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C'est l'histoire de Tucker, jeune homme de dix-huit ans, de retour dans son Kentucky natal après être parti faire la guerre de Corée en mentant sur son âge pour s'enrôler, et de sa rencontre inattendue avec Rhonda, tout juste quinze ans, sur le point d'être abusée par son oncle, le jour de l'enterrement de son père.

En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, c'est le coup de foudre, et de cet amour évident vont naître cinq enfants, malheureusement presque tous touchés par différents handicaps.

Commence alors pour ce jeune couple un combat face aux services sociaux, aux problèmes d'argent et au regard des autres. On ne peut rien ressentir d'autre que de l'empathie pour Tucker, ce vétéran à l'esprit tourmenté, qui lutte pour sa vision de la justice et ceux qu'il aime.

Ce roman est sombre et noir, comme l'est certainement une nuit au coeur des Appalaches, mais il y brille aussi quelques belles étoiles. J'ai trouvé la nature dépeinte de façon extrêmement vibrante dans le style épuré de l'auteur, dans chaque page, par le bruissement d'une feuille ou le chant d'un oiseau, au loin. Ce n'est pas un coup de coeur, mais tout de même une très belle lecture.
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Comme j'aime cette écriture si délicate, si simple qui parvient en quelques mots à dire tant !
C'est un livre sombre et lumineux, violent et doux. Toute la fragilité humaine et sa force rassemblée ici, en 250 pages.
L'Amérique profonde des années 50 à 70, mais des sentiments tellement universels.
Il crée des personnages attachants et dérisoires, ballotés par la vie et fragilisés par la misère sociale et culturelle, mais debout malgré tout.
C'est violent mais inspirant, c'est poétique mais ne vous laissez pas bercer, ça arrache !
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Pour un "bouseux" qui n'avait auparavant jamais dépassé le cadre des collines retirées du Kentucky, la guerre de Corée aura été un révélateur, d'abord de sa capacité à se sortir des pires situations, ensuite de la froide violence qui existe en lui et qui va s'avérer une arme destructrice.
Et pourtant, vétéran à 18 ans, Tucker, de retour au pays, ne demande qu'à reprendre le cours d'une existence sans surprise, comme gravée dans le marbre, de retrouver sa place au sein d'une nature sauvage dont il connaît intimement les spécificités (arbres, plantes, topographie, animaux).
Sa rencontre avec une jeune fille de 15 ans qu'il tire des griffes de son oncle -shérif-adjoint tout de même- au moment où celui-ci tente de la violer à l'issue de l'enterrement de son père, va bouleverser son existence.
Tucker et Rhonda, deux taiseux, néophytes dans le domaine de l'amour, vont éprouver une passion totale qui, jamais, ne s'éteindra. Elle donne au roman quelques-uns de ses plus beaux passages à l'image de celui-ci : "Arrivée en bas, elle se précipita vers lui et l'enlaça dans un étreinte plus intense que jamais. La lourde tension de son corps retomba, comme si chaque muscle était un ressort à lames sur une voiture de contrebande, qui se relâchait une fois la marchandise déchargée. Il la serra presque à l'étouffer. Il avait la sensation qu'ils étaient un seul arbre fendu par la foudre, l'écorce à nu retrouvant le tronc et fusionnant avec lui."
Rien donc ne mettra en péril cet amour. Ni la naissance d'enfants handicapés (quatre parmi les six !). Ni le passage en prison de Tucker à la suite d'un marchandage avec un trafiquant d'alcool qui l'emploie. Ce couple marqué comme au fer rouge par des malheurs multiples ne cesse de montrer une force de résistance et une résilience admirable.
Ce roman n'a sans doute pas la puissance de "Le bon frère", Chris Offutt y poursuit néanmoins la radiographie minutieuse du petit peuple des zones reculées d'une Amérique ensauvagée où chacun cherche d'abord à survivre, même au prix d'une mise en danger perpétuelle.
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Chris Offutt est un de mes écrivains américains préférés, avec Nuits Appalaches il nous offre encore une fois un très beau roman.

Si la violence est bien présente dans ce roman noir, la véritable histoire porte sur l'amour, la famille et la rédemption. C'est un livre terriblement émouvant, un roman idéal pour débuter avec le genre du country noir car il est sombre mais aussi rempli de lumière et d'espoir.

J'ai un faible pour les histoires qui se déroulent dans les Appalaches, je voue une véritable fascination pour ces montagnes, pour cette ambiance unique que l'on retrouve dans la plume des écrivains comme Chris Offutt, David Joy, Brian Panowich ou encore Ron Rash.

Il y a de la beauté, de la violence, de l'espoir, de la haine, de l'amour mais surtout et avant tout une profonde humanité. Une humanité qui essaye de ressurgir dans les ténèbres et cette humanité est d'autant plus bouleversante qu'elle semblait perdue.

