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4,14

sur 383 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 1936, Ils ont quitté l'Allemagne pour les Etats-Unis parce qu'ils étaient juifs. Mais le père, ancien professeur devenu fossoyeur, y connait avec sa famille une déchéance intellectuelle et matérielle telle, qu'il se suicide devant sa fille après avoir tué sa femme.

Toute la vie de Rebecca, née sur le bateau qui les a conduits en Amérique, va être déterminée par ce drame initial. La haine de son père et son mariage avec un homme violent qui lui ressemble, ses changements d'identité pour se reconstruire après, les hommes nombreux et les métiers multiples et finalement le renvoi à son passé de fille de fossoyeur dans la quête de ses origines juives.

Cette histoire, inspirée à Joyce Carol Oates par celle de sa grand-mère, a une construction époustouflante. A l'inverse d'un récit linéaire, on découvre le combat et la survie d'une femme, blessée et malmenée par la vie, à travers les fluctuations de ses pensées intimes. C'est dense, historiquement passionnant, poignant et inoubliable.
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Ce roman de Joyce Carol Oates est conforme aux romans de Joyce Carol Oates que j'ai déjà eu l'avantage de lire ; c'est un coup de poing en pleine face.

On peut compter sur Joyce Carol Oates pour ne pas prendre de gants et son style brut et brutal peut déconcerter plus d'un lecteur. Question d'habitude ou d'apprivoisement. Une chose est sûre : on ne sort pas indemne d'un roman de Joyce Carol Oates.

Rebecca Schwart est née en 1936 sur le paquebot dont les cales bondées d'immigrés a transporté sa famille, son père, sa mère et ses deux frères, au pays où tout semble possible, aux Etats-Unis d'Amérique. Fuyant le fascisme nazi, les Schwart peineront à s'intégrer à une société qui les rejette et l'enfance de Rebecca sera marquée par une extrême violence sociale et physique. Une violence qui draine le drame dans son sillage.

Sur les 700 pages que compte le roman, j'ai passé un bon quart à me demander où l'auteure voulait m'emmener. le rythme du récit est plutôt lent, la narration s'éparpille tout au long d'une chronologie dense qui s'étale de 1936 à 1998. Et pourtant, on s'accroche, on se laisse aimanter.

Ne croyez pas suivre une chronique familiale, c'est d'abord le destin de Rebecca qui intéresse l'auteure et le lecteur. Un destin complexe, bouleversé et bouleversant, marqué par les erreurs, le sang, les coups, la fuite, la quête et la survie.

Un portrait au vitriol de la société américaine comme Joyce Carol Oates sait si bien en peindre ; un spectacle qui fait grincer des dents, donne envie de vomir ou de jouer des poings. Au final un roman rude et fascinant que j'aurai mis de longues semaines à lire mais dont je garderai longtemps la trace.


