AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,13

sur 321 notes
5
38 avis
4
24 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
New York, années 70. Violet Rue Kerrigan grandit avec ses frères et soeurs dans une famille d'origine irlandaise.
Elle est la petite dernière, et, aime à croire, la préférée de son papa. Un homme menant à la baguette ses sept enfants et sa femme au foyer.
Un soir, ses frères - Jerome Junior et Lionel - rentrent d'une beuverie. Tapie dans la cage d'escalier « Vil'et » surprend leur conversation, sans en saisir immédiatement la portée … Voiture, batte de baseball, preuve, enterrée …
Elle sent au travers du regard de Lionel, la rage de l'animal qui anime son frère. Il la surveille, la traque dans les recoins de la maison et la pousse brutalement dans les escaliers en guise d'avertissement.
Terrorisée, fiévreuse, elle cache ses hématomes et n'ose se confier à ses parents. L'infirmière de l'école découvre tout. Violet craque et balance.
Ses frères jusque-là « seulement » soupçonnés du meurtre d'un jeune noir de leur établissement scolaire sont officiellement arrêtés et jugés pour homicide. La famille éclate!
Rejetée. le sale cafard qu'elle est devenu est exilé chez une tante qui n'a jamais eu d'enfant. Bannie de la maison parentale, plus personne ne lui parle sauf une soeur qui lui téléphone en cachète.

A travers le récit de Violet, narratrice, qui retrace presque deux décennies d'éloignement, Joyce Carole Oates raconte comment une jeune fille de 13 ans se définit, grandit sans sa famille, devient une jeune femme. JCO analyse les liens familiaux, la fratrie, la loyauté que l'on doit ou pas accorder aux siens, qu'ils soient profondément dysfonctionnels ou non.
Finalement qu'est ce qui a détruit les Kerrigan? L'éducation ? La société ? Les frères ? Ou Violet elle-même ? Comme dans Un livre des martyrs américains, introspection psychologique et sociologique, Oates décortique minutieusement sans trop intervenir un morceau de notre société, pas toujours le plus joli. Elle est tellement précise dans son récit que cela relève presque du documentaire.

On suffoque en tournant les pages, on a peur pour Violet, on espère la rédemption, on a besoin d'amour pour elle. Nul n'est sorti indemne de cette tragédie et Violet aussi a payé un lourd tribut, prisonnière des années des crimes de ses frères.
Racisme, misogynie, éphébophilie, violence, déni.
La famille et l'Amérique se prennent encore une bonne claque avec Joyce Carol Oates. de la pure dentelle !
Commenter  J’apprécie          30
Autant vous prévenir tout de suite, cette chronique sera tout sauf objective, neutre et distante : cette chronique ne sera qu'un immense cri d'amour !

Cri d'amour pour Violet Rue Kerrigan, qu'on suit dans ce roman de ses 12 ans à l'âge adulte, du temps béni de l'enfance dans sa famille bancale mais soudée, à son exil forcé car elle a dénoncé ses frères, sale cafard ! Violet grandit au milieu de sa fratrie nombreuse et étrange, aux côtés de sa mère dépassée et de son père adoré. Un jour ses deux grands frères tuent un jeune adolescent noir et Violet, apeurée, dit à la police où est cachée l'arme du crime. Alors Violet sera rejetée, Violet devra partir, Violet quittera sa maison et grandira loin des siens. Et malgré toutes les épreuves, Violet sera résiliente et pardonnera. Elle.

Cri d'amour pour l'écriture de Joyce Carol Oates, bon sang que j'aime cette auteure ! du sang, du moche, du fou, du cassé, du violent, elle fait du beau. Dans ce roman, on ne peut qu'assister, impuissant, à la détresse et à l'incompréhension de Violet et en même temps ressentir un immense élan de vie. Une envie de réparer ce qui est cassé. de prendre tout le monde dans les bras et leur dire que ça va aller. D'oublier le racisme, le sexisme, la peur, qui sont des thèmes très forts dans ce livre. de grandir.

Alors je vous conseille évidemment « Ma vie de cafard » et tous les livres de Joyce Carol Oates qui s'inscrit de plus en plus fortement dans mes auteures préférées.

