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Une jeune fille noire de 15 ans est odieusement agressée dans son quartier défavorisé du New Jersey. Il s'ensuit un récit-catalogue de toutes les turpitudes que les hommes peuvent infliger aux femmes : coups, viols, dégradations, exploitation cynique, intéressée, voire crapuleuse de leur détresse, qu'il soient "frères de race" ou "nazis blancs". Avec la triste litanie des femmes asservies, incapables de vivre seules, se choisissant des partenaires violents qui les terrorisent, vivant dans un environnement saturé de soumission hormonale, économique et sociale, incapables de dire et témoigner du malheur d'être ainsi dégradées puis exploitées jusqu'au trognon, elles restent muettes. La plume acérée et trempée dans le vitriol de Joyce Carol Oates nous livre un ouvrage atterrant et sidérant. L'affaire décrite est basée sur un "fait divers" (puisque les horreurs infligées aux les femmes sont toujours classées dans les faits divers) qui a réellement eu lieu.
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A l'origine d'un fait divers réel, l'auteur nous emmène dans une ambiance glauque, violente, où il est impossible de démêler le faux du vrai. Mais le plus important, et le but du livre, est surtout, je pense, de démontrer qu'en pareille situation, chacun a son idée des évènements qui se sont déroulés, et au final, l'histoire réelle est totalement différente de celle présenter. Certains protagonistes tentent d'en tirer profit. Jusqu'à quel point ?...
Qui dit la vérité ? A qui profite cette vérité, ou ces mensonges ?
Ambiance malsaine, quartiers glauques et insécurité constante.
Carol Oates Joyce arrive à instaurer, par son écriture incisive et tellement proche de la réalité sociale des narrateurs, cette ambiance de pauvreté , ces quartiers malfamés du New Jersey, les suspicions inter-raciales, la haine... Rien n'est vraiment positif dans ce roman. On espère une fin heureuse, mais ne nous voilons pas la face, elle n'arrivera pas. Ici, c'est un portrait d'une Amérique sans concession, un Amérique qui ne fait pas rêver. Nous sommes à des années lumière du rêve américain !
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Sacrifice. Sacrifiée. Perdue....
Une jeune fille, noire, 15 ans, retrouvée attachée à moitié nue dans une cave d'un bâtiment à l'abandon. Agressée, violée, humiliée.
L'Amérique dans son côté le plus sombre : le racisme présent, violent, évident.... et cette pauvre gamine....
Dans ce roman JC Oates s'attaque au racisme qui imprègne la société américaine, mais pas que... D'un fait divers tristement vrai, elle fait une histoire prenante qui va s'interroger sur la victime (de qui est-elle victime ?) mais surtout sur la récupération qui en est faite. Ces moments glaçants où certains vont se faire de l'argent sur cette pauvre gamine.
Rapidement on comprend qu'il y a quelque chose de louche dans cette histoire. Mais l'auteure ne cherche pas à savoir si les faits annoncés sont avérés ou pas. Ce qui l'intéresse c'est ce qu'il va se passer, la prise en charge de la jeune fille par de preux chevaliers pas vraiment honnêtes pour qui elle représente un trésor : une jeune fille noire violée séquestrée qui accuse des flics blancs. du pain béni ! Et c'est parti pour une croisade violente, raciale et manipulatrice. La pauvre gamine est oubliée puisqu'elle n'est qu'un moyen dans cette lutte.
Les personnages sont tous troubles au possible. C'est violent pour chacun, aucun ne sortira indemne de cette histoire. Et cette pauvre fille.... quelle tristesse....
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Un jour peut-être, je serai déçu par Joyce Carol Oates.
Un jour peut-être il y aura, dans son oeuvre pléthorique, un titre qui me fera un peu déchanter ... mais ce jour-là n'est pas encore venu !

Avec Sacrifice, elle nous délivre une fois encore un roman puissant, tragique et fermement ancré dans une réalité terrible : celle des tensions raciales qui depuis toujours déchirent l'Amérique.
Tout démarre par un fait divers atroce, avec la disparition de la jeune Sybilla Frye. Dès les premières pages glaçantes, le désespoir de sa mère Ednetta, arpentant hébétée les trottoirs crasseux de Camden Avenue, dans les bas quartiers de Red Rock, nous saute au visage.
Avec force détails et tout le réalisme qu'on lui connaît, l'auteur nous dépeint une banlieue sordide, un ghetto de misère définitivement abandonné par les pouvoirs publics. Abondantes descriptions d'immeubles insalubres, de voitures calcinées, de terrains vagues jonchés de caddies, de seringues et de préservatifs usagés. L'enfer sur terre.