Challenge MULTI-DÉFIS 2019
Challenge PAVES 2019
Challenge USA
Challenge Joyce Carol OATES
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Des mois que je l'ai sous le coude. Pas facile d'attaquer un pavé quand il y a tant de livres à lire et la facilité quand ils sont minces. Pourtant avec ‘les gros' l'immersion est tellement plus forte ! Je suis admirative de cette écrivaine pour la façon dont elle maîtrise un sujet d'aussi longue haleine. le lecteur va vite s'attacher à cette fille du fossoyeur née sur un bateau à New-York parce que ses parents fuient l'Allemagne nazi. Ancien professeur et éditeur, il se retrouvera à s'occuper du cimetière. Rebecca y vit entre ses parents et ses deux frères. On va suivre son enfance, sa vie d'épouse de truand, comment elle va s'en sortir avec son fils. Une grande fresque d'une femme forte, ballottée par la vie avec, en toile de fond le piano. Bouleversant et inoubliable !
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1936 , la famille Schwart , juifs allemands fuyant l' Allemagne nazie arrivent dans une petite ville du comté de New -York .
Rebecca l'héroïne du livre va naître sur le bateau qui emmène sa famille .
Le père n'arrivera jamais à s'intégrer dans son nouveau pays , lui qui était enseignant , devra se résigner à être fossoyeur .
Ce roman est un très beau portrait de femme qui n'oubliera jamais ses origines modestes , l'humiliation subie par sa famille mais qui saura toujours surmonter les obstacles .
En lisant d'autres critiques , j'ai appris que l'auteur s'était inspirée de la vie de sa grand -mère paternelle .
Un des meilleurs livres de Joyce Carol Oates .
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Rebecca est née en 1933 dans le port de New-York : sa mère a accouché sur le bateau, littéralement à l'instant de l'arrivée, au moment où tous les émigrants descendent à terre. La famille reste donc seule, la mère en travail, le père avec ses deux petits garçons.
Le vide s'est fait autour d'eux.
Lorsque le père trouve un emploi de fossoyeur (lui le professeur de mathématiques, Juif érudit et socialiste) le vide se fait également autour d'eux du fait de leur pauvreté : leur maison n'est qu'une masure où la mère, autrefois musicienne renommée, sombre dans la dépression.
Un espoir naît quand la famille restée en Europe annonce son arrivée.
Ici l'épisode est historique : à bord du Saint-Louis en provenance de Hambourg se trouvaient 937 passagers, Juifs allemands fuyant le nazisme dans l'espoir de trouver un refuge en Amérique. Mais l'Acte d'immigration de 1924 limitait le nombre de réfugiés chaque année, et en 1939 à l'arrivée du St-Louis le quota était atteint. le navire a dû faire demi-tour pour l'Europe, et la plupart des passagers moururent dans les camps d'extermination.
L'espoir pour Rebecca d'une vie nouvelle, d'une famille plus chaleureuse, d'une petite cousine de son âge, s'éteint donc avec ces nouvelles.
Ce ne sera pas le seul drame dans la vie de Rebecca.
Privée de sa famille, elle devient l'épouse d'un homme violent ; là aussi, le vide se fait autour d'elle et de son bébé, tant son mari les isole du monde.
En Mère Courage elle va fuir et élever son fils de son mieux, jusqu'à renouer avec la tradition familiale : la musique.
Tout le reste du roman est une sorte de happy end que j'ai trouvé un peu superficiel, un peu longuet. Pourquoi étirer sur près de 700 pages une intrigue qui perd de son intérêt à être ainsi délayée ?
Elle écrit très bien et avec sensibilité, JCO, elle raconte bien les histoires mais, comme les personnes qui s'écoutent parler, peut-être qu'elle se regarde écrire… ?

Merci en tout cas à Sandrine et aux copines de la lecture commune, et puis bien sûr à Berni qui m'a passé son exemplaire… !

Traduction parfaite de Claude Seban.

Challenge USA : un livre, un État (New York)
LC thématique novembre 2023 : "Videz vos PAL"
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Rebecca a vu le jour dans la cabine misérable d'un bateau stationné à Ellis Island. La famille Schwart fuit les persécutions nazies et espère trouver asile aux Etats-Unis. Jacob, le père, auparavant professeur à Munich, doit se résigner à prendre un emploi de fossoyeur. Ce déclassement va anéantir sa santé mentale. Et les travaux manuels vont transformer son corps jusqu'à lui donner l'apparence d'un troll. Mais même en Amérique, la famille vit au ban de la société. Pourtant, en quittant le vieux monde, les Schwart ont renié leur patronyme, leur histoire, leur identité, leur langue et leur religion. Rebecca qui est née du « bon côté » semble moins marquée par la fatalité familiale. Elle va s'en arracher et lutter pour prendre son destin en main en se souvenant de la maxime de son père : dans le monde animal les faibles sont vite éliminés, nous devons cacher nos faiblesses. A l'instar de Jacob, elle vivra dans la fuite et l'anonymat. Et les rares opportunités lui permettant de renouer avec son passé n'aboutiront pas. Ce beau roman se compose de trois parties centrées sur le père, le mari et le fils de Rebecca. Une trinité masculine dont elle devra s'affranchir comme elle devra se défendre de la concupiscence et de la violence des hommes. Cette structure permet à l'oeuvre de trouver du souffle après des passages d'une grande noirceur. Le roman est agréable à lire et la psychologie de l'héroïne parfaitement détaillée. La musique (ou son absence) est au cœur du récit. Une destinée poignante, un roman remarquable.
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Ce livre est le récit d'une vie, celle de Rebecca Schwart, issue d'une famille juive allemande qui fuit l'Europe à l'orée du nazisme. Ses parents et ses deux frères effectuent une traversée éprouvante de l'Atlantique, elle, naît dans le port à l'arrivée.

Joyce Carol Oates nous présente la dureté d'une enfance entre misère matérielle, affective et violence. Les difficultés d'intégration d'une famille où le père après avoir été traducteur et professeur en Allemagne, ne trouve qu'un emploi de fossoyeur dans une petite ville du Nord de l'état de New-York.