J'ai aimé ce livre qui commence par une rencontre entre deux êtres : un jeune vétéran de la guerre de Corée et une jeune adolescente qui est sur le point d'être abusée par son oncle. Une rencontre forgée par le destin et qui va amener deux êtres à s'aimer. Alors que le temps passe, alors que tout est fait pour que le malheur et la tragédie prennent le pas dans cette famille, Tucker et Rhonda transcendent la fatalité et créent un foyer guidé par l'amour.

Pourtant le destin ne leur fera aucun cadeau, l'injustice fait rage et le lecteur enchaîne les pages avec espoir, frayeur et surtout une profonde empathie envers les personnages qui méritent leur part de bonheur.

Grâce à la traduction d'Anatole Pons, grâce à la plume magnifique de Chris Offutt, grâce aux personnages inoubliables, grâce à cette histoire émouvante, Nuits Appalaches se révèle être une merveilleuse lecture.

En définitive, je ne peux que vous recommander de lire tous les romans de Chris Offutt !
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Auteur parmi les plus prometteurs dans les années 1990 durant lesquelles il a en particulier écrit deux formidables recueils de nouvelles (Kentucky Straight et Sortis du bois) et un roman, le bon frère, Chris Offutt a plus ou moins disparu des radars à l'aube des années 2000, sans pour autant cesser complètement d'écrire puisqu'il s'est consacré en particulier à des articles pour divers journaux et revues et s'est essayé à l'écriture télévisuelle. Nuits Appalaches que publient les éditions Gallmeister marque donc le retour d'Offutt à la fiction.
En 1954, Tucker, tout juste démobilisé après avoir combattu en Corée, rentre dans le Kentucky. C'est sur le chemin de ses collines des Appalaches qu'il croise la route de Rhonda, quinze ans, qui vient d'enterrer son père, et la tire des griffes d'un oncle trop affectueux. Dix ans plus tard, Tucker et Rondha ont fondé une famille, mais si Jo, la fille aînée, se porte bien, leurs autres enfants souffrent de diverses malformations. La vie chiche de ce foyer aimant mais pauvre en des lieux reculés et loin du confort modernes déplaît aux services sociaux. Déterminé à protéger coûte que coûte sa famille, Tucker va devoir prendre des décisions lourdes de conséquences.
C'est un très beau roman que propose Chris Offutt avec ces Nuits Appalaches, qui sait jouer d'un subtil équilibre entre la rugosité de ses personnages principaux et la tendresse qui les unit, entre la violence des situations et la manière dont la nature sauvage apparaît comme un refuge. Il y a aussi, comme on pouvait par ailleurs le trouver déjà dans les nouvelles de l'auteur la description de relations sociales chargées d'ambigüité. Où la communauté joue à la fois un rôle protecteur vis-à-vis de l'extérieur et notamment de toute autorité officielle, mais est intrinsèquement intrusive et fondée sur un rapport de force permanent.
La finesse d'Offutt, son lyrisme maîtrisé qui l'empêche de verser dans la grandiloquence, la manière pudique dont il décrit les sentiments de ses personnages taiseux… tout cela fait de Nuits Appalaches un livre d'une grande finesse et d'une grande beauté, tout en violence et tendresse retenues. Un bien beau retour.
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Nuits appalaches est un hommage à la famille, mené d'une main de maître par Chris Offutt. L'auteur jongle entre phrases prosaïques et images poétiques liant homme et nature, le ciel toujours acmé de cette "sombre clarté". Représentatif du catalogue Gallmeister, ce roman mêle espoir et douleur, violence et misère sociale, la terre y ayant une place prédominante (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/08/13/nuits-appalaches-chris-offutt/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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J'y serais volontiers restée 200 pages de plus avec Tucker et Rhonda ! J'ai lu ce roman bien trop vite, et encore, j'ai fermé les yeux pour ralentir ma lecture. Quel souffle !

L'histoire ? Un jeune vétéran de 18 ans revient de la guerre de Corée et sauve des griffes d'un monstre déguisé en homme-qui-présente-bien, une jeune fille qu'il ne va plus quitter. Ils vont avoir plusieurs enfants mais malheureusement le sort va s'acharner sur eux et les services sociaux vont menacer le fragile équilibre qu'ils avaient réussi à construire.

J'ai aimé le côté amoral de l'histoire, la force inouïe de la relation entre les deux personnages, le comportement de Tucker envers tous ses enfants, et cette description d'une Amérique rurale, rude, si proche de la nature. Parfois Tucker m'a fait penser au personnage féminin de Sauvage, dans sa connaissance du monde animal et végétal, dans sa méfiance des hommes, des cols blancs, de ceux qui savent les lois, qui veulent les appliquer coûte que coûte, sans une once d'humanité.

