Citations sur Paysage perdu (88)
« Au commencement , nous sommes des enfants imaginant des fantômes qui nous effraient.Peu à peu ,au cours de nos longues vies, nous devenons nous- mêmes ces fantômes , hantant les paysages perdus de notre
enfance » .
Il se peut que l'écrivain/artiste soit stimulé par les mystères de l'enfance ou que ce soient ces mystères qui stimulent l'écrivain/artiste. (...) si je parviens à résoudre le mystère de la fiction, j'aurai résolu un mystère de ma vie. Que le mystère ne soit jamais résolu semble être la raison qui pousse l'écrivain à poursuivre son effort : chaque histoire, chaque poème, chaque roman est une reformulation de cette quête infatigable pour pénétrer le mystère.
L'écrivain est un déchiffreur d'indices.... (p. 86)
J'étais une enfant loquace, pour qui le langage était à la fois un moyen de communication et un écran derrière lequel se rendre invisible. (p. 109)
Notre voiture était notre principal moyen d'aventure, d'exploration et de distraction; ces longues promenades vagabondes du dimanche, apparemment improvisées, que nous faisions avec notre père ou notre mère pour conducteur étaient le principal moyen que nous avions de nous appréhender comme une -famille- (p. 89)
Ce que nous imaginons être la vie, mais que nous ne pouvons expliquer, ne pouvons "mettre en mots" en dépit de tout notre vocabulaire ; ce que nous ne pouvons, n'osons dire à haute voix, cette succession de petits moments parfaits comme le mouvement de l'aiguille ,rouge des minutes sur la pendule General Electric de la cuisine, des moments liés les uns aux autres comme les perles pour constituer un collier, liées par contact, fil invisible, le mystère intérieur. Nous avons eu de la chance, et nous avons été heureux, et je crois que nous l'avons toujours su.
Prendre des photos a été notre salut. sans photos, nos souvenirs se dissoudraient, s'évaporeraient. L'invention de la photographie au XIXe siècle- et de"l'instantané" au XXe- a révolutionné la conscience humaine; car lorsque nous affirmons nous rappeler notre passé, nous nous rappelons presque certainement nos photos préférées, qui donnent une immortalité visuelle à un passé depuis longtemps effacé. (p; 20)
(Lorsque j'ai terminé un roman, exigeant une énorme concentration et une focalisation sur cet autre monde, je suis aussitôt submergée par un flot d'idées nouvelles, ou plutôt par ce déferlement de visions oniriques, qui exercent un charme puissant et rendent le sommeil quasiment impossible.)
« Pieds nus osant
marcher
parmi
le scintillement mouvant
de ce qui reste
quand la mer
se retire
nous nous demandons
pourquoi il importait
autant
d’avoir le dernier
mot ?. »
« Le chagrin est une sorte de maladie. Un chagrin sévère, une maladie sévère. Le désir de se nuire pour se punir d’avoir survécu à l’être aimé, ou comme un moyen de le rejoindre, est très fort, et parce qu’il est totalement irrationnel, il est difficile de le raisonner.
Dans ces moments - là, je convoquais mes parents ——pourtant je n’aurais pas voulu qu’ils sachent que Ray——- qu’ils avaient aimé comme un fils , était mort, mais j’avais besoin de leurs conseils » ...
Au commencement, nous sommes des enfants imaginant des fantômes qui nous effraient. Peu à peu, au cours de nos longues vies, nous devenons nous-mêmes ces fantômes, hantant les paysages perdus de notre enfance.