On accompagne Rebecca tout au long de sa vie mais La fille du fossoyeur n'est pas un livre dont il faut faire un résumé complet parce qu'il y perdrait de sa saveur. D'ailleurs, j'ai eu la bonne idée de ne pas lire la 4ème de couverture et je vous conseille de faire de même car elle en dévoile vraiment trop à mon goût.

L'écriture de Joyce Carol Oates est pleine de maîtrise dans la description de ses personnages, des rencontres et des choix que la vie nous propose ou impose, des sentiments éprouvés comme la peur ou la fébrilité. Il en résulte le portrait fort d'un personnage qui se relève après chaque déconvenue voire séisme. Rebecca se forge à travers les épreuves qu'elle rencontre. Oubliées un temps et cachées sous de nombreuses couches de vernis, elles resteront présentes jusqu'à la fin et la déterminent.
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Woates !, quel morceau de bravoure pour le pauvre lecteur lorsqu'il s'immisce dans la vie de Rebecca Schwart car il y a peu de moments de répit dans ce roman assez long de Dame Oates .

Entre sa naissance à bord du bateau qui transporte sa famille fuyant l'Allemagne en 1936 , son enfance entre son père ancien professeur de mathématiques devenu fossoyeur en arrivant comme immigré dans la petite ville de Milburn , logé avec sa famille dans une masure insalubre, sa mère qui ne s'habitue pas à sa nouvelle vie et ses frères qui tournent mal , Rebecca devient la fille du fossoyeur ...

Lorsque son père tue sa mère et se suicide, on pourrait espérer que Rebecca va commencer une vie plus sereine chez son ancienne institutrice mais c'est sans compter sa rencontre avec un homme violent qui devient son mari et qu'elle va fuir sa vie durant , devenant Hazel Jones en emmenant dans sa fuite son fils dont l'insouciance de l'enfance lui est volée .

Seule la musique apporte une note de douceur et d'espoir, celle entendue à la radio puis celle que son fils va jouer .

C'est un roman comme le fait souvent J.C Oates où il faut s'accrocher car tout est disséqué, analysé avec finesse mais quelle maitrise : on ne peut que s'incliner et saluer l'artiste .
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Joyce Carol Oates ne nous encourage pas à nous enthousiasmer pour les premières pages difficilement pénétrables de sa Fille du fossoyeur. Goût pour la difficulté ? Envie de forcer un lecteur qu'elle suppose peut-être un peu trop passif dans ses lectures –qui lirait comme on se laisse porter par ses rêveries ? Sans indication sur le personnage, sur l'époque, sur le lieu, nous chutons abruptement dans la conscience d'une jeune femme ; celle-ci, rentrant chez elle depuis son lieu de travail, a soudain l'impression d'être suivie… En même temps que ses pensées se mettent à tournoyer –doutes, questions, spéculations, monologues, conversations imaginaires…-, Joyce Carol Oates commence seulement à nous livrer quelques informations sur la situation de la jeune femme. Et alors qu'on croit s'approprier un peu de son vécu, nouvelle déconvenue : Joyce Carol Oates laisse tomber toutes ces dizaines de pages de traque pour nous lancer sur une histoire qui, a priori, n'a pas grand-chose à voir… Mais on retrouve à nouveau des liens… Et c'est à ce moment-là que Joyce Carol Oates choisit de rompre une dernière fois avec la logique chronologique pour nous ramener là où elle aurait dû commencer dès le début : en nous racontant l'histoire de la Fille du fossoyeur.


Celle-ci est née sur le bateau qui a permis à sa famille de fuir une Allemagne antisémite pour rejoindre les Etats-Unis. En effet, pour ne pas risquer la déportation à cause de son appartenance religieuse, les Morgensten, couple de professeurs cultivés animés de convictions politiques et idéologiques fortes, ont décidé de tout quitter et de n'emmener que leurs enfants pour mener une existence exempte de toute menace dans un petit coin perdu des Etats-Unis. Ils changent de nom pour adopter celui judaïquement moins marqué de « Schwartz » et acceptent les pires conditions sociales, les moqueries sournoises des voisins, et l'exercice décrié et dégradant de fossoyeur pour le père Jacob. Tout semble meilleur que la traque juive qui a commencé en Allemagne…
Inutile d'en raconter davantage : Joyce Carol Oates s'en charge avec talent. Se glissant dans la peau de Rebecca Schwartz, la petite dernière, celle qui sera « rescapée » parce qu'elle est née sur le territoire américain, elle montre avec quelle force les secrets familiaux génèrent des angoisses ; comment la déchéance sociale et culturelle peuvent déchaîner les frustrations et transformer un homme rempli d'idéaux en un monstre barbare, cruel envers lui-même et envers sa famille ; enfin, comment la culpabilité liée à l'idée d'avoir échappé à un sort qui aurait pourtant dû être inéluctable et le sentiment d'exclusion qui résulte de ce statut de « réfugié politique » peuvent faire apparaître une honte et un dégoût de soi-même qui ira d'autant plus croissant que l'opinion commune fera des crimes nazis une farce bouffonne que les juifs ont peut-être bien méritée…


