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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ohio, 1954. Après la fin de la guerre de Corée, Tucker, 18 ans, décide de rentrer chez lui, dans son Kentucky natal, à pieds ou en voiture si un homme croisé au hasard s'arrête à sa hauteur. La marche, les paysages, le soleil qui le réchauffe, l'apaisent de ces quelques mois passés loin de chez lui, au coeur de ces combats qui ne l'auront pas épargné. Les terres vertes et ondoyantes du Kentucky l'accueillent enfin. Il bivouaque quelques jours, non loin d'un étang. Un endroit sûr et loin des gens. C'est pourtant là qu'il assiste à une scène effroyable : un homme violent assène des gifles à une jeune fille et tente de la violer. Aussitôt, Tucker intervient. Il blesse l'homme suffisamment pour qu'il ne puisse plus bouger, le dépose mal en point chez lui et s'enfuit à bord de sa voiture, Rhonda installée à ses côtés. Bien qu'encore plus jeune que lui, elle décide de le suivre là où il ira. Après une seule nuit passée ensemble, il lui propose déjà de l'épouser...

Chris Offut arrive, dans un style épuré et sans fioritures, à nous offrir un roman dense qui, pourtant, fait à peine 250 pages. Il dépeint, de 1954 à 1971, la vie de Tucker, sa femme, Rhonda, et leurs enfants. Tandis qu'elle reste à la maison pour s'occuper de ces derniers, dont la vie, pour certains, commence mal, lui a accepté le premier boulot qu'on lui a proposé, à savoir travailler pour Beanpole, un baron local. Malgré des conditions sociales, sanitaires et économiques à déplorer, la famille s'en sort bon gré mal gré, porté par l'amour indéfectible réciproque mais aussi le courage, la loyauté et la force de Tucker. Si les personnages sont malmenés par la vie, si l'ambiance reste sombre et tragique tout au long du roman, il n'en reste pas moins que Chris Offut réussit, de par sa plume descriptive et intense, de par le poids de ses mots et de par la pudeur et l'émotion qui se dégage, à rendre ce roman lumineux et pétri d'une profonde humanité.
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C'était un vrai événement que d'avoir pû voir il y a désormais la dizaine de jours Chris Offutt à quais du polar, car il est considéré à juste titre comme un auteur culte et cela faisait près de vingt ans qu'on n'avait eu de nouvelles de lui en France.

Après deux décennies de silence littéraire, Offut, dont le visage buriné est bien fidèle à ce qu'on imagine de ce genre de romanciers américain, est revenu en cette année 2019 avec Nuits Appalaches.

L'intrigue est simple: on est en 1954, et on suit Tucker, dix-huit ans à peine, qui revient de la guerre de Corée. Il s'est engagé à seize ans, afin de s'éloigner de la pauvreté et la misère de sa famille perdue dans un vallon des monts Appalaches qu'il va prendre de plein fouet à son retour.

Comme pour Ron Rash également présent à Lyon, Chris Offut possède, bien ancré en lui, ce talent incroyable de raconter les histoires de gens dont on ne parle jamais, des sortes d'invisibles, et de les rendre passionnantes et émouvantes

Et comme pour Ron Rash il trouve les mots pour décrire cette Amérique provinciale et archaïque qui semble être à des années lumières des grandes mégalopoles, on se dit que cette amérique rurale telle que nous le décrit Offut se déroule certes dans les années 60, à l'époque des Kennedy et de Martin Luther King , mais risque bien d'être totalement immuable si on la peignait aujourd'hui, soit 50 ans plus tard.

Pour (ra)conter son histoire de souffrance et de résilience, Offutt va à l'à l'épure, condense ce qu'il faut condenser, afin de ne jamais extrapoler sur ses personnages ( la fin est édifiante à ce propos), et son récit ne souffre ainsi d'aucune longueur et langueur, tout va à l'essentiel pour cette histoire de survie dans des rivages hospitaliers.



Nuits appalaches est une histoire âpre, mais dont le souffle poétique est prégnant, qui exhume son lot de violences tant Offut sait parler de ces des écorchés qui n'ont que les poings pour s'exprimer, ces hommes accrochés à leur terre autant qu' à leurs proches, qui restent en marge de la société.

Un roman aussi court qu'intense à dévorer toutes affaires cessantes.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Qu'évoque pour vous le mot Kentucky ? Un trou de bouseux qui vivent au milieu de nulle part en distillant illégalement du bourbon probablement.

1954. Tucker revient dans sa région natale après avoir passé deux ans en Corée. Il a 18 ans, évite les grands axes routiers, marche dans les forêts, fait de l'auto-stop. Pas le type particulièrement intelligent, pas une brute non plus portée sur la bouteille. Il sait manier un couteau et une arme à feu. Durant son périple, Tucker rencontre Rhonda, guère plus jeune que lui. Ils fondent une famille. Pour nourrir femme et enfants, Tucker accepte de travailler pour le bootlegger local. Mais comment réagir lorsque tout part en vrille et que l'on respecte un code d'honneur ?

