Quand mes yeux sortaient de la mer, je voyais la plage qui me paraissait si loin, mes parents qui siestaient et des gens qui m'observaient et des gens qui m'observaient sans bouger, fidèles au vieux principe nippon de ne jamais sauver la vie de quiconque, car se serait le contraindre à une gratitude trop grande pour lui.
p151. du haut de cette magnifique falaise, des milliers de gens se sont tués parce qu'ils ne voulaient pas être tués, des milliers de gens se sont jetés dans la mort parce qu'ils avaient peur de la mort. Il y a là une logique du paradoxe qui me sidère.
"Pourquoi les dieux seraient-ils immortels ? En quoi l'immortalité rendrait-elle divin ? La pivoine est-elle moins sublime du fait qu'elle va faner ?"
Dans la liste infinie des questions humaines sans réponse, il faut insérer celle-ci: que se passe-t-il dans la tête des parents bien intentionnés quand, non contents de se faire sur leurs enfants des idées ahurissantes, ils prennent à leur place des initiatives?
Il est d'usage de demander aux gens ce qu'ils voulaient devenir quand ils étaient petits. Dans mon cas, il est plus intéressant de poser cette question à mes parents: leurs réponses successives donnent l'image exacte de ce que je n'ai jamais voulu devenir.
Le regard est un choix. Celui qui regarde décide de se fixer sur telle chose et donc forcément d'exclure de son attention le reste de son champ de vision. C'est en quoi le regard, qui est l'essence de la vie, est d'abord un refus.
Tu viens avec moi ? demanda-t-il en me tendant la main.Nous partimes donc tous les deux marcher dans les ruelles inondées.-Tu es dans le miso, n'est-ce pas ?
-Oui, ma chérie dit-il afin de ne pas m'affoler.
Je me mis à jouer au bord de la ruelle, à sauter orteils nus dans de véritables fleuves en chantant des chansons de mon invention.
Ce fut alors que je naquis, à l'âge de deux ans et demi, en février 1970, dans les montagnes du Kansai, au village de Shukugawa, sous les yeux de ma grand-mère paternelle, par la grâce du chocolat blanc.
Au fond, elles ressemblaient à des Castafiore muettes, obèses et vêtues de fourreaux chatoyants. Les vêtements multicolores soulignent le ridicule des boudins, comme les tatouages bariolés font ressortir la graisse des gros lards.
Le souvenir a le même pouvoir que l'écriture.
Un spectateur inculte et sincère qui entend du nô pour la première fois ne peut éprouver qu'un profond malaise, comme l'étranger qui mange pour la première fois l'âpre prune marinée au sel du petit-déjeuner traditionnel japonais.
Petit coup de coeur pour cette citation tant elle est vraie et parlante quand on a gouté au fruit en question et écouté le style de chant en question.