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C'est le titre qui a retenu mon attention : "Le gai savoir" car c'est aussi le nom que porte l'école de devoirs (1) dans laquelle je suis bénévole. Je voulais savoir s'il y avait un rapport quelconque entre les deux.

C'est le premier livre de Nietzche que je lis. Au cours de mes études, je n'ai étudié que des notions destinées à la culture générale de tout un chacun.

Je ne m'attendais pas du tout à trouver toute une liste d'aphorismes, de pensées courtes.

Nietzsche s'y s'interroge, à travers cinq livres (Edition de 1887), sur des sujets tels que la morale qui étouffe les individus, les femmes, l'art , Dieu (Dieu est mort) , affirmation de la vie et création de nouvelles valeurs. Il tente de cerner le caractère de l'être humain et d'identifier les maux dont souffre « l'Européen ». le gai savoir, c'est la récompense d'un effort continu, opiniâtre, souterrain. Nietzsche est à la recherche d'une science au service de la vie, libre de tout esprit religieux.

Et cela correspond donc à la définition d'une école de devoirs.

(1) Qu'est-ce qu'une école de devoirs ? (Belgique francophone)
Face à la société actuelle qui est de plus en plus inégalitaire et excluante, le secteur EDD vise l'épanouissement global de l'enfant. Pour cela, les EDD mènent des projets qui contribuent à faire des jeunes accueillis de futurs citoyens actifs, réactifs et responsables, capables de poser un regard critique sur le monde qui les entoure et d'en comprendre le fonctionnement.
Une Ecole de Devoirs :
- accueille les enfants du primaire (6-12ans) et/ou les jeunes du secondaire (12-18 ans) en dehors des heures d'école
- accompagne et soutient les enfants/jeunes dans leurs différents apprentissages (scolaire, et aussi social, citoyen, culturel)
- qui développe un projet d'accompagnement global, grâce à un travail pédagogique, éducatif et culturel développé par une équipe d'animation qualifiée et indépendante des établissements scolaires
- est en lien avec la famille, l'école et les autres acteurs (scolaires et sociaux) présents dans la vie de l'enfant/du jeune
- vise l'épanouissement et l'émancipation sociale de l'enfant/du jeune.
w ww.ecolesdedevoirs.be
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Néophyte en matière de philosophie et de grand auteur, j'avais rassemblé ma concentration pour me donner toutes les chances de saisir la pensée de Nietzsche. J'ai été déstabilisé par le manque de liant entre ses pensées et sa réflexion. La lecture m'a laissé la sensation, pour paraphraser le titre d'une oeuvre de Jean D'ormesson, de presque rien sur presque tout. Une partie de son discours passerait très mal aujourd'hui. Toutefois, j'ai pris du plaisir à le replacer dans son contexte social et historique. Je reste sur ma faim, mais pas découragé par la perspective de poursuivre mon voyage en terre philosophique.

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« (…) nous n'oserions jamais nous permettre de parler de notre « amour de l'humanité » –  nous ne sommes pas assez comédiens pour cela ! (…) L'humanité ! Parmi toutes les vieilles femmes, y eut-il jamais vieille femme plus horrible ?  »

Dans le Gai Savoir, le bonheur de Nietzsche ne rime pas forcément avec bienveillance. L'humanité peut être la cible de sa joie féroce, de ses passions qui s'expriment emphatiquement, à coups de points d'exclamation !

Précisons rapidement que ce philosophe excité risque d'agacer le lectorat moderne avec la misogynie assez criante de son recueil (par exemple, la féminité se retrouve à un moment synonyme de lâcheté). Mais Nietzsche s'en prend un peu à tout le monde, notamment à Schopenauer et à son concept de pitié. Ici, la pitié est définie comme un désir de souffrance impersonnel, tourné vers « l'affaiblissement de la vie » et empêchant donc d'exister, de penser par soi-même. Nietzsche rejette ce sacrifice de soi, et s'attaque ainsi à un point névralgique de la morale chrétienne.

A cette morale, il oppose l'égoïsme de celui qui ose « tenter le diable en parlant de (s)on bonheur ». Il refuse de voir d'une façon négative le fait de privilégier son épanouissement personnel : « Et tant que d'une manière ou d'une autre vous aurez encore honte de vous-mêmes, vous ne serez pas encore des nôtres ! ». Nietzsche chante ainsi la gaieté insouciante de celui qui veut « créer pour lui-même son propre soleil ». D'où l'éloge du polythéisme contre le monothéisme : inventer chacun sa propre divinité vaut mieux que de se soumettre à une idole commune. Le gai savoir revient à suivre notre propre voie, pour y découvrir ce que nous-seuls pouvons connaître, ce qui n'appartient qu'à nous.

