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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Très beau ce roman où se mêlent de nombreuses valeurs : famille, loyauté, honneur, simplicité, avec le cadre naturel des Appalaches dont l'auteur distille au fil des pages des merveilles toutes simples, telles que les étoiles, la préparation des fourmis à l'orage, les oiseaux de nombreuses variétés, les fleurs des champs.

Tucker est le personnage central et il porte à bout de bras ce récit en même temps que sa famille, son épouse, Rhonda, ses enfants dont la plupart souffrent de déficiences physiques mais n'en sont pas pour autant moins aimés par leurs parents. Chris Offutt ne sombre jamais dans la pitié ou le misérabilisme dans son approche de cette vaillante famille qui vit ses joies et ses dures peines avec presque sérénité.

Tucker est un héros de la guerre de Corée, "la guerre de Truman" qui n'était pas la sienne, au cours de laquelle il a renforcé ses aptitudes physiques et son sens de la nature . Il est foncièrement bon et ne veut que le bien des autres tout en restant intransigeant sur la protection des siens.

Tucker aime Rhonda; ils se sont connus jeunes et les épreuves ne les éloignent en aucun cas l'un de l'autre, elles renforcent leur union et leur attachement à leurs enfants.

Tucker n'est pas un voyou et s'il connaît la prison, c'est une sorte de sacrifice suite à un marché conclu avec Beanpole qui le respecte et le craint. La prison ne le transforme pas en bête sauvage ou en justicier. Il est armé et utilise ses armes si nécessité absolue, toujours avec l'idée de protéger les siens.

La fin du roman est grandiose particulièrement dans ses dialogues -- d'ailleurs tous les dialogues sont d'une qualité et d'un réalisme exceptionnels --, elle conclue cette oeuvre avec un naturel qui traite l'essentiel, sans fioritures inutiles.

L'épilogue est également très intéressante puisqu'elle indique le devenir des principaux protagonistes du roman dont l'action s'étend de 1954 à 1971. Et d'ailleurs, ce rythme des différentes périodes ne casse en aucune manière celui de l'histoire de Tucker et de sa famille.

Plusieurs critiques ont comparé Chris Offut à Ron Rash; il est vrai que ce sont deux auteurs très proches mais, dans ces Nuits Appalaches, Chris Offutt m'a paru un cran au-dessus.
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Tout juste sorti du dernier Ron Rash, je reste dans les Nuits Appalaches avec Chris Offutt, toujours traduit par Anatole Pons. Un court roman noir, simple, aux personnages attachants.

À commencer par Tucker, jeune gars du Kentucky de retour de la guerre de Corée où les forces spéciales ont fait de lui une machine à exécuter, les ordres et l'ennemi. Au contact de sa terre retrouvée, il s'apaise peu à peu, se range et tente de faire subsister les siens en jouant les passeurs de gnôle pour un baron local afin de glaner quelques billets. Il s'apaise encore plus grâce à Rhonda, sa femme, battante, aimante, au corps protecteur et rédempteur, qui lui a offert cinq enfants.

Mais les faibles conditions sociales et sanitaires locales ont fragilisé la vie et l'avenir de ces enfants et pour les protéger, Tucker va à nouveau accepter de se mettre en danger, replongeant dans ce monde binaire du bien et du mal d'autrefois. Avec des conséquences qui s'avèreront plus dramatiques que prévu…

Dans Nuits Appalaches, j'ai retrouvé tout ce qui m'avait emballé dans le bon frère : des gens simples mais droits, portés par leurs valeurs liées à la terre, à la famille et à l'honneur, bousculés par la vie et l'injustice, confrontés à la vengeance mais toujours animés par un souci d'humanité permanent.

J'ai surtout été emporté par l'amour qui émane de cette famille et qui se dégage à chaque page de l'écriture d'Offutt, avec notamment de formidables et émouvantes pages de dialogues entre Tucker et ses enfants, Big Billy, Jo ou Shiny. Sans oublier l'amour de la nature, omniprésente et magnifiée… Une nature qui soigne également, quand assis nu la nuit sur une pierre dressée dans la montagne, elle devient pour Tucker apaisante et rédemptrice.

