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4,3

sur 648 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que ce livre est d'actualité maintenant que l'avortement est interdit au Texas et que M. Bollore fait passer en prime-time un film anti-avortement!
Plus belle lecture en 2021 me concernant: Ms Oates a su me tenir en haleine avec ses récits de passé et présent de ces deux familles déconstruites. comme elle a su aussi me faire réfléchir aux arguments des uns et des autres.
Ce livre fait partie de ceux qui m'ont nourrie, je ne l'oublierai pas de si tot.
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En 1999, Luther Amos Dunphy, un fanatique chrétien, abat deux hommes devant le Centre pour femmes de Muskegee Falls, dans l'Ohio : le médecin gynécologue Gus Voorhees qui pratique des avortements et l'homme qui assurait sa sécurité. À partir de cet événement, JC Oates nous brosse le portrait saisissant et impressionnant d'une Amérique déroutée, complexe, déchirée en deux.
D'un côté, l'Amérique pauvre et ouvrière de l'Ohio, où à 16 ans, on quitte rapidement l'école qui ne sert pas à grand chose, pour tenter de trouver du boulot. Les villes sont sans attrait, sans avenir et les gens du coin enclins à trouver en Jésus une raison d'espérer, voire une vocation. Être un bon chrétien, voilà une raison d'exister.
De l'autre, des gens ayant fait des études, issus de familles intellectuellement dominantes, engagés et militants pour les droits humains. Deux cultures, deux façons de voir le monde, l'une fondée sur une croyance et l'autre sur un idéal, dont l'antagonisme et l'incompréhension culminent ici dans la violence.
Mais réduire ce roman de JC Oates à une simple démonstration du combat entre pro et anti avortement serait un déshonneur pour cette femme de lettres brillantissime. Les personnages de l'auteure révèlent toujours à travers leur héroïsme leurs propres failles. Luther Dunphy est sincère dans sa "mission" de défendre les sans-défense mais se parjure lui-même en se croyant "choisi" comme soldat de Dieu. Gus Voorhees, quant à lui, est tellement convaincu de la légitimité de sa cause qu'il n'hésite pas à sacrifier sa propre famille, femme et enfants. Non, rien n'est simple chez Oates. Si elle révèle toute l'ignorance simpliste de la religion, elle n'hésite pas à taper sur les principes même du médecin charismatique Voorhees lors d'un échange avec sa mère sur l'avortement, personnage qui symbolise le plus le féminisme.
Les femmes. Comme toujours chez Oates, ce sont elles qui mènent le monde. Si les épouses, survivantes inconsolables des deux martyrs se noient dans leur chagrin, ce sont leurs filles respectives qui refusent ce désastre. Naomi Voorhees et Dawn Dunphy (personnage incroyable et bouleversant), chacune à leur manière, affrontent l'histoire de leurs pères et décident qu'elles sont bien vivantes.
Je pourrais encore en écrire des heures sur cette lecture totalement époustouflante mais ce roman est tellement dense dans tous les thèmes qu'il aborde, tellement fort avec ses personnages portés à bout de bras par l'auteure, qu'il apparaît infini. Religion, ambition, droits des femmes, santé publique, idéaux, filiation et transmission, famille et fratrie, peine de mort, deuil ... JC Oates nous emporte dans un tourbillon, avec des chapitres qui s'enchaînent comme des rounds sur un ring de boxe - sport bien connu de l'auteure qui occupe une grande partie du roman -, dévoilant la vie et le ressenti des différents protagonistes sur une douzaine d'années. Les 840 pages nous paraissent finalement bien vite passées lorsque l'on arrive à la fin, éblouissante.
Après "Les Chutes", je reste une nouvelle fois scotchée par le talent de cette femme. C'est ça, la magie de Oates.
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!!! Attention, GRAND roman !!!
Difficile d'en parler sans user d'une flopée de qualificatifs éculés (brillant, magistral, ambitieux...)
Difficile de trouver sous quel angle aborder ce copieux "Livre de martyrs américains"
Difficile de faire en 10 lignes la synthèse d'une oeuvre si aboutie.
Alors tant pis, faisons bref, faisons clair et net : parlons simplement d'un grand roman.

Le drame se noue dès les premiers chapitres, quelques pages d'une intensité folle et qui nous cueillent à froid : Luther Dunphy, un "soldat de Dieu" radicalisé et membre du mouvement pro-life, abat le Dr Augustus Voorhees sur le parking de Centre des femmes où il officie en tant que médecin avorteur.
Fait divers tragique, collision sanglante entre deux idéologies, big-bang meurtrier dont l'onde de choc va se propager sur plusieurs années et plus de 850 pages.

