Depuis des années je lis des avis dithyrambiques sur JOC. Certain.e.s se sont étranglé.e.s quand
Annie Ernaux a reçu le prix Nobel de littérature et pas JOC… Bref il s'agirait d'une très grande écrivaine. Alors j'ai voulu découvrir et j'ai lu «
J'ai réussi à rester en vie » que j'ai failli jeter par la fenêtre plusieurs fois. Mais bon comme il s'agissait de ma liseuse, j'ai résisté à la tentation et j'ai même refait un essai en lisant
la fille du fossoyeur.
Ce roman est très particulier dans le sens où l'on passe très vite de très grandes périodes de vie de l'héroïne (que l'on nommera ici Rebecca)… et à d'autres moments, les longueurs s'accumulent. le moins que l'on puisse dire est que Rebecca n'a pas été épargnée par la vie. Rebecca est née dans les soutes d'un bateau en provenance de l'Europe à la veille de la seconde guerre mondiale, de parents qui ont fui l'Allemagne et qui ne retrouveront jamais leurs statuts d'antan. Des parents qui vont s'enfoncer dans la folie destructrice pour le père et auto destructive pour la mère. Mais alors qu'une personne tente de l'aider à s'en sortir, Rebecca va s'enfoncer et suivre un destin de femme battue. Ici commence les premières incohérences. Alors qu'elle décrit son « mari » comme alcoolique, violent, manipulateur, contrôleur, elle annonce qu'il lui apprend à conduire sa voiture… Dans
les années 50 c'est un détail peu probable… mais il faut bien expliquer la suite. Car un jour (et cela arrive un peu comme cela) alors que ce mari est imbuvable depuis longtemps, et qu'elle se dit toujours amoureuse (ou du moins dépendante affectivement) hop elle se réveille et elle décide que c'est trop, c'est trop….
Bref Rebecca s'enfuit. On va la suivre dans sa fuite et la reconstruction de sa nouvelle vie. Mais Rebecca dans son malheur a la chance d'être très belle (malgré une enfance de malnutrition, des coups, du travail à l'usine et 2 grossesses)… Et elle fait craquer les hommes.
Cela lui permettra de trouver une nouvelle identité, de garantir à son fils unique un héritage fabuleux… Tout cela en croisant le chemin d'un tueur en série…
Je ne vous parle pas du dernier chapitre qui est franchement de trop si ce n'est quelques réflexions philosophiques que je vous livre car elles sont intéressantes. Surtout dans le contexte actuel. Je ne sais si JOC pourrait encore écrire ceci aujourd'hui.
« Cette sacralisation de l'Holocauste ! Dans une de vos lettres, vous avez employé ce mot avec une révérence qui m'a fait rire. Je n'emploie plus jamais ce mot qui glisse sur les langues américaines comme de la graisse. L'un des critiques qui m'ont démolie a traité Morgenstern de traite qui réconfortait l'ennemi (quel ennemi ? ils sont nombreux.) en déclarant et re-déclarant (ce que je continuerai de faire chaque fois que l'on me posera la question) que l'«Holocauste» était un accident de l'histoire, comme tous les événements de l'histoire sont des accidents. L'Histoire n'a pas plus de but que l'évolution, il n'y a ni objectif ni progrès. « Evolution » est le terme appliqué à ce qui est. Les pieux rêveurs souhaitent prétendre que le génocide nazi était un événement unique qui nous a élevé au-dessus de l'histoire. Ce sont des foutaises. Je l'ai dit et je continuerai de le dire. Les génocides sont aussi vieux que l'humanité. L'Histoire est une invention des livres. »
Bref vous l'aurez compris… Les aventures de Rebecca sont un peu trop nombreuses pour m'avoir réconciliées complétement avec JOC. Même si j'ai préféré de loin ce roman à «
J'ai réussi à rester en vie ».