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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà ici un livre qui est très intéressant et qui fait réfléchir, et en plus cultive par ses références littéraires !

Il s'agit ici d'une réponse faite aux inquiétudes d'une lectrice imaginaire, Madame Esperluette, inquiétudes visant le devenir de la lecture et du livre. Hubert Nyssen met au clair avant tout le fait qu'il ne souhaite pas se poser en prévisionniste « Je ne suis ni lointain disciple de Nostradamus ni adepte de Madame Elisabeth Tessier ». Il relève le fait que depuis toujours on se trouve en pleine crise du livre, et pourtant il est toujours là malgré les tentatives de destructions, commençant par les bibliothèques.

Pour lui livre et lecture sont bien distincts, le livre n'étant qu'un support. Il s'inquiète tout de même quant à la disparition possible du plaisir du livre papier comme on le connait, « une sensualité' qui risque de s'éteindre, « un désir ». Il est attaché à tout ce qui fait un livre, son format, ses caractères, son poids etc. Il reconnait pourtant que bien que la technologie puisse faire peur, elle a toujours apporté un plus qu'on n'avait sans elle auparavant « l'habileté de nos trouveurs et les progrès de la nanotechnologie peuvent nous valoir un jour prochain un in-dix-huit, vierge d'apparence, sur les pages duquel, comme s'ils étaient imprimés à l'encre sympathique, les textes apparaîtraient et s'éclipserait à la demande, un livre ainsi capable de nous permettre de choisir en un tournemain nos lectures dans toute la littérature du monde ».

Non, lui ce qui l'inquiète le plus dans tout ce monde de la littérature c'est l'importance de l'aspect mercantile, la mise en avant d'un livre non pas pour ses valeurs littéraires mais pour ses possibles valeurs en terme de bénéfice. de plus en plus de livres sont créés en rapport, par exemple, à l'actualité et dans le seul but d'avoir un retour marchand exceptionnel. Il remet en cause les prix littéraires qui pour lui sont plus basés sur des intérêts économiques que sur de réels jugements littéraires : « Après tout, Madame Esperluettes, il vaut mieux vous dire qu'un prix littéraire, ça nef ait pas plus le talent qu'une hirondelle ne fait le printemps ». Il déplore aussi les émissions culturelles tardives, qui sont reléguées à divertir les rares insomniaques pour laisser place « à des divertissements plus conformes aux exigences des publicitaires« .

Le vrai déclin que lui voit, c'est celui du vrai livre, de la littérature, face à tous ces livres nés pour le profit, mis en foucade pour l'amour de l'argent et non de la littérature. Alors son point de vue pourrait paraître prétentieux pour certains parfois car il défend fermement la « vraie » littérature, mais pour un passionné et face à des manipulations envers le lecteur pour le profit, et l'édition de tout et n'importe quoi, cela peut se comprendre. Il prétend que cela ne peut que perdre le lecteur et le détourner, au pire des cas, de la lecture, et aussi faire perdre la vraie valeur littéraire. Il a remarqué aussi l'arrivée de futurs éditeurs qui ne lisaient même pas de livre « l'on ne peut parler de la lecture et promouvoir le livre si l'on n'est soi-même lecteur ». Je pense que c'est d'une évidence implacable selon moi.

La représentation des femmes en tant que lectrices est de plus en plus évidente. D'après lui si quelqu'un devait sauver la lecture ce serait les femmes. Et même en tant qu'écrivains, elles ont une place qui prend de l'ampleur. La lecture est donc loin de voir sa fin pondre. Il est cependant inquiet de la perte de la richesse du langage qui fait ce qu'est la littérature, de l'appauvrissement du vocabulaire qui est forcément l'ennemi des livres et de la lecture (par exemple le Globish utilisé pour les négociations commerciales).

Ce qui m'a beaucoup marqué dans ce livre c'est lorsqu'il a parlé des histoires racontées, de quelles façons elles peuvent donner l'envie et le goût de la lecture : « en racontant ce qu'il y a dans les livres on peut donner envie de les lire ». Cela m'a fait retomber en enfance, avec ma mère qui me lisait des histoires le soir. Et je me dis aussi que si à l'école on avait pu me raconter comme cela des histoires j'aurais surement aimer les livres bien plus tôt, ou disons plutôt que je ne m'en serais pas écartée un temps. Il parle de cela aussi dans ce livre, l'importance de ne pas seulement faire lire, mais apprendre à lire, donc apprendre à aimer lire.

Mais ils parlent de bien d'autres choses aussi…

J'ai aimé ce livre, car il soulève diverses points de réflexion quant à la lecture, aux livres, tout cela avec humour, légèreté mais avec discernement et expérience, point de vue d'un amoureux de la lecture et d'un éditeur. C'est important de lire un livre de ce type je pense. Il n'est pas gros (127 pages) mais il en dit long, et ce sur des choses essentielles pour faire perdurer la lecture et les livres.
Lien : http://madansedumonde.wordpr..
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Mademoiselle Esperluette (une lectrice anonyme québecoise) demanda un jour à Hubert Nyssen : "à quel triste destin (lui) me paraissaient promis, dans les turbulences de notre époque, l'attrait du livre et le plaisir de la lecture que nous sommes encore quelques-uns à partager."
C'est par le biais d'une longue épître titrée "Lira qui lira bien le dernier, lettre libertine sur la lecture" que l'auteur choisit de lui répondre.

