Si vous n'aimez la littérature que lorsqu'elle est immaculée et éthérée, passez votre chemin. Ce roman de
Robert Nye est teinté de vulgarité, d'humour et d'éruditon déguisée.
On se surprend à rire parfois à gorge déployée, tant Nye maîtrise l'art de la phrase cinglante, balancée au détour d'une page. le mythe de
Faust doit son succès à la grande oeuvre de
Goethe bien sûr, mais aussi à la manière dont il est teinté de vérité possible, le personnage ayant réellement existé.
Ce jeu entre vérité et mensonge, entre réalité et fiction jalonne les interrogations du narrateur, dans la plus pure tradition britannique. Nous suivons les pensées et les doutes de l'assistant de
Faust, chargé d'en écrire la chronique, qui cherche à cerner le personnage de son mentor, sinistre alcoolique affabulateur vicieux, partant en pèlerinage à Rome dans un but que je ne dévoilerai pas.
Le
roman s'achève en interrogeant le sens des prophéties de
Faust, qui pourrait très bien en tirer toutes les ficelles, à la manière d'un Caligula marginal. Drôle et plus profond qu'elle n'en a l'air, cette version de
Faust qui se lit comme un bon
Bukowski ravira tous les amateurs de mystique et de diatribes absurdes.
Pour les fans de metal, sachez que le nom du groupe Akercocke est un hommage au roman de Nye : c'est celui que porte le singe hideux que
Faust offre à son assistant pour l'aider dans sa quête auctoriale, qui brille bien sûr par son inutilité.