Avec patience et minutie (doublées d'une évidente virtuosité !) Joyce Carol Oates déploie ensuite son fil narratif, le rembobine alternativement sur Luther et Gus (pour détailler les trajectoires qui les ont réuni dans le sang en ce funeste matin du 2 novembre 1999), puis l'enroule à nouveau autour de chacun des membres de leurs familles respectives...
Deux familles en miettes, deux épouses et plusieurs enfants aux destins définitivement bouleversés, pour ne pas dire ravagés, par l'effroyable tragédie d'ouverture.
On suivra notamment avec grand intérêt les parcours croisés de Naomi Voorhees et de Dawn Dunphy, les filles du chétien fondamentaliste et de l'avorteur progressiste, marquées à jamais par ce coup de fusil fatal.

Oates fait preuve ici d'un grand talent pour conduire son lecteur au plus près de ses personnages, pour mettre à nu leurs ressors psychologiques les plus intimes et l'antagonisme total de leurs systèmes de pensée. Plus fort encore : à aucun moment elle ne se positionne en faveur de l'un ou l'autre de ses héros-martyrs, qu'elle érige en parfaites incarnations de deux Amérique irréconciliables.
En exposant tour à tour, presque sous forme d'enquête journalistique et avec une neutralité sans faille les motivations, les fondements moraux et philosophiques de chaque camp, elle restitue avec justesse toute la complexité du débat brûlant qui agite la société (américaine, notamment).
Incapable de tracer une frontière bien nette entre le droit à la vie et celui des femmes à disposer de leur corps, l'auteur se garde bien de verser dans le réquisitoire féministe radical ou dans l'extrémisme religieux le plus absolu.
Pas évident de marcher ainsi sur la corde raide !
Oates s'en sort pourtant à merveille : elle propose là un texte aussi puissant que profond (qui aborde même le sujet épineux de la peine de mort) et s'emploie, avec toute la vigueur de sa plume, à raconter au mieux la violence, l'aveuglement, les rêves brisés.
Grâce à elle chacune des victimes collatérales de cet affrontement idéologique insoluble a voix au chapitre : c'est à mon sens ce qui fait de ce Livre de martyrs américains un grand, un très grand roman, l'un de ceux dont les personnages vous hantent longtemps, une fois la lecture achevée.
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Waouh aurais-je envie de dire pour qualifier ce roman ! Me voici réconciliée avec l'auteure ("Nous étions les Mulvaney" m'ayant modérément convaincue....).
Je me suis régalée !
.
Deux hommes. Un protestant intégriste, un médecin qui dirige une clinique d'avortement.
Un assassinat. Une condamnation à mort.
Deux familles bouleversées. Deux épouses qui sombrent. Des enfants qui subissent les conséquences de ce meurtre.
.
J'ai adoré être dans la tête du fondamentaliste. J'ai aimé partager les moments tendres du médecin avec sa famille.
Et ensuite... cette désagrégation des deux cellules familiales, symbole de l'opposition entre les deux camps irréconciliables. Une vision de l'Amérique d'aujourd'hui dans ses extrêmes.
Je me demandais comment l'auteure allait conclure ce roman. J'ai adoré la fin !

