Violet Rue est la dernière de la fratrie de sept enfants de la famille Kerrigan.
Ils habitent dans une petite ville de l'État de New-York .
Dans les années 1970, les frères ainés de Violet renversent volontairement un cycliste et le rouent de coups simplement parce qu'il est noir et qu'ils ont bu.
Une fois rentrés chez
eux, ils nettoient leur voiture et enterrent sommairement la batte de base ball qui a servi d'arme .
Seulement, ils sont loin de se douter que Violet , 12 ans, les a vus .
Le jeune garçon décède de ses blessures.
L'enquête piétine jusqu'à ce que Violet méchamment poussée par un de ses frères , se blesse et avoue ce qu'elle a vu au principal de son collège .
Bien sûr, les frères sont arrêtés et envoyés en prison .
Mais Violet est bannie de chez elle , rendue responsable de l'arrestation de ses frères et elle est envoyée chez une tante,.
Elle espère pouvoir retrouver son foyer et souffre , elle n'est pas en état d'accepter l'amour de sa tante ou de se faire des amies ...
Ce roman , plutôt poignant, ouvre le débat sur plusieurs points :
le sens critique, d'abord , avec le refus du père, un homme sévère , brutal avec ses enfants, surtout les garçons , de reconnaitre la culpabilité de ses fils même devant les preuves .
Dans la famille Kerrigan, on se sert les coudes et on reste uni avant tout et devant les autres , donc c'est l'effondrement du schéma paternel .
Cela pose également la question du pardon : qui doit pardonner à qui.
Violet, à juste titre pour le lecteur est injustement chassée et attend que ses parents et surtout son père dont elle était jusque là la préférée lui demandent pardon .
Alors que pour sa famille, c'est par elle que le déshonneur est arrivé et que c'est à elle de faire sa contrition .
Les Kerrigan sont catholiques et la religion compte beaucoup, surtout pour la mère .
Les actes de confession sont un passage obligé pour les enfants qui ne perçoivent pas forcément la nature des péchés .
Ça ne vous est pas arrivé d'être dans le confessionnal quand vous étiez petits, je parle de la même époque, années 1970 et de ne pas savoir quoi dire au prêtre, dont l'haleine à travers cette mince paroi ajourée de bois était souvent désagréable...
Bref, Violet, désemparée par ce rejet n'a pas le discernement vis à vis des mauvaises personnes qu'elle rencontre et qui lui font du mal: peur de nouveau d'être mise au pilori , c'est la honte de tellement de femmes violentées qui n'osent pas parler ou qui minimisent les actes.
Ses choix sont souvent mauvais et l'obligent fréquemment à fuir . Ces fuites répétées sont le miroir de sa vie : un labyrinthe pour retrouver l'amour familial .
Hasard de la vie, j'ai regardé peu après ma lecture le film de
Jeanne Herry : Et je verrai toujours vos visages .
Un film sur la justice restaurative assez stupéfiant et qui vient en miroir de ce roman parler de colère et d'angoisse, de peur qui colle à la peau des victimes et aussi de la prise de conscience des agresseurs .
On sent tout le travail effectué par chaque personne pour se reconstruire et j'aurai tant désiré la même démarche pour Violet Rue , l'aider , la rassurer et lui offrir une existence plus heureuse !