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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Enfin, peu de mois avant l'histoire du cheval de Turin, dans un de ses derniers ouvrages, le crépuscule des idoles, Nietzsche se dévoile !
C'est un homme fascinant, comme le titre du livre. de la même façon qu'il parle de Thucydide, "il faut le suivre ligne par ligne, et lire ses arrières pensées avec autant d'attention que ses phrases".
Qu'y a t-il dans ce livre ?
Bien sûr, il parle des idoles et de leur soi disant crépuscule, mais pas que...
J'ai enfin réussi à me faire une "modélisation-patate" des valeurs de Nietzsche.
Il rejette beaucoup d'idoles, les considérant comme décadents ( le crépuscule ) :
tous les Grecs antiques, et même Platon qu'il trouve peureux, excepté Héraclite ;
tous les saints, car ils appartiennent à l'Eglise et à la morale qui abêtissent l'Homme, en le rendant obéissant et mou, donc décadent ;
Hugo et Zola, ça c'est fort de café !
la plupart des philosophes, car accrochés à la morale, à la vertu, ensemble de règles auxquelles il faut obéir ;
les philosophes anglais et même ses compatriotes Schopenhauer et Kant, pour les mêmes raisons :
l'université, car elle transforme l'Homme en machine ;
.
Alors, quels sont les heureux élus qui trouvent grâce auprès de cet anti_philosophe, de ce défenseur des valeurs viriles, de, oui, la volonté de puissance, et presque des criminels, qu'il qualifie pratiquement de valeureux guerriers rencontrant des circonstances défavorables ?
Thucydide, Horace, les Romains, la Renaissance, Machiavel, Raphael qui, pour lui n'est pas chrétien ;
le Grand Siècle Français, pour sa stigmatisation du prestige et de la grâce ;
Napoléon, qui s'est imposé par dessus la révolution par sa force, sa volonté de puissance, son génie, mais qui, comme tous les génies, marque pour Nietzsche, la fin d'une époque, et le début d'une décadence ;
Goethe et la tragédie, avec sa symbolique sacrificielle, à ne pas confondre avec le "pessimisme geignard" de Schopenhauer.
.
J'aurais pu, comme je le fais d'habitude, retirer une étoile, surtout pour son machisme, mais aussi pour le style de l'auteur. Cependant, c'est un peu mon chouchou, comme Ken Follett, mais pour d'autres raisons.
Sa "pensée-shunt", son style elliptique, ses démonstrations bizarres, ses chutes invraisemblables, surprenantes et souvent incompréhensibles, et ses positions tranchées devraient me conduire à un minimum de sévérité.
Mais l'homme pose de vrais problèmes, ses formules incomplètes interrogent le lecteur et ça, je trouve que c'est une grande qualité, car sa provocation et son anti-conformisme engagent le lecteur à se remettre en question, et à réfléchir...
par exemple :
Contre Darwin, Nietzsche fait l'éloge des faibles, ce qui est rare ; alors qu'à l'opposé, pour Napoléon, il prône la force ;
il agrée Schopenhauer page 140 pour le descendre page 160 ;
Nietzsche questionne la liberté, disant que le socialisme ramollit les hommes par sa libéralité, mais il dit par ailleurs que l'homme libre est l'homme fort ;
il qualifie les Allemands de "lourds" au début, puis de superficiels à la fin ;
il fustige les prêtres et leurs "vérités", et loue les aventuriers...Mais les missionnaires jésuites étaient quelque part, des aventuriers, il n'en parle pas... Ah oui, mais ils obéissaient à un Ordre !
il déteste la révolution pour ses "vérités", ses valeurs d'égalité, et prône l'inégalité, c'est aussi un sujet à creuser...
Quid de Goethe et Napoléon ?
quid de Socrate et Nietzsche ? j'aime les deux, pourtant, ils sont tellement différents !
L'immoralisme prôné par Nietzsche est-il la solution par delà le bien et le mal ?
Enfin, d'après lui, l'Eglise se trompe de beauté : ce n'est pas la beauté de l'âme dont il faut, pour lui, s'inquiéter, mais la beauté du corps.... Evidemment, même si j'adore ce mec, et même si, en tant qu'ancien prof d'EPS je devrais être d'accord pour le corps, c'est l'âme que je privilégie... cependant pas selon la méthode interprétative de l'Eglise qui arrange Jésus à sa sauce...
.
Il y a d'autres choses à dire, c'est tellement riche en 110 pages : )







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Le livre le plus profond jamais écrit.