L'injustice, l'incompréhension, la peur de perdre ce qu'il a de plus cher au monde, réveillent chez Tucker son côté brutal mais comment l'en blâmer ? Loin de tout manichéisme, Chris Offutt nous présente des personnages acculés, en proie aux doutes, des gens qui font de la violence une arme de défense. C'est sombre, c'est dur, ça râpe, ça crisse, mais au bout du tunnel, il y a une lueur d'espoir même s'il faut pour cela accepter des actes que d'aucuns trouveraient répréhensibles.

Et si je me penchais sérieusement sur la bibliographie de cet auteur ?


Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Magnifique roman noir américain, qui raconte l'histoire d'un couple dans la campagne profonde du Kentucky, sa vie, ses amours, ses enfants, ses drames. Tucker sort de la guerre de Corée, c'est un tout jeune adulte quand il rencontre Rhonda. La suite, je vous la laisse découvrir, l'histoire est poignante, souvent difficile. Ils ne sont pas riches, n'ont pas de chance, mais ils s'adorent. Il n'est pas un voyou, hors il fera de la prison, par choix, par devoir envers sa famille. L'histoire est belle, même si elle n'est pas bien gaie. Un livre brillant, qui laisse un souvenir profond.
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C'est l'amour Appalaches (Ahou, Tcha, Tcha, Tcha)

Par une sorte de tropisme que je ne m'explique guère, j'ai tendance à être attiré par la collection Totem. Tout n'y est pas remarquable (Le retour du Gang de la Clef à molette, Shibumi, Pike…m'ont fortement déçu par rapport à l'attente), mais l'éditeur a le mérite de sortir des sentiers trop rebattus et de proposer souvent de nouvelles traductions. (ceux qui ne se sont pas encore procuré le bikini de diamants  débarrassé de la version de Duhamel pourront vite mesurer la différence).

Ce nouveau roman fait partie des bonnes pioches.

Nous sommes dans les années 50, au milieu de nulle part, c'est-à-dire dans l'Ohio pas encore rendu tristement célèbre par Neil Young, ni revigoré par Devo, les cinglés d'Akron.

Tucker est un jeune soldat à peine démobilisé après la guerre de Corée où il a appris à survivre. Il n'aspire plus aujourd'hui qu'à une chose : revenir chez lui dans le Kentucky (un autre nulle part rendu célèbre par...euh, personne en fait ! A part les machins frits qui ont un lointain rapport avec des poulets et Randy Newman, mais il est trop confidentiel pour que ça compte) et y couler une vie paisible.

Son chemin va d'abord le ramener en Corée encore et encore, malgré lui, puisqu'il doit à nouveau forcer sa nature en ramenant à la raison un conducteur trop désireux d'en faire un copain de beuverie.

Mais sa route prend un tour définitif quand, comme les Beach Boys, il va croiser Rhonda. Elle est de retour du cimetière où elle a enterré son père. Elle n'a que 15 ans, mais ça ne semble pas émouvoir (enfin, si, mais dans un autre sens), son oncle qui l'accompagne et a sa définition personnelle de la levée du corps. Tucker s'interpose violemment et s'enfuit avec Rhonda qui choisit de le suivre.

Dix années ont passé. Tucker a épousé Rhonda et ils ont déjà une grande famille, hélas amochée, les enfants souffrant presque tous de malformations, « chaque espoir de neuf mois s'achevant en désarroi ». Les agents de l'État qui visitent ce pauvre foyer décident de placer les enfants, bien qu'ils ne souffrent ni de violence, ni de négligence. Tucker ne va pas le supporter et se trouver à nouveau, plongé dans la violence.

Avec Nuits Appalaches, Chris Offutt nous offre un roman d'une sensibilité étonnante et d'une beauté fragile émouvante.
En dépit de tous les coups du sort, Tucker et Rhonda ne souhaitent que vivre leur amour paisiblement, entouré de leurs enfants et de la nature.
Mais ils sont sans cesse rattrapés par la violence d'un monde qui refuse leur réalité.

Le style d'Offutt est à l'image de ce couple : pudique, tendre et simple. Chaque scène d'apparence anodine est pourtant une évidence, chaque brin d'herbe, chaque abeille, chaque mouvement de feuillage dessine un univers qui serait celui d'une innocence perdue.

Un très beau roman.
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Tucker, ancien combattant en Corée, est de retour au pays où personne ne l'attend. Dans son sac, des médailles et sa solde de vétéran. A tout juste dix-huit ans, cet homme que l'armée avait façonné pour tuer, cherche à se construire, fonder une famille.
Un roman âpre, noir, sauvage comme ces collines du Kentucky, « comme si Dieu avait perdu la tête le jour où il avait dessiné le paysage. »
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