Ne vous fiez pas à la couverture un peu kitschouille qui sent la fantasy lambda : on en est loin, ici, et si
Justine Niogret emprunte quelques ficelles au genre, on n'est pas même vraiment dans la fantasy. Plutôt quelque part entre le roman historique, le conte et l'épopée à l'ancienne, dans un univers médiéval bien réel quoique indéfini et teinté d'une touche de fantastique. Ce fantastique qui fait la trame des légendes, qui parle de l'essence même du monde.
Ce ne sont d'ailleurs pas les faits d'arme qui intéressent l'auteur mais plutôt un univers - la fin d'une Europe païenne et sauvage basculant peu à peu sous le joug civilisateur du christianisme. Son ambiance, les lieux dont il est constitué, les gens qui y vivent, leur mode de vie et de pensée.
Cet univers-là, elle nous le donne à voir, à sentir, à toucher, par une langue sensuelle et puissante, une langue qui sait faire médiéval sans recourir à l'artifice, si facilement lourd, du parler médiéval. Un riche lexique ancien, un ton bien particulier nourri de comparaisons foisonnantes, suffisent à créer l'illusion et à nous y plonger tout entiers. Ce style est l'un des deux grands points forts du roman, avec ses beaux personnages, tous très forts et très justes. Avec sa vilaine trogne, sa hargne de mercenaire qui n'aime pas la guerre mais ne sait rien faire d'autre, sa solitude immense et son immense dévouement pour les rares personnes qui savent toucher son coeur,
Chien du Heaume est de ces trop rares personnages féminins qui savent toucher le mien.
Si à côté de tout ça le scénario comporte peut-être quelques faiblesse, elles restent à mes yeux bien mineures et n'ont nullement empêché ce roman d'entrer illico au rang de mes coups de coeur. Je vais me procurer la suite - car suite il y a - avec la plus grande impatience !
Lien :
http://ys-melmoth.livejourna..