Feux de camp. Caravanes sans roues rescapées des fourrières. Des visages par milliers, d'Afrique du Nord, d'Afrique noire, d'Asie et du Moyen-Orient. Des chiens errants, la queue entre les jambes. Des chants d'enfants. Une musique pop pakistanaise quelque part au loin. Des relents de poubelle se mélangent aux odeurs de cuisine. Quelques humanitaires aux têtes blondes portant des tee-shirts de la Croix-Rouge, de Médecins sans Frontières ou d'autres associations dont Bastien n'avait jamais entendu parler. Des hommes en djellaba et à la barbe longue, d'autres en jean, cigarette et bière à la main, pas de femmes, quelques gamins seuls, sales, souriants, se courant après. .
Rien ne correspondait aux références de Bastien. Nouveaux sons, nouvelles odeurs, nouveaux types de visage. Il fut saisi d'une légère sensation de déséquilibre interne.
A la fin, il faudra regarder tout ce qu’on a accepté de faire. Et ce jour-là, je refuse d’avoir honte. (p. 306)
Bêtement, elle envia un instant cette femme pour qui Adam avait traversé la planète. Sa peine, sa rage et une certaine peur sourde affleuraient à la surface de chacun de ses gestes, chacune de ses décisions, de ses respirations, avec un espoir infini comme tout moteur. Elle le trouvait profondément touchant, émouvant, séduisant.
Coincés entre la vie terrestre et céleste. Comme bloqués entre deux mondes. Ils me font penser à eux, oui. Des âmes, entre deux mondes.
On fait comme on peut avec ce que Dieu veut bien nous donner.
A la fin, il faudra regarder tout ce qu’on a accepté de faire. Et ce jour là, je refuse d’avoir honte.
Les migrants recommenceraient demain. Les flics seraient au rendez-vous. Le manège durait depuis plus d'un an.
Ici (dans la Jungle de Calais) il ferait profil bas et bâillonnerait sa morale.
- Si on les appelle des zombies (aka les migrants), c'est pour les déshumaniser, parce que notre seule mission c'est de tirer sur des hommes, des femmes et des gosses qu'on devrait normalement protéger.
- Alors pourquoi vous continuez ? Un ordre immoral ça se refuse 'on ?
- Mais parce qu' on veut continuer. Ces camions, ces sociétés de transport, c'est l'économie de notre ville.
Tu réalises qu’on n’a pas le choix ? On serait des connards égoïstes, on y survivrait, mais là, c’est juste impossible. C’est facile d’oublier quand ça passe aux infos, mais quand ça débarque dans ton propre salon ?