Précipitez-vous dans ces nuits du Kentucky : attachement garanti !
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Le jeune Tucker,ayant combattu en Corée, rentre dans son Kentucky natal.
Méfiant, taiseux, c'est à pieds qu'il effectue la plus grande partie du trajet, traversant les Appalaches au milieu de cette nature sauvage qui lui a toujours servi de refuge.
Sur sa route, il rencontre Rhonda qu'il sauve des griffes d'un oncle incestueux et qu'il emmène avec lui.
Ensemble, ils vont vivre loin de tout, dans les collines et fonder un foyer.
Cinq enfants naîtront de leur union dont, hélas, trois avec un handicap.
L'administration tentant de les leur retirer, le taiseux Tucker se met en position d'attaque car sous le corps de l'âpre combattant bat le coeur d'un père tendre et d'un mari attentionné, soucieux de préserver l'unité familiale.
Ayant conclu un marché avec le trafiquant qui l'emploie, il se résoud à passer 6 années en prison en échange de la protection des siens et d'une grosse somme d'argent à sa libération.
Mais les choses ne tourneront pas nécessairement comme prévu...

Avec ce roman, Chris Offutt nous entraîne dans l'Amérique rurale, loin des grandes métropoles, au fin fond de ce Kentucky sauvage où les hommes, bien que vivant dans la précarité, sont accrochés à leur terre autant qu'à leur famille et se servent de leurs poings pour défendre leur bien.
Une vie aux aguets, toujours à l'affût du moindre danger.
Un récit dans lequel, en fin de compte, il n'y a ni gentils ni méchants, où les meurtres commis le sont par nécessité, par instinct de protection.
Il y a un contraste très fort entre la violence des situations et la tendresse, tellement touchante d'un père envers ses enfants.
Les quelques moments d'intimité de Tucker avec son fils hydrocéphale sont d'autant plus émouvants que l'on sait le caractère renfermé du personnage.

Dans la même veine que Ron Rash, Chris Offutt nous offre des romans à la fois rudes et lumineux, dans lesquels les hommes font corps avec la nature sauvage de leur environnement.
Une nature qui façonne leur caractère aussi finement qu'une lame acérée.
Le style lui-même est tranché, direct, sans fioriture mais il excelle, Dieu sait comment, à rendre l'atmosphère palpable, vibrante.
Malgré quelques maladresses de traduction qui rendent certaines phrases un peu bancales, la lecture est agréable.

La littérature américaine attise de plus en plus ma curiosité et les quelques livres lus jusqu'à présent m'ont conquises.
Je mets un léger bémol sur celui-ci car il n'est pas parvenu à me transporter autant que les précédents, Ron Rash ou Philipp Lewis, mais cela reste un très beau moment de lecture.