Un seul bémol : 1,03 kilos ! Lourd ce bouquin, très lourd.... Mes poignets s'en souviennent encore (c'est typiquement le bouquin qui est plus pratique en liseuse !)
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Une lecture que je ne suis pas prête d'oublier!
Ce n'est pas tant le thème qui m'a captivée que la forme.
Je m'explique : le thème de l'avortement et les conflits qu'il génère au sein de la société américaine m'est connu et j'ai déjà lu des romans en traitant notamment Missouri 1627 ou Une étincelle de vie.
L'opposition viscérale qui existe entre les Pro Choice et les Pro Life est inhérente à la société américaine en elle même et découle de la dichotomie caractéristique entre une partie de la société plus conservatrice et ultra religieuse et de l'autre, ceux qu'on pourrait appeler progressistes, plus ouverts en tout cas au changement.
Il est très drôle de noter les accusations des Pro Life, désignant les Pro Choice comme "socialistes athées", courants de pensée qui n'existent que très peu aux États Unis.
Ce qui m'a vraiment plus, c'est l'accent mis sur les personnalités des acteurs de ce récit et l'écriture tout en nuance de l'autrice : il n'y a rien de manichéen dans ses personnages. le médecin avorteur n'est ni un saint ni un diable, simple humain avec ses défauts et ses qualités, tout comme le tireur, tout autant décrit avec ses forces et ses faiblesses.
Mais l'autrice ne s'est pas arrêté là et nous présente aussi les familles endeuillées : celle du tueur, des "white trash", comprenez blancs pauvres, totalement conditionnés par leurs croyances ou celle du médecin, socialement plus élevée mais comportant sa part d'ombre elle aussi.
Bref j'ai adoré mais j'avoue que j'aurais aimé une fin moins abrupte et peut être quelques centaines de pages supplémentaires pour la développer.
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5 étoiles! Non pas que ce roman ait provoqué chez moi un enthousiasme expansif, au contraire, sa lecture m'a été presque douloureuse à certains moments. Ce livre vous plonge, comme une ancre, dans un océan de ténèbres où vous côtoyez les contradictions grinçantes et pernicieuses de ses personnages à travers leurs points de vue interne. La voix de Luther, surtout, a été de loin la plus étouffante. Cette figure, hermétique à la souffrance humaine, ne répondant uniquement de ses actes devant Dieu, provoque le malaise. Elle pourrait être celle du mal absolu. Cet homme, tuant un médecin pratiquant l'avortement au nom du droit à la vie, se révèle être finalement presque indifférent aux valeurs du monde.
Tout au long de son récit, vous vous questionnez: les choses auraient-elles pu se passer autrement ? Mais finalement aucune voie de secours ne s'offre à lui (et à vous) et vous sombrez irrémédiablement dans son univers froid et insensible.

L'avortement est la toile de fond du livre, mais il ne se réduit pas à ce sujet. Les souffrances des familles, celle du père assassin et celle du père tué, la lenteur des procédures pénales des tribunaux, la légitimité de la peine de mort, l'ostracisme à l'école... sont autant d'autres thèmes abordés par ce roman.

De nombreuses voix pleines d'amertume se font entendre et vous ne ressortirez sans doute pas tout à fait indemne de cette lecture.
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Mourir pour la cause, religion, avortement, peine de mort et dommages collatéraux dans une petite du Midwest des États-Unis.

Un livre qui n'est pas facile. D'abord, avec plus de 800 pages, c'est une somme, mais surtout, le sujet n'est pas très joyeux. L'auteure nous entraine dans la tête d'un fanatique religieux qui a décidé de tuer un médecin qui pratique des avortements. On suivra ensuite la vie de la victime à travers sa fille. Comme la femme et les enfants du meurtrier, les proches du défunt deviennent des « dommages collatéraux ».

C'est un roman très fort. On y perçoit les nombreux paradoxes de la société des États-(dés)Unis, et le clivage entre les différents groupes. On entre dans la logique du meurtrier qui  : « n'avait jamais connu personne qui s'oppose à des exécutions légitimes. Il n'avait jamais connu personne qui s'oppose à la guerre. Il considérait vaguement que c'était le fait d'étrangers “socialistes” et athées. (p.507) »

On y perçoit cet étonnant paradoxe des religieux qui se disent pour la vie, mais qui refusent tout filet social qui faciliterait la vie des mères. (Faut-il se rappeler qu'aux États-Unis, il n'y a pas de congés maternité universels? Lorsqu'une femme accouche, elle doit démissionner et espérer retrouver un travail lorsqu'elle sera en mesure de retourner au travail. Évidemment, pas de système de garderie et ni de soins de santé abordables pour tous.)

Si le contexte est celui des États-Unis, la réflexion touche l'universel car le fanatisme religieux et les idéalistes prêts à mourir pour la cause ne sont malheureusement pas un phénomène localisé…
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Disons-le d'emblée, "Le livre des martyrs américains" fait partie des grands romans de Joyce Carol Oates. Et je ne parle pas seulement du nombre de pages !