Quand miraculeusement, trois jours plus tard, Sybilla est retrouvée ligotée dans une usine désaffectée, souillée d'excréments et barbouillée d'injures racistes, et qu'elle prétend avoir été kidnappée et violée par plusieurs policiers blancs, c'est tout le quartier qui entre en ébullition. Les accusations de la jeune fille se répandent comme une trainée de poudre au sein d'une communauté noire déjà sous tension, elle qui depuis trop longtemps s'estime opprimée et victime de violences policières.
Bientôt toute la ville s'embrase, alors que surgissent Marus et Byron Mudrick (un pasteur cupide et son frère avocat lui aussi avide de notoriété), deux rapaces déguisés en fervents défenseurs des droits civiques bien décidés à s'emparer de l'affaire et à instrumentaliser la jeune Sybilla.

Que s'est-il vraiment passé dans cette cave ? Qui sont les coupables ? Sybilla croit-elle elle-même à son histoire ?
Pour les deux manipulateurs peu importe, des Blancs doivent payer, et tant pis s'il devient vite impossible de démêler le vrai du faux. On ne saura d'ailleurs jamais le fin mot de l'histoire (à moins d'aller se renseigner sur Internet pour en apprendre davantage sur le véritable fait divers dont s'est inspiré l'auteur), mais l'essentiel est peut-être ailleurs...
En effet la quête de justice et d'égalité, ainsi que la mise au jour de la vérité, ne sont ici que secondaires : ce que nous raconte Oates, c'est avant tout l'histoire d'une impasse, l'inexorable escalade de la haine.
Les portraits qu'elle dresse, terribles mais toujours pleins de justesse et d'acuité, sont ceux de deux Amériques irréconciliables, et le racisme endémique qu'elle dénonce de sa plume experte fait véritablement froid dans le dos...
Bien sûr le lecteur prend vite fait et cause pour la victime présumée, avant de réaliser que la machine infernale, attisée notamment par la hargne des frères Mudrick est en passe de faire des ravages dans les deux camps, et que l'intolérance des leaders Noirs n'a rien à envier aux abjections des Blancs.

Dans ce texte très dur et parfois un peu redondant (qui préfigurait déjà en 2016 les violences engendrées dernièrement par la mort de George Floyd), Oates n'épargne personne, et surtout pas son lecteur !
Au coeur de la mêlée, le voilà donc rudement chahuté, sidéré par l'ampleur de d'emballement médiatique, effrayé par l'implacable mécanique de la vengeance, pantelant d'effroi mais heureusement convaincu, en fin de lecture, d'avoir tenu entre les mains le livre d'une immense romancière.
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Membre de l'académie américaine des arts et des lettres, titulaire de multiples et prestigieuses récompenses littéraires parmi lesquelles le National Book Award, Joyce Carol Oates occupe depuis longtemps une place au premier rang des écrivains contemporains. Elle est l'auteure de nouvelles et de nombreux romans dont "Les Chiites" (prix fémina étranger en 2005), "Mudwoman" (meilleur livre étranger en 2015 pour le magazine Lire) et Daddy Love.(Troisième de couverture)
S'billa 14 ans, une fille noire, kidnappée, battue et violée par des flics blancs et abandonnée à la mort dans une usine désaffectée. Pas d'arrestation, black-out sur les informations et censure par les médias, les structures du pouvoir, et les hommes politiques blancs
Ada, la bonne voisine découvre S'billa, et la fait soigner à L'hôpital, s'étonnant de ne pas être remerciée par la famille et que l'affaire ne soit pas ébruitée.
Les deux frères, le révérend Marcus Mudrick et l'avocat Byron Mudrick se saisissent de l'affaire pour dénoncer le racisme policier des blancs, mais surtout pour s'enrichir en usant de faux témoignages. Marus est assassiné et son frère se cache tremblant de peur.
Quand arrive le Prince Noir, leader charismatique d'une branche dévoyée de l'Islam. Il convertit S'billa à sa religion, et la fait vivre dans sa communauté en écartant Ednetta la mère. Pour se venger des flics blancs, Anis le beau-père de S'billa exécute quatre flics et se fait abattre dans la rue.
Joyce Carol Oates en a fait une satire des relations raciales et du sensationnel, en dénonçant le racisme policier, insistant sur une Amérique profondément divisée entre les Blancs, les Afro-Américains et les Hispano-américains, sans compter les "petits blancs" tenus à l'écart de la prospérité du pays.
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S'inspirant d'un fait divers réel, l'auteure décrit et dénonce les lignes de faille d'une société toujours troublée par la question de la race .1987, dans un quartier noir délabré d'une ville du New Jersey, une mère cherche partout sa fille, Sybilla, disparue depuis trois jours. L'adolescente sera retrouvée, ligotée, le corps barbouillé d'excréments et d'injures racistes, dans les sous-sols d'une vieille usine abandonnée. Emmenée aux urgences, elle accuse des « flics blancs » de l'avoir enlevée, battue et violée. Ce terrible acte de violence choque profondément sa communauté, où personne ne fait confiance à la police blanche. Un pasteur noir et son frère, avocat militant des droits civiques, récupèrent l'affaire qu'ils exploitent au mieux de leurs intérêts. En fait la vérité reste en suspend. La fille, soutenue par sa mère dissimule la réalité, car le beau père, violent, ayant déjà tué sa première épouse, semble bien impliqué dans la rouste donnée à sa belle-fille. Au lecteur de se faire son opinion. le texte brosse un climat oppressant entre le pouvoir de la police ; les médias et le sensationnalisme ; la victime supposée et le désir de justice ; la religion, le racisme et les droits civiques. Ce roman est avant tout l'histoire d'une manipulation sournoise où le racisme est instrumentalisé pour des raisons pas toujours nobles. La vérité ne compte plus car une croisade est lancée : c'est l'heure pour les Noirs de faire payer leurs crimes aux Blancs. Peu importe les moyens, peu importe les victimes, seuls comptent le pouvoir et l'argent. Un véritable imbroglio où la justice peine à être appropriée au délit commis.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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C'est le premier livre que j'ai lu de cette auteure et je dois dire que je suis agréablement surprise. C'est bien écrit, l'intrigue est subtilement amenée et j'ai découvert grâce à ce livre le fait d'hiver dont s'est inspirée l'auteure qui est très intéressant. Je n'ai juste pas apprécié la fin du roman qui pour moi n'était pas complète, ça m'a laissé sur ma faim.