Malgré les apparences, Chris Offutt nous parle essentiellement d'amour dans ce court roman noir. Amour du travail bien fait, amour de Tucker pour Rhonda et pour ses enfants à qui il ne peut offrir qu'une vie de misère. Jamais l'auteur ne sombre dans la pleurnicherie ou le misérabilisme. Il n'y a pas de gentils. Pas de méchants. Uniquement des gens simples qui essaient de survivre.
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Tucker, 18 ans, revient de la guerre de Corée. Sur son chemin il sauve une jeune fille des griffes de son oncle et l'épouse. Nous les retrouvons 10 ans plus tard avec cinq enfants. Galère, précarité, débrouille, combativité, courage, loyauté. C'est l'amour des siens et de toutes ses petites choses autour d'eux qui fera qu'ils ne baisseront jamais les bras. Magnifique couverture des éditions Gallmeister. Merci à Wyoming qui, avec les premières lignes de sa critique m'a donné envie de le lire.
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A la fin de la guerre de Corée, Tucky , jeune vétéran, rentre chez lui dans le Kentucky, il rencontrera Rhonda , 15 ans, d'une drôle de façon, et ils tomberont amoureux . Cinq enfants suivront, dont certains souffrant d'un lourd handicap et les services sociaux s'en mêleront. Tucker fera ce qu'il faut, (après tout le Kentucky à côté de la guerre, c'est de la gnognote!) , il travaillera pour le baron local, les propositions d'embauches dans le coin étant réduites à néant.

C'est un roman qui oscille entre violence et nature writing, Tucker connaissant les deux sur le bout des doigts.

Certains passages , notamment ceux sur les services sociaux en 1954 font frémir : comment pouvait-on "disposer" des enfants sans l'accord des parents, sans leur expliquer, sans leur faire visiter les structures d'accueil pour enfants ? Mais la façon dont Tucker et sa femme "géraient" ces handicaps, même s'ils étaient remplis d'amour pour leurs petits, fait frémir aussi, tant leur ignorance en matière d'éveil est colossale. C'est ce qui m'a le plus marqué dans ce roman. Ça et la nature (désormais , je sais comment trouver des morilles !).

C'est un roman noir, très sombre car la vie de ces gens était vraiment très dure et la violence fait partie, depuis la guerre, de la vie de Tucker qui se bat comme un lion pour sa famille, quitte à faire " le vide "autour de lui... Il m'a fait penser à un animal, très intuitif, connaissant son environnement, son biotope, parfaitement, aimant avec ses tripes, et ne faisant pas de quartier, à ses ennemis, sans aucun état d'âme . Ni remord , ni regrets, ce qui doit être fait , doit être fait. Tucker n'attaque jamais, Tucker se défend , c'est tout. Mais sa façon de voir la vie n'est pas celle de la loi ou de la bonne société. Il n'empêche que le lecteur est de son côté car c'est un "gentil".

Trois périodes pour raconter une vie, celle de Tucker, sa famille et es autres : 1954, puis 1964, et puis un épilogue à la fin très surprenant, comme si l'auteur faisait retomber la pression en nous donnant des nouvelles , des années après de tous ceux que l'on a croisé dans ses pages.
Surprenant et très prévenant ..

La nature est partout; elle nourrit la famille de Tucker, elle soigne, elle rassénére, elle renseigne sur la présence actuelle ou passée, d'un ennemi, Il y a de jolis noms de végétaux qui comme je ne les connais pas , ont résonné de façon rès poétique, rythmant cette histoire.


Un roman très original , "très Gallmeister."..
♫ Noir c'est noir ♫ (et vert aussi ..)
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Tucker n'a que 18 ans quand il rentre de la guerre de Corée. Il aspire à une vie calme, aux milieux des collines qui l'ont vu naître, dans le Kentucky. Avec Rhonda, cette jeune fille souriante et courageuse, qu'il va aimer au premier regard, ils vont fonder une famille. Mais ils vont devoir renoncer à certains rêves pour la protéger…

Nuits Appalaches est un roman qui remue. Ode à la nature, à la famille, à cet amour infaillible qu'un père voue à ses enfants, l'histoire de Tucker nous plonge dans une Amérique profonde, sombre, dure. Cet homme, que l'Etat a oublié, a effacé, regarde la vie en face et cherche à sauver l'avenir des siens, par tous les moyens.

L'écriture de Chris Offutt est sobre. Elle est précise, elle va à l'essentiel. Il dépeint avec beaucoup d'empathie mais sans pathos, cette famille où l'amour ne suffit pas. Touchée par le mauvais sort, la malchance, elle doit faire face à des enfants différents.