Une violence dans le propos.

De la lumière dans la pensée.

Des poses de poète, car il en faut.

Une prose interprétée par des gens faux. Car il faut interpréter cet animal. Or comme toute force interprétative, la production qui en résulte dépend de deux facteurs : de ce qui est interprété, mais plus encore de l'interprète.

C'est pour ça qu'on l'a mal lu et qu'on continue de violenter ce pauvre Friedrich. Il s'y était pourtant préparé, sachant qu'un bon lecteur est une pierre précieuse.

Une pensée en fragments sans possibilité de défragmenter l'ensemble.

J'ai lu quelque part qu'on a le Nietzsche qu'on mérite. C'est vrai.
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Une écriture fiévreuse, poétique, mais toutefois consciente. Nietzsche, quelques semaines, avant qu'il ne s'éteigne, porte encore la vivacité et la croyance en la vie, après des années de conquête de cette dernière. Nietzsche, n'est pas qu'un philosophe au coup de marteau, qui détruit tout, même la Tradition. Au contraire, il cherche à revivifier la connaissance qui s'est perdue dans les mistrals froids de l'Hiver. Si Nietzsche critique la morale et notamment chrétienne, c'est parce qu'elle empêche le devenir, qui est le jeu même de la vie. le christianisme s'est éternisé, dans la voie de l'inertie. L'homme a arrêté de créer, de composer avec les formes.

Nietzsche cherche la philosophie pure et authentique. de ce fait, il questionne les a priori, et par revendication de cette philosophie, il prend le droit de revenir sur l' « absolu délégué » de la Tradition qui s'est cristallisé en un joyaux intouchable. Cette méthode qui consiste à questionner les a priori est la généalogie. Notre conception du monde est fondée sur les valeurs. C'est ce qui donne sens, à ce chaos qu'est l'existence. Nietzsche veut la transmutation des valeurs, celles qui auraient foi dans le devenir et la vie. C'est que Nietzsche a constaté que la civilisation était malade, qu'elle renonçait aux mouvements mêmes qu'est la vie. Dans le cas Wagner, il déclara que l'art wagnérien est malade, ce qui est le diagnostic de la modernité. Il dira même « la musique devenue Circé ».

L'auteur ne se sent pas ni une exception, ni supérieur par rapport aux autres hommes. Il se sait lui-même nihiliste, mais « le philosophe en lui protestait ».

Le Crépuscule des idoles sonne la fin de cette vénération des valeurs amoindrissant la vie. Nietzsche s'attaque à Socrate et à Platon qui distingue le monde sensible et le monde intelligible. Il promeut le monde intelligible, des idées, en révolte contre ce monde sensible. Ce qui est une forme de nihilisme, de fuite de la vie. Et de même, pour tous qui est mis en question ( Schopenhauer, les moeurs allemandes…le christianisme) sous le scalpel de la critique, du soupçon et de l'interrogation.

Nietzsche attend juste que l'homme, exprime dans son oeuvre ( civilisation, valeurs), l'amour pour la vie, une conquête, une soif de vivre. Comme le danseur qui s'est cassé les deux jambes, il faut qu'il danse à nouveau.

Renverser les valeurs, c'est les détruire. Mais c'est reconstruire, quelque chose de novateur, quelque chose de plus léger, de plus gai, de plus vivant. C'est surmonter le virage tragique de la vie, et le dépasser, toujours plus vite, toujours plus fort. C'est se grandir par ce qui nous intensifie. Ce peut être, la création, la joie, la connaissance… Etre chevalier pour la vie, n'est-ce pas là que devrait être toute morale et tout combat ?
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La synthèse de la dernière pensée de Nietzsche. Pas une phrase inutile. La profondeur la plus terrible à chaque page. Et beaucoup d'humour. Fantastique.
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