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Ce roman de Joyce Carol Oates n'est pas facile à appréhender je trouve. Il débute sur une affaire judiciaire qui fait éclater le cadre familial de Juliette puisque c'est elle qui dénonce ses frères qui ont battu à mort un jeune noir.
Renvoyée de chez elle pour avoir cafardé, elle va vivre chez sa tante dans un autre état mais reste comme sidérée et a beaucoup de mal à parler.
Mais ensuite intervient la partie du récit où l'adolescente est la proie de plusieurs prédateurs sexuels : son professeur de mathématiques d'abord (un pervers psychopathe bien malsain) puis alors qu'elle est étudiante et effectue des ménages, un de ses employeurs qui la teste avant de faire d'elle son jouet.
Et tout du long, Violet ne pense qu'à la réconciliation avec sa famille et comment expier sa trahison (honnête en terme de justice mais bon), obtenir le pardon de son frère qui sort de prison.
On ressort de cette lecture dans un état second.
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Autant être honnête, je ne suis pas fan des auteurs américains. Cette littérature ne m'émeut pas spécialement, ne me touche pas.
Mais Oates est, pour moi, un génie de la littérature américaine.
Seul petit bémol, il me semble que son parcours, gigantesque au vu de toutes ses publications, romans ou nouvelles, n'est pas linéaire, j'entends par là qu' il est inégal. C'est toujours un mystère pour moi, quand j'ai le livre en mains, je ne sais pas si ce livre va me plaire davantage qu'un autre. En un mot comme en cent, je n'apprécie pas l'ensemble de son oeuvre.
Mais ici, c'est une franche réussite.
Magnifique, époustouflant, d'une justesse sidérante, c'est le récit de la vie de Violet (comme violence, viol, violer...) qui, par mégarde, à l'infirmerie de son école, accuse ses deux frères aînés d'avoir tué un étudiant noir à coup de batte de baseball.
De cela, toute sa vie en sera entachée.
C'est la descente aux enfers d'une petite fille de douze ans qui n'avait pas l'intention de dénoncer ces deux brutes de frères. Car oui, il s'agit de deux presque débiles, dans une famille de sept enfants, avec une mère défaillante, dépassée, et un père autoritaire et violent.
Pas de bol Violet....
Elle ira de traumas en traumas, on la placera chez une tante, reniée par sa famille parce que ses frères sont emprisonnés, et que c'est à cause d'elle. Un cafard, un sale cafard qui a trahi LA famille, sa famille.
Fragile, elle sera le jouet de deux pédophiles, elle sera en proie aux griffes d'un homme riche mais pervers narcissique, mais elle est courageuse Violet. Si courageuse.
Je ne raconterai pas l'intrigue par le menu, je vous laisse la découvrir par vous-mêmes.
C'est une écriture très belle, magique, avec une certaine classe et retenue, de telle sorte que jamais ça ne devienne glauque ou illisible, ou bien insupportable.
Il existe dans ce roman merveilleux, un petit chien, bouledogue français, qui marque de son sceau la vie de Violet pendant quelques années.
Et la dernière phrase du roman pose le doigt, met en exergue ce petit chien.
Gageons que les bêtes ont joué un grand rôle dans la vie de Oates.
Un bien beau livre d'une reconstruction d'une fille, d'une ado puis d'une femme.
Oui, d'une Femme.
Si belle.
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« Ma vie de cafard » Joyce Carol Oates (Points 460p)
Ames sensibles ou dépressives plutôt s'abstenir.
Sinon, on peut y aller, ouvrir ce plutôt bon roman, dur, violent, mais qui ne tombe pas dans le voyeurisme. Il nous guide sur une quinzaine d'années de vie de la narratrice, Violet, 12 ans au moment où commence son récit. Six frères et soeurs, une mère au foyer, un père ouvrier ou quelque chose dans le genre, une petite maison avec un jardin dans une bourgade proche des chutes du Niagara, de nos jours. On n'est pas dans le sud profond des petits blancs de Erskine Caldwell dans les années 50, mais ça y ressemble par bien des côtés. le racisme le plus archaïque y gangrène ce petit monde, c'est le « ressac blanc », ce mouvement qui suit et contrebalance l'élection de Barack Obama et les révoltes contre les crimes racistes de la police blanche, comme un retour du refoulé d'une société qui semble irréductiblement ancrée dans ses préjugés : « on est accusés, par ce qu'on est blancs ». Or les deux frères ainés de Violet sont bel et bien coupables d'un terrible crime raciste gratuit, Violet l'a compris, et un jour elle n'a pu faire autrement que de rompre le pacte de silence. Malgré ce qui la lie à sa famille, elle est devenue un cafard, une cafardeuse, responsable de la condamnation « injuste » qui frappe ses deux frères, et par contrecoup toute sa lignée. Bannie à 12 ans, y compris par son père adoré, elle débute un exil chez une tante lointaine.
Mais les hommes qu'elle rencontre et à qui a priori elle devrait pouvoir faire confiance se révèlent des pervers, les femmes presque toutes des lâches. Comment grandir et devenir adulte face à ces humiliations et ces trahisons ?
Dans le regard de cette jeune femme, c'est le tableau bien sombre et réaliste d'une Amérique d'aujourd'hui qui n'a toujours pas chassé ses démons.
C'est donc un roman particulièrement noir, on cherche longtemps un rai de lumière dans la vie de Violet, d'autant que Joyce Carol Oates se concentre sur les aspects les plus sombres. Elle ne nous dit par exemple rien de la foi que la jeune fille met dans l'acharnement à reprendre des études, ce que cela lui apporte, les espoirs qu'elle y trouve, des rencontres humaines ou culturelles positives qu'elle peut y faire.
Du coup, on souffle à cette lecture, on se demande si ses malheurs vont bientôt se terminer, et il y a parfois des longueurs inutiles (est-ce parce que, comme le précise l'auteure, ce roman est la réécriture de plusieurs textes disparates, publiés ailleurs ?) Mais c'est plutôt bien écrit, les sentiments de Violet (la culpabilité, sa force, son besoin d'aimer et d'être aimée sans être trahie encore et encore), sont particulièrement bien fouillés.
Un très bon roman sans doute, mais après cela, on a besoin d'une bonne cure d'espoir, si peu esquissé ici.
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Au début des années 90, donc, Violet est une gamine de 12 ans, membre d'une fratrie de plusieurs frères et soeurs comme souvent dans les familles ultra catholiques. Issue d'une famille d'immigrés Irlandais, Violet adore son père, elle, la petite chérie de son papa, la dernière-née. Jusqu'à ce qu'elle dénonce, innocemment, ses deux frères ainés pour le meurtre sauvage d'un jeune noir. Ses frères inculpés, Violet est jetée dehors par ses parents, confiée à une tante, loin de leurs yeux.

