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Flavia Bondi (Illustrateur)
EAN : 9781506714950
112 pages
Berger Books (09/06/2020)
4/5   1 notes
Résumé :
Kill Time Till Time Kills You. A neo-noir tale of love, memory and murder from legendary writer Ann Nocenti (The Seeds, Daredevil) and rising Italian artist Flavia Biondi (La Generazione) making her American comics debut.

Ruby Falls is a sleepy town. But sleep brings nightmares, and 20-something Lana is about to wake up in the middle of her hometown's biggest secret: the "disappearance" of Betty Gallagher, who was infamous for her progressive ways dur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il comprend les 6 épisodes, initialement parus en 2019, écrits par Ann Nocenti, dessinés et encrés par Flavia Biondi, avec une mise en couleurs réalisée par Lee Loughridge.

Lana Blake et Blair, deux jeunes femmes, sont en train de s'entraîner au trapèze, dans un stade en plein air. Lana décide de se lâcher pour que Blair la rattrape, alors que cette dernière a indiqué qu'elle n'était pas encore prête. La première n'arrive pas attraper les mains de la seconde, et celle-ci se reçoit dans le filet tendu en dessous. Blair lui fait remarquer que la confiance ne fonctionne pas comme ça, et qu'elle a besoin d'avoir confiance en elle. Lana répond qu'elle peut avoir confiance en elle, jusqu'à temps que les eaux deviennent rouges, une référence au nom de la ville Ruby Falls, dont les eaux de la cascade se teintaient de rouge du fait de la proximité d'une mine. Dans l'après-midi, Lana va rendre visite à son père, boucher de son état : ils discutent sur le trottoir devant sa boucherie. Ce dernier lui propose à nouveau de venir travailler dans sa boutique, mais elle lui rappelle qu'elle est végétarienne, et que l'enseigne est Blake & Fils. le facteur arrive avec du courrier et se plaint de l'agressivité de la chienne Queenie, attachée avec une laisse à la boîte aux lettres sur le trottoir. Puis Lana va rendre visite à sa grand-mère Clara dans sa maison de retraite.

Lana commence par saluer Sally qui est en train de tricoter sur le perron. Puis elle se rend à la chambre de sa grand-mère. Après l'avoir saluée, Lana lui demande si elle a commencé à écrire ses mémoires. Clara lui répond que non, car au fur et à mesure que le temps passe, la mémoire polit les souvenirs et les rend trompeurs. Lana évoque l'exercice qu'elle a fait le matin avec Blair, celui où l'autre trapéziste doit rattraper son partenaire, et elle ne l'a pas fait. Puis elle indique à sa grand-mère qu'il est temps pour Clara de parler pour sa vidéo du jour, afin de se souvenir. Sa grand-mère se lance : un commentaire sur la nature éphémère des plantes, l'inutilité donc de les arroser, puis elle continue en parlant de Lana. Cela l'amène à évoquer un souvenir : la façon dont monsieur Gallagher s'est débarrassé de sa femme, l'a éliminée. Il était dans son bar, et il venait de perdre aux courses, ce qui l'avait mis de mauvaise humeur. Lorsque sa femme est rentrée dans le bar désert, il l'a frappé sous les yeux de Clara, alors une fillette, assise par terre. À l'époque, le bar était interdit aux femmes. Betty Gallagher est tombée morte sur le sol, et son corps a été emmené. Monsieur Gallagher a obligé Clara à éponger le sang, et laver le sol, un travail de femme. Betty n'aurait jamais dû se trouver dans le bar : ce qui lui est arrivé était sa faute. Claa s'est agitée en racontant ses souvenirs, et un infirmier est obligé d'intervenir pour la calmer. Une aide-soignante pris Lana de partir. En raccompagnant Lana, elle lui dit que la démence génère souvent de faux souvenirs. Lana part et va saluer sa mère qui est la propriétaire du bar en question.

Ann Nocenti a laissé son nom dans le monde des comics, en tant que responsable éditoriale de la série Uncanny X-Men lorsqu'elle était écrite par Chris Claremont, et comme scénariste d'excellents épisodes de Daredevil, par exemple Daredevil Epic Collection: A Touch of Typhoid . Elle profite ici du retour de Karen Berger comme responsable éditoriale pour Dark Horse Comics, pour écrire cette histoire. Dans la postface, elle indique qu'il s'agit d'une collaboration qui doit beaucoup à l'artiste. Elle raconte l'histoire d'une enquête sur une femme morte de violence conjugale il y a de cela plusieurs décennies, ce qui fournit la dynamique du récit. C'est aussi l'histoire de Lana Clarke, jeune femme ne sachant pas trop quelle direction donner à sa vie, entretenant une relation avec Blair, visitant régulièrement sa grand-mère. Il s'agit d'une jeune femme débrouillarde qui sait demander l'aide de Raymond, un ancien camarade de classe, qui n'a pas peur même après s'être fait agresser un soir par des individus inconnus, et laissée inconsciente sur le trottoir pendant toute la nuit. Elle se lance dans cette enquête, se persuadant elle-même qu'il s'agit bien d'un meurtre, entraînant Raymond dans son sillage, rendant sa grand-mère agitée. Il s'avère que cette histoire est aussi celle de sa grand-mère, avec la probabilité d'un événement traumatique refoulé, et un écho déformé chez sa petite fille, persuadé de la réalité d'un de ses souvenirs (elle montant à cheval alors qu'elle était encore une petite fille), comme une répétition de schéma déformé. L'une comme l'autre ne sont pas parfaites, mais elles sont attachantes.

