Avez-vous déjà regardé votre verre vide, quand cinq minutes avant, il y avait du vin dedans, et vous n'avez aucun souvenir ni trace de son passage dans votre bouche?
Voilà exactement ce que j'ai ressenti après avoir refermé Ni d'Ève ni d'Adam, d'Amélie Nothomb.
Certes, quelques phrases sympas et quelques mots rares pour épicer un peu, enfin, le mot épicer est un peu fort. Non, ils ne font que révéler la pauvreté de fond comme de forme de ce roman très court.
L'histoire… ah oui, il y en a une. Une femme (Amélie Nothomb, la vraie, à la première personne du singulier) retourne au Japon où elle est née et veut améliorer son japonais en donnant des cours de français. Elle va avoir un élève (beau, riche, merveilleux, tendre, attentionné, un peu mystérieux, galant (il vient la chercher au moins 100 fois en Mercedes blanche!), compréhensif, joyeux, etc., bref, le genre d'homme fictif…). Rinri, c'est lui, n'a jamais aucun sentiment ni émotion en allant au cinéma sauf… sauf, devinez… quand ils vont voir un film tiré d'un des romans d'AN ! Je vous avais dit qu'il était bien ce petit.
Ils s'aiment, ils s'aiment, ils s'aiment, avec au passage des clichés par palettes sur la culture japonaise. Un petit épisode en montagne, ok, sympa, enfin pas celui au mont Fuji, parce que là, Amélie est incroyablement sportive, rapide, excellente, plus forte que les autres. Elle arrive même (sans entraînement et en baskets) à battre le record de vitesse de descente du mont devant des Japonais aguerris ! Bravo ! Lors de l'autre sortie en montagne, sans équipement, elle réchappe à une tempête de neige et une nuit glacée. Bravo ! Là encore, j'ai du mal à y croire, à me laisser embarquer.
Si certains lecteurs ont déclaré avoir été « écroulés de rire », j'en suis ravi, mais trouver drôle qu'un Japonais ait du mal à dire oeuf et le prononce « ourrrhhh »… pourquoi pas. Quelques passages un peu excentriques, mais rien qui puisse vraiment accrocher.
Du récit et des dialogues, c'est tout. À peine un peu d'introspection à la fin. Par contre beaucoup d'Amélie, histoire de rappeler qu'elle écrit, qu'elle est éditée et traduite, qu'elle est invitée en librairie au Japon, jusqu'à citer ses propres titres que les gens adorent et dont on fait des films…
Je n'étais pas arrivé à terminer La Nostalgie heureuse. Au bout de 10 pages pour trouver un numéro de téléphone au Japon et 3 pages d'autosatisfaction (encore) sur son œuvre, ses interviews, ses vidéos, les articles à son propos, quand elle annonce le but de son voyage, elle retourne (encore) au Japon voir la mamie qui l'a élevée, en compagnie d'une équipe de télévision, j'ai refermé le livre puisque les deux mois de promotion précédents à la télévision avaient déjà tout dit, tout expliqué, tout montré, même l'instant « merveilleux » des retrouvailles, avec la larme d'émotion en gros plan, puis en traveling et en plan moyen… chabadabada…
Il fallait que je le fasse, que je lise un de ses romans jusqu'au bout (petit bout, car heureusement très court), ça y est, c'est fait, ouf !
Si vous avez une fille de 15 ans, pourquoi pas, proposez-lui. L'amourette innocente lui plaira, même si la fin n'est pas très morale. Mais il fallait bien qu'Amélie Nothomb devienne Amélie Nothomb. Sinon, quel malheur !
Allez, je retourne à Zweig.
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