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En 1954, Tucker est de retour dans son Kentucky natal, à la fin de la guerre de Corée. Il n'a que 18 ans, il rencontre Rhonda qu 'il sauve des griffes de son oncle incestueux. Ils s' enfuient ensemble et se marient. Tucker trouve un job auprès d'un bootlegger local.
Le couple vit chichement dans une maison en bois, ils auront cinq enfants dont trois anormaux. Quand les services sociaux débarquent et décident de leur enlever les enfants malades pour manque de soins Tucker voit rouge. Il va entrer en guerre contre eux, pour sauver sa famille. Tucker est un époux fidèle et un père aimant, mais il peut devenir violent pour défendre sa famille c'est le côté sombre de sa personnalité.
Chris Offutt, dans un roman court, au style efficace, sans fioritures, habitué à écrire des scénarios, nous dresse le portrait de ces petits blancs déshérités, en marge de la société, sans culture, isolés, vivant dans la nature où les femmes n'ont même pas de médecin pour accoucher.
C'est un roman noir, dur, âpre, où la vie ne fait pas de cadeaux, où on sort souvent son arme pour défendre ses droits.
J'ai apprécié le personnage de Tucker, un homme droit, porté par ses valeurs et son amour pour sa famille, malchanceux, abîmé par la vie, prêt à tout pour défendre les siens
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Avec Chris Offutt, tout est possible, à tout moment. L'imprévisible, le hasard, l'inattendu régissent le monde, pour le meilleur parfois, et souvent pour le pire.
Vous pensiez que ces deux personnages avaient tout pour être heureux ? Ils vivent un cauchemar. Vous espérez passer un peu de temps avec ce type haut en couleur et si minutieusement décrit ? Dommage pour vous, vous ne le reverrez jamais. Vous aimez la belle amitié qui se dégage de ces deux gars fort sympathiques ? Vlan, l'un descend l'autre. Un soleil radieux illumine toute la vallée ? Au tournant de la route, un arbre s'abat violemment sur le capot de la voiture.
Chris Offutt n'écrit pas de feel-good.
Pas de bons sentiments ici.
Pas de vision manichéenne du monde.
Pas de gentils. Pas de méchants.
Mais des gens qui font ce qu'ils peuvent pour vivre pas trop mal. Des gens qui, face au pire, s'arrangent. Tant pis pour la morale. Tant pis pour ceux qui l'ont ouverte un peu trop ou qui ont voulu imposer leur loi bidon.
Non, rien n'est joué d'avance, rien n'est tracé et la vie n'a vraiment rien d'un long fleuve tranquille.
On se tient aux aguets quand on lit un texte de Chris Offutt et la tension est permanente. Parce que le pire rôde toujours dans cet univers violent, âpre et sauvage : la mort peut frapper à tout moment, n'importe qui, même les gens les plus sympathiques, même les coeurs purs, même les enfants.
Chris Offutt met en scène des gens qu'on ne voit pas habituellement : des petites gens, ceux qui n'ont pas eu de chance, dès le départ. Des écorchés, des blessés, des meurtris.
Ils sont là, bien présents, dans toute leur humanité, leur faiblesse, leur peur, leur générosité, leur honte, leurs mensonges, leur vie cabossée, leur corps cassé.
Pas d'apitoiement, pas de pitié.
Ils sont comme ils sont et ils assument leur malchance. Ils se débrouilleront avec ça, comme ils l'ont toujours fait.
L'auteur sait par un détail les faire exister. Pas de longues descriptions inutiles, pas d'effets de manche : non, juste l'essentiel, une suggestion, un mot ou deux : un tremblement dans la voix, un silence, un regard et tout est dit.
Tout en pudeur, en retenue.
Et ils existent. Ils sont.
Il suffit de quelques lignes à Chris Offutt pour faire surgir un personnage que l'on n'a dorénavant plus envie de quitter. Parce qu'il nous intrigue, parce qu'on nous laisse supposer un passé bien lourd. Mais l'on ne saura pas forcément lequel. Pas tout de suite en tout cas. le lecteur est plongé in medias res, dans l'action, la rencontre, le mouvement. La pause permettra de comprendre.
Et quand l'amour surgit, dans cet univers bien sombre, tout s'apaise.
Tout devient tendresse.
Enfin.
La poésie se déploie sur le monde et un court moment, au moins, on souffle.
Encore une chose : vous saurez toujours avec Chris Offutt quelle plante émet cette fragrance un peu envoûtante, à quelle essence d'arbre appartient l'ombre que vous devinez à peine dans le lointain d'une nuit étoilée, quels sont les oiseaux qui chantent en fin d'après-midi lorsque l'orage menace et que l'air se charge d'eau. La nature, omniprésente, essentielle, sert de refuge. Elle protège, cache, soigne. Parce que le monde est dur, brutal, violent, cruel même et qu'il faut se battre.
Chaque jour, encore et encore.
Une lutte que l'on sait infinie.
Je vais vous laisser faire connaissance avec Tucker, découvrir d'où il vient et ce qu'il a fait avant de marcher, par cette matinée lumineuse de printemps, le long d'une route de l'Ohio.
Il rentre chez lui, sur ses terres.
Au loin, on aperçoit déjà les plaines vertes et ondoyantes du Kentucky.
Ce qu'il fera après, il vous faudrait beaucoup d'imagination pour le deviner parce que Chris Offutt est un vrai conteur et qu'il ne vous laissera jamais rien prévoir à l'avance. (Ne lisez pas la quatrième de couv', ce serait tellement dommage!)
En deux mots ou presque : je me suis régalée de ce chef-d'oeuvre.
Sur une route écrasée de soleil, s'arrête une vieille voiture. L'homme qui sort sa tête s'appelle Freeman… Tout un programme.
Tucker monte dans le pick-up, un Chevrolet 1949.
Allez-y, montez avec lui...
L'aventure, la vraie, peut commencer…
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Pas besoin d'aller fouiller bien loin avec Gallmeister pour trouver des pépites.

De la nature, sauvage, omniprésente, de la contrebande d'alcool, intriguante et risquée et un jeune héros vétéran, taciturne et complètement à l'aise dans cette nature qu'il a appris à observer.

Il suffit de peu de chose pour être envoûté, l'écriture est simple et efficace et nous fait découvrir une nature qui regorge de secrets pour ceux qui les connaissent, ou ceux qui les découvrent, c'est ce qui m'a beaucoup plu, ces personnages authentiques comme leur lieu de vie.