«C'est la grande faiblesse : vouloir être aimé. Vous abandonnez toute fierté quand vous voulez être aimé.» (Citation du livre qui me rappelle furieusement le personnage de Marylin dans son excellent « Blonde »)
Commenter  J’apprécie          30
Du très grand Oates même si les thèmes récurrents sont toujours là : racisme condition des femmes, blessures d'enfance. Avec ce style inimitable qui touche à l'âme, active des réminiscences intemporelles.
Commenter  J’apprécie          30
heureuse et soulagée de retrouver le style de JCO,et une histoire palpitante, saisissante,avec des personnages bien définis ainsi que la présentation non caricaturale des USA des années 60-70. seul petit bémol pour moi: la fin " obligée" , comme pour expier un crime qui n'est pas le sien ou gommer ce qui a été commis. Personnellement je trouve ça too much,mais pas impossible. C'est le choix de l'auteure et l'auteure ce n'est pas moi.
j'aime le crescendo de l'histoire. on commence pianissimo,sur la pointe des pieds,JCO nous prévient d'une petite phrase anodine que non, attention,ce n'est pas si beau que ça en a l'air...et en effet ce livre est de plus en plus sombre, Violette Rue l'héroïne sera victime d'hommes déséquilibrés, histoire de se sentir encore plus sale, plus méprisable, normal puisque même ses parents ne l'ont pas soutenue et l'ont considérée comme quantité négligeable.
Dans la dernière partie du livre,on souffle un peu, ça y est,le vrai coupable va lui demander pardon,il va y avoir rémission du péché et rédemption. À moins qu'il ne soit une vraie ordure?
quel rythme,quel style, quelle justesse!
Hormis la toute fin assez peu crédible à mon sens, c'est un très bon JCO.
Commenter  J’apprécie          20
Lorsqu'on lit Joyce Carol Oates, on sait.
On sait que ce ne sera ni reposant ni léger, ni heureux.
On sait que ce sera bien.
Parfois même, c'est fabuleux.
Rien ne vaudra LES Chutes. Ni BLONDE.
Mais celui-ci est bon.

On s'attache à Violet Rue.
Vie de cafard au sens propre et figuré.
On la suit de 12 à 27 ans, cette soeur Kerrigan. le sang irlandais ne l'aura pas épargnée.
Épargnée du pire puisque la fillette va cafarder, tout balancer et en paiera bien trop cher les conséquences...
À commencer par le bannissement familial. Élément fondateur de la suite de sa pauvre vie. Dans l'ombre et la crainte. Pauvre petite chose noire qu'on s'autorise à piétiner .
Épargnée par personne. Maltraitée par beaucoup. Et seule. Immédiatement seule. Immensément seule.
Mais le chien sera là.
La force de vie, pas flagrante au départ, aussi.

Évidemment, c'est bien écrit. Troublant aussi puisque le récit, essentiellement à la 1ère personne, passe régulièrement à la 3ème. Comme si, sa conscience savait, voyait. Comme si le lecteur supposait, plutôt bien. Bien avant elle. Plus profondément.

Un bon roman.
Commenter  J’apprécie          20
Après le puissant «Livre de martyrs américain », avec « Ma vie de cafard », Joyce Carol Oates, revient à nouveau avec force sur les démons de l'Amérique , racisme, violence, et elle montre comment ils réussissent à déstabiliser les foyers, au point de provoquer parfois leur éclatement et faire pénétrer la haine jusqu'au coeur des familles. C'est bouleversant !
Violet Rue est la plus jeune des 7 enfants de la famille Kerrigan, installée à South Niagara, près des fameuses chutes. Ils sont issus de l'immigration Irlandaise. Elle a 12 ans, lorsqu'une nuit elle est témoin d'un comportement de ses 2 frères aînés Jérôme Junior (Jerr) et Lionel, qui lui paraît anormal. le lendemain lorsque les médias informent qu'un jeune Africain Américain noir, Hadrian Johnson, a été battu à mort, elle fait le rapprochement. Par un concours de circonstance indépendant de sa volonté, elle dénoncera ses frères comme étant les auteurs du meurtre. Ils seront condamnés à de lourdes peines de prison, mais Violet sera chassée de sa famille, à l'initiative d'un père intraitable, qui soutient ses fils. Commence alors pour elle, recueillie par sa tante Irma, une longue période d'instabilité, sans revoir sa famille, subissant plusieurs humiliations et agressions de la part d'un professeur, ignoble, et d'un employeur abusif. Malgré tout, tant bien que mal, elle poursuit ses études et surtout elle assume ce qu'elle a fait pour qu'éclate la vérité sur le drame. Ce qui est très fort de la part de Joyce Carol Oates, c'est de bien montrer les rapports entre les communautés blanche et noire, mais également de faire de Violet, l'exemple de ceux qui dépassent les clivages de la couleur de peau. L'attitude de Violet vis à vis de la famille de victime en est la preuve. En situant son intrigue dans une ville moyenne, elle montre combien les maux qui rongent les USA pénètrent jusque dans l'Amérique profonde. Elle met l'accent sur la montée du néo-nazisme, en prison, mais également dans les milieux dits intellectuels, ainsi que sur la banalisation de la violence. L'atmosphère est pesante, heureusement, le lien qui naît entre Violet et le petit chien Brindle apporte un peu de détente.
Ce qui tient le lecteur, pendant ces 425 pages, c'est l'espoir qu'elle soit enfin pardonnée par les siens. Qu'en sera-t-il?
Commenter  J’apprécie          20
Ma vie de cafard
Joyce Carol Oates


