New York, années 70. Violet Rue Kerrigan grandit avec ses frères et soeurs dans une famille d'origine irlandaise.
Elle est la petite dernière, et, aime à croire, la préférée de son papa. Un homme menant à la baguette ses sept enfants et sa femme au foyer.
Un soir, ses frères - Jerome Junior et Lionel - rentrent d'une beuverie. Tapie dans la cage d'escalier « Vil'et » surprend leur conversation, sans en saisir immédiatement la portée … Voiture, batte de baseball, preuve, enterrée …
Elle sent au travers du regard de Lionel, la rage de l'animal qui anime son frère. Il la surveille, la traque dans les recoins de la maison et la pousse brutalement dans les escaliers en guise d'avertissement.
Terrorisée, fiévreuse, elle cache ses hématomes et n'ose se confier à ses parents. L'infirmière de l'école découvre tout. Violet craque et balance.
Ses frères jusque-là « seulement » soupçonnés du meurtre d'un jeune noir de leur établissement scolaire sont officiellement arrêtés et jugés pour homicide. La famille éclate!
Rejetée. le sale cafard qu'elle est devenu est exilé chez une tante qui n'a jamais eu d'enfant. Bannie de la maison parentale, plus personne ne lui parle sauf une soeur qui lui téléphone en cachète.
A travers le récit de Violet, narratrice, qui retrace presque deux décennies d'éloignement, Joyce Carole Oates raconte comment une jeune fille de 13 ans se définit, grandit sans sa famille, devient une jeune femme. JCO analyse les liens familiaux, la fratrie, la loyauté que l'on doit ou pas accorder aux siens, qu'ils soient profondément dysfonctionnels ou non.
Finalement qu'est ce qui a détruit les Kerrigan? L'éducation ? La société ? Les frères ? Ou Violet elle-même ? Comme dans Un livre des martyrs américains, introspection psychologique et sociologique, Oates décortique minutieusement sans trop intervenir un morceau de notre société, pas toujours le plus joli. Elle est tellement précise dans son récit que cela relève presque du documentaire.
On suffoque en tournant les pages, on a peur pour Violet, on espère la rédemption, on a besoin d'amour pour elle. Nul n'est sorti indemne de cette tragédie et Violet aussi a payé un lourd tribut, prisonnière des années des crimes de ses frères.
Racisme, misogynie, éphébophilie, violence, déni.
La famille et l'Amérique se prennent encore une bonne claque avec
Joyce Carol Oates. de la pure dentelle !