvais genres" de mars dernier. Merci à Babelio et aux Éditions "le Livre de Poche" pour cet envoi. "Entre fauves" de Colin Niel, auteur que je découvre, a absolument rempli toutes ses promesses.

Superbe image de couverture et titre admirablement bien choisi pour un roman choral qui emmène le lecteur des sommets enneigés des Pyrénées aux paysages arides de Namibie. En suivant tour à tour, Martin, garde au parc national des Pyrénées, Apolline, 20 ans, chasseuse de trophée, Komuti, le jeune berger Himba, Charles, le lion et Cannellito, le dernier ours pyrénéen, l'auteur tisse, telle une véritable toile d'araignée, un scénario machiavélique. Profondément inquiète pour la biodiversité et respectueuse de la vie animale, je ne pouvais qu'adhérer à cette histoire où finalement il en faut peu pour que le prédateur devienne proie à son tour.
Colin Niel explique aussi bien les retombées du marché de la chasse aux trophées dans les pays africains, que les difficultés de la cohabitation entre les autochtones et les animaux sauvages. Bien sûr, il évoque également toute la cruauté de cette chasse. En personnifiant le lion et l'ours, il provoque chez le lecteur une émotion amplifiée.

le dépaysement apporté par des décors magnifiquement décrits, l'évocation de sujets actuels polémiques comme la chasse, la protection de la planète et le pouvoir des réseaux sociaux mais aussi des personnages complexes et une tension permanente, tous ces éléments ont fait de ce roman un véritable coup de coeur auquel j'accorde un 20/20. Par certains côtés, l'histoire de ce jeune indigène qui veut tuer le lion pour séduire sa belle m'a rappelé "Le lion" de Joseph Kessel, livre lu dans ma jeunesse et relu maintes fois par la suite, toujours avec le même plaisir.
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Jamais je n'avais lu un Polar dont le point de départ était le meurtre d'un animal... Un groupe d'internautes, nommé Stop Hunting France, recherche une jeune femme accusée d'avoir tué un lion lors d'une partie de chasse. Un garde au parc national des Pyrénées est du lot. Il va tout faire pour la retrouver... J'avoue avoir été un peu dérouté dans un premier temps, puis vite embarqué par ce scénario surprenant, d'autant que les motifs de réflexion sur des sujets très actuels sont nombreux : la chasse en premier, notamment la chasse safari, la disparition accélérée de la faune sauvage, le pouvoir d'action – ou de nuisance – via internet, la responsabilité individuelle et le rôle de régulation que devraient avoir les États. On peut bien sûr se contenter de le lire comme un roman d'aventure, dans les paysages magnifiques des montagnes pyrénéennes au début et à la fin du roman, et dans le nord-ouest de Windhoek en Namibie, lors de la traque du lion.

Dès les premières pages est donné à voir un thriller sans nuance qui semble évoluer vers un dénouement prévisible. Mais ce serait sans compter sans la capacité de l'auteur à introduire de plus en plus de complexité. C'est un roman choral, la parole est donnée à plusieurs narrateurs : à Martin, garde national assermenté vite inquiétant, pour moi, dans ses certitudes ; son collègue Antoine, plus positif mais s'effaçant vite de l'intrigue ; Apolline, la chasseuse à l'arc en partance vers la Namibie pour sa chasse au lion, cadeau de son cher papa pour ses vingt ans ! On a ensuite la vision des évènements en Namibie avec la parole de Komuti, fils d'un éleveur Himba et même le ressenti de Charles… le lion poursuivi à la fois par Appoline et Komuti.

Martin est un anti-chasse viscéral, il passe son temps sur le terrain, à ruminer sur l'extinction des espèces, sur la crise climatique, sur la puissance des lobbies de la chasse et sur les faibles moyens dont il dispose au quotidien – l'auteur, ayant un passé professionnel dans ce domaine, en sait certainement beaucoup sur le sujet. de plus, lui et son collègue ne retrouvent aucune trace de Cannelito, dernier ours avec un peu de sang pyrénéen qui fréquentait la forêt. Alors, quand il trouve sur les réseaux sociaux une photo d'une jeune femme avec un arc devant la dépouille d'un lion, il décide de mener l'enquête et projette de la livrer en pâture à l'opinion publique dès qu'il aura retrouvé sa trace.

Dans la partie qui se déroule en Afrique, Komuti observe ces blancs venus de pays lointains pour la chasse aux trophées, leur mépris pour l'histoire et les coutumes de son pays. Komuti est en concurrence avec Apolline et l'organisateur de l'approche, un allemand nommé Lutz, pour chasser ce lion qui, en anéantissant son troupeau de chèvres, a laissé sa famille sans ressources et sans statut social, lui interdisant tout espoir de se marier avec la belle Kariungurua.

Sont en présence deux attitudes parfaitement opposées et inconciliables avec le risque d'une explosion de violence. Martin est un écoanxieux, agissant seul, vite dépassé par ses convictions, Apolline cherche à plaire à son père, gamine usant d'anglicismes, profitant sans trop réfléchir de leur passion commune pour la chasse... et de l'argent de papa. Les deux sont dans des postures qui ne permettent pas d'accéder à des choses plus justes sauf à un moment très bref, lorsque Apolline entre en empathie avec Kariungurua, l'amoureuse de Komuti. le collier que celle-ci offre à Apolline marque un pont symbolique entre les deux cultures. L'avenir devrait se construire collectivement, dans le respect de la vie, sans ajouter de violence supplémentaire mais lorsque cela n'avance pas assez vite, des individus comme Martin se mobilisent pour le meilleur et pour le pire...

On sent beaucoup de travail pour écrire ce roman avec une envie d'en mettre assez pour convaincre les amateurs de rebondissements, d'action et de poursuites avec quelques soucis de vraisemblance. L'auteur connaît parfaitement la faune et la flore, il est allé sur place en Namibie se renseigner directement – deux pages de remerciements en attestent. Il nous donne beaucoup de détails sur cet arc de chasse à poulies digne des BD d'anticipation : le Mathews AVAIL, son tunnel de visée et ses flèches meurtrières aux pointes Striker Magnum, donnant de l'intensité à l'action, matière à des allers-retours avec la chasse ancestrale et ses arcs rudimentaires.

La fin amène son lot de surprise, un rééquilibrage dont on aurait pu douter au départ, je n'ai pas été déçu... le roman policier et thriller est un genre qui, à côté d'un rythme et d'un récit devant faire monter l'adrénaline, véhicule d'une manière ou d'une autre des idées… Celui-ci, en choisissant le thème de la chasse, de l'utilisation des réseaux internet pour agir, une sorte d'action directe – avec sa violence aveugle – face au manque d'action des États, aborde bien des problèmes de notre époque. Sujets passionnants et risqués, une audace qui n'est pas pour me déplaire et qui m'a conduit à ouvrir des sites proposant des séjours safari. Triste expérience des passions tristes que ces photos de trophées dévoilent…
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Chronique avec illustrations sur Bibliofeel (Photo personnelle de la couverture avec camélias et un titre de musique d'Afrique du sud). Lien direct ci-dessous...
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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