Cet opus déjà ancien de Nothomb est très particulier. En effet, cette oeuvre de fiction est exclusivement composé d'interviews d'un écrivain célèbre par des journalistes. Donc le texte du roman se réduit essentiellement à de longs dialogues. Dans ces échanges, l'auteure s'en donne à coeur joie et prouve qu'elle est la reine des formules à l'emporte-pièce: ça pétille, et seul un lecteur constipé refuserait de sourire, voire de rire aux éclats, pendant sa lecture.
L'écrivain célèbre, prénommé Prétextat (!) est un monstre adipeux, mais imbu de sa personne, insaisissable, tranchant, cultivant systématiquement le paradoxe. Lui, qui refusait jusqu'ici le contact avec le monde médiatique, a décidé de sortir de sa retraite car une maladie incurable lui laisse peu de temps à vivre. Il ne fait qu'une bouchée des premiers journalistes (des hommes, en l'occurrence) qui, humiliés, abandonnent la partie. Mais ensuite une femme journaliste lui donne beaucoup de fil à retordre. Elle ne se laisse pas démonter par l'agressivité abrupte de son interlocuteur, en ferraillant sans complexes avec lui. Mais surtout elle trouve l'angle d'attaque adéquat: pourquoi l'un de ses romans, intitulé "
Hygiène de l'assassin", est-il resté inachevé ? En remontant ce fil, la journaliste oblige l'écrivain à évoquer son étrange passé d'adolescent et, finalement, à avouer ce qu'il a toujours caché. C'est bien vu, à mon avis !
Alerte, provocant, ce livre mérite l'intérêt des fidèles d'
A. Nothomb. Pour ma part, je ne suis pas vraiment un fan de cette auteure, dont je me lasse assez vite. Pour tout dire, la fin du roman m'a semblé un peu laborieuse, traînant en longueur, incapable de me faire sourire.