Joyce Carol Oates nous livre le récit d'une vie brisée pour avoir voulu bien faire. Quand toutes les valeurs prônées par une éducation, surtout très religieuse, ne s'appliquent plus dès lors qu'on parle de sa propre chair, quand on n'hésite pas à rayer de son existence sa chair et son sang, à choisir, juger ou acquitter un enfant par rapport à un autre, que reste-t-il de ces valeurs ?
Dans ce roman il y a bien plus qu'une seule victime, il y a aussi bien plus que deux coupables et l'autrice fait tomber les masques en dénonçant l'hypocrisie de mentalités bien ancrées, celles où des fils auront toujours plus d'importance, seront toujours de plus grandes sources de fierté que des filles, ou des femmes, à l'image de la mère de Violet. Cette mère est un personnage qu'on ne pourra pas aimer parce qu'une mère se doit de protéger ses enfants, tous ses enfants. Mais peut-être qu'éloigner Violet c'est aussi la protéger. Mais que peut comprendre une enfant ? La souffrance psychologique de Violet hante ces pages.

L'autrice a cette portée dramatique dans son écriture qui rend ce roman encore plus fort, plus violent émotionnellement. Ce texte parle évidemment de racisme, mais il va bien au-delà. Il parle de toutes les différences, quelles qu'elles soient : la couleur d'une peau comme celle du lycéen battu à mort, un handicap physique ou mental comme dans le cas de cette jeune fille que les frères de Violet ont agressée auparavant, ou encore le simple fait d'être de sexe féminin, comme Violet, dont on attend d'elle uniquement une loyauté sans faille et surtout de se taire.
C'est un superbe roman qui mérite d'être lu, relu, un vrai cri à la justice et à l'égalité.