Au bout du compte, Nietzsche est-il vraiment méchant ? Oui, puisqu'il le revendique. Mais dans une perspective quelque peu darwinienne. La remise en question « méchante » des modèles existants doit permettre la naissance d'esprits critiques qui sont autant de nouvelles formes de vie : « Lorsque nous critiquons, cela n'est en rien arbitraire ni impersonnel, – c'est, très souvent tout au moins, une preuve qu'existent en nous des forces vivantes qui font pression et sont en train de percer une écorce. Nous nions et devons nier parce que quelque chose en nous veut vivre et s'affirmer, quelque chose que nous ne connaissons peut-être pas encore, ne voyons pas encore ! ». Car Nietzsche exalte le savoir dans la perspective de surmonter le nihilisme et le positivisme scientifique aveugle (puisque ignorant les autres visions du monde) dans lesquels le déclin des valeurs judéo-chrétiennes menace de plonger l'Europe. C'est pourquoi il ne se réjouit pas (du moins pas trop vite) de ce qu'il définit dramatiquement comme « la mort de Dieu ». En effet, si Dieu est mort, chacun doit porter « le poids le plus lourd » : acquérir assez de force pour établir sa propre morale. Une force qui permettrait de souhaiter que chaque instant de sa vie puisse revenir éternellement.

Pourtant, Nietzsche déclare que chaque moment de joie ne se produit qu'une fois. Est-ce une contradiction… ou une preuve supplémentaire de la puissance d'imagination nécessaire pour surmonter la finitude des choses et voir en chacune d'elles l'Éternel Retour ?

L'imagination en question ne saurait être romantique, car Nietzsche déclare que ce mouvement est impulsé par une faiblesse mortifère, par opposition à la fièvre dionysiaque, qui cherche un exutoire à son excès de vie. À ce stade, je trouve que l'auto-contradiction devient trop évidente pour être ignorée et nous laisser porter par la voix exaltée du philosophe. Car même si l'on ne connait pas la biographie de Nietzsche, il est difficile de ne pas remarquer ici ses allusions quant à son propre déclin physique, qui entrent en résonance avec son appel final à la « grande santé », où les "Argonautes de l'idéal" voguent vers la beauté et la connaissance. On observe là, incontestablement, une nature romantique, selon la propre définition de ce livre. Autrement dit, même en appelant à dépasser le romantisme, Nietzsche s'y inscrit encore. Et ce d'autant plus par sa sensibilité non dépourvue d'idéalisme, qui rejoint une définition plus classique du romantisme. Malgré son regard sans cesse tourné vers la Grèce antique, Nietzsche fait donc face aux limites (humaines, trop humaines) de sa vision marquée par les tendances dominantes de son temps… et il en est sans doute conscient ! Comme le prouve ce passage (toujours romantique) : « Il faut être très léger pour pousser sa volonté de connaissance jusqu'à un point si lointain et comme au-delà de son époque, pour se créer des yeux qui puissent embrasser des millénaires et ajouter à cela du ciel pur dans ces yeux ! »

À l’évidence, Nietzsche est autant poète que philosophe. On trouve d'ailleurs des vers de son cru en introduction du recueil - dont un surprenant haïku :

« Glace lisse
Un paradis
Pour qui sait bien danser. »

Comme un patineur, Nietzsche virevolte entre les rôles de philosophe et d'artiste, se riant de leurs prétendues frontières. Ainsi est-il aussi comédien (malgré la citation en ouverture de cette critique) : « Finalement, la philosophie d'un artiste a peu d'importance si elle n'est justement qu'une philosophie en supplément et n'occasionne aucun dommage à son art lui-même. On ne saurait trop se garder de s'emporter contre un artiste en raison d'une mascarade occasionnelle, peut-être fort malheureuse et prétentieuse ; n'oublions pas en effet que ces chers artistes, tous autant qu'ils sont, sont et doivent nécessairement être un peu comédiens, et qu'à la longue, sans comédie, ils n'y tiendraient plus. ». Il n'y a donc pas lieu de lui reprocher ses égarements. Mieux vaut danser avec lui maintenant !
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C'est l'un des ouvrages les plus connus de Nietzsche, enfin ! au moins le titre... le philosophe nous fait part, ici, de sa traversée difficile dans des océans de douleurs et de souffrance, puis comment il en est ressorti bien plus fort et plus profond qu'auparavant. Il s'agit toujours d'un grand oui à la vie même si l'idée du suicide pointe son nez par-ci par-là dans certains paragraphes. C'est dans ce livre, aussi, que le concept d'éternel retour fait sa première apparition. Il n'en reste que c'est l'un des livres majeurs du philosophe vitaliste, et qu'il ne faut pas le lire à la légère comme on lirait un roman de gare par exemple dixit Nietzsche lui-même sous une forme allégorique pareil à son habitude, à la toute fin du volume.
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Prélude au "Ainsi parlait Zarathoustra", cet essai est constitué d'une série d'aphorismes sur les thèmes favoris de l'auteur : critique de la moralité et de l'instinct de troupeau, l'art, la mort de Dieu, valorisation de l'instinct de vie,... Nietzsche nous entraîne dans beaucoup de domaines et requiert notre attention sur de nombreux points. Sans doute un peu trop pour moi, il y a certains thèmes qui ne m'ont pas particulièrement intéressé, et d'autres sujets qui ne me paraissent plus d'actualité à notre époque.

