« Je suppose qu'il n'y a pas de "Norma Jeane", hein ? Une fois que je serai actrice, si on me le permet ... Il faudra que je sois d'autres gens. »
Qui est cette
blonde ? C'est vrai ça, qui était Norma Jeane Mortensen ou plutôt Norma Jeane Baker ? A vrai dire, personne n'en sait rien, nous avons juste une vague image de
Marilyn Monroe, icone intemporelle du sex-appeal, ambassadrice glamour de Chanel. Sa réputation d'amante insatiable remplie d'anecdotes plus ou moins croustillantes et de rumeurs, sans vraiment connaitre sa filmographie complète.
Avec ce pavé littéraire qui se lit avec une facilité déconcertante tant il est hypnotique,
Joyce Carol Oates tache de construire avec cette bio-fiction, un portrait de la femme qu'a pu être l'actrice. Dès les premières pages, on comprend que l'enjeu de ce copieux récit est de se rapprocher au plus près du mystère de la veille du 4 aout 1962. On découvre une femme tragique, torturée, mélancolique, éternelle amoureuse qui passe de pensionnat en famille d'accueil, sera à la recherche constante de son père, satisfera son besoin d'admiration avec ses illustres maris et amants mais restera engluée dans un univers de mensonge et d'hypocrisie.
Le besoin d'affirmation d'identité de Norma Jeane, objet d'humiliation et de concupiscence, oscille entre fantasme et réalité. Entre l'absence de son père, la duplicité de sa mère schizophrène et le cynique star-system hollywoodien rempli de prédateurs et d'échotiers à la recherche de scandale.
Le talent de l'auteure s'exprime ici par la construction époustouflante d'un portrait de femme forte seule face contre tous. Au travers de ce récit intime où dans certains cas, les étapes temporels s'entrecroisent
et où les personnages virevoltent. Nous suivons une femme sensible à la vie privée mouvementée, qu'on a voulu enfermer dans l'image de la
blonde superficielle. de la jeune pin-up à l'icône en passant par la fabrication
de la starlette dans l'industrie des majors du cinéma qui vivent les derniers feux de l'âge d'or hollywoodien.