On imagine aisément qu'il n'est pas facile de grandir dans un tel milieu. Rebecca s'en sort mais elle doit lutter. Surtout, son identité semble construite sur un édifice bancal et elle se fourvoie souvent, croyant connaître ce qu'elle désire et se rendant finalement compte qu'elle n'est que l'image que les autres acceptent de voir. Joyce Carol Oates ne s'arrête pas au récit de son enfance : elle nous permet de suivre l'histoire de Rebecca au cours de son adolescence, lors de sa première vie de jeune mariée, de mère esseulée, de mère affranchie, lors de son second mariage puis, enfin, lors de sa vie de grand-mère veuve. Entre temps, Rebecca aura changé de nom et sera devenue Hazel Jones –manière comme une autre d'essayer de se libérer de son passé, perturbant encore davantage la définition de son identité.


Cette histoire tient en près de 700 pages qui se lisent sans se compter car Joyce Carol Oates manie la prose narrative avec l'habilité d'une magicienne... Impossible de ne pas se sentir happé par l'histoire de Rebecca. Celle-ci est hors du commun et si on ne sait jamais sur quelles routes va nous conduire Joyce Carol Oates, on sait toutefois qu'on ne sera jamais déçu par le voyage… L'écrivain connaît certainement le goût bien humain pour le sordide et la misère, surtout lorsqu'ils envahissent l'existence des autres –les engouements pour les faits divers abjects le montrent bien- et elle nourrit son lecteur de ces rebondissements glauques sur lesquels elle s'attarde et qu'elle inscrit jusqu'au plus profond des rouages psychologiques de ses personnages. Mais cet art du sadisme est mesuré : jamais injustifié, toujours cohérent avec le déroulement de l'histoire, finalement très réaliste, Joyce Carol Oates semble en fait ne jamais exagérer. Si l'histoire qu'elle décrit est unique, on imagine parfaitement qu'elle ait pu exister sous d'autres noms et sous d'autres formes. Ce sont dans les petites vilenies quotidiennes que les êtres humains peuvent se montrer les plus destructeurs... On reconnaîtra enfin que Joyce Carol Oates ne crée par des personnages pour le simple plaisir de dresser la chronologie de leur destruction mais qu'elle cherche au contraire à leur permettre de surmonter les fardeaux de leur passé et de leur généalogie.


Reste encore à noter que le plaisir procuré par la lecture de la fille du fossoyeur découle également de cette imbrication étroite entre la petite histoire et la grande, qui fait naître des interrogations universelles, pertinentes en tout temps et en tout lieu. Finalement, toute l'histoire de Rebecca n'aura-t-elle pas été menée afin de répondre à cette question qu'elle se posait sans cesse, étant enfant ?


« Serait-elle punie parce qu'elle était une fille, ou parce qu'elle était la fille du fossoyeur
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Je continue d'être éblouie/subjuguée par le talent de Joyce Carol Oates. Ici, elle nous livre un autre grand roman qui serait inspiré de la vie à la fois sordide et rocambolesque de sa grand-mère* qui serait née dans les années 30, tout comme elle-même ??
Fille d'immigrants juifs allemands, Rebecca naît à l'aube de la deuxième guerre dans le port de New York après une horrible traversée, son père professeur fuyant le IIIème Reich avec sa famille. Hélas ! il ne trouvera pas mieux qu'un minable emploi de fossoyeur dans un petite ville de l'État de NY. L'indignité entraînera la famille vers la folie et le drame. Rebecca survivra, fera de mauvais choix, enfantera d'un bandit qui s'avérera violent. Elle réussira à le fuir, à donner un avenir à son enfant... à quel prix. Sa vie est une imposture. Inoubliable destin de femme... L'épilogue est une correspondance entre notre héroïne et sa cousine, laquelle me semble ressembler étrangement à notre auteure...
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