C'était le week-end de Pâques et il pleuvait.
Sans arrêt.
J'ai attaqué Ma vie de cafard avec le cafard, ça ne pouvait pas mieux tomber.
J'ai lu en oubliant la pluie.
Joyce Carol Oates est un génie.
Et même si je me suis dit à plusieurs reprises en lisant ce livre que je n'aimerais pas me trouver à l'intérieur de sa tête parce que quand même, c'est effrayant ce qu'elle y trouve, dans sa tête, Joyce Carol Oates est un génie d'imagination, d'écriture, de situations, de construction.

Je l'avais découverte grâce à mon amie Laurence qui m'en avait parlé il y a quelques années : « Quoi tu n'as jamais lu Joyce Carol Oates ? Mais c'est impossible, commence par « Nous étions les Mulvaney » et enchaîne avec « Les chutes »… Laurence est une personne dotée d'une légitimité naturelle c'est pourquoi j'avais obtempéré. On devrait tous avoir une Laurence près de soi pour nous recommander des autrices surdouées !

Ma vie de cafard est l'histoire d'une famille modeste les Kerrigan, installée dans l'état de New York à South Niagara, dans les années 90. Une famille moyenne dont le père d'origine irlandaise incarne le patriarcat, tout le patriarcat. Dans cette famille, il y a sept enfants, quatre garçons et trois filles et parmi ces trois filles, il y a Vio-Let Rue, douze ans, bannie de sa famille pour avoir dénoncé ses frères au sujet d'un crime qu'ils ont commis ! Alors commence sa vie de cafard … loin de cette famille et auprès des mauvaises personnes, des hommes en particulier.

Là où Joyce Carol Oates est un génie c'est pour décrire de manière si précise et si juste les liens familiaux qui demeurent malgré les drames et le temps qui passe :
L'amour d'un enfant pour ses parents malgré tout et avec Joyce Carol Oates tout c'est beaucoup.
La vie de Vio-Let Rue n'est pas un long fleuve tranquille,
La lecture de Ma vie de cafard ne l'est pas non plus.
Mais ce livre, traduit de l'américain par Claude Seban, est incontournable comme l'est toute l'oeuvre de Joyce Carol Oates.
Merci Laurence !

instagram @mesmotsdanslesleurs
Commenter  J’apprécie          10
Très beau roman. Même si j'ai eu du mal à terminer le livre tellement la vie de Violet est dure !
Dans un style littéraire très différent, ça m'a fait penser à Darling de Jean Teulé. Les deux personnages s'en prennent tellement plein la tête que c'est difficile d'aller au bout.
J'ai terminé le livre car je n'aime pas abandonner un livre que je trouve bon, mais j'étais très mal à l'aise, l'impression d'être voyeuse en continuant alors que j'étais loin de me délecter des situations que je lisais.
Très bon livre, mais il faut être dans une période où l'on est fort psychologiquement pour encaisser.
Commenter  J’apprécie          10


