Mudwoman

Car Dieu nous a guidées jusqu'à la terre de Moriah. Sa promesse est que nul n'enlèvera un enfant à sa mère légitime en ce lieu.

La femme parlait de sa voix d'eau miroitante, calme et lisse, et ses mots étaient prononcés uniment comme si elle traduisait aveuglément à mesure qu'elle parlait, des mots d'une forme étrange qui se logeaient au petit bonheur dans son larynx : ils la feraient souffrir, mais elle était habituée à la douleur et elle avait appris à y trouver un bonheur secret, trop merveilleux pour être mis en péril par son aveu.

C'était cela la condition humaine, peut-être ? - l'effort de demeurer humain.

Entre un seul et aucun, il y a un infini. Friedrich Nietzsche avait dû être bien seul pour savoir cela !

"Ils disent pour le plaisir de dire, mais ils font ce qui les sert."

C'était la vérité philosophique qu'elle recherchait, et non une expression du moi, une "vérité" fuyante comme un papillon emporté et malmené par le vent.

S'il l'avait vraiment aimée... il aurait été plein d'espoir pour elle, fier d'elle.

Certains de mes collègues - à l'Université - affirment qu'il n'y a pas de "noyau de la personnalité", que nous n'existons qu'en contexte.

André lui avait dit un jour trouver profondément ennuyeux de n'être que dans un seul lieu et M.R. avait voulu lui répondre qu'il serait infiniment précieux de n'être que dans un seul lieu. De n'être qu'une seule personne."

Car c'était le point central de la vie de Mudwoman : être admirée, aimée.