Flavia Biondi est une artiste italienne qui dessine des silhouettes un peu épurées dans lesquelles il est très facile pour le lecteur de se projeter, évoluant dans des environnements consistants, représentés avec un trait fin pour faciliter la lecture. Elle représente les visages de manière simplifiée, en y infusant une belle expressivité, et des traits de visage singuliers, que ce soit les sourcils épais de Lana, les rides de Clara et de Marty Byrne, celles un peu moins profondes mais bien visibles de Greta (la mère de Lana) et de son ex-époux. Elle taille les silhouettes en fonction des individus, plus vives et élancées pour Lana et Blair, plus tassée pour Clara, plus étoffées pour les policiers, avec à chaque fois des tenues vestimentaires adaptées, que ce soit à la fonction avec les uniformes de police, ou que ce soit entre les vêtements plus jeunes de Lana, plus aguichants pour les costumes de scène de Blair, ou plus stricts pour Greta. Grâce à la direction d'acteurs, le lecteur perçoit facilement l'état d'esprit de chaque personnage : le caractère pas facile de Lana, le pragmatisme de Blair, la gentillesse de Raymond, la dureté de Greta, la réserve du père de Lana, la fluctuation de ceux de Clara, passant de souvenirs clairs à un état désemparé quand son esprit se met à vagabonder.

Alors que les dessins donnent l'impression d'une apparence tout public, et d'une narration visuelle légère, le lecteur se rend vite compte que l'artiste investit du temps pour décrire les lieux. Elle le fait en détourant les formes avec un même trait très fin et discret, mais la densité d'informations visuelles est élevée. Les trois premières pages avec le trapèze volant ne permettent pas de s'en rendre compte. Par contre, dès la page 4, le lecteur voit le bout de trottoir avec la boucherie, sa devanture, la façade des immeubles avoisinants, et la petite impasse. La représentation est simplifiée, mais sans être naïve. Il ne s'agit pas d'un rendu photographique, mais les éléments de décors ne se limitent pas à des parallélépipèdes rectangles en guise de bâtiment. Il y a des façades différenciées, des stores, une enseigne en forme de lunettes de vue, des cordes à linge dans l'impasse, un rideau de fer, etc. dans ces 3 pages. Dès la page suivante, le lecteur voit que l'architecture et la façade de la maison de retraite ne ressemblent pas à celle de la boucherie. L'aménagement intérieur de la chambre de Clara reflète à la fois une pièce fonctionnelle, à la fois la manière dont elle se l'est appropriée avec des plantes, des images accrochées au mur, etc. Par la suite, le lecteur retrouve cette façon particulière de rendre compte des lieux et des objets de manière très propre et un peu simplifiée, sans sacrifier aux particularités : la grande salle du bar où se déroule l'altercation, la salle principale de la bibliothèque avec ses stores vénitiens, le bar à striptease où se produit Blair avec un agencement différent du bar de la mère de Lana, le petit jardinet de l'immeuble où habite Blair, la zone jonchée de déchets où se trouve la caravane de Marty Bryrne, etc., sans oublier les petits détails comme la poignée porte-cannette d'un mauvais à goût à toute épreuve, utilisée par Marty Byrne.

La narration visuelle s'avère à la fois d'une réelle douceur, et d'une richesse insoupçonnée, très agréable pour le lecteur, sans dramatisation qui prendrait ses sentiments en otage. Ann Nocenti raconte donc une simple enquête qui trouve une résolution en bonne et due forme au cours de l'histoire. Elle révèle une partie de ses intentions en incluant une citation en début de chaque chapitre, de Mark Twain, Dorothy Parker, Rita Mae Brown, Jane Jacobs. Elle joue avec des dispositifs narratifs de miroir, comme la fiabilité relative de la mémoire de Clara, et celle remise en cause de Lana, avec cette sensation persistante d'avoir fait du cheval de manière autonome en étant une fillette, alors que sa mère est persuadée du contraire. Bien évidemment elle évoque également la condition féminine : la place de la jeune Clara au bar, le sort de Betty Gallagher qui avait des amants, le caractère de Greta (fille de Clara, mère de Lana) qui toise son ex-mari d'un air méprisant en rappelant que c'est lui qui portait le tablier dans le couple. En filigrane, il apparaît également que c'est l'histoire d'une jeune femme qui lutte pour s'affirmer dans le fonctionnement systémique d'une société. Tout l'enjeu pour Betty Gallagher était de pouvoir vivre comme bon lui semble, dans une société masculine au mieux la jugeant comme une fille légère, au pire la maltraitant. Curieusement, Lana se retrouve également confrontée à au fonctionnement systémique de la société contemporaine. Ce qui lui pose difficulté, ce ne sont plus les interdits et les jugements moraux, mais au contraire, paradoxalement, un champ des possibles très ouvert, ne lui permettant pas de se construire contre quelque chose, l'obligeant à construire sans guide, sans ligne directrice imposée ou proposée.

Les créatrices racontent une enquête avec des dessins doux, agréables et riches, permettant au lecteur de se projeter aux côtés de Lana, une jeune femme, et de Clara sa grand-mère, dans une petite ville de province. La qualité de la direction d'acteurs permet au lecteur de se sentir très proche des personnages, de leur état d'esprit. Bien sûr les principaux personnages sont féminins, et il y a un questionnement sur leur épanouissement, mais la problématique n'est pas exclusive et interroge tous les lecteurs.
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