Quelle déception !
Je me suis procuré ce roman après avoir vu, dans les pages d'un magazine culturel, qu'il figurait dans la liste des bouquins favoris de d
eux jeunes auteures françaises. Grande fan des romans de
Joyce Carol Oates, je m'attendais un moment de grand plaisir... oubliant d'ailleurs que, si j'ai certes beaucoup aimé de nombr
eux romans de cette écrivaine sans doute trop prolifique, eh bien... certains me sont tombés des mains.
Ce fut le cas ici.
"
Eux". "Them" en anglais. le titre, recouvrant une réalité très très vaste ( "
eux".. qui ?) , traduit à lui seul l'embarras de l'auteur quant au sujet de son oeuvre, impossible à cerner, puisque le roman, dénué de toute intrigue centrale et de la moindre tension dramatique, part dans tous les sens, avec comme seul fil directeur les liens de parenté unissant les protagonistes successifs du récit.
Mais... "
Eux"... Ce titre renferme aussi une certaine escroquerie puisqu'il annonce un thème, nous fait croire à une communauté de destin qui relierait les personnages les uns aux autres... "L'Amerique de l'Apocalypse " proclame le bandeau de couverture. Ah bon ? Je n'ai pas vu l'apocalypse dont il est question... Et même des facteurs comme l'hérédité, la poisse, l 'emprise des comportements et du lieu, qui donneraient une unité au roman, sont finalement à peine sensibles. Les personnages qui se succèdent sur le devant de la scène sont parfois aux antipodes les uns des autres. Tout paraît artificiel et plaqué. Pas de "Them", donc.
Maureen, qui paraît-il en tant qu ' ancienne étudiante de l'auteure, a inspiré cette dernière (c'est ce que précise la préface) est un personnage falot qui passe rapidement à l'arrière du décor, engluée dans sa dépression, et c'est tant mi
eux... Quand on la retrouve, elle est devenue un personnage assez antipathique, qui se conduit de façon amorale et est très déplaisant... Difficile de s'identifier.
Le petit Jules est lui un beau personnage. Qu'a-t-il de commun avec sa mère ou sa soeur ? Pas grand chose... Et au moment où l'on commence à s'intéresser à lui, voilà que, par une pirouette narrative, hop, l'auteure le lâche.. pour nous le faire retrouver bien plus tard, pris dans des aventures qui ne parviennent plus à susciter notre intérêt.
Il ne faut pas oublier de mentionner les longueurs du roman.
Joyce Carol se prend par moment pour la
Duras d' "
Hiroshima mon amour" . Des pages et des pages de dialogues hallucinés autour de
l'amour (" Tu m'aimes / Oui, je t'aime dans Detroit désert").
Sans parler des longues lettres de Maureen à sa prof,
Joyce Carol Oates elle-même, intégrées dans le coeur même du roman (authentiques ?), où la jeune fille délaye à l'envi .. Quoi donc déjà ?
Bref. Je n'ai pas eu le courage de lire les trente dernières pages. C'est toujours dommage de lâcher un livre. Mais ici ce fut avec soulagement et vraiment sans regrets..