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Citations sur Délicieuses pourritures (74)

Vandaliser une œuvre d'art et une autre forme d'art. J'adore les insultes, elles sont toujours sincères.
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Ses sculptures ! Elles étaient en bois, plus grandes que nature, primitives et spectaculaires. Elles étaient brutes, grossières, laides. La plupart représentaient des femmes à la sexualité agressive, seins et ventres protubérants, parties génitales exagérées. Fesses rondes, fendues d'un sillon profond. Les têtes étaient généralement petites, les visages réduits au minimum. Comme d'autres, je fus perturbée et excitée, par ces œuvres.
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Elle avait pris une triple dose de son Valium; elle portait une de ses jupes de mousseline indienne et un t-shirt sale ; elle était pieds nus. Elle me regardait sans me voir, comme un zombi, j'ai compris que quelque chose n'allait pas.
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Je voulais affronter les yeux ouverts ce que l'on appelle la réalité.
J'en ai fait un des principes de ma vie. Je me demande parfois si la décision est sage.
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J’aimais que Dorcas m’appelle chérie, comme une Française glamour dans un film. Personne ne m’avait jamais appelée chérie. Dorcas m’embrassait sur les lèvres, un baiser brûlant comme du feu.
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Dans l'amour de loin, il faut inventer tant de la vie. Dans l'amour de loin, on apprend les stratégies du détour.
Car, même tout près, à quelques centimètres d'Andre Harrow, j'étais loin de lui. Moi, Gillian Brauer, qui parvenais à parler de façon cohérente et intelligente dans mes autres cours, restais muette devant cet homme. Je ne pouvais le regarder en face comme je l'avais fait pendant son cours magistral du printemps précédent, mais j'avais une conscience intense de sa présence, de chaque nuance de son expression, de chacune de ses remarques, pendant les quatre-vingt-dix minutes de notre atelier.
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Paris
11 février 2001

Dans l’aile du Louvre consacrée à l’Océanie, je le vis : le totem.
Haut de plus de trois mètres, une sculpture en bois, primitive, anguleuse, apparemment féminine, le visage long et brutal, les yeux vides, une balafre en guise de bouche. Les seins étaient exagérés, pareils à des mamelles animales, deux lames de bois de trente centimètres partant des épaules ; contre ces seins, la créature pressait ce qui semblait un nourrisson. Mais un nourrisson qui n’était qu’une tête, d’une grosseur et d’une rondeur grotesques ; un nourrisson sans corps. Le cartel indiquait simplement qu’il s’agissait d’une « Figure maternelle » aborigène de Colombie-Britannique, vieille d’au moins deux cents ans.
Là. Il est là.
Il n’a pas brûlé, en fin de compte…
J’étais désorientée, incapable de penser de façon cohérente. Dans la pièce froide et austère où il était exposé, il émanait de ce totem aborigène quelque chose de si brut, de si primitif qu’il semblait à peine humain. Je le contemplais, et frissonnais. Je me détournais, décidée à m’en aller, et me retrouvais de nouveau devant lui, de nouveau en train de le contempler. Comme si la mère allaitante m’avait appelée… Gillian ? N’aie pas peur. Nous sommes des bêtes, c’est notre consolation. Car c’était là une vision de cauchemar. Une obscénité.

(Incipit)
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Je vous aime, pourries,
Délicieuses pourritures.
 
J’aime vous aspirer hors de votre peau
Toutes brunes et douces et de suave venue,
Toutes morbides…
 
Sorbes, nèfles aux couronnes mortes.
Je l’atteste, merveilleuses sont les sensations infernales,
Orphique, délicat
Dionysos d’en bas.
 
Un baiser, un spasme d’adieu, un orgasme momentané de rupture
Puis seul, sur la route humide, jusqu’au prochain tournant,
Et là, un nouveau partenaire, à nouveau se quitter….
Une nouvelle ivresse de solitude parmi les feuilles périssantes glacées de gel.

(Poème de D. H. Lawrence)
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Un journal est une hache pour la mer gelée en nous, ainsi M. Harrow paraphrasait-il Kafka.
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Andre Harrow était verbeux, tyrannique. Il était gentil et condescendant. Il ne cessait de nous interrompre tout en nous exhortant à « dire ce que nous pensions, si ne voulions pas que quelqu’un le fasse à notre place ». Lorsqu’il parlait, il s’animait et transpirait ; il essuyait son visage empourpré et son nez, d’un revers brusque de la main ; il dégageait une franche odeur de transpiration masculine, comme un cheval surmené.
À la différence de nos autres professeurs qui pendant les cours restaient assis ou plantés derrière leur pupitre, M. Harrow bondissait sur ses pieds chaque fois qu’une idée lui venait. Il marchait de long en large en faisant de grands gestes, parlait avec animation, le visage luisant. Ses yeux cherchaient les nôtres.
À Catamount, on pensait qu’Andre Harrow savait « tout ». C’est-à-dire, tout ce qui valait la peine d’être su. Les aphorismes de Nietzsche, déclamés staccato : « Ce qui est fait par amour se fait toujours par-delà le bien et le mal » ; « Il n’y a pas de phénomènes moraux, seulement une interprétation morale des phénomènes ». Il récitait des poèmes de Blake, Shelley, Whitman, Yeats et Lawrence avec une telle ferveur que l’on comprenait que la poésie valait que l’on meure pour elle. Pourtant M. Harrow n’était pas lui-même poète, semblait-il. Nous nous demandions pourquoi.)
M. Harrow s’habillait décontracté, mais avec une certaine recherche. Il portait des jeans avec des blazers bleus en cachemire, des pantalon kaki avec de beaux pulls tricoté main. Il portait des tee-shirts noirs qui épousaient son torse étroit bien musclé ; il portait une ceinture de cuir ornée d’une boucle d’argent proéminente qui attirait l’attention sur sa taille presque anormalement fine. Il portait des joggeurs, des chaussures de marche. Par temps chaud, des sandales. Les jours même à peine ensoleillés, des lunettes d’un noir tropical, comme si la lumière lui blessait les yeux.
Son humour pouvait être cruel (il citait certains de nos vers pour souligner leur faiblesse) mais il n’était jamais méchant. Si nous essuyions une larme, si nous nous mordions les lèvres pour ne pas pleurer, nous étions aussi flattées.
Il s’intéresse à moi. Il pense à moi. Je compte pour lui.
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