Nouvelle #1
Cardiff près de la mer.
De toutes les productions de Oates, cette nouvelle est la première que je lis et que je finis désorientée...
Clare, adoptée, revient sur les terres de son enfance à la suite d'un legs de sa grand-mère biologique du côté de son défunt père. Intriguée, elle part à l'aventure.
Et à partir de là, ça se complique.
Elle est hébergée chez ses grands-tantes, deux figures "à la Oates" à moitié psychotiques, tant par leurs paroles que par leur accoutrement et maquillage. Deux sorcières, pas méchantes, mais complètement zinzin.
La version officielle est que le père ait assassiné toute sa famille, sa mère et son frère ainsi que sa soeur. Cette vérité crue apprise dans les journaux bouleverse Clare qui, à mon avis, à partir de là, perd complètement pied et devient très étrange.
Mais Clare ne veut pas croire à ce massacre perpétué par son père.
Je m'arrêterais là pour ne pas tout dévoiler.
Le style d'Oates est bien présent, avec ses tournoiements et ses errances.
Les deux tantes sont très bizarres, comme dans un rôle de théâtre qu'elles auraient répété.
Leur agissements sont très étranges, elles semblent sortir d'un film d'horreur.
Clare, va de surprise en surprise, comme engluée dans une toile d'araignée, toile poisseuse et collante, theme récurrent qui reviendra tout au long du texte.
J'en ai discuté avec une Babeliote charmante, qui pense que Oates a bien manipulée son lecteur...
La fin est surprenante, mais soudain, on n'y comprend plus rien.
L'atmosphère est pesante, lourde de secrets bien enfouis, malsaine.
On se pose beaucoup de questions à la fin du texte.
Sacrée Oates qui joue avec le lecteur comme un chat avec une souris.
Pour notre plus grand plaisir....
Ps : je mettrai 4 étoiles à cette nouvelle.
Les autres nouvelles feront l'objet d'autres critiques à la suite de celle-ci.
Nouvelle #2 : Miao Dao.
Encore une fois, une nouvelle dans le brouillard, la nuit, la moiteur, la bestialité, le beau-père insistant, aviné, limite sexuel, une mère avinée, paumée, fragile, des ados insultants et méchants, qui harcèlent Mia sans cesse au collège.
Mia à treize ans, et déjà elle est abasourdie des adultes. Elle ne se fait pas d'illusions.
Son père quitte sa mère, elle a deux petits frères dont elle se fiche royalement, et puis ces garcons imbéciles bêtes qui la houspillent sans répit au collège.
Alors elle va chercher ailleurs l'affection qui lui manque tant.
Elle trouve un refuge naturel près de chez elle, le coin des chats sauvages et errants. Un soir, elle trouve un bébé chat femelle, à qui elle s'attachera incroyablement.
Les hommes sont dangereux tout autour de Mia, la tension monte, mais la chatte sauvage devient adulte.
Méfions-nous des chats sauvages ; ils sauront châtier comme il faut les imprudents et les prédateurs....
Très bonne nouvelle, où Oates, encore une fois, sait jouer de sa plume pour nous offrir un récit bien glauque, bien broullardeux mais si parfait finalement.
Décidemment, ce recueil de nouvelles est fort surprenant et surtout très addictif.
À bientôt pour la 3e nouvelle : Comme un fantôme : 1972.
Nouvelle #3 : Comme un fantôme : 1972
Nouvelle assez courte mais très angoissante.
Encore un homme violent, impulsif, le professeur d'Alyce une étudiante de 19 ans. Elle tombe enceinte de lui mais le cache.
Et puis elle se prend d'amitié pour un vieux poète, et devient son assistante. L'homme est charmant, poli, très doué, rien à voir avec l'Autre. Il voudra l'aider, mais c'est trop tard....
La nouvelle étant courte, je ne vais pas en faire de résumé.
Juste un indice : nouvelle ayant pour thème le surnaturel
Et oui, c'est rare chez Oates, mais soyez les bienvenus dans l'antre d'Alyce.....
Nouvelle #4 : L'enfant survivant.
Encore une fois, il s'agit de poésie, d'amour maternel, de spectres, de maison hantée, et bien sûr, comme dans les quatre nouvelles du recueil, d'un homme violent, suffisant, pervers manipulateur, cruel, allant jusqu'au meurtre.
Encore une référence à la toile d'araignée, qui, il me semble, est récurrent dans toutes les nouvelles.
J'ai beaucoup aimé ce récit, qui est court lui aussi, mais très "disciplinée comme pourrait l'écrire Oates. Car tout est dit dans ce dernier texte, on apprend rapidement tout ce qu'il faut savoir ; Oates est très efficace par rapport à l'intrigue.
Voilà pour les quatre critiques.
Quant au livre globalement, j,ai beaucoup aimé, je ne saurai dire laquelle de ces nouvelles m'a le plus plu. Oates c'est surout une ambiance, une atmosphère bien particulière, malsaine, étouffante, qui vous prend à la gorge. Elle est très douée pour ça.
En tout cas, ce qui ressort du recueil, c'est la violence masculine avec ces hommes qui ne reculent devant rien pour imposer leur loi, se faire respecter et être des tyrans en puissance. Ils prennent sans vergogne ce qu'ils désirent. Ils sont menteurs, faux et brutaux. On assiste également à des manifestations de leur désir pour des jeunes filles. Bref, Oates ne fait pas la part belle à la gent masculine.
La femme est fragile, souvent frêle et légère, avec des sentiments purs voire etherés. Des rêves de jeunes filles...
Voilà.
Ce que j'ai adoré : la fin de la 4e nouvelle, magnifique d'espoir et de candeur, et surtout, surtout cet amour maternel que ressent Elisabeth pour son beau-fils, le survivant. Celui qui la sauvera.
De très belles pages, et une lecteurs passionnée.
Comme d'habitude avec Oates.