Au coeur de la nature, au milieu des collines et des forêts, quand le ciel est une boussole et la terre un guide plus efficace qu'une carte, la vie est un combat et le sourire des siens un trésor… Tucker est une âme émouvante, une tendresse brute, une main qui n'a pas peur de frapper pour protéger. C'est un homme droit, qui a trouvé sa place en ce monde… et qui est prêt à tout pour la garder…
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Mon deuxième Offutt, et je ne suis toujours pas tout à fait convaincue par son univers, il me manque un petit quelque chose.
Là où il réussit pleinement à m'ancrer dans mes convictions, c'est sur le fait que le Kentucky ne fait vraiment pas envie : un état repoussoir où la misère endémique draine toutes les saletés du monde et où la nature, sans être véritablement hostile, n'est que refuge et non source d'élévation pour l'âme.
Les galères tombent en flots drus, trop drus sur notre couple de héros, si attachants dans leur manière de s'harnacher vigoureusement l'un à l'autre pour conjurer le mauvais sort. Rien à faire, ils sont nés de travers et rien de ce microcosme pourri ne les aidera à sortir la tête de l'eau. L'amour puissant du couple est plus que touchant, Tucker est impressionnant de détermination et de force, mais il y a quelque chose de too much dans la représentation de cet homme seul face au monde cruel avec sa b... et son couteau, dans le misérabilisme de cette famille où tous les enfants ou presque sont irrémédiablement abimés, dans son environnement où rien ni personne ne viendra les aider.
Peut-être ai-je le coeur aussi sec que la plume de l'auteur, mais malgré tout cela j'ai eu du mal à compatir.
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« Les Tucker étaient des gens bien qui n'avaient pas eu de chance, comme beaucoup de familles des collines. (…) Les problèmes leur tombaient dessus comme un vent oblique en hiver. »
Mariés à 18 et 15 ans en 1954, Tucker et Rhonda ont cinq enfants et un autre en route dix ans plus tard. de la fratrie, seule Jo, sept ans, est autonome, les autres souffrant d'hydrocéphalie ou de retard mental. Talonnés par les services sociaux pour négligence parentale, le couple demeure soudé malgré tout. À la suite d'un arrangement avec son employeur, le bootlegger du coin, Tucker se fait coincer par les hommes du shérif et se retrouve en prison. À sa sortie en 1971, plus rien ne compte que de retrouver sa famille et récupérer la somme d'argent convenue auprès de Beanpole.
Un roman campé au pays des hillbillies, dans le Kentucky rural et à la frontière de la Virginie occidentale, au creux des vallons où le soleil atteint difficilement les cambuses construites avec les moyens du bord.
Chris Offutt a choisi de raconter son histoire sans peser sur le misérabilisme ambiant, offrant de ce fait un récit juste assez haletant pour que l'on ait envie de continuer. Un style concis au service de personnages réalistes et d'une intrigue qui se tient. Tout y est pour passer un bon moment de lecture!
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A la lecture de ce livre, à la fois sec et discrètement lyrique, j'ai souvent eu les larmes aux yeux. Nous suivons de 1954 à 1971 la vie de Tucker, Rhonda et leurs 6 enfants, dont 3 sont nés lourdement handicapés, qui ne survivent que par la force de leur amour qui est leur seule richesse, et par la débrouille.
Il y a des événements tragiques, mais pas seulement, même si leur vie est rarement très gaie et que rien ne leur est donné. On ne peut que réfléchir à l'injustice sociale. Dans un autre milieu, Tucker, ancien de la guerre de Corée, qui s'est engagé avant ses 18 ans en mentant sur son âge, et qui par son absence d'éducation en est réduit à un travail dangereux auprès d'un trafiquant d'alcool, aurait sans doute pu développer son formidable potentiel. Sa connaissance de la nature du Kentucky qui l'entoure, son sens de l'observation et de la déduction qui lui permettent de survivre en milieu souvent hostile, sa force de caractère qui le conduisent à des actes extrêmes quand le sort de sa famille est en jeu, sont assez impressionnants et en font un personnage très fort.
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Il y a peu de mots pour décrire cette immersion au sein des Appalaches, les fleurs, les cris des oiseaux, les arbres. Dès le départ, je n'ai pu m'empêcher d'être totalement happée par l'histoire, et les descriptions immersives y sont pour beaucoup.

Tucker, 18 ans, rentre de la guerre de Corée où il a menti sur son âge pour être enrôler. La guerre terminée, il rentre dans son Kentucky natal, taiseux. En forêt, il surprend un homme essayant d'abuser d'une jeune femme de 15 ans, Rhonda. Vaillant et protecteur, il l'arrache à son bourreau et c'est tout naturellement qu'elle le suivra. Les deux jeunes gens tombent amoureux et décident de se marier.
L'histoire se déroule principalement de 1964 à 1971. Tucker reste le personnage central, le héros. Son attachement indéfectible à sa femme et à ses cinq enfants malgré les coups du sort qui s'acharnent contre eux : quatre des enfants sont déficients. Mais la machine va s'enrayer lorsque l'état décide de leur arracher leurs enfants dont il saurait mieux prendre soin. Pour protéger les siens, Tucker commet l'irréparable et devra payer ce préjudice par une peine de prison... Mais comment retrouver les siens quand les 9 mois qu'il devait y passer ce sont transformés en 6 ans ?

Il n'y a aucun doute, ce roman policier est de haut vol. Chris Offutt retranscrit une atmosphère pesante dans les Appalaches mais saisissante de réalité. Il parle de valeurs, de famille, de loyauté, où la chance ne fleurit pas toujours au bon endroit et où il faut parfois se battre pour garder les siens auprès de soi. A mettre dans de nombreuses mains !
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