Citations sur Blonde (157)
"Économise tes larmes, petite ! Tu risques d'en avoir besoin."
Qu’est-ce que « jouer » et pourquoi sommes-nous sensibles au jeu des « grands acteurs »? Nous savons qu’un acteur « joue » et pourtant… nous souhaitons l’oublier et, en présence d’acteurs de talent, nous l’oublions effectivement très vite. C’est un mystère, une énigme. Comment pouvons-nous oublier qu’un acteur « joue »?
(Stock, p.778)
La mort sonna à deux reprises, appuya fort la seconde. Cette fois, on ouvrit la porte.
De la main de la Mort, j'acceptai ce cadeau. Je savais ce que c'était, je crois. Et de la part de qui c'était. En voyant le nom et l'adresse, j'ai ri et j'ai signé sans hésiter.
Le beau-frère du Président nous avait présentés : Marilyn, avait-il dit, j'aimerais vous faire rencontrer un de vos admirateurs ; et je l'avais vu lui, mon Prince, qui me regardait en souriant, un homme que les femmes adorent, cet air d'assurance et de légèreté d'un homme qui se sait adoré des femmes, son désir même pareil à une flamme que les femmes attiseront, et éteindront, attiseront, et éteindront, une vie entière. Et j'ai ri ; d'un seul coup j'étais la Fille-du-dessus. Je n'étais pas Roslyn Tabor, je n'étais pas une divorcée. Je n'étais pas une veuve. Je n'étais pas une mère en deuil qui avait perdu son bébé en tombant dans l'escalier de la cave. Je n'étais pas une mère qui avait tué son bébé. Je n'avais pas été la Fille depuis longtemps, mais en peignoir éponge blanc et les jambes nues je suis redevenue le Fille-du-dessus sur la grille de métro.
D'un bout à l'autre du vaste continent d'Amérique du Nord, c'était un temps d'enfants abandonnés. Et nulle part en plus grand nombre que dans le sud de la Californie.
Après que des vents secs brûlants eurent soufflé des déserts pendant des jours, inexorables et impitoyables, on commença à découvrir des nourrissons poussés avec sable et débris dans les rigoles d'écoulement desséchées, dans les caniveaux et contre les terre-pleins des voies ferrées ; contre les marches de granit des églises, des hôpitaux, des bâtiments publics Des nouveaux-nés, cordon ombilical sanglant encore attaché au nombril, furent trouvés dans les toilettes publiques, sur les bancs d'église, dans les poubelles et les décharges Le vent gémit si fort, des jours entiers... et pourtant, quand il s'apaisa, ces gémissements se révélèrent être ceux de nourrissons.
Jamais tu ne pourras escalader ce mur, tu n'es pas assez forte ; les filles ne sont pas assez fortes ; les filles ne sont pas assez grandes ; tu as un corps délicat de poupée ; ton corps est une poupée ; fait pour être admiré et caressé par les autres ; fait pour être utilisé par les autres, pas par toi ; ton corps est un fruit appétissant fait pour que d'autres y mordent, et le savourent ; ton corps est pour les autres, pas pour toi.
Tu m'as fuie ! Alors que je t'aimais déjà.
Alors que j'étais venue de si loin, pour toi.
Alors que ma vie était déjà tienne. Si tu en voulais.
Comment alors te faire confiance ? Je t'aimais, pourtant.
Déjà à ce moment-là j'ai commencé à te haïr.
Des giclées de tir antiaérien, des avions touchés tombant à terre dans des flots de feu et de fumée. On se disait que c'était une connaissance interdite. La connaissance de la mort d'autrui. On se disait que la mort était sacrée et privée, mais la guerre avait changé tout cela. Le cinéma avait changé tout cela. Non seulement on contemplait la mort d'autrui avec détachement, mais il vous étaient accordé une vision que les mourants n'avaient pas d'eux mêmes.
Mon père disait toujours : « Quand tu as des millions de dollars, tu as des millions d’amis. »
Une actrice s’inspire de tout ce qu’elle a vécu. Sa vie entière. Son enfance surtout. Bien qu’on ne se souvienne pas de son enfance. On croit qu’on s’en souvient mais c’est faux en fait! Et même quand on est plus vieux, à l’adolescence. Une grande partie des souvenirs sont des rêves, je crois. De l’improvisation. Un retour dans le passé, pour le changer.
(Stock, p. 640)