Répondant à un appel de Jésus, Luther Dunphy tire mortellement sur le Dr Augustus Voorhees, considéré à ses yeux comme un criminel. le docteur dirige le centre des femmes d'une petite ville de l'Ohio, et est donc amené à pratiquer régulièrement des avortements.
Tout opposait donc ces deux hommes.
L'un, soldat de Dieu, fait partie du mouvement pro-life et manifestait régulièrement aux abords du centre pour s'opposer au droit à l'avortement. Simple ouvrier couvreur, mari et père de famille, il pratique un christianisme traditionnaliste et sans concession dans une petite église locale. Ses convictions religieuses l'emportent sur tout autre mode de pensée et organisent sa manière de vivre et celle de sa famille.
L'autre, chirurgien, lui-même fils de médecin, vient d'une famille aisée et cultivée. Militant de gauche, père de trois enfants dont une adoptée, il considère son métier avant tout comme un combat contre l'obscurantisme qui gangrène son pays. le meurtre du docteur Augustus va briser les deux familles.
Peu à peu, l'auteure va suivre les tentatives de reconstruction de deux filles respectives du meurtrier et de la victime. Dawn, la fille de Luther, entamera une improbable carrière de boxeuse au nom de Jésus, Naomi, la fille d'Augustus, se cherchera longtemps dans ses études et renouera avec sa grand-mère, où elle découvrira les secrets de da famille.
Joyce Carol Oates, dans ce roman fleuve, s'empare d'un sujet qui divise la société américaine depuis près de 50 ans, le droit à l'avortement, non pas voté au parlement, mais via une décision de la Cour suprême.
Et contrairement à d'autres pays (même si malheureusement ceux-ci cherchent à imiter le pays de l'oncle Sam), les opposants à l'avortement n'ont pas abdiqué et restent nombreux et surtout puissants. Usant de méthodes souvent controversées, menaces, propagande mensongère, manifestations devant les centres d'avortement, recours en justice et donc parfois des meurtres.
En face, des mouvements féministes et progressistes tentent de maintenir le droit tel qu'il est et des conditions sinon optimales, du moins les meilleures possibles pour les femmes en difficulté.
Si l'auteure est clairement en faveur des pro-choice, elle n'hésite pas souligner les contradictions et les faiblesses des uns et des autres.
Et surtout, par l'histoire de ces deux familles brisées (qui sont les martyrs du titre, Oates vous laisse le libre choix), nous montre une société divisée, avec des communautés qui vivent côte à côte mais ne se parle pas, se haïssent parfois et semblent irréconciliables. Sans oublier le portrait sensible et fin des nombreux personnages du livre. du grand art.
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« le martyr parfait est suicidaire. »
Novembre 1999 : Luther Amos Dunphy, charpentier-couvreur, membre actif de l'église missionnaire de Jésus de Saint-Paul, abat de sang-froid le Dr Augustus Voorhees, obstétricien-gynécoloque et son accompagnateur devant le Centre de femmes d'une petite ville de l'Ohio. Ces assassinats créeront une onde de choc sur les familles des victimes et sur celle du meurtrier, condamné à la peine de mort et exécuté quelques années plus tard.
Joyce Carol Oates permet à tous de s'exprimer dans cet immense roman explorant la question de l'avortement aux Etats-Unis; un dossier jamais réglé, toujours ouvert sous la pression de la droite chrétienne (pentecôtistes, baptistes, amish, catholiques, évangélistes, méthodistes, fondamentalistes, « born again »). Toutes les voix des protagonistes sont entendues : la première, celle du tueur devenu martyr, celles de sa femme soumise Edna Mae et de sa fille Dawn, boxeuse rebelle, et celle de Naomi Voorhees, la fille du médecin, documentariste, dont la cellule familiale s'est disloquée à la mort de son père. La puissance de la prose de Joyce Carol Oates réussit à transcender cet affrontement immémorial entre pro-vies et pro-choix pour nous livrer un roman profondément émouvant sur les liens familiaux et sur la morale dont on tente de parer nos existences bien imparfaites. Je suis restée accrochée jusqu'à la toute fin et c'est bien à regret que j'ai refermé le livre. Heureusement, l'auteur est prolifique…
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L'histoire de ce roman est passionnante: le 2 novembre 1999, Luther Dunphy, chrétien fondamentaliste et autoproclamé "soldat de l'armée de dieu", tire à bout portant sur Augustus Voorhees, l'un des médecins avorteurs du centre des femmes d'une petite ville de l'Ohio.Au fil des 860 pages (un pavé!), l'auteure décrit la tragédie que vivent les deux familles de Dunphy et Voorhees.
J'ai aimé le fait que Joyce Carol Oates ne donne pas de leçons de moral, elle donne la parole à tous les personnages sans prendre partie pour l'un ou pour l'autre. La psychologie des personnages, les descriptions, tout y est précis, fouillé.Elle nous montre comment chaque personnage agit en fonction d'une idéologie qu'il croit être la vérité;
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