Challenge SOLIDAIRE 2021
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Assez déçue par ce livre que j'ai trouvé confus et répétitif. On ne sort pas de la tragédie, qui est décrite maintes fois sans aucune valeur ajoutée si ce n'est celle d'alourdir l'oeuvre.
Des passages historiques sont intéressants mais pas assez organisés pour que cela dissipe la confusion ressentie , et la longueur de l'histoire.
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Madame Frye, on a une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne, on vient de retrouver votre fille, Sybilla.
La mauvaise, elle semble avoir été séquestrée, battue, violée, recouverte d'excréments et d'insultes racistes. Sinon, tout va bien.

S'inspirant une fois encore d'un fait divers réel (l'affaire Tawana Brawley en 1971), Joyce Carol Oates dépeint avec force et virtuosité les clivages raciaux qui ne manqueront pas de faire écho avec les tragiques événements de ces jours derniers.

Un truc que je ne m'explique toujours pas, c'est ce manque d'accroche récidivant envers l'écriture de l'auteure.
Il me faut systématiquement un temps d'adaptation certain, voire un certain temps de chauffe, avant de profiter pleinement et de sa plume et de son propos.
Mais une fois ce vilain écueil franchi, c'est plaisir de lire à tous les étages.

Sybilla s'en est sortie mais à quel prix.
Son histoire sordide fait la une de moult gazettes nationales.
Elle aimante également les opportunistes un rien cyniques qui pourraient bien y voir l'occasion d'en faire un porte-drapeau pour la cause, et pourquoi pas une Sainte, voire une martyre, en cas de campagne rondement menée. Et puis quitte à se faire mousser, autant y aller franco dans le travestissement assumé et la manipulation éhontée.
Deux frangins aux faux airs de vautours assoiffés de notoriété maîtrisent tous les rouages scéniques et les roueries impudiques nécessaires à une telle mise en orbite personnelle.

Au-delà de ce triste fait divers, l'auteure dresse le constat implacable d'une société incapable de se sortir de l'ornière raciale.
Ni manichéen, ni moralisateur, ce Sacrifice apparaît comme une déflagration, un camouflet aux yeux des légalistes de tout bord rapidement enclins à prendre pour acquis une vérité qui pourrait bien desservir une juste cause originelle.
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La question raciale tellement pertinente, comme en écho aux manifestations et émeutes de cet été 2020. Partant d'un terrible faits divers ce roman m'a profondément marqué tant par certaines situations finement décrites que par l'écheveau de manipulation qui embrasse cet épisode.
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