Ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont connu la mort de trop près et en sont revenus contiennent leur propre Eurydice : ils savent qu'il y a en eux quelque chose qui se rappelle trop bien la mort et qu'il vaut mieux ne pas la regarder en face. C'est que la mort, comme un terrier, comme une chambre aux rideaux fermés, comme la solitude, est à la fois horrible et tentante : on sent qu'on pourrait y être bien. Il suffirait qu'on se laisse aller pour rejoindre cette hibernation intérieure. Eurydice est si séduisante qu'on a tendance à oublier pourquoi il faut lui résister.
Il le faut, pour cette unique raison que le trajet est le plus souvent un aller simple. Sinon, il ne le faudrait pas.
On rencontre aussi de superbe idiots qui se glorifient de ne jamais écouter de musique, de ne jamais ouvrir un livre ou de ne jamais aller au cinéma. Il y a aussi ceux qui espèrent susciter l'admiration par leur chasteté absolue. Il faut bien qu'ils en tirent vanité : c'est le seul consentement qu'ils auront dans leur vie.
Je compris que j'étais en train de me noyer. Quand mes yeux sortaient de la mer, je voyais la plage qui me paraissait si loin, mes parents qui siestaient et des gens qui m'observaient sans bouger, fidèles au vieux principe nippon de ne jamais sauver la vie de quiconque, car ce serait le contraindre à une gratitude trop grande pour lui.
Ils avaient trois enfants : un garçon, une fille et un légume
Ces derniers temps, tu as eu l'impression glorieuse d'évoluer, de devenir de la matière pensante. Foutaise. La bouche des carpes de rendrait-elle si malade si tu n'y voyais ton miroir ignoble ? Souviens-toi que tu es tube et que tube tu redeviendras.
Ils avaient trois enfants : un garçon, une fille et un légume.
Un spectateur inculte et sincère qui entend du nô pour la première fois ne peut éprouver qu'un profond malaise, comme l'étranger qui mange pour la première fois l'âpre prune marinée au sel du petit-déjeuner traditionnel japonais.
J’étais japonaise. A deux ans et demi, dans la province du Kansai, être japonaise consistait à vivre au cœur de la beauté et de l’adoration. Etre japonaise consistait à s’empiffrer des fleurs exagérément odorantes du jardin mouillé de pluie, à s’asseoir au bord de l’étang de pierre, à regarder au loin les montagnes grandes comme l’intérieur de sa poitrine, à prolonger dans son cœur le chant mystérieux du vendeur de patates douces qui traversait le quartier à la tombée du soir.
A deux ans et demi, dans la province du Kansai, être japonaise consistait à vivre au coeur de la beauté et de l'admiration. Etre japonaise consistait à s'empiffrer de fleurs exagérément odorantes du jardin mouillé de pluie, à s'asseoir au bord de l'étang de pierre, à regarder, au loin, les montagnes grandes comme l'intérieur de sa poitrine, à prolonger en son coeur le chant mystique du vendeur de patates douces qui traversait le quartier à la tombée du soir.
Parler est un acte aussi créateur que destructeur.