Enjouées et désenchantées, résolues et légères, amusantes et graves, les réflexions de l'auteur sont toutes pleines d'intérêt. Abordant de nombreux sujets comme le travail de l'écrivain, le monde de l'édition (deux métiers qu'exerça Hubert Nyssen, il a été le fondateur des éditions Actes sud), la profusion de livres publiés aujourd'hui et les enjeux (mercantiles) qui la soutiennent, l'influence des académies littéraires qui font tout le succès d'un auteur et de son livre, les nouvelles technologies, le plaisir de lire, l'avenir du livre et de sa diffusion, etc. Ces sujets sont tous agrémentés par de savoureuses anecdotes qui rendent ce petit livre (96 pages) vraiment plaisant à lire.

C'est toujours un plaisir de lire des essais ou des réflexions sur la lecture et le lecteur comme celui d'Hubert Nyssen. C'est prendre un peu de distance sur une activité qui semble (ici sur Babelio) « aller de soi ». Mais le livre, la lecture a son histoire. La découvrir, c'est s'inscrire dans une filiation (proche ou lointaine) de l'écrit, de la lecture. Une raison supplémentaire de mieux éprouver sa passion.

"Lira bien qui lira le dernier, lettre libertine sur la lecture" est un livre en tout point passionnant. Avec Hubert Nyssen, s'instruire rime avec plaisir. Dès lors, pourquoi s'en priver ?
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Un essai sur le livre et la lecture aujourd'hui. Rien de neuf (les choses évoluent vite à l'heure du numérique), mais toute la passion et l'intelligence d'Hubert Nyssen qui transparaissent ici, qui plus est avec des mots simples et justes. Hubert Nyssen, un vrai passeur.

L'auteur

Rappelons le Hubert Nyssen est le créateur des éditions Actes Sud qui ont le très bon goût d'avoir publié Nancy Huston, Alberto Manguel, Michel Tremblay, Zoé Valdès, Russel Banks et j'en passe. Beaucoup d'auteurs qui ont une place très chère à mon coeur. Mais il est également écrivain, avec à son actif, des romans, des essais, des poèmes, etc.

Ce qu'il nous dit

Dans ce petit livre d'une centaine de pages et qui date de 2004, Hubert Nyssen s'adresse à une lectrice fictive au joli nom d'Esperluette. (L'esperluette c'est le doux nom du & en « langage typographique » ).

Hubert Nyssen nous livre ici son ressenti sur l'avenir du livre et de la lecture, avec ses yeux d'amoureux de la lecture, du livre et de la littérature et sa grande expérience de défricheur de talents (Il a notamment fait traduire et connaitre Nina berberova et Paul Auster en France).

Ce que j'en ai pensé



Bien sur on n'échappe pas à quelques poncifs, « c'était mieux avant » et on n'apprend pas grand chose. Mais on ne fait que mieux entrevoir la passion de Nyssen pour la littérature, le goût et le désir des mots. La force du livre (ou la grande intelligence de Nyssen) c'est de faire passer cet amour infini avec des mots simples et universels, jamais pompeux. Et à travers ce livre se dresse le portrait de cet éditeur de talent que j'avais déjà eu plaisir à apprendre à connaitre avec La sagesse de l'éditeur, a

ux éditions L'oeil neuf.

Ce que j'ai aimé

Quand il analyse la « crise » (ce terme utilisé à toutes les sauces et ça prend encore plus de relief ces derniers temps).
Quand il s'en prend au monde de l'édition de best sellers (la quantité contre la qualité).
Quand il explique comment les 4èmes de couverture sont devenues de purs outils de communications/business, au détriment même du livre.
Quand il s'en prend aux prix littéraires qui sont encore une fois qu'une opération de communication/business/gros sous, et cette critique acerbe du système prend particulièrement de sens cette année.
Quand il dit qu'il faudrait que les bibliothèques ouvrent le soir, la nuit… des « bibliothèques de rêve ».
Et puis il rend hommage aux femmes qui lisent et qui aiment passionnément partager leur lectures (au contraire des hommes).
Lien : http://delphinesbooksandmore..
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Le livre est entre sublime et silence
Autour de lui tout tremble
Tout fini.
C'est à lui que l'on pense
A ses ivresses blanches.
Mademoiselle Esperluette,
On caresse son absence
Ses montagnes et l'errance
Et puis l'ennui.
La rivière ressemble au livre
Au moins en apparence.
Le vide aurait suffit.
Le vide aurait suffit.
Mais je sais qu'il reste.
Lira bien qui lira le dernier.

Sous forme de lettre, Hubert Nyssen répond aux interrogations fréquentes sur le devenir du livre. Sa réflexion se divise en morceaux en forme de (bonne) poire. Car il y a quelques naïveté là-dessous, quelques excitations aussi. L'ensemble est savoureux.
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S'adressant à une lectrice imaginaire, Hubert Nyssen, fort de sa double expérience d'écrivain et d'éditeur, passe au tamis les craintes, les espérances, les prévisions et les prophéties qu'inspire la supposée crise du livre.
Lien : http://marieanavel.wordpress..
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