Le roman est court mais m'a paru assez intense au niveau sensoriel, et je viens de refermer un très bon moment en sa compagnie.
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Le Kentucky ,les Appalaches voilà le décor de ce formidable roman qui raconte l'histoire de Tucker et Rhonda
Tucker , vétéran de 18 ans , rentre de la guerre de Corée , rencontre Rhonda qu' il sauve lors de une tentative de viol
Ils vont fonder une grande famille et ce livre est leur histoire
Une trame bien faible , une histoire américaine banale au fin fond du Kentucky
Détrompez vous. Vous avez entre les mains un roman tout à fait extraordinaire. Une écriture acérée, un don pour vous immerger dans l'histoire d' amour et de vie de Tucker et Rhonda , en complète immersion dans leur milieu naturel
Surtout ne rien dévoiler pour ne pas gâcher votre plaisir
J' ai pensé à Ron Rash , bien sûr, mais aussi à Steinbeck
C' est très beau, c' est de la très grande littérature
Ne passez pas à côté de ce livre que je considère comme un chef d'oeuvre
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Dans ce roman Chris Offutt se propose de sonder l'âme d'un homme en quête de salut. de retour au pays après la guerre de Corée, le soldat Tucker se cherche une place dans la société. Démuni mais déterminé, il va s'échiner à se bricoler une vie et un foyer heureux, avec Rhonda dont il tombe amoureux et leurs cinq enfants.
Tucker sera prêt à tout pour défendre ses petits. Mais le sort s'acharne et la nuit est parfois bien noire dans les Appalaches…

Il est question de survie tout au long de ce roman très ancré dans le paysage rural des collines du Kentucky.
Tucker qui a survécu à la guerre, devra survivre à la misère, à la prison, aux représailles d'un patron moyennement «propre », à l'âpreté des rapports sociaux dans cette région reculée et pauvre des états unis.
Loin de la robinsonnade exotique, c'est pourtant dans cette nature sauvage, presque hostile, que cette famille façonne son destin, au contact de la terre, des chemins creux et des arbres qui boisent ce coin perdu du plateau de Cumberland.
D'une belle plume, empreinte de poésie, Chris Offutt raconte les oubliés, les invisibles, avec une humanité rare.
Les passages racontant les visites des services sociaux m'ont particulièrement touchés, j'ai trouvé que l'auteur tutoyait le désarroi de cette mère avec une grande finesse.
Un roman âpre, sans facilités ni pathos, enrobé d'une écriture envoûtante qui m'a beaucoup plu.
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Et bien, ça m'arrive tellement rarement de ne pas avoir ma phrase d'intro pour une chronique que ça mérite d'être souligné !

Là, je suis toujours un peu groggy, suite à ma lecture passionnante et émouvante de ce que j'appellerais « Les aventures de la famille Tucker ».

Aventures « merdiques », il va sans dire, puisque cette famille habite les collines du Kentucky et que, sans vouloir entrer dans les stéréotypes, je suis pourtant forcée de le faire, car habiter cette région vous colle une étiquette sur le front et que malheureusement, une partie de cette étiquette est véridique.

Peuplée de familles vivant dans la précarité, de pères violents, alcoolos, de jeunes désoeuvrés, les collines du Kentucky recèlent toujours une faune assez haute en couleur, même si je ne les ai visitées que par la littérature, mais Chris Offutt en parle tellement bien, qu'on les aime directement, ces white trash.

La famille Tucker est composée d'un vétéran de la guerre de Corée – Tucker – qui a rencontré sa future épouse – Rhonda, 15 ans – en la délivrant de son oncle qui voulait se la faire le jour des funérailles du père de cette même Rondha… Ça vous situe ?

Pour faire bouillir la marmite, notre Tucker devient coursier pour un bootlegger du coin, puisque nous sommes en 1953 et que fabriquer de l'alcool est toujours une activité lucrative. Tucker ne sait rien faire d'autre que la guerre, alors, coursier, ça lui va très bien.

Dix ans plus tard et 5 enfants aussi, Tucker est le meilleur coursier et même si sa famille vit dans la précarité, il est prêt à tout pour elle.

La force de ce roman tient dans ses personnages qui n'ont rien pour eux, au départ, qui ressemblent à tous les gens précarisés de la colline, si ce n'est que chez les Tucker, on aime ses enfants, on les protège, on les couvre de tendresse et que l'on se demande pourquoi on n'arrive pas à faire des enfants sans handicap (une seule fille est née « normale).