Le titre du livre est bien choisi : c'est bien la gaieté qui anime Nietzsche en rédigeant ce texte. Même si l'auteur sollicite notre réflexion en permanence, la lecture est très agréable.
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Tout a été dit sur Nietzsche, tout et n'importe quoi...
Mais peu importe
et peu lui chaut,
à lui pour qui
'le contraire de la vérité n'est pas le mensonge mais les convictions'
Jolie formule...
tellement juste.
En ce qui concerne le savoir,
(vous le savez certainement)
chaque fois que je vais à Orta, je me souviens de Frédéric
qui ramant avec son ami Paul Ree sur le lac
demanda à Lou Andreas -Salomé de l'épouser,
elle refusa,
pour succomber aux plaisirs de la chair avec Rilke
après avoir été la compagne de Kokochka,
et de finir ses jours avec Freud.
Beau parcours...
© Mermed
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Un Gai savoir ? le titre est déjà évocateur de la philosophie nietzschéenne. Contre une tradition, qui associe le savoir à un bien désintéressé, en corrélation avec la morale ascétique, Nietzsche lève l'étendard du gai savoir. La question se pose au lecteur : existe-il un « gai » savoir, et au juste qu'est ce qu'un « gai savoir » ?
La tradition de la pensée philosophique a pris trop au sérieux l'objet de connaissance, la vérité. Elle a relégué la connaissance dans une forme immuable, rigide, niant par là l'élasticité même de la vie. Nietzsche nous dit qu'il faut préférer la légèreté, à l'image de la vie qui ne sait pas se figer.
La connaissance désintéressée nie purement la vie d'où le fait « qu'il est impossible de vivre avec la vérité ».
le Gai savoir est un savoir au caractère vivant, non réductible à des propositions vraies. Il est gaieté d'esprit par opposition au nihilisme que Nietzsche voit dans la tradition platonicienne. Comme on le voit aisément dans la préface de ce gai savoir, le gai savoir est une « victoire sur l'hiver », une guérison, une justification de la vie. Nietzsche invite ainsi à entrer dans l'univers du Gai savoir. Un univers complexe, poétique, dionysien qui joue avec les formes.
Entrer dans le gai savoir ? Il n'y a pas de guide, pas de sud, pas de nord. Nietzsche laisse déployer par fragments, sa pensée. le lecteur est seul face à cette désorientation de la pensée, face à ce qu'il pensait, de la vérité avec tant de fermeté. C'est que la philosophie authentique pour Nietzsche est un questionnement radical. La pensée traditionnelle était jusque là superficielle, n'osant pas remettre en cause l'absolu délégué de la tradition dès Platon.
le Gai savoir postule qu'il n'y a que des interprétations produites par nos pulsions. La réalité n'est qu'apparence et ne peut être qu'interprétée. Son interprétation est perspectiviste : elle est restreinte par des valeurs qui conditionnent à un nombre limité de points de vue. Autrement dit, la vie est jeu d'apparence et d'interprétations, et par là, la vie est art. Car l'art modèle les formes, les transforment. La vie est au coeur même d'un jeu de métamorphose.
Lire le Gai savoir aujourd'hui ? A ceux qui trouvent le savoir ennuyeux, inutile, osez donc ouvrir ce livre célèbre de Nietzsche qui vous désillusionnera de l'inertie perçue dans la connaissance. Non la connaissance n'est pas inutile, non la connaissance n'est pas rigide, la connaissance permet au contraire un approfondissement de la joie, une justification de la vie.
A ceux qui veulent aller au-delà des « on dit » sur Nietzsche, bien des préjugés peuvent tomber comme celui d'un philosophe à coup de marteau, critiquant la tradition, voulant se distinguer. le prototype de l'aristocrate. Mais c'est que Nietzsche avait compris que l'audace est affirmation de soi. Car l'audace nietzschéenne est justement une affirmation de la vie. Une vie légère, riante, dansante, chantante, comme le printemps s'annonçant après « une victoire sur l'hiver. »
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D'abord enthousiasmé par cet essai de Nietzsche, j'ai peu à peu décroché de la pensée qui m'était proposée. A la décharge de ce livre, je venais de lire "Ainsi parlait Zarathoustra" peu avant celui-ci. Nietzsche n'étant pas un "übermensch", il ne pouvait être capable de naviguer dans des sphères philosophiques exceptionnelles tout au long de ses publications.


"Le gai savoir" fait partie de ses rares essais qui me paraissent presque convenus, tant dans la forme que dans le fond. Néanmoins, le livre reste intéressant et, de par son format, peut constituer une approche valable pour découvrir une partie de la pensée du philosophe allemand.
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On découvre ici plus précisément le Nietzsche poète, puis le philosophe qui se laisse aller à des fulgurances, ou des pensées plus précises, des analyses. Il est question des réalistes, du remord, de l'amour, de la conscience, de la physique et de la connaissance, pour ne citer que quelques-uns des centaines de sujets abordés. Une lecture agréable et appréciable pour qui veut avancer vers une vérité.
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Ma pensée en terminant le livre :
"À étudier de toute urgence"
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Bonne lecture... 🌻
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Je me suis superbement ennuyée en ajant l'impression de ne rien apprendre. Prétention de ma part ou bien je suis passée à côté de quelque chose ?
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