Il y a quelque chose en toi que personne n'a, MARILYN. Aucune femme que je connais. Tu vis pour être touchée. Pour être soufflée comme une flamme. Pour être blessée, même ! On dirait que tu t'exposes à être blessée, je ne connais aucune femme qui te ressemble, MARILYN. Aucune image filmée ni aucune photographie n'ont montré ton âme, MARILYN [...].
Gladys (la mère de Marylin) riait. Bon Dieu, cette gosse est loin d'être moche, hein? Je crois que je vais la garder.
C'était une décision journalière. Elle n'était pas définitive.
Souvent l’étrange sens de l’humour de Norma Jeane étonnait les hommes, ils ne s’y attendaient pas de la part de « Marilyn », une adorable idiote ayant l’intelligence d’une enfant de onze ans moyennement précoce. C’était en effet un sens de l’humour ressemblant au leur. Caustique et dissonant, comme de mordre dans un chou à la crème et d’y découvrir du verre pilé.
"On déteste Marilyn Monroe ...mais on l'admire. Eblouissante, brillante ! Sexy, séduisante ! Du balai, Lana Turner ! Quasi-nudité choquante. Ensorcelant. Répugnant. Plus lascive que Hedy Lamarr. Theda Bara. Si les chutes du Niagara sont une des sept merveilles du monde, Marilyn Monroe est la huitième."
La malédiction de l'acteur, c'est qu'il est toujours à la recherche d'un public. Et quand le public sent cette faim, c'est comme s'il sentait l'odeur du sang. Sa cruauté commence.
Car jamais jusqu’à maintenant elle n’avait réellement choisi ces rôles. Comme une fille de bordel qui doit accepter tous les clients qu’on lui impose sous peine d’être battue, elle avait dû accepter tous les rôles imposés par le Studio.
La peur naît de l'espoir.
Tu es un écrivain parce que être seulement toi ne suffit pas. J'ai besoin d'être actrice parce que être seulement moi ne suffit pas.
En rentrant chez elle au crépuscule après le cinéma, désorientée comme si elle était encore dans le rêve enivrant du film. Norma Jeane obéissait aux consignes de sa mère et marchait « vite, comme si tu savais où tu allais, au bord du trottoir et dans la lumière des réverbères. Ne regarde personne et n'accepte jamais d'être raccompagnée par des inconnus ».
Il ne m'est jamais rien arrivé. Autant que je me souvienne.
Gladys tenait délicatement la photo entre ses mains élégamment gantées, à peu près au niveau des yeux de Norma Jean, mais assez loin de l'enfant pour qu'elle ne puisse pas la toucher sans effort. Comme si dans un moment pareil Norma Jeane y avait songé !... Sachant en plus, par expérience, qu'il ne fallait pas toucher aux affaires chères à Gladys.
« Ce... c'est mon père ?
_ Sans l'ombre d'un doute. Tu as ses yeux bleus sexy.