En 1991, dans une petite ville de l'état de New York, Violet 12 ans, la petite dernière tant chérie de son papa a trahi sa famille, elle sera bannie. Elle qui tentait de trouver sa place dans cette famille (Irlandais ayant migré vers les Etats Unis dans les années 1930) composée d'un père autoritaire voire autoritariste et fier, qui agit selon des principes irrévocables, d'une mère effacée et soumise qui craint son mari et passe son temps à arrondir les angles, des frères plus âgés qu'elle ne parvient pas vraiment à approcher et qui l'ignorent mais qu'elle adore, des soeurs dont on ne sait pas grand-chose si ce n'est qu'elle les a supplantées dans le statut de « petite dernière adorée de papa ».
Le meurtre d'un jeune Noir apprécié de sa communauté va bouleverser sa vie ; Violet observe et écoute beaucoup et comprend que ses frères sont responsables de ce crime… et au fil du temps elle pressent qu'un de ses frères sait qu'elle sait. Un jour à l'école après avoir subi une agression de son frère, sous l'emprise de la panique elle avoue à l'infirmière qu'elle se sent en danger, elle explique et se retrouve prise dans un engrenage : directeur de l'établissement, police, services sociaux de l'Enfance, placement… à partir de ce choc elle va vivre sa vie en la subissant, comme dans une espèce de mauvais rêve dont elle n'arrive pas à se réveiller, comme anesthésiée ; elle se retrouve la proie de prédateurs sexuels, la proie d'une relation « amoureuse » faite de perversité et de manipulation, la proie de sa terreur de voir son frère libéré ce qui l'oblige à déménager souvent et nuit à la poursuite de ses études. Bien que devenue adulte Violet aura le sentiment d'être restée petite fille, de n'avoir pas vécu son enfance, d'avoir vécu sa vie en suspens dans l'attente de retrouver l'amour de sa famille. Mais la question que nous nous posons est : cette famille l'a-t-elle jamais aimée ? qui aime qui dans cette famille? Bizarrement elle s'évertue à chercher à réparer les torts faits par ses frères plutôt qu'à demander réparation pour elle-même.
Malgré un passage un peu trop long (sa relation malsaine avec un homme manipulateur alors qu'elle a 25 ans, mais c'est là aussi qu'elle va nouer une relation avec un « sale petit chien » lui aussi rejeté de tous) ce livre nous tient en haleine.
C'est un roman très prenant, très dérangeant ; on y trouve les questions des relations intrafamiliales (qu'est-ce qui relie les membres d'une famille entre eux ? quel est le ciment de ces liens ? l'amour peut-il suffire ?) les questions de la haine raciale, du sexisme « de base », de la difficulté de vivre.
Jusqu'à la toute fin, où elle va vivre un terrible événement qui va balayer les doutes mille fois ressassés, Violet va pouvoir s'autoriser à partir pour rentrer chez elle enfin et vivre sa vie librement choisie.
Commenter  J’apprécie          10
Vous connaissez mon amour pour Joyce Carol Oates et cet ouvrage est complètement dans la veine de ses précédents livres qui décortiquent le côté sombre des Etats-Unis. On suit la jeune Violet Kerrigan, dernière d'une famille nombreuse où le père, quelque peu violent, fait figure d'autorité et la mère est effacée et au service de tous. Elle est la petite chérie, mais le machisme familial fait qu'elle ne représente quand même pas la même valeur que ses frères aînés. Eux ne sont pas du tout des « gens bien ». On apprend d'abord, dans une scène révoltante, qu'ils ont agressé sexuellement Liza Deaver, une gamine de quatorze ans, retardée mentale… Liza, sur qui on va faire peser la faute. Cette affaire si injuste est impeccablement décrite par l'autrice qui vient nous toucher dans nos tripes.

Après cela, les frères vont battre à mort un lycéen noir, qui n'avait rien demandé à personne et se baladait en vélo. Violet en découvrant la culpabilité de ses frères, va devoir vivre avec la peur de leurs représailles, le rejet du curé, le choc de la nouvelle et sa tristesse pour ce jeune. Un jour, à bout, elle craque et révèle la vérité. Tout s'enchaine immédiatement : elle est conduite en foyer puis chez une lointaine tante, pour sa propre protection mais aussi parce que sa famille ne veut plus d'elle. D'enfant chérie à vilain petit cafard.

Survivre au rejet et à l'exil, dépasser sa dépression va être extrêmement dur pour Violet, dont la vie prend un tournant tragique. Après cet événement, elle va tomber sur des hommes plus manipulateurs et destructeurs les uns que les autres. Des hommes qui se pensent tout permis sur les femmes. Victime de violences, elle va tenter de se reconstruire et faire preuve de résilience. Néanmoins, et c'est le plus difficile à comprendre en tant que lectrice, elle va tenter sans relâche de contacter sa famille et de regagner leur amour.

Encore une fois, les portraits dressés par Oates sont d'une justesse folle. Elle dissèque l'âme humaine comme personne et nous plongeons avec elle dans ses aspects les plus sombres. Alors parfois cela sonne un peu too much quand on voit le déferlement de violence autour de Violet mais c'est si bien écrit et si prenant que cela nous embarque quand même. Je vous conseille vivement ce roman noir et tragique !
Lien : https://ninaalu.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (725) Voir plus



Quiz Voir plus

Joyce Carol Oates (difficile si vous ne connaissez pas son oeuvre)

Un des nombreux romans de Joyce Carol Oates est consacré à Marilyn Monroe. Quel en est le titre ?

Corps
Sexy
La désaxée
Blonde

10 questions
382 lecteurs ont répondu
Thème : Joyce Carol OatesCréer un quiz sur ce livre

{* *}