Énormément d'émotions dans ce père qui parle à son fils, Big Billy, atteint d'hydrocéphalie, énormément de tendresse dans cette soeur, Jo, qui s'occupe de ses soeurs atteintes, elles, d'autres handicap, tellement de questions et de peine dans cette mère, Rhonda, qui se voit mettre au monde des enfants anormaux et qui fait tout ce qu'elle peut pour tenir sa maison en ordre.

Il y avait aussi tellement de compréhension dans cette dame des services sociaux qui sait comment adresser la parole aux Tucker, alors que son collègue ne veut qu'une chose : les retirer tous à leur mère.

Ce qui entrainera des conséquences lourdes pour la famille et pour ce crétin des services sociaux qui a vu des animaux de foire, des parasites, en lieu et place d'êtres humains doués de sensibilités et d'amour.

Un sacré putain de roman noir comme la nuit, mais une nuit pourvue d'étoiles qui brillent au firmament et qui vont me hanter longtemps tant le récit était magnifique, la plume portant son récit d'une manière acérée.

Un roman noir comme je les aime et comme je voudrais en lire plus souvent. Mon seul bémol sera pour le fait qu'il était trop court et que j'aurais aimé passer plus de temps avec les membres de la famille Tucker.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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J'ai suivi avec passion les tribulations du personnage digne et taciturne qu'est Tucker, ce garçon râblé aux yeux vairons à qui il ne faut pas en raconter, qui sait mieux que personne observer, se taire et survivre. le couple qu'il forme avec Rhonda est beau et émouvant, alors même qu'ils n'ont pas eu de chance, que 4 de leurs 6 enfants sont nés différents, avec un handicap physique ou mental, ce à quoi aucun des deux n'était préparé.

Revenu de la guerre de Corée, Tucker retrouve son Kentucky natal, fermement résolu à se fixer dans son lieu d'origine, les collines. Il n'avait pas pour plan de se marier, mais la rencontre avec Rhonda, qu'il a sauvée des entreprises libidineuses de son oncle, le jour de l'enterrement du père de celle-ci, a fait tourner les choses autrement. La vie est dure aux enfants des collines, mais à deux, avec de l'amour, on peut espérer vivre mieux.

Tucker s'est trouvé une activité pour faire vivre sa famille, quoique illégale, en livrant de l'alcool de contrebande pour le bootlegger Beanpole, un homme dur en affaires, qui respecte ce jeune vétéran pour son sens de l'honneur. Rhonda a élevé ses enfants, les soignant bien, les gardant toujours propres, mais avec le temps elle a plongé dans la dépression, dévastée par la naissance de ces bébés différents, sans que les médecins puissent comprendre d'où cela venait. Ils les aiment, leurs bébés, et leur famille est tout pour eux. C'est là qu'ils en sont lorsque les choses se compliquent singulièrement pour Tucker, qui va devoir prendre une décision douloureuse afin de se sortir d'un mauvais pas et de préserver un avenir pour eux tous...

J'ai été transportée par la lecture de ce roman, transcendé par la proximité de la nature, et par une philosophie profondément humaine. Les hommes, leurs affaires, la chance ou la malchance, le sens de la survie dans un monde qui ne fait pas de cadeaux aux gens de peu, tout ceci forme une trame dense et rondement menée, avec une écriture aussi nette et ciselée que la lumière du soleil dans les feuillages, par une belle journée d'été dans la forêt. Souvent l'évocation des plantes ou des oiseaux, précisément observés et nommés, fait écho aux sentiments de Tucker, sans qu'il les exprime. Les motifs récurrents, même s'ils paraissent d'infimes détails, se rassemblent savamment pour nous désigner sans bruit ce qui est important. L'âme des collines se glisse en nous dans l'espace de cette lecture, et nous aimerions encore une nuit à la belle étoile dans les Appalaches.

J'ai lu que ce roman était sombre, mais sans doute parce que la vie est sombre quand on est né du mauvais côté de la société américaine... le mérite qui vous revient alors de rester humain, de faire vivre l'amour à travers l'adversité, l'absence, est d'autant plus fort, comme le sont les retrouvailles entre un fils de six ans qui ne connaît pas son père, et un père de trente ans qui sait être juste le père qu'il faut, attentif, patient, répondant aux questions, toujours prêt à enseigner les astuces pour s'occuper et s'en sortir dans la nature.

Bref, c'est un coup de coeur, il est difficile de sortir de cette lecture.
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