Je vous ferai grâce d'une quatrième de couverture erronée …

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Violet Rue 12 ans est rejetée par sa famille après avoir dénoncée ses frères pour le meurtre d'un jeune noir. Nous voilà plongé dans l'Amérique des années 70/80 ou la pression familiale ne souffre aucune contestation. Violet est bannie de chez elle à douze ans et pendant que ses frères sont en prison elle va vivre elle aussi cette emprisonnement intérieur d'avoir été le « cafard » de la famille.

C'est avec beaucoup de finesse et de vérité que l'auteur utilise chaque mot. Elle retrace l'évolution de Violet après avoir été banni. Depuis le cerveau d'une jeune adolescente en construction jusqu'à la jeune adulte. C'est un portrait de femme qui va apprendre à devenir elle même. L'écriture et les sentiments sont extrêmement bien décrits, utilisant parfois le « je » parfois le « elle » comme si le cerveau traumatisé de cette enfant apprenait à grandir tout en dissociant l'insoutenable. le livre est dur, l'histoire souvent sordide. Une très belle description du travail psychologique et de la force humaine.
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Violet est la petite dernière d'une fratrie de sept enfants. Son papa la chouchoute et l'adore. Elle admire ses grands frères. Lorsqu'ils rentrent d'une virée nocturne, elle les entend, se glisse dans l'entrebâillement d'une porte et les espionne. Ils dissimulent un objet: une batte de base-ball avec laquelle ils ont agressé et tué un jeune noir. Violet les dénonce. Ses frères iront en prison; elle sera chassée de la maison…

Ma vie de cafard est un roman poignant. Joyce Carol Oates s'intéresse ici à Violet, qui à douze ans, dénonce ses deux frères, auteurs d'un crime raciste. La petit fille est alors bannie, chassée de la maison familiale parce qu'elle a trahi les siens. Envoyée chez une tante, loin de sa famille, elle tente de se construire maladroitement. L'autrice m'a une fois de plus embarquée dans cette histoire familiale. Elle y parle de racisme et de sexisme, de reconstruction de soi, de loyauté envers les siens, de liens du sang.

Jusqu'où peut-on aller pour rester fidèle à sa famille et à son sang? La Loi des hommes s'applique-t-elle dans la sphère intime, familiale? Comment se reconstruire lorsqu'on a été bannie des siens, chassée, honnie?

C'est un roman poignant et fort. le lecteur va suivre Violet de ses douze à ses trente ans. Humiliée, rejetée, elle se construit comme elle le peut. Son enfance est coupée, arrêtée net et vole en éclats. C'est un roman met mal à l'aise car de nombreux termes y sont abordés, notamment la violence intra-familiale, le rejet, les violences sexistes et sexuelles. Mais comme toujours, la plume délicate de Joyce Carole Oates vient sublimer le récit.

A travers l'histoire de Violet, c'est la société américaine qui est disséquée et analysée. C'est brillant.

« Ma vie de cafard » est un roman émouvant, singulier, d'une puissance folle.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Encore un Joyce Carol Oates d'excellente facture ! Je ne me lasse pas de la lire. Lu grâce à la chronique de "Evadez-moi" qui m'a rappelée combien cette auteure est indispensable.

Comme souvent il s'agit de la vie d'une femme. Ici on commence par une enfant de douze ans : Violet Rue. Une gamine élevée dans une famille catholique de la région de Niagara Falls avec quatre frères et deux soeurs. Et ses parents. Une vie familiale, pas aisée, mais posée sur des principes moraux intangibles ... jusqu'au jour où.

Témoin indirecte, mais néanmoins cruciale, du forfait commis par ses deux frères ainés, et qui conduira au décès d'un jeune lycéen noir, sa vie va passer d'un coup, de petite fille chérie de son papa à cafard ! Bannie, exclue, renvoyée ! A jamais ...

