_maître pouvez vous définir les mathématiques?
_c'est ce que font les mathématiciens!!
Comment ce gros bourgeois de Fraterniss a-t-il pu comprendre tant de vérités nues et dures sur la misère de l'amour humain ?
LE PROFESSEUR. Je n'aurais jamais cru que vous étiez comme ça.
MARINA. Moi non plus.
LE PROFESSEUR. Quelle satisfaction obscure trouvez-vous à ce petit jeu, Marina ?
MARINA. Je ne sais pas, mais je me comprends. Et vous, Professeur, à quelle fascination obscure allez-vous succomber, quand vos bras se refermeront sur moi ?
LE PROFESSEUR (la prenant dans ses bras, sans serrer fort). Je ne sais pas, et je ne comprends pas.
MARINA. C'est normal : vous n'avez pas encore l'habitude de l'enfer.
Elle le regarde dans les yeux avec un sourire angélique. Elle irradie. Il la serre de plus en plus fort, puis leurs bouches se mesurent. Ils ont l'air terriblement amoureux l'un de l'autre, ce qui rend la scène encore plus horrible.
LE PROFESSEUR. N'importe quoi, c'est moi.
MARINA. Ce peut être vous, pourvu que je vous méprise - et sur ce point, n'ayez aucune crainte. (Sourire angélique.) Mon visage sera celui du plaisir, mon corps s'abandonnera, et vous croirez que vous êtes un bon amant ; mais pour moi vous ne serez rien d'autre qu'une bouillotte. A supposer que vous soyez un bon amant, l'emprise de la chaleur l'emportera tellement sur les autres...sensations (rire frais) que je ne les remarquerai même pas. (Elle éclate d'un rire enfantin, comme si elle venait de trouver une merveilleuse plaisanterie.) Pourquoi reculez-vous, Professeur ? Vous n'avez plus envie de moi ? (Elle a pour lui un sourire tendre.)
LE PROFESSEUR. C'est ça. (Voix haut perchée.) "Monsieur, vous aurez mon corps, vous n'aurez pas mon âme", n'est-ce pas ?
MARINA. Je me fiche de ce que vous aurez. Moi, j'aurai chaud, et c'est ce qui compte. (Elle s'avance vers lui à petit pas.) Il me tarde d'être entre vos bras pour sentir la chaleur de votre corps. Ce n'est pas vous qui abuserez de moi, c'est moi qui abuserait de vous.