Éphrem de Nisibe ou encore Éphrem le Syrien, auteur et poète chrétien du IVe siècle, nous a laissé un commentaire du Diatessaron, cet Évangile unique composé au IIe siècle à partir des quatre Évangiles. C'est une excellente illustration de l'interprétation des Écritures par les Pères des premiers siècles chrétiens et permet de comprendre le regard qu'ils portaient sur elles.
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Louange à toi, fils d’une substance cachée, parce que, par les plaies cachées et les tourments d’une femme affligée d’un flux de sang, ta guérison cachée était annoncée, et les gens voyaient la divinité invisible à travers une femme visible. Tandis que le Fils guérissait, sa divinité apparaissait et la guérison de la femme atteinte d’un flux de sang manifestait sa foi. Elle faisait de lui l’objet de sa prédication, mais elle était elle-même prêchée avec lui; vérité et hérauts de la vérité étaient ensemble proclamés. De même que cette femme était témoin de sa divinité, il était, lui, témoin de sa foi.
La femme lui a donné sa foi en gage et, en récompense, il lui a donné la santé. La foi de la femme ayant été publique, sa guérison fut prêchée ouvertement. Parce que la puissance du Fils avait brillé et qu’elle l’avait magnifié, les médecins et leurs remèdes furent confondus. Il apparut combien la foi dépassait l’art, et la puissance cachée les remèdes visibles. Avant que ne soient exposées les pensées de la femme, Notre-Seigneur les a connues, alors qu’on croyait qu’il ne connaissait même pas cette personne. Elle avait interrogé les disciples, qui cherchaient un prétexte pour la mépriser. Mais le Seigneur ne permit pas à ses disciples de la mépriser. Il semblait ne pas savoir, puisqu’il demanda qui l’avait touché (Lc 8, 45); il était pourtant conscient des choses secrètes, lui qui ne l’a guérie qu’à cause de sa foi en lui. Il a vu d’abord la foi cachée de la femme; ensuite il lui a accordé une guérison manifeste. S’il voyait une foi invisible, combien plus une humanité visible.
Les pharisiens et les scribes murmurent, et disent que vous mangez et buvez avec les pécheurs et les publicains (Lc 5, 30). Et Notre-Seigneur répondit: Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades, et je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs (Lc 5, 31-32). Sans aucun doute, il y avait en Israël des gens sains et justes; ce n’était pas à eux surtout que s’adressait l’effort ardu de Jésus en vue de guérir les hommes et de les justifier. Parmi les païens eux-mêmes, il y avait aussi des gens sains et justes aux yeux du Créateur. Ce ne sont pas eux qui ont le plus urgent besoin de celui (le Christ) qui vient maintenant, car "ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin", ni les justes de la grâce.