L'auteure ne cherche pas à dissimuler quoi que se soit, et nous vivons avec Violet, avec ses craintes, ses espoirs, ses déboires ... car comment (re)construire une personnalité quand ce sont les fondements, les fondations mêmes de la vie, qui s'écroulent.

Livre du pardon et de l'oubli impossibles mais espérés, à la fois cruel et tendre et où la sauvagerie du fond se cache parfaitement sous la beauté de la forme. du grand art.

Un livre noir et profond.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Il m'avait suffi de lire l'année dernière Un livre de martyrs américains pour avoir envie de posséder toute la biblio de cette autrice (et y a de quoi faire !) mais ça se confirme laaaargement avec ce dernier roman qui aborde encore une fois avec justesse toutes les grandes fractures de l'Amérique. Comment la masculinité toxique blanche, érigée en norme, conduit à créer de véritables sociopathes ? Que reste t-il de l'amour sans estime ni respect ? En dressant le tableau d'une famille modeste de South Niagara convaincue d'être la cible d'un « racisme anti-blancs », JCO parle de l'Amérique des années 80-90 comme elle parle de l'Amérique de Trump.

De petite chérie à paria en un claquement de doigts, Violet Rue fait l'amère expérience de l'exil forcé sans que son amour ne faiblisse jamais pour les siens. L'autrice nous donne du « je », du « tu », du « elle » pour une petite fille qui, même en ayant le sentiment enfoui d'avoir fait le bien, voudrait de tout son coeur revenir en arrière pour que tout cela n'ait jamais eu lieu. Toujours nichée au coeur des recoins les plus secrets des sentiments humain, JCO pose aussi la question de la parole des victimes qui leur est aussitôt volée et d'une reconstruction qui semble impossible quand des racines jusque là solides s'évaporent.

Anti-manichéen au possible mais aussi carrément terrifiant, Ma vie de cafard est un nouveau merveilleux roman pour comprendre les ravages du racisme, du sexisme et du silence.
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
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Ce roman m'a fait l'effet d'une pichenette faussement innocente sur un insecte, un cafard par exemple. Pour celui ou celle qui l'inflige ça relève d'un jeu sadique distrayant mais par contre, que ressent le petit cafard? La petite cafardeuse, Violet Rue, gamine "white américaine" dont l'enfance va soudainement, accidentellement, basculer? Et, par ricochet, le lecteur si tant est qu'il s'identifie à cette jeune héroïne-insecte?

Une vie de cafard donc.

J'ignore si la très talentueuse Joyce Carol Oates s'est penchée sur le psychisme des cafards, toutefois, comme à son habitude, elle a brillamment dépeint celui de Violet.
Peu d'innocence, un peu de sadisme de la part de l'auteur comme je l'exprimais car on ne lâche pas Violet, insecte Oatiens (et non Kafkaïen!) facilement, on veut la protéger mais oui, c'est tout à fait ça : on ne souhaite pas la lâcher, on aime cruellement sa débâcle propre à nous tous, humains.

Allez, prenez une loupe, celle que vous prête malicieusement l'auteure et venez observez le cafard de plus prêt, vous risquez d'être fort étonnés.

"Mon souhait est de vivre une vie où les émotions arrivent avec la lenteur des nuages par une journée calme. Vous voyez le nuage approcher, vous admirez sa beauté, vous observez son passage, vous le laissez aller. Vous ne ruminez pas ce que vous avez vu, vous ne le regrettez pas. Vous acceptez le fait que le même nuage ne reviendra jamais, si beau et si unique qu'il ait été. Vous ne pleurez pas sa disparition."

Les cafards observent les nuages aussi après tout.


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C'est avec bonheur que je me suis plongée dans le monde intimiste de madame Oates. Roman très touchant mais aussi très réel d'un monde où sévit racisme, violence, abus de pouvoir et discrimination envers les femmes. Violet, quelle jeune femme attachante et résiliente. Reniée par sa famille injustement, elle tente de toutes ses forces et par différents moyens de surmonter la souffrance pour retrouver l'amour de cette famille et plus spécifiquement l'amour d'un père.

Récit difficile mais avec une belle note d'espoir.
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